Procès suite à l'accident au Grossglockner

Ce qui me gène, c’est qu’essayer de s’en sortir soit même, de manière autonome, puisse être considéré comme une faute.

A mon sens, faire appel aux secours doit être une possibilité, le fruit d’un choix, d’une décision.

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D’accord avec toi, si c’était vrai tous les accidents avec un pro ou un encadrant officiel feraient l’objet d’un jugement et d’une condamnation, ce qui n’est heureusement pas le cas.

Néanmoins un jugement tel que celui sur l’accident de Belledonne dont on a longuement parlé sur ce site tempère nettement mon optimisme à ce point de vue…
J’ai l’impression que parfois, pour diverses raisons, un tribunal veut un coupable à condamner et dans ce cas là il trouvera sans trop de difficulté une « faute » qu’il qualifiera de « caractérisée » pour pouvoir prononcer une condamnation à 1 an avec sursis.
Heureusement ces cas sont pour l’instant très rares donc il n’y a probablement pas lieu de psychoter.
Le mieux étant de ne pas avoir d’accident :wink:

Ca me gêne un peu aussi mais difficile de ne pas voir que ça correspond à un mouvement général dans notre société (principe de précaution, etc…)
Il y a même une extension là-dessus : c’est de reprocher au responsable de ne pas avoir pris les moyens de déclencher un secours hors-réseau.
C’est le cas aujourd’hui pour les pros : pas d’obligation officielle mais une pression forte ( ça a du peser dans la condamnation du guide dans l’avalanche d’Entraunes en 2018 - il avait une VHF mais pas la licence pour le Mercantour…) Et la pression monte lentement mais sûrement pour les clubs.

Cette évolution a quand même de bons côtés : il doit bien y avoir des cas où le responsable s’entête à penser à tort qu’il peut s’en sortir tout seul parce qu’il est « très fort » ou qu’il refuse d’admettre qu’il a fait une grosse connerie avec tout l’imaginaire du vrai montagnard seul face à l’adversité…

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Bien sûr, mais dans le cas où une personne bien plus expérimentée est quasiment amenée à décider pour l’autre, la responsabilité est très lourde, et la décision de ne pas y faire appel doit être très réfléchie…

Si les secours sont venus, ont été renvoyés, et que les conditions de

n’étaient manifestement pas réunies ( ici en conditions hivernales l’équipement de la débutante, peut être également ses vêtements, sa condition physique et psychologique, etc … ), personnellement, je considèrerais que c’est une faute du leader d’avoir renvoyé les secours. D’ailleurs, le fait qu’il ait voulu y faire appel quelques heures plus tard, ce qui implique notamment de les faire revenir, montre à mon sens une mauvaise évaluation globale de la situation.

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L’article cité ici montre que le premier de cordée est poursuivi pour d’assez nombreuses raisons:

  • emmener sa compagne inexperiméntée sur une course longue en hivernale
  • prendre un départ trop tardif pour cette course
  • ne pas faire demi-tour avant le début des difficultés sur l’arrête, malgré l’heure tardive et le vent froid
  • laisser sa compagne faire cette course d’arête avec un équipement inadapté, notamment des boots de snowboard aux pieds
  • ne pas avoir passé d’appel d’urgence (je crois comprendre à la lecture de l’article traduit qu’ils ont eu du réseau mobile au moins à plusieurs reprises, c’est donc étonnant)
  • ne pas avoir fait signe à l’hélicoptère venu à 22h50 alors que lui et sa compagne étaient déjà bloqués sur l’arrête depuis 21h environ
  • ne pas avoir répondu aux secours qui l’ont appelé plusieurs fois autour de minuit alors que le réseau mobile passait à nouveau (son propre appel au secours étant venu à 3h40 du matin)
  • ne pas avoir enveloppé sa compagne dans une couverture de survie avant de la laisser, alors qu’ils en avaient une dans leurs sacs

Tout ça est évidemment à prendre avec des pincettes, c’est du journalisme… et le prévenu doit pouvoir se défendre de tout cela et donner son propre point de vue.

Néanmoins il y a un certain nombre de points qui font fortement tiquer, donc je peux comprendre qu’il y ait poursuites. En l’occurrence les faits reprochés iraient (si l’article est exact) beaucoup plus loin que des reproches d’avoir tenté de s’en tirer seuls au lieu d’appeler les secours.

Partir trop tard, mal équipé, ou engager un peu trop par envie d’aller au sommet, je pense qu’on l’a tous fait un jour, mais les quatre derniers points laissent un peu songeur.

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Petite anecdote à ce sujet.
Question posée à un guide (Paulo Grobel).
À deux sur un glacier crevassé et pas de réseau. Un tombe dans une crevasse. Que faire ?
Réponse du guide: vous êtes dans la merde, et bien profond !

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Ca c’est parce que la corde n’était pas tendue entre vous deux.

Effectivement. Mais on peut obvier. L’astuce, c’est d’avoir du pq.

Ça me rappelle une balade sur des glaciers suisses, à trois avec une corde pas assez longue pour couvrir la largeur de certaines crevasses…

À lire cette liste on se demande sur quelle base on annonce qu’il est expérimenté.

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Ça c’est un mythe: expérience vécue: corde bien tendue (j’avais flairé quelque chose de douteux et prévenu, j’aurais dû faire un relais), en montée le pont cède je fais 20 m de chute en traînant le second de cordée jusqu’au bord de la crevasse (c’est le noeud sur la corde qui a fait coinceur en fendant la lèvre et a évité le pire) (j’ai déjà raconté ça plusieurs fois ici, mais je ne le dirai jamais assez, certaines croyances peuvent être fatales)

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Ce qui montre bien que l’on ne peut démontrer qu’une chose avec un exemple : Qu’un évènement n’est pas impossible …

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Oui. Ou qu’un événement qu’on croit impossible peut ne pas l’être.

Ben si.
Toute vérité annoncée comme générale peut être démontée si on a un contre-exemple. Le contre exemple est une démonstration de fausseté !

En fait vous dites exactement la même chose tous les deux :wink:

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Ok mais corde pas tendue n’eût-ce pas été pire ?

Je ne crois pas. Mais ça n’empêche pas que rester à corde tendue reste indispensable (dans mon cas c’est la largeur du pont qui a entraîné la violence de la traction, ça a pété quand j’étais au milieu), mon intervention était juste pour signaler que ce n’est pas parce qu’on est à corde tendue que ça empêche -dans certains cas- de faire une grande chute et d’aller très bas. Et par conséquent, quand il y a doute il ne faut pas hésiter à faire un relais, même si ça prend du temps. Et à mon avis, sur glacier crevassé la cordée de trois est certainement une bonne option.

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Sauf quand on est deux :slight_smile:

Intéressante cette notion de « conscience du danger ».
En sortant du contexte pour ne pas faire le procès avant le procès, je me demande à quel point c’est toujours réaliste ? N’y a t’il pas nombre de situations où nous allons dans des endroits potentiellement dangereux, en en ayant conscience, et où cela se passe bien donc RAS ? Et d’autres où on a beau avoir eu conscience du danger et avoir mis de notre côté toutes les billes pour que ça fasse, ça ne fait pas…?
D’autant que l’expérience me parait aussi s’acquérir en passant proche du danger en faisant quelque chose de pas exactement approprié, et hop on rectifie et la prochaine fois on s’approche d’une pratique de plus en plus « appropriée » sans jamais éliminer tout risque. Je crois ?..

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Le forumeur n’est pas une espèce très patiente.
Se perdre en conjectures est beaucoup plus intéressant.

Perso pour avoir déjà eu un accident relaté dans la presse, je ne croirais a priori pas un mot de ce qui était relaté. Dans mon cas, la seule chose qui était juste dans l’article c’était mon prénom.