Procès suite à l'accident au Grossglockner

S’il s’agit de rester avec le blessé en attendant des secours qui ne viendront jamais car personne ne les aura prévenus, je trouve que le choix est vite fait.
Bien sûr, sécuriser au maximum la personne et revenir le plus vite possible.

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Je suis d’accord qu’à ce point là, c’est un choix cornélien, mais il y avait (aux moins si on croit les journaux/le procureur) beaucoup d’erreurs de jugement que sont arrivés avant. Choix de course, gestion de l’horaire, équipement, ne pas avoir demandé de l’aide avant, etc.

Si j’ai bien compris il y a un procès en cours ? Ca me gêne toujours ce genre de fil où on fait le procès sans avoir tout le dossier. On peut pas attendre ?

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Je ne le vois pas comme une façon de faire le procès sur le forum, mais plutôt comme un moyen d’engager une réflexion sur les attitudes à adopter dans certaines circonstances d’une part ( personne ne pouvant pas se déplacer ou difficilement + absence de réseau ), et d’autre part sur le phénomène formulé par @rufus97 :

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Je suis d’accord avec la réalité du problème posé par rufus mais on peut en parler indépendamment d’un procès en cours qui n’a pas rendu son verdict.

Disons que l’histoire est le point de départ de l’idée de proposer la réflexion, et une manière de s’appuyer sur un cas concret. mais @rufus97 saura dire mieux que moi quelle était son intention initiale :wink:

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Sans doute, mais la montagne est un milieu ou les erreurs peuvent avoir des conséquences tragiques. Et l’erreur est humaine.
Pas simple de définir des responsabilités et des culpabilités.

Le point de bascule est là, en amont de la sortie. Il s’agit du contrôle et du choix de l’équipement, en considération de la course, de la saison et des conditions attendues :

"Despite the extreme cold, the woman was allowed to attempt the final stretch up the peak with a splitboard and soft snow boots

Experts have called the kit, « totally unsuitable » for the high-alpine hike"

A mon sens, si l’équipement avait été correct au départ, le juge ne retiendrait pas nécessairement une faute si le plus expérimenté, faute d’avoir du réseau et de pouvoir alerter de quelque autre façon, a décidé de laisser la personne accidentée pour prévenir les secours sans attendre une hypothétique intervention.

Du moins, pour autant qu’il l’ait laissée dans des conditions les plus abritées possibles. On est toujours dans le cadre d’une obligation de moyens.

Là le défaut d’équipement correct au départ et la décision d’aller quand même au sommet avec cet équipement, pèsent assez lourd.
.

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Par rapport aux accidents que j’ai connu, ça a a toujours été le cas en France, du moins depuis 20-30 ans.
Et surtout si la différence d’expérience est flagrante, comme dans ce cas.
En ski, si le premier du groupe a un accident, il est responsable de lui même et ça annule la responsabilité du plus expérimenté.

Ça parait effectivement la seule question à se poser dans le cadre de cet accident, dont on ne sait que ce que la presse veut bien en dire. Aujourd’hui, la presse cherche plus à émouvoir (de préférence dans un sens dramatique) qu’à informer. (J’ai eu il y a 10 ans un gros accident en montagne, seul, et le récit dans la presse était ubuesque d’invention et de n’importe quoi. Chat échaudé…)

Pour la question, donc, j’aurais agi comme le gars ; sécuriser au max la victime, tant au niveau technique que physiologique, et courir dare dare chercher les secours. Après, si on est sur un glacier crevassé, je sais pas ; faut-il se mettre soi-même en (grand) danger pour aller chercher les secours ? Difficile de trancher…

Une idée, maintes fois proposée sur le Forum, et que j’oublie systématiquement de faire une fois sur place : laisser un mot derrière le pare-brise de la voiture, avec l’objectif de la sortie - et/ou prévenir les proches. Ça permet d’orienter les recherches, si besoin.

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Pour cet accident, les secours n’ont pas attendu d’être contactés pour les survoler (les frontales étaient visibles du bas). Mais il n’a pas signalé qu’ils avaient besoin des secours.

Absence de signal de détresse : Bien que le prévenu et sa compagne aient été dans l’incapacité de poursuivre leur randonnée à partir de 20 h 50 environ, il n’a pas passé d’appel de détresse. Même lorsqu’un hélicoptère de la police a survolé la zone vers 22 h 50, il n’a émis aucun signal de détresse et a attendu jusqu’à 3 h 30 pour contacter les secours.

Je te rejoins la dessus. En général, je trouve que la presse Autrichienne est un peu plus rigoureuse (je parle allemand, et j’habite maintenant plus proche des Alpes de l’Est, donc je la suis un peu). Cf. cette discussion: La montagne dans les media généralistes

Ça ne serait pas oublier toutes les décisions qui l’ont conduit dans la situation ou il était obligé d’affronter le choix cornélien dont on parle?

Très bonne idée, et prévoir également un proche dans la vallée. Ça peut aussi être utile hors cadre d’un accident pour prevenir les autres au parking ce qu’on va faire. Personellement, dans certains voies je ne veux être derrière personne, et tant mieux si on peut bifurquer vers un autre objectif dès le parking.

Les solutions d’appel au secours par satellite se démocratisent, il ne faut pas hésiter à partir avec, ça peut sauver les miches dans des endroits sans couverture mobile.

Dans ce cas précis, je ne sais pas si ça aurait tellement changé la donne, mais au moins le couple aurait pu lancer son appel au secours dès minuit dès que la compagne n’a plus été en mesure d’avancer, au lieu de 3h40 du matin.

Sur iPhone, c’est possible sur tous les modèles à partir de l’iPhone 14.
Sur Android, c’est pour le moment moins répandu. Les smartphones Google le proposent à partir du Pixel 9.
Ca finira sans doute par être disponible sur tous les smartphones.

Et en alternative plus chère pour ceux qui sont souvent en montagne, il y a par exemple le Garmin inReach.

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Si d’autres erreurs ont été commises avant, là aussi c’en est une grosse à mon avis ( et sans doute due à de simple s facteurs psychologiques comme l’égo … ), et le gars a dû s’en mordre les doigts ensuite …

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Tout à fait. Étant assez fréquemment à deux en montagne, c’est une question qui me taraude régulièrement.
Et à force d’y penser, j’ai noté pour ma part que cette question n’était jamais abordée clairement dans les formations à l’encadrement, au secourisme, dans les exercice de simulation d’accident, etc.
Et je crois que c’est parce que la seule réponse raisonnable (c’est à dire, comme d’autres l’ont écrit sur ce fil, aller prévenir les secours même si cela nécessite de laisser le blessé seul), revient à renoncer à un principe de base: ne pas abandonner une personne en danger. Je pense que c’est quelque chose de très difficile à dire sans sourciller lorsqu’on est en position de sachant en train de former les autres. Lorsqu’on pose explicitement la question (je l’ai fait), on préfère louvoyer en disant qu’il vaut mieux ne pas aller en montagne à deux (comme si c’était une rareté… alors que c’est en fait extrêmement courant!) , qu’il faut avoir un téléphone satellite, etc.
Et j’imagine que dans un processus de recherche de responsabilité et de faute, comme dans un procès, il doit falloir batailler pour défendre cette décision, tant elle semble aller à l’encontre de l’empathie ordinaire, et ce même si rationnellement il n’y en a en fait pas d’autre possible.
Car en fait, dans la vie de nos sociétés contemporaines, très rares sont ces types de situations où l’on est réellement livré à soi-même, comme en montagne, et où on est contraint à ce type de choix cornélien. Je n’en vois pas vraiment d’autres comparables. Même en mer, le problème n’est pas le même: d’une part on ne peut pas vraiment partir, d’autre part on a toujours un moyen de communication.

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Attention quand même à ne pas faire dire à cette affirmation (qu’on répète à mon avis trop souvent sans la comprendre) ce qu’elle ne veut pas dire.

Ce qu’elle veut dire, c’est que la personne la plus expérimentée est présumée être celle qui mène la cordée, qui prend les décisions, parce que c’est celle qui sait le mieux quelles sont les choses à faire et à ne pas faire. Ce qui paraît évident, surtout dans le cas où elle emmène un débutant.
Dès lors, si des décisions fautives ont été prises, on considère que la responsabilité de la faute repose sur la personne qui les a prises, donc le leader de cordée/groupe/etc.
C’est juste du bon sens, et ça n’a rien de spécifique à la montagne. Rien d’étonnant ni de contestable à ce que la justice le voit ainsi.

En revanche, ça ne veut pas dire: « si quoi que ce soit se passe mal, la personne la plus expérimentée est par défaut considérée comme responsable de ce qui s’est passé ».
Ce n’est pas vrai. Dans tous les cas, ce qui sera recherché, ce sont des fautes. Si on ne relève pas de faute, il n’y a pas lieu d’inquiéter la personne expérimentée. Ça ne veut pas dire qu’elle ne sera pas questionnée (normal, c’est un processus d’enquête), ce qui doit être très difficile à vivre, bien sûr, surtout après un accident lui-même traumatisant, mais ça ne veut pas dire non plus qu’elle sera nécessairement inquiétée au titre de sa responsabilité.
Donc il n’y a à mon avis pas lieu de faire de cette affirmation une épée de Damoclès pesant sur la tête du ‹ plus expérimenté ›. Elle n’est en fait ni plus ni moins qu’une façon de dire: si l’on fait quelque chose d’inapproprié dont on a conscience que cela met en danger sa cordée, alors on doit légitimement assumer la responsabilité des conséquences.

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Au delà de ce cas particulier, il y a une notion de l’appel aux secours qui me dérange quelque peu. La personne est à priori considérée comme fautive dès lors qu’elle n’a pas appelé les secours.
Dans ce cas précis, personne ne sait comment cela c’est passé. Peut-être ont-ils décidé tous les deux, collégialement, de tenter le bivouac. Dans ce cas, visiblement, cela a été une erreur, mais à suivre les commentaires, tout le monde semble dans une logique : problème implique appeler les secours. Et ne pas l’avoir fait doit déclencher sur le fautif les foudres de la justice.
Cette culture de la dé-responsabilisation qui refuse à chacun le libre arbitre et la possibilité de s’assumer, mais considère un appel à assistance comme la solution pertinente, voir obligatoire me gène considérablement.

J’ai en tête un exemple ou il a été fait appel aux secours pour une personne faiblement blessée lors d’une sortie de groupe, comme un autre exemple ou, dans le même type de situation, la personne, quoique plus gravement blessée, à rejoint l’hôpital sans appel aux secours avec l’aide du groupe.
Avec ce genre de biais, comment s’étonner que des personnes fassent appel aux secours pour un pet de travers.

une fois de plus, j’émets ce point de vue en réponse à une certaine vision qui émerge des divers commentaires. J’ignore trop des circonstances de cet accident pour juger, dans ce cas, des raisons qui ont motivé les décisions des protagonistes.

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Ou pas.

Là apparemment les secours sont venus survoler sur place et n’ont pas été sollicités.
Il m’est arrivé quelque chose d’assez désagréable dans une sortie où nous avions été brassés dans une avalanche et certains membres du groupe avaient perdu leurs skis ( nous avions de la neige jusqu’à la taille en tentant de descendre à pieds, et un risque de sur-avalanche au dessus ), et le leader avait renvoyé les secours venus nous survoler ( appelés par des gens qui avaient vu l’avalanche de loin ), sans demander l’avis de personne. L’hélicoptère a quand même débarqué un secouriste qui a fait le point avec nous et embarqué ceux qui n’avaient plus du tout de skis.
Comme il a été dit précédemment, on considère que c’est le leader qui prend in fine la décision, même en cas de concertation, et que c’est lui qui en est responsable, à fortiori avec un groupe de deux dont le second membre est une parfaite débutante.

Autant il y a des abus manifestes, autant la plupart du temps, même lorsque leur intervention n’était pas absolument nécessaire, les secouristes disent " vous avez bien fait de nous appeler ".

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De mon point de vue, emmener un(e) débutant(e) sur une course mixte, cotée AD en plein mois de janvier dans les Alpes…sur une course qui dure, au minimum, de 8 à 9H, selon le topo…même si c’est un sommet fréquenté, comment dire…

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Il y a une solution très simple (mais pas gratuite) à ce problème : avoir de quoi déclencher un secours sans réseau téléphonique.

Les options sont multiples (talkie, balise Inreach ou Spot, PLB,…) et il est possible voire probable qu’elles se généralisent prochainement sur les smartphones avec le « Direct to Cell »

Et si tu pratiques seul en zone blanche c’est ton état qui détermine si tu peux aller chercher du secours ou non. Si tu ne peux pas faire autre chose qu’attendre tu auras bien peu de chances de t’en sortir ( en hiver au moins)

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