Pourquoi tant de morts en montagne?

Posté en tant qu’invité par Mathieu:

Mis à part le fait que les accidents en montagne soient le marronnier des journaux durant la période estivale (et ça ne date pas d’hier, cf. les Paris-match des années 50-60), ce qui est frappant cette année c’est que les accidents ont impliqué beaucoup de monde (Cime du vallon, Jungfrau, Bionnassay, Dôme des Ecrins).

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Sauf erreur de ma part, en France le nombre de décès par noyade (mer, lac, rivière) est environ 10 fois plus élevé que le nombre de décès en montagne…

Posté en tant qu’invité par luc:

c’est a dire que il y a pas eu un mort par ci par la… excusez moi de l’expression mais il y a peut-etre eu plus d’accident ou c’est toute une (ou deux -Jungfrau-) qui ont dévissé, c’est peut-etre ça qui trompe aussi…

Posté en tant qu’invité par alain:

c’est vrai que le nombre de mort est plus important sur route et aileurs… mais alors POURQUOI fait-on un tel foin pour les morts en montagne?

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Oui, c’est un peu la particularité de cet été, ce sont quelques accidents marquants avec plusieurs personnes tuées d’un coup. Mais c’est le fait du hasard et pas celui d’une prise de risques plus élevée.
Sinon, rien de bien différent par rapport au passé.

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

Des explications extrêmement intéressantes du phénomène de surmédiatisation des accidents en haute montagne par rapport à ceux ayant lieu en randonnée pédestre ou même en mer à la même époque se trouvent dans l’ouvrage de Viviane Seigneur « Socio-anthropologie de la haute montagne ». Je ne peux que très vivement recommander la lecture de cet excellent ouvrage à tous ceux qui cherchent à comprendre (notamment) le problème soulevé ici.

PS : ne vous arrêtez pas au premier mot du titre, c’est un ouvrage très accessible!

Posté en tant qu’invité par Maya:

perso je dit qu’il faut toujours faire gaffe en montagne… un point c’est tout.

Posté en tant qu’invité par Annapurna:

je te renvoie au message que je viens de mettre à 13h16, tu y trouveras une excellente réponse très bien détaillée et argumentée.

Posté en tant qu’invité par biloute:

une médiatisation surement, il faudrait avoir les chiffres exacts…
ça me rappelle en 2004 quand j’ai travaillé à la reserve naturelle des aiguilles rouges, il y avait en moyenne 1 à 2 morts par semaine dans tt le massif du mt blanc et encore on n’etais pas en pleine saison…he bien pas un seul évenement a été relaté aux infos…donc je pense que la médiatisation est pour beaucoup…

d’autre part je ne sais pas si la météo est en cause car par grande chaleur la montagne est toute aussi dangereuse, on a eu cet été des moments ou les conditions etaient impec (parce que justement c’étais pas trop chaud…)

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Parce qu’apparemment, la haute-montagne conserve encore un impact psychologique assez fort sur le grand public, c’est sans doute une des seules ou même la seule activité qui conserve un caractère d’aventure et de danger assez marqué. Dans nos sociétés modernes de plus en plus aseptisées et tendant vers le risque zéro, c’est quelque peu anachronique.

Posté en tant qu’invité par jc:

Intelligents et perspicaces comme ils sont (sarcasme), les journaleux de France3 viennent de faire la pub pour l’ascension du dôme des Ecrins… vu les conditions actuelles et les risques de chutes de sérac qui subsistent, ils sont limite « encouragement au suicide ».
Toujours aussi incompétents ces journalistes.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

J’ai fait la barre il y a 10 jours. Pour éviter le passage sous le sérac menacant, au début de la montée (et à la fin de la descente), je suis passé direct au centre, c’est plus raide mais pas bien difficile quand même. Ce jour là, j’ai été le seul à passer là - avec ma compagne de cordée - (il n’y avait pas de traces, donc personne auparavant n’était passé là et je mets ma main au feu que depuis, il n’y a pas eu d’autres traces que les notres…).
Leur reportage aurait pu être un tantinet intelligent s’ils avaient conseillé cet itinéraire, mais c’est trop leur demander…

Posté en tant qu’invité par andre:

Il est vrai que la météo,même si elle n’est pas totalement fiable, est une aide précieuse dont nos glorieux anciens ne disposaient pas.A relire Bonatti,il est frappant de constater
le nombre de courses qui se terminent dans la tempête.
Nous prenons tous le risque de partir parfois avec une météo douteuse, pour des
sorties qui heureusement se terminent généralement sans dommage.

Posté en tant qu’invité par érasme:

Cf. le propre article de Camptocamp Association placé en page d’accueil et intitulé « été tragique en montagne » du 2/08/07

http://alpinisme.camptocamp.com/index.html

Posté en tant qu’invité par jc:

100% d’accord avec toi. Ils n’ont pas fait d’erreur sur les noms et altitudes, mais le vocabulaire de base leur est étranger: « cordée » à la place de « corde », « piste » à la place de « sentier » ou « voie »… quels blaireaux!
Quand je pense qu’il y a 15 jours ils déploraient les morts sur cette VN… ils ne prennent même pas la peine d’indiquer ce danger et montrent la VN dans toute sa splendeur et « facilité », sans préciser ce que tu dis: qu’on peut passer à côté et éviter l’essentiel des risques.

Posté en tant qu’invité par tetof:

Vous avez probablement raison tous les deux.
Mais à qui s’adressait le reportage ? Pour 99% à des gens qui n’iront jamais là-bas, qui n’y connaissent strictement rien et s’en foutent royalement de ces erreurs. L’essentiel est de montrer de belles images et de vendre les spots de pubs.

Combien d’entre nous regarde la TV? Pour ma part, j’ai jeter la mienne il y a 10 ans. Bons nombres de mes potes de montagne ont fait de même.

La TV n’est pas un média pour diffuser des informations complexes à un public de connaisseur. La TV sert essentiellement à dégager du cerveau disponible pour regarder de la pub.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

D’accord aussi avec toi.
Mais il y a quand même des messages de sécurité qui peuvent passer par des media grand public à force de répétition: c’est le cas de la nécessité du port de l’APS en hiver pour le ski hors piste.

Sinon, c’est bien toi l’auteur des sorties à la voie Gamma et à Aurore Nucléaire ?
Je ne ferais probablement jamais la 1ère (déjà fait le pilier S et viserai plutôt l’arête grise si je retourne dans cette face) mais j’ai fait Aurore Nucléaire (il y a longtemps). Ca m’a laissé le même sentiment mitigé. Une voie qui se termine comme ça loin du sommet, c’est frustrant. C’est de la très belle escalade mais on a pas l’impression de faire de l’alpinisme. Par contre je pense que ce type de voie continuera à avoir du succès (elle en a toujours 20ans après son ouverture) à l’avenir.

Posté en tant qu’invité par Cl@ude:

En attendant, Aurore Nucléaire reste la voie la plus rentrée du topo-guide pour le Pic Sans Nom.
Je pense qu’il y aura toujours des passages dans ces voies de transition, justement parce qu’elles sont de transition (à condition que l’équipement soit maintenu dans un état proche de l’ouverture, càd pas complètement pourri).

Posté en tant qu’invité par tetof:

L’avenir le dira pour Aurore.
Mais, la concurrence va être sévère avec les voies sportives de proximités qui sont nettement plus rentables, avec un bien meilleure rocher, une meilleure exposition au soleil, plus d’ambiance, nettement moins d’engagement, etc… . La fréquentation des voies de l’envers a bien diminué depuis les années 80-90. Ca m’étonnerait que les vagues successives de rééquipement y changent grand-chose.

Quand je constate la difficulté dans mon club de faire passer les gens de la salle vers l’extérieur, j’ai de grands doutes sur les transferts entre Ailefroide et Aurore. Aurore a été fréquenté parce ce que les grimpeurs des années 80-90 étaient des alpinistes ayant les compétences et la motivation pour aller dans ce type de terrain. Certes ce terrain est très école, mais c’est déjà une méga aventure pour le public Ailefroide. Attention, je ne critique pas et je ne juge pas le public Ailefroide. J’ai fait beaucoup de voie à Ailefroide mais ce n’est certainement pas là-bas que j’ai appris et voulu découvrir autre chose.
Pour un « alpiniste », Aurore est déjà trop école. On y va quand on ne veut pas se traumatiser les neurones ou quand la météo n’est pas top. Je doute que cela remplacera les bataillons des grimpeurs des années 90 qui allait probablement là-bas pour la grimpe car il n’avait pas un choix infini de voies et que les destinations purement grimpe n’était pas si nombreuses.
La génération des ex-alpinistes reconverties en grimpeur sportif vieilli lentement mais sûrement. Qui va les remplacer dans ces voies ? C’est la même chose pour certaines voies de JMC au Bans. L’accès glaciaire est complexe. Crois tu qu’un grimpeur sportif va s’équiper, apprendre à se débrouiller sur un glacier, perdre plusieurs heures pour faire des beaux mouvements ? Pourquoi monter au Pavé pour faire des voies similaires aux voies du Rochers de l’homme ? Pour la carte postal ?

Tu as exactement la même problématique à l’Envers : pourquoi dépenser 20€ de train, + le refuge + 4h de marche ?

Pourquoi les sites de couennes très fréquentés sont ceux avec peu d’approche, des cotations agréables et peu d’engagement ?

Posté en tant qu’invité par visse:

hé Tetof, j’ai lu ton récit sur la voie Gamma : bon, c’est à 10 milliards de mon niveau et je ne ferai jamais de telles entreprises, mais j’ai trouvé que tu en as tiré un recul et une philosophie vraiment intéressante, valable pour tout un chacun en montagne, quel que soit le niveau. A consulter.

Voilà, c’est dit !!