Je crois les avoir lues, et j’explique pourquoi. Si tu arrives seulement à me répondre t’es trop méchant gnagnagna c’est très vilain, la discussion ne va pas beaucoup avancer.
Donc, je répète que l’argumentaire de JPB est d’une totale mauvaise foi.
Par exemple, dire qu’il faut respecter la parole de tous les alpinistes quels qu’ils soient, c’est faire comme si la parole de tous les alpinistes se valait. Ce qui est évidemment faux : on connaît aujourd’hui suffisamment de récits d’ascension largement embellis, voire complètement fictifs pour savoir, il faut toujours les lire de manière (un minimum) critique. Exactement comme dans la vie de tous les jours, on confronte la parole de quelqu’un à ses actes. Si l’on s’y refuse, on arrive comme JPB dans l’impasse : à trouver la meilleure preuve que Maestri n’ait pas menti, dans le fait qu’il ne l’ait jamais admis… Ça te paraît recevable comme argument Cretinus ? Tu l’accepterais dans un autre contexte ?
Dénoncer l’absence de consultation de Maestri est tout aussi malhonnête : c’est insinuer qu’il aurait la moindre légitimité à s’exprimer sur le sujet. Que vaut l’avis du créateur d’une monstruosité, quant au destin de cette dernière ? Poussons donc la comparaison, puisque JPB apprécie cet exercice : aurait-il fallu demander son avis à Hitler, avant de restaurer Auschwitz ?
De même, affirmer qu’il fallait conserver la voie du Compresseur précisément parce-qu’elle est infâme. Conservons-nous tout ce qui est infâme, pour cette raison ? Et le conservons-nous strictement dans son état originel ? Non bien sûr. En quoi ôter les spits et laisser le compresseur, par exemple, ne serait pas une solution satisfaisante ? Et que faire dans cinquante ou cent ans, quand ces spits seraient tombés naturellement ? Les remettre au nom de la conservation du patrimoine ?
Ou encore, prétendre que si la voie n’a pas été déséquipée immédiatement après son ouverture, c’est qu’elle ne devait pas l’être… en oubliant quelle était la fréquentation du Cerro Torre à l’époque. Quinze ou vingt ans plus tard il est normal que les candidats au déséquipement se posent des questions, et s’interrogent sur leur légitimité à le faire. Après avoir prouvé que l’arête Sud-Ouest étant franchissable avec des moyens honnêtes, Kennedy & Kruk ont certainement considéré qu’ils disposaient de cette légitimité plus que n’importe qui avant eux, et décidé d’agir en conséquence. Peut-être ont-ils mal fait, là n’est pas la question : simplement, que les alpinistes précédents aient respecté le statu quo ne signifie pas que celui-ci ait une quelconque valeur.
Les textes de JPB fourmillent de tels raccourcis absurdes. J’ai eu beau chercher, j’y ai trouvé des pétitions de principe, mais aucun véritable argument. Il est vrai qu’il est plus facile de jouer à l’incompris, que prendre deux aspirines et moins fatiguant que de discuter sérieusement. M’enfin je dis ça…
Quant à Maestri, si tu penses que je suis trop sévère avec lui, je t’invite à lire la synthèse de Rolando Garibatti (celui devant lequel JPB est « en admiration »). Il a compilé les récits de Maestri, pour les comparer avec les notes de ses compagnons, puis les témoignages des alpinistes ayant grimpé dans les parages des différentes lignes qu’il a revendiquées… C’est très intéressant pour l’histoire de la montagne, et le résultat laisse assez peu de place au doute (c’est-à-dire, beaucoup trop peu pour qu’on puisse affirmer sérieusement qu’il serait écarté d’une instruction judiciaire).