Posté en tant qu’invité par Nat:
Un complement d’informations sur la sortie au petit Renaud de ce week end.
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le choix de la course
Samedi, a Chamrousse et jusqu’en haut du Sorbier, les conditions etaient vraiment saines, malgre le fort episode de vent du sud qui a accompagne les chutes de neige : pas de grosses corniches, et la sous-couche a ete humidifie par la pluie au moins jusque vers 2400, stabilisant le tout.
Je propose donc pour dimanche une sortie a basse altitude mais en versant N pour avoir de la bonne neige, et au depart a 1600m pour eviter le portage : le petit Renaud depuis Villard Reymond
Mes observations et conclusions convaiquent, c’et la que nous irons. -
La montee.
Dans le vallon, c’est assez apocalyptique : les pentes ouest du Grand Renaud, striées de barres ont entierement degringolé et la coulee d’avalanche au fond du vallon est vraiment impressionante. Ca ne met pas vraiment en confiance tout ca …
Le manteau neigeux est stable, comme prevu, avec la sous couche humidifiee/gelee. On continue, et pour la sortie au sommet, on decide de montee par l’arete NE, assez deplumee donc sans grand risque. Par contre nous voyons de beaux couloirs qui strient la face, et sommes tous d’accord pour dire qu’ils sont dangeureux, vu les corniches qui les surplombent. -
Le sommet.
Au sommet, apres avoir vaincu la corniche (piolet indispensable), nous sommes au soleil, la vue est magnifique, nous prenons notre temps, discutant de l’itineraire de descente.
La corniche est raide, le depart ski ou surf aux pieds depuis le sommet ne va pas etre facile.
L’un d’entre nous propose d’aller voir un peu plus loin, pour voir si ca descend, et nous voila en train de casser une corniche pour acceder a un couloir tres attirant.
Je ne sais pas pourquoi nous avons tous oublie les impressions que nous avions formule a la montee, concernant ces couloirs… peut-etre pensons-nous que ce sera pareil ici qu’au niveau de l’arete NE (deplumee, je le rapelle). -
l’avalanche
Jerome commence a descendre le premier, par un acces plus facile.
Il s’arrete rapidement en disant qu’il ne le sens pas.
Et la, au lieu de renoncer, je m’engage dans le couloir, encourage par les autres. Le depart est tres raide (corniche), mais la neige est excellente et j’enchaine les virages jusqu’a la sortie du couloir (50m) pour rejoindre jerome par une traversee. Tout va bien, un peu de neige s’est detache sous mon surf et a devale toute la face, mais ca ne m’inquiete meme pas, les coulees de neige fraiche sont courantes dans ce genre de couloirs.
Je lui dit que je continue a descendre, et apres 1 deuxieme traversee pour rejoindre l’axe du couloir et 1 virage, toute la pente qui se trouve sous moi devale, me desequilibrant legerement, mais me laissant sur place.
Ca se finit en gros aerosol au pied de la face 200m plus bas,
qui n’a d’ailleurs pas echape aux habitants de villard Reymond… -
…
Je ne sais plus bien quoi faire. Les autres me disent de remonter, mais d’un coup les pentes du haut ne me paraissent plus du tout sures, tout comme les pentes du bas d’ailleurs.
Je reflechis longtemps, assis dans la neige. J’examine la cassure : jusqu’a 40-50cm d’epais et 5m de large. Le couloir est une grosse plaque. J’essaye de prendre une decision rationelle: je creuse la neige a cote de moi, et me rend compte qu’il y a encore au moins une couche, peut-etre prete a partir. Je decide donc de remonter, prudemment, en rechaussant mes crampons, et en escaladant le couloir le plus pres possible des rochers… -
Retour au sommet, tout le monde est refroidi, surtout moi.
On descend par le couloir de monte, et on rentre a la bagnole.
Ce qui me fait le plus peur, c’est que j’ai perdu mon jugement et mon bon sens une fois au sommet, efface par l’emulation du groupe et l’excitation a l’idee de la descente…