Oui j’ai lu ça aussi, sidérant. Pour moi, selon ce que j’ai pu lire, une condamnation me parait légitime.
Procès suite à l'accident au Grossglockner
Humain, trop humain …
Comment différencier la responsabilité de la bêtise, les circonstances (que l’on ignore), des erreurs et du manque d’expérience ?
Disons qu’on peut imaginer une situation où l’accusé
- n’avait pas assez d’expérience pour mener la course en sécurité
- avait suffisamment d’expérience telle qu’il aurait du reconnaître sa propre incapacité à méner la course en sécurité
une condamnation peut être justifié.
Justement, si deux personnes sans aucune experience de la Montagne partent faire la traversée de la Meije, et un des deux se tue, l’autre ne serait pas poursuivi. Mais si un gars qui a fait un un stage d’alpi, quelques courses en autonomie dans du PD, et ensuite part avec un copain sans aucune experience de la montagne, et ce dernier meurt, une condamnation peut-être plus probable. C’est un peu le principe du « sachant » si j’ai bien compris.
Il me semble qu’on est responsable de ses bêtises, non ?
Pour emmener un débutant, que ce soit en voiture, en montagne, en avion, en plongée… il faut maitriser la situation - donc connaitre ses limites, puisque par définition il faudra s’occuper de lui. Il faut donc que j’ai de bonnes bases dans l’activité, et que je me donne une grosse marge de sécurité.
Vive la justice populaire ! Lapidons les et traînons leurs cadavres dans les rues avant de planter leur tête au bout d’une pique ! Diable on a lu quelque chose dans un journal qui dit que… , et puis d’abord nous on sait comment ça s’est passé, exactement, et puis aussi nous on sait ce qu’il faut faire, tout le temps, toujours, et nous on en fait jamais de connerie, alors qu’est-ce qu’on se ferait chier à faire un procès ? Sans compter le pognon que ça va coûter. Et tout ça bien sûr sans spéculer sur quoi que ce soit.
J’ai justement dit dans le poste initial que j’ai fait des conneries similaires (même si rien ne s’est passé):
Evidemment pas, mais il y a plusieurs articles dans plusieurs journaux. On ne peut pas dire qu’on ne sait rien du tout non plus.
Evidemment c’est la justice Autrichienne qui décidera le sort de l’accusé, comme il faut. Par contre, dans un état democratique et de droit, les lois sont censées être coherentes avec les valeurs et les moeurs de la population, et c’est donc normal que les gens discutent, d’autant plus quand on est dans une domaine assez specialisé ou les cas sont peu nombreux, et les attitudes et les pratiques évoluent.
Dans l’occurrence, l’accident s’est produit en Autriche, mais ça aurait pu se produire de manière plus ou moins identique en France. La question de la responsabilité en montagne, et quand l’irresponsabilité devient criminelle, reste un sujet préoccupant pour beaucoup de gens parmi nous (cf. la discussion ici : Encadrement et responsabilité juridique).
Evidemment, tout le monde n’est pas d’accord, mais presque tout le monde est d’accord que:
- des accidents, parfois mortels, arrivent en montagne, et le fait qu’il y a un mort ne doit pas automatiquement déclencher une poursuite judiciaire (même si, en général, il aura au moins une enquête)
- certains comportements dangereux ou inconscients en montagne, méritent d’être sanctionnés juridiquement, à fortiori quand il y a des lourdes conséquences (mort, invalidité).
Je trouve d’ailleurs que le ton de cette discussion a été (jusqu’ici) très mesuré, et je ne pense pas qu’il y a quelqu’un qui est en train de faire de la « justice populaire ».
En attendant que la justice autrichienne statue sur cet accident dont on ne sait que ce qu’en a dit la presse qui ne se trompe jamais c’est écrit dans le journal et je l’ai vu à la télé alors hein ! @Paul-G soulève une problématique intéressante: En l’absence de réseau, faut-il rester avec le blessé ou aller chercher du secours ? On est là face à un choix véritablement cornélien.
S’il s’agit de rester avec le blessé en attendant des secours qui ne viendront jamais car personne ne les aura prévenus, je trouve que le choix est vite fait.
Bien sûr, sécuriser au maximum la personne et revenir le plus vite possible.
Je suis d’accord qu’à ce point là, c’est un choix cornélien, mais il y avait (aux moins si on croit les journaux/le procureur) beaucoup d’erreurs de jugement que sont arrivés avant. Choix de course, gestion de l’horaire, équipement, ne pas avoir demandé de l’aide avant, etc.
Si j’ai bien compris il y a un procès en cours ? Ca me gêne toujours ce genre de fil où on fait le procès sans avoir tout le dossier. On peut pas attendre ?
Je ne le vois pas comme une façon de faire le procès sur le forum, mais plutôt comme un moyen d’engager une réflexion sur les attitudes à adopter dans certaines circonstances d’une part ( personne ne pouvant pas se déplacer ou difficilement + absence de réseau ), et d’autre part sur le phénomène formulé par @rufus97 :
Je suis d’accord avec la réalité du problème posé par rufus mais on peut en parler indépendamment d’un procès en cours qui n’a pas rendu son verdict.
Disons que l’histoire est le point de départ de l’idée de proposer la réflexion, et une manière de s’appuyer sur un cas concret. mais @rufus97 saura dire mieux que moi quelle était son intention initiale 
Sans doute, mais la montagne est un milieu ou les erreurs peuvent avoir des conséquences tragiques. Et l’erreur est humaine.
Pas simple de définir des responsabilités et des culpabilités.
Le point de bascule est là, en amont de la sortie. Il s’agit du contrôle et du choix de l’équipement, en considération de la course, de la saison et des conditions attendues :
"Despite the extreme cold, the woman was allowed to attempt the final stretch up the peak with a splitboard and soft snow boots
Experts have called the kit, « totally unsuitable » for the high-alpine hike"
A mon sens, si l’équipement avait été correct au départ, le juge ne retiendrait pas nécessairement une faute si le plus expérimenté, faute d’avoir du réseau et de pouvoir alerter de quelque autre façon, a décidé de laisser la personne accidentée pour prévenir les secours sans attendre une hypothétique intervention.
Du moins, pour autant qu’il l’ait laissée dans des conditions les plus abritées possibles. On est toujours dans le cadre d’une obligation de moyens.
Là le défaut d’équipement correct au départ et la décision d’aller quand même au sommet avec cet équipement, pèsent assez lourd.
.
Par rapport aux accidents que j’ai connu, ça a a toujours été le cas en France, du moins depuis 20-30 ans.
Et surtout si la différence d’expérience est flagrante, comme dans ce cas.
En ski, si le premier du groupe a un accident, il est responsable de lui même et ça annule la responsabilité du plus expérimenté.
Ça parait effectivement la seule question à se poser dans le cadre de cet accident, dont on ne sait que ce que la presse veut bien en dire. Aujourd’hui, la presse cherche plus à émouvoir (de préférence dans un sens dramatique) qu’à informer. (J’ai eu il y a 10 ans un gros accident en montagne, seul, et le récit dans la presse était ubuesque d’invention et de n’importe quoi. Chat échaudé…)
Pour la question, donc, j’aurais agi comme le gars ; sécuriser au max la victime, tant au niveau technique que physiologique, et courir dare dare chercher les secours. Après, si on est sur un glacier crevassé, je sais pas ; faut-il se mettre soi-même en (grand) danger pour aller chercher les secours ? Difficile de trancher…
Une idée, maintes fois proposée sur le Forum, et que j’oublie systématiquement de faire une fois sur place : laisser un mot derrière le pare-brise de la voiture, avec l’objectif de la sortie - et/ou prévenir les proches. Ça permet d’orienter les recherches, si besoin.
Pour cet accident, les secours n’ont pas attendu d’être contactés pour les survoler (les frontales étaient visibles du bas). Mais il n’a pas signalé qu’ils avaient besoin des secours.
Absence de signal de détresse : Bien que le prévenu et sa compagne aient été dans l’incapacité de poursuivre leur randonnée à partir de 20 h 50 environ, il n’a pas passé d’appel de détresse. Même lorsqu’un hélicoptère de la police a survolé la zone vers 22 h 50, il n’a émis aucun signal de détresse et a attendu jusqu’à 3 h 30 pour contacter les secours.
Je te rejoins la dessus. En général, je trouve que la presse Autrichienne est un peu plus rigoureuse (je parle allemand, et j’habite maintenant plus proche des Alpes de l’Est, donc je la suis un peu). Cf. cette discussion: La montagne dans les media généralistes
Ça ne serait pas oublier toutes les décisions qui l’ont conduit dans la situation ou il était obligé d’affronter le choix cornélien dont on parle?
Très bonne idée, et prévoir également un proche dans la vallée. Ça peut aussi être utile hors cadre d’un accident pour prevenir les autres au parking ce qu’on va faire. Personellement, dans certains voies je ne veux être derrière personne, et tant mieux si on peut bifurquer vers un autre objectif dès le parking.
Les solutions d’appel au secours par satellite se démocratisent, il ne faut pas hésiter à partir avec, ça peut sauver les miches dans des endroits sans couverture mobile.
Dans ce cas précis, je ne sais pas si ça aurait tellement changé la donne, mais au moins le couple aurait pu lancer son appel au secours dès minuit dès que la compagne n’a plus été en mesure d’avancer, au lieu de 3h40 du matin.
Sur iPhone, c’est possible sur tous les modèles à partir de l’iPhone 14.
Sur Android, c’est pour le moment moins répandu. Les smartphones Google le proposent à partir du Pixel 9.
Ca finira sans doute par être disponible sur tous les smartphones.
Et en alternative plus chère pour ceux qui sont souvent en montagne, il y a par exemple le Garmin inReach.