Ce système, c’est de la poudre de Perlimpinpin, comme dirait un dirigeant pas helvète, ça ne résout pas tout.
(pourquoi c’est pas un m, le deuxième in??? Je dirais plutôt Perlimpimpin, non?)
Je vous raconte une histoire.
Je randonne en Suisse, j’aime beaucoup les chiens qui me le rendent bien. Sauf exception. J’ai eu plusieurs fois affaire à des chiens gardiens de troupeaux (patous et autres) avec lesquels tout s’est bien passé… il m’est arrivé de faire des détours de quelques centaines de mètres, aucun souci avec ça. Du coup, je disais qu’il suffisait d’avoir un peu de bonne volonté. Jusqu’au jour où.
Je randonne vers un sommet dont un seul versant est praticable sans équipement d’escalade (même un seul passage étroit). Il y a un troupeau de moutons très dispersé sur le versant.
J’arrive au sommet et je veux redescendre.
Un patou a décidé que non. J’accepte, je fais le poireau pendant de longues minutes avec le bougre qui m’aboie à moins d’1 m comme un dératé avec de la salive qui pend et tout et tout, je vous jure que c’est flippant. Je ne peux pas bouger dans aucune direction, on comprend très bien ce qu’il dit, avec ses crocs qui appuient ses dires. Ses deux comparses, ameutés par le bruit, sont venus le seconder, ça devient vraiment chaud.
Bref, longues minutes d’attentes, il faudra quand même que je redescende avant la nuit.
J’arrive finalement à me saisir de mon téléphone qui est dans mon sac à dos, j’appelle les flics, ils me passent la brigade canine qui me dit ce que je dois faire. Ne pas bouger et ne rien faire. Oui, bon, ça fait 10 mn que je fais ça. Ah oui, ben on va contacter l’éleveur qui va vous tirer de là. Sauf que le premier alpage est à plus d’une heure de marche. Alors j’attends. La situation se détend un tout petit peu, j’arrive à bouger un peu et à enlever mon sac à dos, c’est plus confortable. Je suis même autorisé à m’asseoir (sous bonne garde, ça ne les gêne pas que leur proie leur soit inférieure, au contraire).
Tiens, j’ai deux barres de céréales, j’en ouvre une que je me mets à grignoter. Et une idée… je commence à en faire de petits morceaux. Les patous sont un peu plus loin qu’avant, genre 3 m. J’en balance un morceau au premier. Il a pas l’air dégoûté. Je continue. Après une quarantaine de minutes, les deux patous venus à la rescousse s’éloignent, ils décident que finalement je ne suis pas trop dangereux pour leur troupeau, semble-t-il. Seul le premier reste, mais il semble moins énervé quand je bouge. Pire, si je bouge en restant assis, il ne rechigne pas. Je finis avec lui ma dernière barre de céréales. Il a cessé de baver en montrant les crocs. Bon ben je me lance. Je me déplace très molo en restant assis (glissade sur les fesses) en lui parlant. Il me regarde d’un peu plus loin… de façon très hautaine, mais ne s’énerve pas. Je glisse lentement. Je glisse lentement, en m’éloignant de la zone broutée par les moutons. Je me lève et continue à pied, le patou s’est désintéressé de la question. Il s’est passé plus d’une heure, je vous jure que je suis pas très craintif, mais c’était plus d’une heure relativement flippante.
Comme quoi, avoir deux barres de céréales dans son sac, c’est vital.
La fin, je ne devrais pas la mettre. Mais je le fais quand même. Pour que vous sachiez que la France n’a pas la panacée des flics.
Arrivé hors de la zone broutée par le troupeau, je rappelle les flics pour leur annoncer la bonne nouvelle. Ils m’avouent qu’ils sont incapables de joindre l’éleveur (je trouve ça scandaleux) mais qu’ils s’apprêtent à affréter un hélico. Je suis tout content de leur dire que ce n’est plus nécessaire.
Et je raconte mon histoire. La flique (pas de la brigade canine, cette fois) au bout du fil ne trouve rien de mieux à faire que de me demander « au moins, il n’y avait pas de chocolat, dans vos barres de céréales ? » Je ne réponds rien et je boucle. Je souhaite qu’une fois dans sa vie elle se retrouve devant trois molosses énervés, on verra si elle a du chocolat.
N.B. Il n’y avait pas de chocolat 