Par contre, vouloir se lancer dans l’alpirunning avec de l’expérience en « course à pied », ça ne convient pas, selon moi.
La montagne (ou le trail) est une pratique CAP spécifique, comme on dit. Le niveau CAP (footing, course sur route) offre une excellente capacité cardio-vasculaire, mais peu d’adaptation musculaire/foulée pour avaler du dénivelé. Un marathonien qui débute en montagne, il explose sur D+ et D- parce que son entrainement n’est pas adapté à la spécificité de ce terrain : adaptation tendineuse, articulaire, musculaire (surtout quadriceps) pour courir sur 1000-3000m D+ et plus tard avaler en courant le D- (effort muscu concentrique), renforcement des chevilles et réflexes pour passer facilement/rapidement les cailloux, pierriers (malgré fatigue et perte lucidité), économie de foulée selon les terrains et la pente, protocole rôdé d’hydratation/alimentation et de protection froid/vent/pluie, effets altitude, etc. Bref, faut un bon entrainement spécifique montagne/dénivelé au préalable, pour que l’approche en courant soit rapide et facile (marge confort/sécurité et parce que y’a la grimpe ensuite).
D’ailleurs les râleurs qui critiquent les traileurs oublient que y’a en moyenne 3-4 entrainements hebdomadaires (chez amateurs) pour adapter le corps et les solutions matos avant les courses. Et chez les élites, c’est le sentier chaque jour, même si la météo est moche. À comparer à l’entrainement spécifique des alpi-touristes… J’ai des anecdotes rigolotes, mais c’est pas le moment.
Bref, pour dire que si la pratique CAP n’est pas adaptée, le parcours se fera trop lentement (en marchant), et alors y’a perte des avantages du coureur : sécurité par vitesse (50min plutôt que 3 heures pour descendre), légèreté d’habillement (si tu ralentis, t’as froid, faut doudoune pantalon) et ça oblige à revenir sur du matériel lourd/classique de rando.
De même pour les passages alpi/escalade, faut un bon niveau ou plutôt une très bonne facilité par rapport aux difficultés sinon y’a trop de perte de temps et donc y’a plus la cohérence « légèreté ». Si tu réfléchis 5 minutes où passer, tu chopes la grippe, si t’es bloqué 2 heures, faut le bivouac. Et avec l’effort intense « alpirunning », y’a les hormones, la souffrance et donc la perte lucidité, donc faut que les gestes soient tous des réflexes. Ueli parle par exemple de toutes les minutes perdues dans des gestes répétitifs trop lents (fixer crampons, baudrier, corde, relai, mousqueton…) qui additionnées font des heures. Optimiser chaque geste. Jamais s’arrêter.
Bon moi j’suis nul, mais ma vision profitera peut-être à quelques uns.