Question à Catherine Destivelle (et aux autres) sur fréquentation haute-montagne

Posté en tant qu’invité par seb:

Il y a 2 ou 3 semaines, j’écoutais Catherine Destivelle sur France Inter.
Un moment sans autre explicatrion elle a glissé qquchose comme quoi il y avait de moins en moins de monde en haute montagne.


Qu’en pensez vous ?

Remarque :
Je cherche moins des avis empiriques basés sur vos experiences personnelles(1)…
(parce que d’apres les miennes : je trouve aussi qu’il y a moins en moins de monde en en haute montagne, mais c’est peut-être que j’ai une pratique qui fuit la foule, les refuges -pour les bivouacs- les itinéraires classiques -pour les plus confidentiels- les hautes saisons -pour les inter-saisons- , les horaires « topos » pour les contre-horaires « perso » (2)…du coup je ne peut rien en conclure…)
Je cherche plutôt des avis de pros de la montagne basés sur des réelles observations
Si vous êtes Guides, Gardien de refuges, Salarié d’un parc National (de haute montagne bien sur), profesionnel du tourisme alpinistique…
Si vous avez étudiez le phénomème (chiffres, rapport, thèse, mémoires) ou si vous êtes
vous même Catherine Destivelle, je serai très interéssé d’en savoir plus.
Je ne met absolu pas en doute ce qu’elle a évoqué, j’aimerai juste savoir sur quoi elle se base pour dire ça.

(1) ceci dit, toutes vos remarques ou analyses sont les bienvenus
(2) exple : traversée des arêtes de la meije avec nuit au promontoire, bivouac au sommet et nuit à l’aigle la semaine dernière (mi-oct) : pas vu un seul rat de mon espèce en 4 jours de la Grave à la Grave. Le pied total, mais de là à conclure que la haute montagne est moins fréquenté, c’est un raccourci que je ne prendrais pas

Merci de votre attention et de vos futures réponses

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Salut,

Je ne me permettrais pas de répondre pour C. Destivelle, je n’ai pas entendu son émission et ne sais pas de quel lieu elle parlait.

J’ai fait un travail en Haute Maurienne l’été 2005 et le responsable de l’office du tourisme de Termignon mavait fait part d’une réflexion qui peut répondre partiellement à ta question. Lors d’une séance avec des touristes, une personne lui avait dit venir dans un petit village de là-haut (que je ne citerai pas) « parce qu’il n’y avait personne », et ce en plein mois d’août ! D’une part, ce que l’on observe est une tendance à la réduction de la période importante de fréquentation qui se limite du 15 juillet au 15 août. Une autre question est celle du vieillissement de la clientèle qui a par ailleurs un fort taux de retour : ils se posent beaucoup de questions sur le problème de renouvellement de leur clientèle, renouvellement qui ne semble pas assuré d’après les connaissances actuelles.

Pour l’hiver, les grosses stations françaises perdent des parts de marché au profit de l’Autriche et des stations des Balkans en particulier. Les profits perdurent (pour l’instant seulement à mon avis) à cause de l’augmentation du prix des forfaits qui augmentent fortement d’une saison sur l’autre. L’unique réponse associée à l’augmentation des prix est la course aux kilomètres de pistes pour des raisons marketing, associée généralement à des programmes immobiliers (souvent de luxe). Cette stratégie a une viabilité à très court terme à mon sens. On en arrive à la question des vulnérabilités des économies basées sur le tourisme de masse. J’ai déjà cité une cause, une autre est la gouvernance qui échappe (pour le tourisme hivernal ET estival) aux locaux (ex: Chamonix, Val-d’Isère…) : quand les anglais et les russes seront tous partis en Slovénie et en Autriche, je n’aimerais pas être chargé de redresser l’économie de nos départements alpins…!

Il y a différentes recherches en cours sur le sujet.

A+

Annapurna

Posté en tant qu’invité par Elastislip:

Je ne suis pas un pro, mais je remarque qu’il y a de moins en moins de frequentation dans les refuges. Plusieurs refuges ont fermés en Italie cette année pour manque de rentabilité.

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Je travaille en ce moment sur le Tour du Mont-Blanc, je te dirai quand j’aurai des informations. Il semble que cette année ait été particulièrement mauvaise en raison du temps du mois d’août (si Olivier pouvait nous apporter des éclaircissements…), mais je me pose une autre question. Est-ce partout pareil (tous les refuges dans un massif, et dans tous les massifs de haute et / ou de moyenne montagne)? Je ne le sais pas. Et n’aurait-on pas surtout des modifications des périodes de fréquentation (plus de personnes dans des temps réduits) qui laisserait penser qu’il y a finalement moins de monde dans les refuges? Je ne le sais pas non plus. Ce sont effectivement bien des questions à creuser.

Posté en tant qu’invité par Matt82:

J ai fait a peu pres 30nuits en refuge cette année et a beaucoup de gardiens m ont parlé d une baisse de frequentation assez marquée ces dernieres années.

Posté en tant qu’invité par rapha:

un guide que je connais de lanslevillard en maurienne a été clair il y a 20ans il programmait 50 course par saison maintenant une dizaine.

Posté en tant qu’invité par free climber:

Salut

Je rejoinds matt 82 beaucoup de gardien mon parler d une baisse de fréquentation ( adèle planchard et refuge du peloux notamment) Mais je pense pas qu il y est une baisse de fréquentation dans des refuge comme le refuge des ecrins bien au contraire

Voila je pense que les mentalité change. Les gens préfaire aller faire le dome des ecrins en suivant une cinquantaine de cordé que aller faire l arrete sud du petit pelvoux sans un chat

Bye Bye

Posté en tant qu’invité par Pascal:

Il est certain que la fréquentation change en montagne du fait des conditions météorologique et de la prédominance des grandes voies d’escalades « sécurisées » en moyenne altitude :

  • arête sud du petit Pelvoux n’a jamais été très fréquentée par contre au mois d’Août les mauvaises conditions constantes du couloir coolidge (et/ou du glacier des violettes) rebutent les personnes qui seraient sinon montées à ce refuge.

  • des courses aussi « simples » que les agneaux, la traversée des domes du monétier, neige cordier, deviennent plus difficiles voires dangereuses. Résultat : refuge du glacier blanc ne fait pas toujours le plein même dans la 1ère quinzaine du mois d’Aout.

D’autres exemples pourraient être facilement données. Les Ecrins restent à part : attrait des 4000 et au moins là il restent de la neige.

Les courses plus difficiles n’ont jamais eu une fréquentation très importante, vu les efforts à fournir en Oisans. Les escalades en moyenne altitude restent fréquentées avec un choix de plus en plus vaste avec des activités très diversifiées (via ferrata, raft, falaise, blocs, kayak). Je ne pense pas qu’il y ait une baisse de fréquentation globale mais sans doute que l’activité est plus concentrée sur 15 Juillet - 15 Aout.

Ce sont des impressions, pas des stats que je laisse aux professionnelles.

Posté en tant qu’invité par génépi:

Et les refuges qui ressembles de plus en plus à des hotels et qui ont pour effets d’augmenter tres fortement les prix, les secours payants, les raquettes payantes ect. Peu etre cela aussi à une incidence sur la fréquentation. Sans oublier aussi le prix du transport pour ceux (comme moi ) qui n’habite pas la porte à coté.
ps. Je suis pas radin, juste une constatation de l’évolution depuis quelques années.

Posté en tant qu’invité par sebastien barbier:

Merci pour toutes ces infos, analyses, experiences perso
continuez, continuez, c’est très interressant.

Posté en tant qu’invité par david B:

Bonjour,

Je me souviens avoir lu l’opinion que la baisse de fréquentation,attestée, viendrait de l’offre de plus en plus variéée d’activités dans tous les domaines. Et que de plus plus en plus de monde copiant en cela nos habitudes de consommateur goûterait volontiers de tout un peu.

Je n’ai pas d’opinion perso sur la question.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Jibé:

Je ne sais pas ce qu’en pense Catherine, mais je sors à l’instant du film"La verité qui dérange" montrant la conférence d’Al Gore sur le réchauffement de la planète. Intéressant de voir comment se situe la fonte de glaciers que nous fréquentons dans les alpes françaises au regard d’une situation planétaire préoccupante. Toujours est-il que les refuges que nous fréquentons pour aller vers les sommets que nous convoitons sont peut-être délaissés parce que l’alpinisme traditionnel est en train de se déplacer d’un sport d’été vers un sport d’hiver. Et oui, si plus de neige :plus de course « facile » .
Si plus de course facile : plus d’alpinistes « moyens » (les plus nombreux). Et donc des refuges de moins en moins fréquentés.
Alors attention, on a tous plus ou moins ralé contre les refuges surpeuplé… De là à souhaiter la fonte des glaces planétaires pour être tranquille en refuge, il y a un pas que je ne franchirai évidemment pas.

Posté en tant qu’invité par DaF:

Le tourisme devient un produit de consomation de masse. L’arrivée d’Internet a laissé croire aux utilisateurs qu’un immense choix s’offrait à eux et que chaque voyage serait unique et personnalisé… en plus d’être très bon marché. Derrière cette promesse se cache une industrie de masse qui déploit des efforts considérables pour formater au maximum les differents produits qu’elle vend.

Du coup certaines destinations captent tout le flux touristique parce que la masse fonctionne avec certains clichés et il faut y répondre. Le maroc c’est Marakech, l’Egypte c’est les pyramide, la France c’est la tour effeil, le montagne c’est Chamonix. En dehors de ces grandes destinations c’est le no man’s land ! Ou plutot le has been land !?

Je crois que la montagne n’echappe pas à ce phénomène. On retrouve certains itinéraires surfréquentés et d’autres complétement délaissés. Le lundi matin au bureau, à Paris, ca en jette plus de dire que l’on a fait le Mont Blanc pendant le week end que la traversée de l’Olan…

Posté en tant qu’invité par papy_ours:

je rejoins pas mal de vos remarques :

  • la plupart des gens veulent rentabiliser leur vacances et leur temps libre en les « consommant » dans des activités assez immédiates ( qui ne nécessitent pas une longue période d’aprentissage ) : les stages multi-activités et même l’escalade sportive rentrent bien dans ce schéma, pas la haute montagne hormis quelques classiques

  • pas mal " d’alpinistes d’un jour" sont simplement attirés par un nom connu ( le mt Blanc ? ) mais n’envisagent pas de s’investir dans une pratique régulière qui pourrait sortir des sentiers battus

  • l’évolution de la météo et de la nivologie ces dernières années qui fait que pas mal de courses de neige classiques ne sont plus en conditions faciles et sûres pendant la période des congés scolaires

Posté en tant qu’invité par ced:

Bonjour,

Je suis accompagnateur en montagne, membre d’un comité directeur d’un club de la FFCAM (ex: CAF), alpiniste et skieur depuis de nombreuses années.

Il est vrai que certains itinéraires ne sont plus fréquenté, il faut y voir diverses raisons: voie + difficile à cause de la fonte des glaciers, peu d’interré…
Mais de la à dire qu’il y a de moins en moins de monde en haute montagne, je n’y crois pas du tout.
Pour connaitre un grand nombre de pro de matériel de la montagne (loueur, vente de matos) les ventes de ski de rando, free ride, raquette, ARVA, crampons, piolet… sont de plus en plus importante.
Et pour ce qui est de ma pratique perso, je n’ai jamais vu autant de monde en montagne (randonnée pédestre, raquette, escalade, ski de rando en augmentation)
La fréquentation des stations de ski Francaise n’a jamais ét aussi élevée, revenez
30 ans en arrière et vous verrez le nombre de gens qui allaient faire ski, idem pour l’alpinime…

Il est vrai que les conditions météo conditionnent la fréquentation (météo pourrie du mois d’aout = peu de monde). Idem pour les pros, nous sommes dans une conjoncture économique où le pouvoir d’achat des gens est de moins en moins élevé.

Quand au avis des fédérations: " il y a de moins en moins de monde en montagne"; je crois qu’ils interprettent les chiffres à leur manière : nous avons de moins en moins d’adhérents donc il y a de moins en moins de monde en montagne.
Les gens n’ont plus envie de faire partie d’un club, ils préfèrent une pratique perso et en plus on trouve facilement des assurances moins couteuses que celles des clubs.

Autre info qui prouve qu’il y a de plus en plus de pratiquant: les agences de voyages proposent de plus en plus de séjour, stage alpinisme, trek en France où à l’étranger. Et les ventes de ce type ne cessent de croitre. Il faut savoir qu’une semaine de trek dans le Haut Atlas Marocain coute moins cher (voyage compris) qu’une semaine en France.

Il faut faire très attention aux chiffres, les stations ski… se plaigne toujours, pourtant leur chiffre d’affaire est en hausse constante.

Chacun a le droit de donner son avis, je pourrai en parler pendant des heures…

Posté en tant qu’invité par swissdahu:

Hello, je suis AMM et voilà ce que je peux te dire par rapport à mon experience professionel :
Ma saison est courte et se situe entre le 20 jullet et le 15 août. Durant cette période je travaille à fond et dois refuser du job. Autrement sur l’été je travaille de début juillet à fin août mais d’une manière plus sporadique. J’ai l’impression que tout le monde veut les vacances au même moment. Les clients veulent des « package » ou tout est compris, les vacances sont devenues un produits que l’on achète « emballé sous vide » comme au supermarché. Les pros de montagne telle que guide, Amm … sont souvent obligé de se transformer en « pros du marketing » !

Voici mon experience amateur : Je fais souvent de la haute montagne avec mon amie. J’ai l’impression que ce n’est pas le taux de fréquentation qui baisse mais plutôt un choix extremement séléctif qui se fait :
Bcp de voie sont devenue plus dure ou présente plus de risque subjectif. Une grande proportion d’alpiniste « consomateur » veulent assurer leur sommet et chosissent tous le même itinéraire souvent sur les mêmes sommet. Par contre d’un autre côté de nombreuse voie ou sommet sont complètement délaissé ou peu utilisées (ce qui fait le bohneur d’une autre catégorie d’alpiniste …)
Les sommet médiatique (Mt. Blanc, Cervin, Dôme des Ecrins…) sont également une des causes de cette séléction.

Cet avis reste subjectif car personnel.

A plus Swissdahu

Posté en tant qu’invité par M&M:

Bonjour,
J’ai remarqué une baisse d’activité dans les pyrénées également. Par exemple, lors de mes deux dernières sorties (ce n’est que du AD+, mais bon c’est valable quand même à tous les niveaux) je n’ai pas croisé un chat: c’était les deux fois un dimanche et avec un temps superbe. D’un autre côté, je trouve qu’il y a de plus en plus de « randonneurs » qui restent sur des sentiers, comme le GR 10 ou autour de Gavarnie, etc…

Un autre fait « troublant » que j’ai remarqué est le nombre décroissant de personnes dans les clubs. Dans mon CAF, les sorties alpinistes ne se font pratiquement plus qu’entre membres qui se connaissent et « hors » club. La cascade de glace à cessé d’avoir lieu, faute de participants! Il y a également peu de jeunes et le club manque cruellement d’encadrants.

En me relisant mon message me semble un peu sombre mais je pense qu’il reflète l’avenir de l’alpinisme qui va de plus en plus dans ce sens.
Quand j’ai débuté l’alpinisme (y a pas si longtemps que ça) s’il n’y avait pas eu C2C pour trouver quelqu’un qui m’a initié, je n’aurais sûrement pas pû découvrir ce monde fantastique!

A plus,

M&Ms

Posté en tant qu’invité par tilt:

Les médias jouent aussi un rôle là-dedans en influant le subconscient des gens : à force de médiatiser des accidents en montagne (c’est du sensationnel en puissance, une mane pour eux), dans le climat ultra sécuritaire du moment, n’y a t-il pas une amplification de la dangeurosité de la montagne qui pourrait avoir une incidence sur le nombre d’adhérents dans les clubs (CAf etc…) et plus largement sur la fréquentation ? Roccard Michel dans une émission a dit fort justemet que les médias pourissaient tout ce qu’ils touchaient. Il n’y a effectivement pas de raison que la montagne soit épargnée. Vous rajouez là dessus la météo et des offres diversifiées, le compte y est !

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Je suis un peu d’accord avec l’assertion selon laquelle les média pourrissent tout ce qu’ils touchent mais je ne pense quand même pas qu’ils soient en cause dans la baisse de fréquentation de la haute montagne.
Je suis plutôt d’accord avec Swissdahu qui pense que de plus en plus de gens « achètent » des vacances préfabriquées, soit parce-qu’ils s’y prennent au dernier moment, soit parce-qu’ils sont de moins en capables de se prendre en charge ou quelquechose comme celà.
Il faut bien reconnaitre que notre société offre de plus en plus, dans tous les domaines, de « produits préfabriqués » prêts à consommer et qu’à force on devient de moins en moins capables d’organiser soi-même quelquechose dès que ça sort de notre quotidien.
Mais pour moi, la principale raison de la baisse de fréquentation de la haute-montagne en été, c’est le réchauffement climatique qui rend les conditions mauvaises voire impossibles pour de nombreuses courses de neige autrefois très fréquentées. La pratique s’est décalée vers le printemps et l’hiver avec le développement du ski de rando et de l’alpinisme hivernal. Le niveau moyen dans ces 2 pratiques a quand même fortement progressé en 20-30 ans.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Michel:

Hugues a écrit:

La pratique s’est décalée vers le printemps
et l’hiver avec le développement du ski de rando et de
l’alpinisme hivernal. Le niveau moyen dans ces 2 pratiques a
quand même fortement progressé en 20-30 ans.

Très intéressante cette discussion. Mais comment peux tu dire : « le niveau moyen en alpinisme hivernal a fortement progressé ! ». Il y a trente ans il y avait en hivernale Desmaison, Bonatti, c’est tout. Le niveau moyen d’aujourd’hui n’est pas meilleur qu’il y a trente ans, avec le nombre d’alpinistes très moyens qui courrent la montagne l’hiver.