Petite chronique d'un jeudi ensoleillé

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Bientôt une semaine qu’il fait beau après de grosses chutes de neige. Naturellement, la plupart des randonneurs se retiennent au début. Puis, les jours passant, les traces se font plus nombreuses dans des pentes de plus en plus raides, ce qui nous rassure sur la stabilité et nous pousse à aller plus loin.

Bientôt une semaine qu’il fait beau. On est début février, le beau temps provoque un fort refroidissement en surface de la neige (sauf en journée dans les versants sud de moyenne montagne), refroidissement accentué par les basses températures de l’air (entre -10 et -15 degrés aujourd’hui à 2000 m en Haute-Savoie). Au début, le gradient de température reste faible en profondeur et la neige récente se consolide. Puis, les jours passant, le fort gradient pénètre de plus en profondeur. Ce qui ne me rassure pas, c’est que la stabilité du manteau neigeux risque bien de diminuer et que des courses déjà tracés vont peut-être devenir dangereuses…

Posté en tant qu’invité par Pt’it bouchon:

Tu veux dire que la pénétration du fort gradient peut fragiliser les couches profondes? Par exemple transformer des faces planes en gobelets? Gépatoucomprix…

Posté en tant qu’invité par Robert:

Merci tonton pour ce rappel à la prudence.

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Pas forcément une transformation aussi radicale, mais déjà une baisse de la résistance de la neige récente qui avait commencé à se consolider, alors qu’on trouve souvent plus en profondeur des « couches fragiles » en grains à faces planes voire petits gobelets. A topographie égale, les pentes les moins enneigées seront les plus fragiles.

C’est probablement ce scénario qui a provoqué l’an dernier une avalanche spontanée au-dessus du refuge de Bérard (épaisseur 60 cm, largeur 200 m) pendant une période de beau temps prolongée.

Posté en tant qu’invité par pierre-olivier:

Ouaiiiiis! J’suis content…j’commence à comprendre.

J’me disais en mon fort intérieur : Si y fait froid, la neige elle va pas se transformer bien comme il faut. (Notez que ma profondeur de raisonnement reste succinte)

Merci Oncle Bill et les autres connaisseurs en Nivo, sachez que vos leçons profitent à l’ignorant.

P.O

PS: Euh Oncle Bill, tu pourrais pas faire quelquechose dès maintenant pour qu’il ne flotte pas trop dans le sud aux alentours des vacances d’avril…hein…S’il te plaît…Par pitié…Oncle Bill soit maganime quoi!

Posté en tant qu’invité par ölivier:

Ce qui confirme une nouvelle fois que le froid n’est pas gage de sécurité…

Tes collègues Savoyards ne pensent pas la même chose, extrait du BRA73 du 13: "Le nouveau refroidissement en cours va encore réduire l’activité avalancheuse naturelle qui se limite à de rares plaques de fond en versants Sud-est à Sud. "

L’indice est faible aussi, 2 dans les deux savoies.

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Si ça se produit, ça ne sera pas en une journée, mais lentement au fil des jours et l’activité spontanée ne sera qu’au conditionnel. L’augmentation du risque ne pourrait être que très faible, le risque pourrait même rester stationnaire : certaines plaques peu épaisses se désagrègent complètement, d’autres plus épaisses ou plus dures deviennent moins solides.

Posté en tant qu’invité par Bubu:

Tes collègues Savoyards ne pensent pas la même chose, extrait
du BRA73 du 13: "Le nouveau refroidissement en cours va
encore réduire l’activité avalancheuse naturelle qui se
limite à de rares plaques de fond en versants Sud-est à Sud. "

C’est vrai: il y aura moins de coulées de neige humide, et peut etre 1 ou 2 depart de plaque seche du style du Buet, mais au total l’activité naturelle diminuera.

L’indice est faible aussi, 2 dans les deux savoies.

C’est vrai. L’indice est indicatif. On n’est pas passé tout d’un coup d’un risque 3 a un risque 2. Meme si certaines plaques seront fragilisées, dans l’ensemble il ya moins de risque, car les plaques les plus fragiles sont deja tombées et le soleil en a consolidé certaines. Le risque global pour un massif diminue. Mais pour certaines plaques a l’ombre, depuis leur formation, leur fragilité a diminué, puis tend maintenant a augmenter. De la meme manière, si un redoux avec un ciel suffisamment dégagé survient, les plaques à l’ombre se consolideront et les pentes au soleil se fragiliseront en journée.
Il faut bien comprendre que le risque global est une moyenne, il peut diminuer malgré que le risque dans certaines pentes bien précises augmente.

Posté en tant qu’invité par jean-christophe:

Effectivement, le manteau ne paraît pas super sain en ce moment…
et des grosses surprises pouraient avoir lieu…
Le risque du BRA me paraît presque sous-estimé… (sauf si on relit la définition du risque 2 - une échelle qui ne va que jusqu’à 5 me paraît manquer de nuances, je préférai l’ancienne).

Bon ski,

Posté en tant qu’invité par catherine:

Bubu a écrit:

De la meme manière, si un redoux avec
un ciel suffisamment dégagé survient, les plaques à l’ombre
se consolideront et les pentes au soleil se fragiliseront en
journée.

Il me semble qu’on est quand même encore en hiver et qu’à l’ombre il fait frisquet.
En plus si le ciel est suffisament dégagé, en journée on sentira le soleil chauffer, mais la belle neige blanche renvoie très bien les rayons, elle ne va pas absorber beaucoup de chaleur.
Et même elle va se refroidir encore plus la nuit car elle rayonnera et enverra le peu de sa chaleur vers les espaces inter-galactiques (euh, là j’exagère un peu).
En tous cas, c’est sûr que la nuit si c’est « suffisament dégagé » la neige sera hyper froide, bien plus que l’air … et la neige sèche ne se consolidera pas, au contraire.
Par contre s’il y a du foen, ça peut chauffer vite, mais ce n’est pas ce qui est prévu.
Bon, Bill, j’ai tout faux ou pas, là ?

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Bon, Bill, j’ai tout faux ou pas, là ?

Presque tout faux : on écrit foehn ou föhn en germanique mais pas foen, le reste, c’est bien :wink:

Posté en tant qu’invité par Olivier:

pierre-olivier a écrit:

PS: Euh Oncle Bill, tu pourrais pas faire quelquechose dès
maintenant pour qu’il ne flotte pas trop dans le sud aux
alentours des vacances d’avril…hein…S’il te plaît…Par
pitié…Oncle Bill soit maganime quoi!

Pour un bon résultat, il semble beaucoup plus astucieux de demander exactement l’inverse à notre prévisionniste au long cours qui sévit sur TVmountain.

Je sais, c’est vache, d’autant plus que j’ai oublié son prénom, ce qui n’est pas vraiment convivial, et qu’il anonce très honnêtement le caractère expérimental de ses prévi. D’autant plus aussi qu’à force de prévoir un beau temps sec et froid sur les Alpes, on l’a. Evidemment, ça fait une semaine et on n’en a déjà assez.

J’ai finalement l’impression qu’il est plus facile de prédire aux gens le temps qu’ils souhaitent que le temps qu’il va faire.

Olivier

Posté en tant qu’invité par Chti nain:

Ouais, c’est vrai ça, c’est quand qui va neiger? Pour qu’on aie de la poudreeeeeeuuuuuuuuuuuuuuuuuuse et … des avalanches (non je rigole!)!

Posté en tant qu’invité par nicolas:

Quelle est la définition de gradient de rempérature ?

je ne comprends pas « le gradient de température reste faible en profondeur et la neige récente se consolide. Puis, les jours passant, le fort gradient pénètre de plus en profondeur. »

pour moi un gradient est une différence.

Oncle Bill, veux-tu dire:
Au debut, seules les couches superficielles de la neige sont fortement refroidies, la différence entre la température du manteau neigeux et la température de la surface est maximale a proximité de la surface, provoquant une transformation de la neige de type ??xx??, équivalente a une consolidation.
Ensuite, suite au refroidissement de plus en plus profond, la différence de temperature est plus importante dans les couches profondes proche du sol, entrainant une transformation??zz?? des couches supérieures (déstabilisation) et une transformation ??yy?? des couches profondes ?

Ou suis-je completement à la masse ?

(désolé, je n’ai pas mon « Manuel de la montagne » sous la main)

Posté en tant qu’invité par Olaf Grøsbåf:

Gradient de température: différence de température/distance entre deux points = °C/cm
La suite, je la laisse à Oncle Bill…
Olaf

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Réponse en image là (schémas de courbes de température verticale dans le manteau neigeux) : http://skirando.camptocamp.com/forums/read.php?f=2&i=4461&t=4399

Au début du beau temps, on est dans le cas n°2. En surface le gradient est fort en surface (forte différence de température sur une faible distance) et la neige perd de la cohésion (tu as marqué le contraire il me semble : 3 points en moins, tu finis mal le deuxième trimestre), c’est le contraire en profondeur.

Si le beau temps dure trop longtemps on passe en cas n°3 (on est actuellement dans une situation intermédiaire). En profondeur, le gradient devient suffisant (la courbe est bien penchée) pour provoquer une perte de résistance mais la trnsformation en grains à faces planes sans aucune cohésion ou en gobelets n’est quand même pas possible car la densité est trop forte et elle gène les transferts de vapeur d’eau.

ça va ou bien?

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Mieux avec le lien actif :

Réponse en image là (schémas de courbes de température verticale dans le manteau neigeux) : http://skirando.camptocamp.com/forums/read.php?f=2&i=4461&t=4399

Au début du beau temps, on est dans le cas n°2. En surface le gradient est fort en surface (forte différence de température sur une faible distance) et la neige perd de la cohésion (tu as marqué le contraire il me semble : 3 points en moins, tu finis mal le deuxième trimestre), c’est le contraire en profondeur.

Si le beau temps dure trop longtemps on passe en cas n°3 (on est actuellement dans une situation intermédiaire). En profondeur, le gradient devient suffisant (la courbe est bien penchée) pour provoquer une perte de résistance mais la trnsformation en grains à faces planes sans aucune cohésion ou en gobelets n’est quand même pas possible car la densité est trop forte et elle gène les transferts de vapeur d’eau.

Posté en tant qu’invité par nicolas:

Je crois que je comprends déja bien mieux,

merci pour le lien vers l’explication du gradient
le gradient expliqué aux enfants

(c’est tellement interessant que cela devrait constituer un « sticky » ou faire partie d’une FAQ).

je ne comprenais pas « le gradient de température reste faible en profondeur et la neige récente se consolide. Puis, les jours passant, le fort gradient pénètre de plus en profondeur. »

En fait, dans le cas que tu décris, tu aurais pu écrire:
« le gradient de température reste faible en profondeur et la neige récente EN PROFONDEUR se consolide. » En surface, présence d’un fort gradient de température, donc transformation de la neige, donc perte de cohésion des couches superficielles.
Mais la vitesse de cette transformation est faible car la température est basse, n’est ce pas ?

Question: qu’en est-il pour une pente au soleil, (temps froid), les couches superficielles seront-elle moins froides (avec à la clé un gradient moins élévé) ? ou y aura-t-il un autre phénomène ?

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

En fait, dans le cas que tu décris, tu aurais pu écrire:
« le gradient de température reste faible en profondeur et la
neige récente EN PROFONDEUR se consolide. » En surface,
présence d’un fort gradient de température, donc
transformation de la neige, donc perte de cohésion des
couches superficielles.

Oui, c’est peut-être mieux comme ça.

Mais la vitesse de cette transformation est faible car la
température est basse, n’est ce pas ?

Sauf si une couche de neige récente pas très épaisse se dépose sur une neige à température douce (par exemple sur une neige humide), il y a alors à la base de la couche un gradient important (certes moins fort qu’en surface) à température douce.

Question: qu’en est-il pour une pente au soleil, (temps
froid), les couches superficielles seront-elle moins froides
(avec à la clé un gradient moins élévé) ? ou y aura-t-il un
autre phénomène ?

La nuit, les conditions sont les même quelque soit l’exposition. La journée, soit la neige s’humidifie au soleil puis regèle le soir et la neige se transfome donc différemmement, par contre s’il fait froid, le gradient devient faible en surface pendant l’ensoleillement, il y a donc alternance fort/faible gradient entre nuit/jour.

Posté en tant qu’invité par Oncle Bill:

Hier, après 12 jours de beau temps froid, deux avalanches spontanées de plaque se sont produites dans le même secteur en versant Nord vers 1900 m sur les pentes du Mont de Grange. Il est intéressant de remarquer que c’est dans le secteur de Haute-Savoie ayant reçu le moins de neige dans les dernières chutes que ces avalanches ont eu lieu, ce qui n’est pas étonnant puisque la couche de neige la plus récente, étant moins épaisse, s’était moins consolidée.