Posté en tant qu’invité par Stalker:
Voilà, je suis certainement le n-ème à me demander ce que je fous à Paris, à bosser pour vivre, en rêvant de montagne du lundi au vendredi.
Un copain, attristé par mon dilemme, me dit « Mais vas-y ! Pars la rejoindre ta montagne ! Vas t’installer là-bas, sinon tu regretteras jusqu’à ta retraite, quand tu seras aigri d’avoir raté ta vraie vocation. »
C’est tentant, je me dis. Mais j’ai un gros doute en même temps: aujourd’hui j’ai deux vies:
- une vie de merde (pardon) où je fais un travail totalement inutile pour l’humanité (marketing)
- un coin de paradis qui m’attend dans les montagnes, dont la futilité ne me dérange pas, car c’est bien « l’inutile » qui fait la beauté de l’alpinisme.
Ma vie grise me permet de financer l’accès au coin du paradis. Et plus ma vie en bas est grise, plus la neige me paraît éclatante à 3500 m.
Et là je me dis: mais si la montagne devenait mon métier, elle ne serait plus « inutile », un geste gratuit et sans finalité autre que le plaisir. Travailler en montagne, c’est comme travailler en bas (j’entends - vendre ses services et faire des concessions). Du coup, je perdrais mon coin de paradis, ce qui m’aide à passer la semaine au bureau actuellement. Je me souviens de la tête de l’unique guide avec qui je suis parti en montagne il y a quelques années. Qu’est-ce qu’il s’emmerdait avec nous le bougre… Il en avait marre d’alpinistes de dimanche dans notre genre, il essayait de faire le commercial, de nous faire revenir pour une nouvelle course, de nous faire raquer, mais le commercial ça lui allait pas, et il avait l’air stressé et piteux. C’est parce qu’il cherchait à concilier sa passion avec son gagne-pain.
Voilà mon inquiétude. Ca m’intéresse d’avoir quelques témoignages, de ceux parmi vous qui ont réussi ou raté leur rapprochement à la montagne. Un rapprochement physique, mais aussi professionnel (genre vendeur au Vieux Campeur, :-)) ).