Poser mes pieds, là ou un jour j’ai posé mon regard…
C’est pas de moi, mais ça résume très bien ma façon de voir l’alpinisme!!!
Poser mes pieds, là ou un jour j’ai posé mon regard…
C’est pas de moi, mais ça résume très bien ma façon de voir l’alpinisme!!!
C’est étrange, sur 3 pages, 2 fois seulement le mot « mort » et encore dans un seul post alors que l’alpinisme est une activité à risque. Une seule fois le mot accident.
Est-ce volontairement ou inconsciemment occulté ?
[quote=« Pïerre, id: 1020376, post:42, topic:97984 »][/quote]
Mais plusieurs fois le mot « peur » et ses synonymes.
Non, mais pour moi ça n’est pas caractéristique de l’alpinisme : on peut mourir de tout est n’importe quoi n’importe où.
Je n’ai donc donné que ce qui pour moi différenciait l’alpinisme du reste.
Perso, je ne gère pas le risque en alpi différemment que dans le reste de ma vie, je fais toujours pareil, donc il n’y a pas de différence en alpi sur ce point.
Certes mais on a plus de chance de mourir en alpi qu’au golf. La mort, le risque, l’accident est pour moi une caractéristique de l’alpi (ou du ski de rando, ou du parapente, ou…). Dans toutes ces activités le risque de mourir est bien présent alors que dans d’autres (le golf, le bridge, le tricot) il est quasi absent. Ce n’est ni bien ni mal, mais je trouve étrange que les gens qui cherchent à caractériser l’alpinisme en parlent si peu.
En effet, en prenant du recul, ça peut paraitre étrange.
Tu m’aurais demandé il y a 15 ans, j’aurais dis que l’alpinisme est une activité où il faut s’attendre à 10% de perte (sous entendu on commence à s’inquiéter quand ça dépasse 10% ).
Mais j’ai évolué, et je me suis rendu compte que le niveau des dangers présents en alpinisme sont en fait souvent présents dans plein d’activités de pleine nature, et que si je n’accepte pas de prendre beaucoup de risques dans ces autres activités, pas de raison de prendre des (gros) risques en alpi.
J’ai compris aussi que l’exposition à ces dangers vient moins de leur intensité que du fait que l’on ne connait pas bien le milieu, étant donné que l’on n’y vit pas. Et c’est cette non connaissance qui fait une partie de l’intérêt de la montagne : il y a du coup plein de choses à découvrir.
Mon cher Pïerre, si on commence à faire de la montagne avec l’idée de la mort dans la tête, il faut vite arrêter. Sinon, je suis de l’avis de Bubu. Il y a sans doute un peu plus de risque de se casser la gueule en montagne que « dans le civil », mais pas beaucoup plus. Et si on maîtrise les techniques, le risque est réduit à peu de chose, ce qui ne veut pas dire qu’il est nul, bien sûr.
Posté en tant qu’invité par Alexia:
Ben moi je connais beaucoup, beaucoup plus de gens morts en montagne que morts de toutes les autres choses réunies (voiture, maladie,…)
PS: j’ai toujours habité Grenoble
[quote=« Christian, id: 1009376, post:1, topic:97984 »]1. Qu’est l’alpinisme à vos yeux ?
. A quels mots associez-vous spontanément le mot : alpinisme ?
. Que vous apporte l’alpinisme qu’aucune autre activité ne vous procure ?
. Si vous allez en montagne et ne pratiquez pas l’alpinisme, pourquoi ?[/quote]
L’alpinisme pour moi est un instant de pause.
Où l’on arrête de subir notre environnement proche.
Où l’on prend le temps de regarder cet environnement sous un angle différent.
Où l’on apprend à se connaître.
Où l’on apprend les notions de base de notre existence, tel que : bas de joie sans peine, l’important n’est pas l’objectif mais le chemin, atteindre un objectif avec suffisamment de capacité pour poursuivre sa route, le surpassement et le repos, la confiance en l’autre, l’esprit d’analyse, le renoncement, le partage, tant de choses qui nous servent tout les jours.
L’alpinisme est aussi un truc qu’on a en nous, comme ça. Nous c’est d’en haut que l’on voit ces choses, d’autres c’est au milieu de l’océan. Et ce n’est pas forcement tous les jours, ni même toutes les semaines, c’est comme ça, comme ça vient… Tiens j’ai besoin de…
Et quand on arrive sous le sommet, que l’on sent en nous une énergie qui nous fait oublier la fatigue de l’effort. On se sent fonctionner, on se sent en vie avec pour récompense le monde en bas, et la tête là haut. Dernier lien entre la terre et les cieux.
Voilà, en passant, et merci pour ce petit voyage.
Posté en tant qu’invité par chtigrenoble:
un dépassement de soi même pour atteindre des sommets jamais imaginés; une montagne qui se mérite au lever du soleil en réunissant toutes les possibilités mises à notre dispo pour un maximum de sécurité;
une pratique « naturelle » sans hélicoptère mais avec des pieds et de l’hélasto!
Disons que je ne suis pas obnubilé par cette idée mais en tout cas je ne l’évacue pas et quand on me parle alpinisme elle vient tout de suite…
Quand au risque qui serait à peine plus grand que dans la vie courante je ne suis absolument pas d’accord. Autour de moi dans le milieu montagne, des gens que je connaissais directement qui ont disparu, je peux déjà en citer 4 ou 5. Si je passe à des connaissances d’amis, je peux déjà monter à au moins une quinzaine.
Des gens qui sont morts en voiture ou autres accidents domestiques (et je connais bien plus de gens qui font de la voiture que de gens qui font de l’alpi) en ayant réfléchi un petit moment, je n’en trouve qu’un il y a 40 ans…
Donc il ne faut pas se voiler la face… Mais ce « flirt » avec la limite (chacun définissant sa propre limite) est évidement quelque chose que recherchent beaucoup d’alpinistes…
Posté en tant qu’invité par tornillos de hielo:
[quote=« Pïerre, id: 1020669, post:45, topic:97984 »]
Certes mais on a plus de chance de mourir en alpi qu’au golf. La mort, le risque, l’accident est pour moi une caractéristique de l’alpi (ou du ski de rando, ou du parapente, ou…). Dans toutes ces activités le risque de mourir est bien présent alors que dans d’autres (le golf, le bridge, le tricot) il est quasi absent. Ce n’est ni bien ni mal, mais je trouve étrange que les gens qui cherchent à caractériser l’alpinisme en parlent si peu.[/quote]
La mort est la caractéristique même de la vie !
En ce qui me concerne c’est une idée qui ne me vient pas lorsque je pense à la montagne, et de toute façon je refuse de la prendre en considération, sinon je changerai d’activité !
Si on regarde les statistiques d’accidentologie en montagne, la première activité concernée est la randonnée et pas l’alpinisme. Or je ne pense pas que les gens qui vont se ballader en montagne ont la mort en première pensée.
Je pense aussi qu’on court plus de risque en prenant sa voiture.
Quelques chiffres en passant ~300 morts/an en Suisse sur route en 2009 et ~120 morts en montagne (avalanches, chutes, …). Je te laisse faire le calcul rapporté au nombre de pratiquants… et d’heures de pratique…
Donc oui la mort fait partie de la vie (mais le plus tard possible quand même), non je ne renoncerai pas à la montagne malgré les risques encourus. Mais le risque est là et d’autant plus qu’on va sortir des sentiers battus. Alors c’est sûr on peut revenir d’une course à ski raide et expo ou d’un itinéraire d’alpi hyper engagé et se tuer en rentrant sur la route ou en se prenant un piano qui tombe du 5e sur la tête (comme Georges avec sa cafetière ) mais l’inverse sera beaucoup plus fréquent…
Mais c’est quand même étrange, on valorise l’engagement (en moins politiquement correct l’éventualité importante d’y laisser sa peau) dans l’alpinisme et à coté de ça, beaucoup refusent l’idée de la mort. Sacrément schizophrène (ou tout simplement humain) comme comportement.
Posté en tant qu’invité par s p:
Aujourd’ui, le seul à avoir apporté une réponse tangible à cette question est E Ratouis dans son livre « pourquoi j’aurai du mourir en montagne »
ou justement pîerre est proche des idées de ce guide écrivain devenu psychotérapeute
Posté en tant qu’invité par Le contraire:
[quote=« Alexia, id: 1021204, post:48, topic:97984 »]
Ben moi je connais beaucoup, beaucoup plus de gens morts en montagne que morts de toutes les autres choses réunies (voiture, maladie,…)
PS: j’ai toujours habité Grenoble[/quote]
Ben moi c’est le contraire, peut-être une question d’âge. Déjà plus personne dans les générations familiales avant la mienne, la cousine morte d’une mauvaise pleurésie, l’ami coloc dans sa voiture de sport, les copines de mes vingt ans mortes à quarante du cancer de la fumeuse, celles mortes au même âge dans la solitude d’une overdose d’alcool, le beau-frère et sa maladie peut-être ramenée de la guerre du Golfe, et les copines et copains de promo qui claquent avant même d’arriver à la retraite avec les divers cancers et infarctus …
Y’a pas photo : si la montagne s’inclut dans les activité à risque _y compris la conduite automobile _ principal facteur de mortalité des moins de 25 ans, au delà la nature ordinaire reprend assez vite ses droits
Alors bien sûr faut ramener au nombre des pratiquants, si tant est qu’on puisse l’évaluer et surtout évaluer l’intensité de la pratique, mais la mortalité en montagne c’est peanuts, statistiquement parlant. Autre chose pour les proches, bien sûr, c’est la singularité de l’individu qui lui donne sa valeur … D’ailleurs, c’est bien pour ça, parce que c’est rare et constitue donc une « nouvelle », qu’on parle de chaque accident dans les médias, alors qu’on ne parle pas des dizaines de milliers de décès dus à l’alcool et au tabac, et que la société fronce le sourcil devant ces décès scandaleux d’imprudents, alors que les autres tout le monde s’en fout à part les proches et quelques soignants.
Une autre raison pour laquelle la société fronce les sourcils, c’est qu’on va en montagne pour le plaisir, et que le plaisir, comme ça, gratuit, dans la morale judéo-chrétienne du travail, c’est un péché. Si en plus on prend des risques pour rien, sans que ça rapporte, c’est encore plus a-normal et scandaleux.
Posté en tant qu’invité par Le contraire:
ah oui au fait, répondre mieux à la question ?
L’alpinisme c’est d’aller pour le plaisir jouer dans la montagne à marcher, grimper, skier, voler, en s’adaptant au milieu tout en le respectant, et en essayant de se dépasser et, à partir d’un certain moment, de ne pas perdre son niveau trop vite …
Bref, être là à sa place
Profiter de l’ambiance de l’altitude, et de la présence des ami-e-s, du regard soudainement brillant en évoquant telle ou telle possibilité
Et comme le dit Gaston Rebuffat, se fabriquer des souvenirs pour quand on sera vieux …
. Qu’est l’alpinisme à vos yeux ?
Parcourir la montagne via des itininéraires difficiles, exigeant la maitrise de différentes techniques
. A quels mots associez-vous spontanément le mot : alpinisme ?
aventure, rocher, neige, glace
. Que vous apporte l’alpinisme qu’aucune autre activité ne vous procure ?
l’émotion forte que procure la partie qui se joue entre la montagne et soi (autant en cas de réussite que de demi tour forcé)
. Si vous allez en montagne et ne pratiquez pas l’alpinisme, pourquoi ?
profiter du milieu de la montagne de façon plus détendue (moins d’efforts, pas d’horaires à tenir), pouvoir simplement la contempler
. Qu’est l’alpinisme à vos yeux ?
partir et revenir, en se faisant un peu peur en chemin, parcourir un itinéraire/terrain au moins un peu engagé
un sport complet qui fait appel à des capacités physiques mais aussi de jugement
. A quels mots associez-vous spontanément le mot : alpinisme ?
altitude, cordée, rocher, neige, refuge
. Que vous apporte l’alpinisme qu’aucune autre activité ne vous procure ?
le dépassement de soi, la satisfaction d’une difficulté surmontée, d’une petite victoire sur moi-même et la peur du vide, une bonne dose d’adrénaline et d’air pur, un vidage de tête particulièrement efficace (pour faire abstraction d’un boulot envahissant et autres tracas)
. Si vous allez en montagne et ne pratiquez pas l’alpinisme, pourquoi ?
comme précédemment: aller moins haut, ou sur des itinéraires moins exposés pour mieux pouvoir contempler le paysage chemin faisant, plutôt que de me concentrer sur l’endroit où je pose mes pieds
allez je me lance aussi dans cet exercice délicat !
pour moi, l’alpinisme, c’est…l’inverse de l’escalade (eh oui, la Palisse !)
pourquoi l’inverse ?
voici une liste à la Prévert, de raisons non exhaustives :
qui veut continuer ce catalogue ?
PS
j’adore, et l’alpinisme, et l’escalade ; rassurez vous !
L’éditorial de la revue espagnole Desnivel résume les échanges qu’ils viennent d’avoir avec Messner. Un de ses messages clés c’est que l’alpinisme commence là où finit le tourisme. Le tourisme a besoin d’infrastructures (routes, sentiers balisés, refuges… mais aussi hélicoptères etc.). L’alpinisme commence là où s’arrête l’infrastructure.