Prise de risque et tendance dépressive

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Petit témoignage sur la prise de risque en montagne.

Une amie a récemment fait une petite dépression.
Pour se faire du bien au moral, elle est allé grimper en falaise, avec moi (sa dépression ne se voyait absolument pas, elle ne m’avait alors rien dit).
Elle a raconté cela à son médecin.
Celui-ci lui a vivement déconseillé tous les sports « à risques ». Il a expliqué que le dépressif va prendre inconsciemment de + en + de risques, parfois simplement en « oubliant » certaines manips de base (se vacher, vérifier que le mousqueton est bien vissé…). Parce qu’un « accident » semblerait résoudre facilement ses problèmes…

Sachant que la dépression est un mal très répandu (parfois non identifié ou non reconnu), je me pose des questions sur certains accidents, ou certaines prises de risques. Comme sur la route, certains accidents, sans être des suicides, ne sont plus complètement des accidents.
Certains discours sur la prise de risque « revendiquée » me laisse un peu perplexe. Je me demande si parfois ils ne devraient pas être lu sous un angle différent : « je ne trouve pas bien mon chemin dans la vie, mais avec ma prise de risque, je deviens un héro de la montagne ».

Posté en tant qu’invité par quent:

tiens, on parle de moi?

Posté en tant qu’invité par Hervé57:

Bonjour Paul,

Ton approche de ce sujet est intéressante, il y a sans doute dans certains cas un lien direct entre mal-être et prise de risque, qui mérite réflexion.

Posté en tant qu’invité par Alain:

Oui ça me parait plausible, mais la prise de risque permet aussi de gagner de la confiance en soi et donc de soigner son etat depressif en quelque sorte, on est pas pour autant suicidaire, sinon y’a des moyens plus simples et plus sûr pour en finir.

Posté en tant qu’invité par seb:

heu voir les choses sous cet angle je veux bien mais il a pensé au bien être que ça pouvait lui apporter à ton amie d’être en falaise, parce qu’à mon avis c’est non négligeable aussi

Posté en tant qu’invité par elsa:

si ma petite expérience peut apporter un peu d’eau à ton moulin… dépressive il y a quelques temps (ça va beaucoup mieux maintenant merci!) il m’est arrivé de partir en grande voie en me disant que je pouvais bien prendre des risques. chuter était mon désir… avant de partir! dans la dépression souvent tu n’as pas envie de mourir mais envie que tout s’arrête, que tu te réveilles un jour en te rendant compte que ce que tu vivais n’était qu’un cauchemar… et donc une fois en falaise… l’instinct de survie ou quelque chose comme ça… plus aucune envie de finir en bas!!
en revanche l’envie de grimper pour ne plus penser à rien d’autre qu’au rocher, à la prise qu’il faut tenir sinon c’est le plomb, au paysage et au mal de pied, ça c’est un bon remède à mon avis! c’est clair que ça ne soigne pas la dépression mais au moins tu continues à vivre…mais le plus important à mon sens c’est de pouvoir continuer à rencontrer des gens, surtout des gentils qui sont prêts à faire des choses avec un dépressif, pas évident…

Posté en tant qu’invité par Antoine:

Un défaut de concentration, une prise de risques et une imprudence sont des réactions très souvent associées aux troubles bipolaires (dépression, manie).

Posté en tant qu’invité par tetof:

Certains discours sur la prise de risque « revendiquée » me laisse un peu perplexe. Je me demande si parfois ils ne devraient pas être lu sous un angle différent : « je ne trouve pas bien mon chemin dans la vie, mais avec ma prise de risque, je deviens un héro de la montagne ».

Il n’y a rien de bien nouveau. Toute attitude extreme est le signe de différence par rapport à la norme. De toute façon, si on à le choix, est il possible d’avoir des attitudes extremes en étant dans la norme.
Regarde Messner. Crois tu qu’une personne dans la norme aurait pu faire ce qu’il a fait?
Il fallait tout de même les avoirs bien accroché pour faire son solo aux Droites. Pour faire l’Everest sans oxygène. A l’époque, les medecins expliquaient que c’était physiologiquement impossible. Idem pour les nombreuses ouvertures rocheuses en solo.

Néanmoins, le coté « devenir héro de la montagne » n’explique pas tout. Tu as un paquet de mec qui font des trucs monstrueux et personnes n’en saura jamais rien. Sont ils des héros de la montagne?

Tu as des textes interessants sur le solo dans la revue du GHM.
http://www.ghm-alpinisme.com/indexframe_fr.htm?8,19

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par lolotte:

D’acc…mais « vouloir devenir héros de la montagne »…c’est une explication un peu réductrice peut être

Il faut aussi voir que (consciemment ou inonscienmment), le dépressif peut se dire que s’il a un accident, c’est un peu moins difficile à assumer pour la famille qu’un suicide. Peut être est-ce une manière de disparaître en épargnant dans une certaine mesure les proches…sans les accabler davantage par des doutes, de la culpabilité, des question sur le « pourquoi » ou « ce qu’on aurait pu faire pour éviter ça »
Enfin je ne sais pas…c’est juste une idée

Posté en tant qu’invité par Pave:

Entre « tendance depressive » et comportement suicidaire, il y a de la marge non?

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Pave : « Entre « tendance depressive » et comportement suicidaire, il y a de la marge non? »

Certe.
Entre ne pas être longé et se jeter dans le vide aussi.
Entre se lancer dans un passage dur et expo et se jeter d’un pot aussi.
Entre se lancer dans un couloir raide chargé de neige et se jeter dans le lac, aussi.

La manière d’apprécier le risque n’est certainement pas la même pour tout le monde.
Je crois que certains comportement peuvent être expliqué par ces tendances dépressives. Il y a aussi l’ego. Parfois les deux. Et aussi d’autres facteurs ; l’esprit humain est complexe…

Posté en tant qu’invité par Bubu:

Paul G a écrit:

Il a expliqué que le dépressif va prendre inconsciemment de + en + de risques

Ca, c’est n’importe quoi. Certains peuvent prendre plus de risque, mais pas plus que les autres (comme lorsqu’on a mal dormi, que l’on est stressé par la météo, …).

Parce qu’un « accident » semblerait résoudre facilement ses problèmes…

Mais sur le terrain, bien souvent il se rend compte que à part une action bien volontaire, il n’y aura pas d’accident, même dans des situations à risque.
Donc à moins de décider d’avoir un accident, il n’y aura pas d’accident.
Et donc il peut prendre conscience que toutes ses idées noires, du style tout le monde m’en veut, etc, ne sont que inventions ou exagérations. Donc de la même façon que pour l’accident, il suffit de décider d’éliminer ces idées noires, et pouf !

D’autant plus qu’en montagne, on bouge bien plus et on stimule les réflex. L’instinct de survie prend vite le dessus si on commence à avoir un comportement trop risqué. Il faut donc avoir assez de volonté pour passer outre ces réflex de survie. Or un dépressif n’a pas de volonté.
Malgré tout, un dépressif peut bien arriver à se mettre une boite, mais pas plus souvent que les gars soit disant normaux.

Certains discours sur la prise de risque « revendiquée » me
laisse un peu perplexe. Je me demande si parfois ils ne
devraient pas être lu sous un angle différent : « je ne trouve
pas bien mon chemin dans la vie, mais avec ma prise de risque,
je deviens un héro de la montagne ».

Ou plus simplement, tu n’as rien compris à la démarche de ces personnes, parce qu’ils l’ont mal exprimé.
Le plus souvent, ils ne recherchent pas le risque mais le jeu de déjouer des pièges. Ces pièges peuvent être non dangereux (comme de la mauvaise neige en ski par exemple), mais aussi dangereux (chutes de pierres, avalanches, …). Les pièges dangereux ont la particularité d’obliger à ne pas merder, on ne peut pas tricher (comme avec des gros fat dans du carton :-). Ca fait travailler la tête, ça ajoute de l’inconnu au lieu de suivre bêtement un chemin tout tracé.
Mais dans tous les cas, selon la façon dont on déjoue les pièges, on peut en rester toujours loin. Mais bon certains n’hésitent pas à s’en approcher, pour plusieurs raisons, la première étant qu’il y a moins de monde ! Ou que c’est plus joli. Ou que l’on a rarement l’occasion d’aller voir cette face de près. Ou que c’est l’aboutissement de toute une préparation technique et de recherche du bon jour. Ou que ça change du versant d’en face. Et plein d’autres raisons.

Posté en tant qu’invité par elsa:

Bubu a écrit:

Donc de la même façon que pour l’accident, il

suffit de décider d’éliminer ces idées noires, et pouf !

pardon?!

Posté en tant qu’invité par Pave:

Et ceux qui risquent plus par « euphorie », exces de confiance, etc… alors? C’est un peu kif kif. Quand est-on apte a etre conscience des risques? 1, 2 ou 3 jours par an…
Heureusement… mes sports a risque je les fait en groupe! La solution est certainement dans l’esprit et l’entr’aide.

Paul G a écrit:

Pave : « Entre « tendance depressive » et comportement suicidaire,
il y a de la marge non? »

Certe.
Entre ne pas être longé et se jeter dans le vide aussi.
Entre se lancer dans un passage dur et expo et se jeter d’un
pot aussi.
Entre se lancer dans un couloir raide chargé de neige et se
jeter dans le lac, aussi.

La manière d’apprécier le risque n’est certainement pas la même
pour tout le monde.
Je crois que certains comportement peuvent être expliqué par
ces tendances dépressives. Il y a aussi l’ego. Parfois les
deux. Et aussi d’autres facteurs ; l’esprit humain est
complexe…

Posté en tant qu’invité par quent:

et pouf !
bien sur, c’est si facile…

je suis en arret et suivi par un médecin depuis le 8 septembre.
Dépression suite au déces de mon père, mon déménagement (la perte de mon boulot, celui de ma femme, la perte de ma maison), la brouille avec ma famille, le chômage de ma femme par ma faute, et pour finir, mon nouvel emploi qui m’exploite.
bref, une totale perte de confiance en soi…

j’habite dans les pyrénées, et je fais un max de montagne.
ce que dit Paul G m’a fait réfléchir, et il m’a ouvert les yeux.

oui, je veux être un héros de la montagne.
je n’ai qu’un petit niveau, et je n’emmène que des novices, pour me sentir fort.
je ne revendique rien, mais je le faisais inconsciement pour me revaloriser.

à savoir si je prends des risques sans m’en apercevoir, je ne sais pas.
ce que je sais, c’est que l’instinct de survie est là, et qu’il m’empèche de faire des conneries, (même si je me dis que ce serait plus simple…)
je ne veux pas mourir, je veux que ce mal-être passe, je veux reprendre confiance en moi.
dépression ne veut pas dire suicidaire, c’est un degrès très haut dans la dépression, à mon avis.
la montagne m’apaise, je pense à autre chose, et il me semble que c’est le dernier domaine dans lequel je suis pas trop mauvais.
voilà ma petite contribution, « vue de l’interieur »

Pardon pour tout ce blabla, mais ce sujet était le bien venu.
Quentin.

Posté en tant qu’invité par pierre yves:

il me semble qu’un acte manqué na pas besoin de :: > suffit de décider d’éliminer ces idées noires, et pouf !..

le pouf se serait plutôt un … #### SPLATCH ### … au sol!!

je crois qu’il y a 2 sortes de gens il y a ceux qui ont fait une dépression et ceux qui vont la faire …

quand a ceux qui se défende ''certainement pas moi ‹  › je dirais simplement … Patience

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par visse:

Ton témoignage, Quent, est justement intéressant car « vu de l’intérieur ».
La montagne, c’est excellent pour reprendre confiance en soi, de par le « retour à la nature » et parce que les activités de montagne nécessitent de prendre des décisions, souvent rapides.
Perso, c’est pareil, j’ai un tout petit niveau mais j’aime bien faire découvrir le milieu montagnard à des collègues « novices », on fait des p’tites courses plus « rando glaciaire », et, pour le coup, c’est là que j’ai vu les plus gros comportements à rique car il y en a un qui croit vraiment que ça arrive qu’aux autres et faut sans cesse tout lui expliquer style « faut pas traîner sous les rochers, t’approche pas trop à cause de la corniche, corde tendue bordel, dépèche-toi y a une crevasse, faut tenir l’horaire,… »
Le problème c’est que ce gars croit que je le prends de haut et que j’me mets la pression tout seul.

Posté en tant qu’invité par Bubu:

elsa a écrit:

Bubu a écrit:

Donc de la même façon que pour l’accident, il

suffit de décider d’éliminer ces idées noires, et pouf !

pardon?!

Désolé, j’ai pas tilté que la méthode Bubu [1] appliquée à la psychothérapie pouvait faire peur (ben ouais, je vis dedans, je ne m’en rends pas compte :-).
Bon, ça passe pas bien sur un forum, donc j’arrête là avant de faire plus de dégat.

[1] Qui peut se résumer en : « Bon là tu vois, tu appuies bien… crac ! Et hop, torché ! » :-))

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Bubu : « Donc à moins de décider d’avoir un accident, il n’y aura pas d’accident. »

C’est pour ça que je ne me vache jamais. J’ai décidé que je ne tomberai pas, ca doit bien suffire.
Et à ski, dans les pentes raides et chargées, j’ai décidé qu’il n’y aurait pas d’avalanche…
:wink:

Posté en tant qu’invité par yannick:

Souvent les grands exploits en montagne sont réalisés par des gens dépréssifs et égoiste.
l’alpinisme de haut niveau est parfois un mauvais exemple pour les jeunes