De tous les sommets que vous avez gravis, de toutes les parois que vous avez escaladées, il y en a forcément une qui tient une place privilégiée, la première course avec votre père, votre premier 3000 ou 4000, la première en tête, en solo, la première hivernale, le premier bivouac, celle ou on trouve une edelweiss sur une prise où on allait poser le pied (ça m’est arrivé à l’aiguille de la Vanoise), une beauté inexplicable (pour moi La Meije), etc… Racontez
Quelle est pour vous la plus belle montagne, ou paroi?
Les plus belles montagne, c’est celles où je monte en bus.
Hum, tu engages un sujet nettement plus intéressant et moins polémique, et j’y participerai probablement plus tard.
Oui, on va faire preuve d’originalité !
[quote=« Nicolas315, id: 974356, post:2, topic:95150 »]Les plus belles montagne, c’est celles où je monte en bus.
Hum, tu engages un sujet nettement plus intéressant et moins polémique, et j’y participerai probablement plus tard.[/quote]
Par contre toi, la polémique tu en redemandes apparemment !
Les digues de Loire à Orléans. Pour ses tessons de bouteilles, vieilles capotes et crottes de chien, ses spectateurs qui te prennent pour un fou. Avec l’eau au pied des voies en période de crue elles n’ont rien à envier aux Calanques.
Je vous parlerai bien de la Troche (Orsay), mais j’ai épuisé mon capital poésie pour la journée.
La face sud de la Meije.
Le Ketil.
et plein d’autres que j’aime, mais quand je dessine une montagne, c’est une de ces deux là.
le baghirati ?
ouais …
Les Monts Jumeaux! Et d’autres… mais la liste est longue.
Alors là, tu m’épates!
Je n’attendais pas, de ta part, un roman-fleuve d’une telle importance sur un tel sujet.
Bravo!
ben non: il a buté!
(le plus beau massif du monde c’est la chartreuse, voilà)
Sans problème, tout le reste c’est de la montagnette.
Les parois internes du Mont de Venus.
Flute j’oubliais: pour les Monts Jumeaux ca prendrait des pages et des pages à décrire les topos sur c2c. Même sur google, y’a rien c’est pour dire que les chemins qui y mènent sont complexes et les obstacles peuvent être nombreux.
Ca se fait en boucle par les Monts Jumeaux il me semble
Pour moi, vous vous en doutez, c’est La Meije.
J’avais 16 ans, fin de troisième, sortie avec le club d’escalade du collège pour la brèche de la Meije.
Montée à la bérarde, gros flips dans les virages. Dormis dans un gite à la Bérarde. La sortie était encadrée par 2 profs, un prof de dessin et un de sport, pas de guide, de nos jours ça ne serait plus possible.
Et puis, dans le groupe il y avait S…, mon amour de jeunesse!
A l’époque les mp3 n’existaient pas, juste un baladeur cassettes, et c’est brassens et led zeppelin qui ont résonnés à mes oreilles pendant la montée que j’ai trouvée interminable vers le refuge du chatelleret d’abord, courte pause, puis le promontoire.
En fait, au promontoire on n’y est allé qu’au retour de la brèche.
A cette époque, la neige commençait bien plus bas que maintenant, le glacier arrivait en dessous du promontoire.
Première crevasses, jusque-là je n’en avait vu qu’en photo sur les livres de gaston rébuffat, au début on s’assure comme des malades pour passer une crevasse de 40 cms, mais à 16 ans…
La montée finale à la brèche est un peu raide, et la neige est molle, il est déjà tard dans l’après-midi, ça glisse un peu, un prof manque de partir dans une coulée de neige, on a la trouille car on n’est plus encordés, je ne sais pas pourquoi.
La brèche, enfin, heureux, mon premier ‹ sommet ›, je suis fier. Descente un peu inconsciente, on court, on rigole, même plus peur des crevasses que l’on saute allègrement, oublié l’assurage.
Et tout le temps, tout le temps interminable de la montée et celui plus ludique de la descente, tout ce temps-là, toutes ces heures, au dessus, La Meije, Le Grand Pic, qui m’écrase, qui me regarde comme une déesse regarde les pauvres petites vies humaines en dessous, avec un mélange d’amour et de condescendance.
La Meije, présence lancinante, peut-être une ou deux cordée attardées dans la voie normale, à l’époque les individus à l’humour de potache n’ont pas encore défloré ses faces les plus raides, et n’ont pas encore commis l’outrage de nommer ça « épinard hallucinogène » ou je ne sais quel autre nom irrespectueux. Tu mérites mieux, grande et belle Dame.
La Meije c’est un peu de mon enfance, d’une enfance qui s’en allait en laissant sa trace de nostalgie, elle est immuable, quand je repasse en dessous-d’elle je me dis que la paroi qui me surplombe n’a pas changé, que c’est la même qui a vu passer dans la sueur un jeune homme enthousiaste, c’est un peu comme si le temps s’arrêtait, et il m’arrive alors de ne plus savoir quel est mon âge réel.
Je n’ai jamais gravi son sommet, le grand pic, j’ai essayé d’y aller mais la pluie m’en a chassé au sommet du couloir Duhamel.
Elle a refusé mon invitation, mais je ne lui en veux pas, ce n’était sûrement pas le bon moment.
Je me dis que le gravir enfin marquera un aboutissement, fermera une boucle, et, parfois la superstition s’en mêle et j’ai peur d’y aller.
Pourtant je devrai bien honorer ce rendez-vous pris il y a longtemps, le rendez-vous donné par un tout jeune homme à cet homme que je suis devenu. C’est sûr que une fois là-haut c’est un peu moi-même que je retrouverai.
Voilà pourquoi, pour moi, La Meije…
[quote=« David_, id: 974402, post:14, topic:95150 »][/quote]
Tu peux enchaîner Grand Teton aussi c’est pas mal.
En escalade : le Rocher d’Archiane pour son ambiance bout du monde et les vautours fauves qui viennent vous dire bonjour au relais.
ah ! il me semblait bien que tu t’étais un peu perdu …
Les formes élancées et la magie du Cerro Torre et de ses satellites me fascinent.
Le couple Verte - Drus également, qui dominent deux longs glaciers.
Le synclinal de Saoû, bateau minéral aux multiples facettes.
Et mon petit Suchet (chaîne du Jura, Vaud), qui domine fièrement la plaine de l’Orbe, avec ses deux têtes que l’on voit de loin avec un peu d’expérience. J’y ai passé plein de bons et moins bons moments.
Pour moi, longtemps ce fut le mont Viso, pyramide enneigée très esthétique du nord au sud, d’est en ouest.
Il faut dire que j’ai toujours eu une préférence pour les Alpes du Sud, plus tranquilles et ensoleillées,
que j’ai sillonnées lors de randonnées solitaires et itinérantes de trois à quatre semaines…
Le Viso, remarquable de partout,
était en quelque sorte le centre de toutes ces montagnes.
C’est aussi ma première ascension alpine tout seul… que d’imprudences j’ai commises à cet âge!
En tout, je l’ai gravi quatre fois (VN: PD- , arête est: PD+) toujours seul…
J’aurais une anecdote à raconter à ce sujet.