"Panique" et enchaînement

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Si la règle communément établie entre grimpeurs autorise et même encourage l’enchaînement d’une voie dégaines en place (y compris à vue, les dégaines étant posées par un pote), j’avoue éprouver une plus grande satisfaction lorsque je l’enchaîne en posant les dégaines.

La difficulté peut varier selon qu’on les pose ou pas. C’est le cas dans « Les Malheurs de Sophie » au Kronthal (Alsace) : 6c dégaines en place, 6c+ en les posant, car au crux, pour poser la dégaine, on doit effectuer un mouvement supplémentaire irréversible, qui entraîne en cascade la modification du passage sur plusieurs mouvements, et fait monter la cotation d’un cran.

Première question : la cotation d’une voie suppose-t-elle toujours les dégaines en place ?

Dans la voie précitée, outre l’augmentation de la difficulté, la pose de la dégaine et son clipage sont fortement expos (on est sur des chiures, et si on lâche, on se mange une vire), ce qui n’est pas le cas si la dégaine est déjà en place - bonnes prises 20 cm en dessous -. Aussi, lorsque j’attaque cette voie le premier - en montant les dégaines, donc - j’utilise une dégaine « panique » (ou « magique » si vous trouvez le terme trop dévalorisant), ce qui me permet de mousquetonner en sécurité, 20 cm plus bas - et de passer en 6c au lieu de 6c+, comme si les dégaines étaient en place.

Deuxième question : si on monte les dégaines, mais qu’on utilise au moins une fois la dégaine « panique », doit-on assimiler son ascension à un enchaînement dégaines en place ? Y a-t-il tricherie ?

J’attends une autre réponse que « tu fais ce que tu veux, c’est toi qui dicte tes propres règles » ; il est vrai que c’est un peu ma philosophie, mais j’aimerais tout simplement savoir comment chacun de vous établie son carnet de croix : avec ou sans dégaines, avec ou sans « panique »…

Posté en tant qu’invité par Tonton:

Première question : la cotation d’une voie suppose-t-elle
toujours les dégaines en place ?

Non.

Deuxième question : si on monte les dégaines, mais qu’on
utilise au moins une fois la dégaine « panique », doit-on
assimiler son ascension à un enchaînement dégaines en place ?
Y a-t-il tricherie ?

Bien sûr, tu es disqualifié, tu as un gage : il te faut gravir la voie en solo intégral. Tu repart du départ sans toucher 20000 euros.

J’attends une autre réponse que « tu fais ce que tu veux,
c’est toi qui dicte tes propres règles » ; il est vrai que
c’est un peu ma philosophie, mais j’aimerais tout simplement
savoir comment chacun de vous établie son carnet de croix :
avec ou sans dégaines, avec ou sans « panique »…

Faut pas se prendre la tête avec les cotations. Premièrement, grimpe pour te faire plaisir. Si tu veux faire ça dans les règles, il suffit que tu enchaîne la voie un point c’est tout. Quant à moi, pas de carnet de croix, d’ailleurs il m’arrive de retourner dans des voies que j’ai déjà enchaînée sans souvenir d’y être déjà allé :-)))

Posté en tant qu’invité par pp:

Il y a des fois ou quand on équipe on se manque…l’équipeur mesurait peut être 2 metres???
Tonton a raison faut pas se prendre la tronche…

Posté en tant qu’invité par fred167:

c koi une degaine panique?

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Petite précision : l’équipeur est à peine plus grand que moi. Cette voie a été l’objet de longues discussions, avec lui notamment ; nous lui avons demandé de décaler la point ; il n’a jamais accepté, considérant que la difficulté du mousquetonnage du crux faisait partie intégrante de l’esprit de cette voie. S’il s’est manqué comme tu dis, il ne l’avouera jamais…

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

C’est une dégaine longue, relativement rigide, avec un mécanisme sur le mousqueton supérieur qui permet de maintenir le doigt ouvert ; on peut mousquetonner le point en tenant la dégaine par le bas - soit 20 cm plus bas qu’avec une dégaine ordinaire - ; lorsque le mousqueton est dans la broche, on tire un coup sec vers le bas, et le doigt se referme ; « magique » ! S’utilise souvent en cas de peur « panique »…

Le modèle le plus courant est distribué par SOeScalade. Efficace surtout en dalle ou mur vertical. Pour les dévers, il n’est plus assez rigide ; les dégaines Frog sont alors préférables (plus courtes, mais idéales pour le mousqeutonnage par en dessous).

Dans une voie que je ne connais pas, j’ai une dégaine panique au baudrier, au cas où. Je m’en sers rarement, mais ça rassure. Si je l’utilise, arrivé un peu plus haut sur le point, je la troque pour une dégaine classique (dumoins si l’oeil de la broche ou de la plaquette est assez grand pour accepter 2 mousquetons le temps de l’échange), afin de pouvoir éventuellement m’en resservir plus haut.

Posté en tant qu’invité par BOB:

C’est quoi l’interet de passer un 6c+ si on risque au mousquetonnage de s’exploser sur une vire???autant passer la version 6c qui est safe et aller faire d’autre voie en 6c+,7a qui ont plus d’interet qu’un pas avec un mousquetonnage dangereux.

Posté en tant qu’invité par nicolas:

La cotation est généralement calculée pour la voie libre de toute dégaine.
La différence de difficulté d’une voie entre dégaine à mettre / dégaines déja en place peut être liée à:

  • l’engagement
  • l’effort supplémentaire (10sec).

Mais cette difficulté est variable:
Lorsque tu es dans une voie niveau max (vraiment au dela du taquet), devoir mettre en plus une dégaine est plus stressant, plus faitguant, plus risqué que de juste clipper la corde.
par contre, si tu randonnes, la difficulté ne change pas.

Maintenant, ce n’est pas très correct de la part de l’ouvreur d’avoir fait de la pose de la dégaine le crux de la voie.
On met des protections pour éviter des accidents, pas pour « tester » les grimpeurs.

L’instant du mousquetonnage est par définition le plus dangereux:

  • position statique prolongée,
  • maximum de mou,
  • éloignement maximum du point de protection dans lequel est placé la corde

Une bonne protection doit:

  • protéger (si il n’y a pas de danger de blessures, les points peuvent être plus éloignés; si il y a une vire ou un pendule potentiellement dangereux ou à l’approche du crux, les points sont placés en conséquence)
  • ne pas mettre en danger le grimpeur qui utilise la protection
    (pas d’augmentation du risque de chute en mousquetonnant, donc présence d’une « bonne » prise),

Comme beaucoup, j’ai tendance à mousquetonner trop tôt, souvent à bout de bras sur de mauvaises prises alors que l’ouvreur a prévu d’utiliser de bonnes prises pour mouquetoner à hauteur du buste.

Comme il m’est parfois arriver de sauter des points plutôt que de les mousquetonner tellement j’étais au taquet, je vais peut-être me mettre à utiliser une dégaine raide comme toi (aux USA, ils utilisent une canne a pêche)

Posté en tant qu’invité par joel:

tout le monde a bien répondu aux 2 questions et les réponses de Nicolas sont vraiment sensées.Pour ma part je pense que dans la mesure du possible il faut évité de se faire mal inutilement cela dit je respecte l’ouvreur et sa décision,je pense aussi que le point et le clipage doit être placé dans la mesure du possible avant la difficulté et apparament s’est possible (20 cm plus bas ); chuté dans une section protégée parce que le pas est dur ce n’est pas un problème et cela fait parti du jeu de l’escalade .Le rocher dicte sa loi en ce sens que c’est lui qui nous dicte l’escalade qu’il attends de nous ,cependant il faut se protéger le mieux possible en grimpant. L’ouvreur d’une voie a un role important il crée une ligne d’ascension personnalisée mais qui doit s’adapter pour un plus grand nombre.

Posté en tant qu’invité par xav:

Quand tu vois les 1ères voies d’Edlinger, pour lui, mettre ou pas les dégaines c’était du pareil au meme, avec au moins 5 m entre les points, ça ne fait plus une grosse différence.

Mais la difficulté de la voie, la difficulté pure, ne vient pas de l’engagement.

Une 4 sup reste une 4 sup, que l’on grimpe sur sangles ou pas.

De meme, une 6c est une 6c, meme si la difficulté ressentie est plutot du 7a à cause d’un endroit dangereux.

Que tu grimpes en mouli ou en tete, sur points fixes ou sur coinceurs, à mon humble avis, si tu es dans du 7a, tu es dans du 7a. Point.

Quand à l’engagement, s’il y a risque de blessure, je ne fais plus comme je faisais il y a un peu plus d’un an.

A présent, si c’est trop chaud, je place les dégaines avant, ou meme, je mousquetonne le 2° point en faisant de l’artif, si le 1 ° point est un point fantome (risque de retour au sol en mousquetonnant le 2ème), puis je redescend et je refais tout d’une traite.

Comme ont dit tous les autres, il y a un seul but, c’est de se faire plaisir. Pas de se bousiller la santé.

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Je suis d’accord avec toi, l’engagement n’entre pas en compte dans la cotation.

Mais l’emplacement des mousquetonnages peut modifier le parcourt de la voie, donc sa cotation. Dans le cas d’école décrit ci-dessus, tu ne passes pas au même endroit suivant que la dégaine est en place ou non, donc 2 cotations différentes… Autre exemple classique : en sautant des points (suffisamment haut et en dévers pour ne prendre aucun risque), tu peux dévier fortement de la ligne imaginée par l’ouvreur, biaiser complètement un crux, et transformer un 7a en 6b…

Bien évidemment, il y a une hiérarchie dans les choix, et quand le risque de me blesser est trop évident, je mets ma propre éthique en veilleuse, et m’autorise bien des bidouilles (« panique », artif…).

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Rassurez-vous les gars, quand je grimpe, c’est le plaisir avant tout !

Non, je ne me prends pas la tête avec les cotations ou l’éthique.

Mais il faut bien alimenter les conversations de bistrot qui concluent nos escalades, et meubler les longues soirées de mes hivers alsaciens… Faire une liste de croix, c’est alors réveiller de bons souvenirs, et échafauder de nouveaux projets.

Posté en tant qu’invité par seb:

au fait, un carnet de croix ça se commence à quel niveau?

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Un carnet de croix, ça se commence avec la première voie que tu réussis et dont tu es fier ; pourquoi pas du 3 ou du 4 ? Ensuite, ça pourrait être exhaustif, mais ça se limite plus souvent aux voies qu’on a trouvé belles, ou difficiles - notions toutes relatives bien sûr !

Posté en tant qu’invité par nicolas:

les voies les plus marquantes ne sont parfois les plus dures.

la voie qui m’a le plus remué les tripes:
un 5a en salle , apres un accident, 5 mois de platre… et 6 mois de réeducation.

Si il nb’y avait qu’une seule croix dans mon carnet , ce serait celle-la !

Posté en tant qu’invité par raphael:

ouf « J.Marc » tu m’as fait peur

Posté en tant qu’invité par seb:

nicolas à dis:
les voies les plus marquantes ne sont parfois les plus dures.
la voie qui m’a le plus remué les tripes:
un 5a en salle , apres un accident, 5 mois de platre… et 6 mois de réeducation.
Si il nb’y avait qu’une seule croix dans mon carnet , ce serait celle-la !

ah je vois, alors le 5b que j’ai fait en tête, en plein vent et avec 100m de gaz alors que je débutait en escalade et que j’avais peur du vide, il peut compter!
cool :))

Posté en tant qu’invité par J.Marc:

Une de mes plus belles croix : « Courant d’Air », au Waldeck (Vosges du Nord), 5c. Je n’avais encore jamais tenté cette difficulté en tête. Je passe au pied de cette superbe ligne de près de 30m, parfaitement verticale, entre dièdre et cheminée, taillée dans ce même grès rose qui nous a donné la Cathédrale de Strasbourg. Une amie, grimpeuse expérimentée, me dis d’y aller ; je la regarde dubitatif : elle n’y pense pas, trop dur pour moi ! Elle sait se faire persuasive, je lui fais confiance, et sors la voie à vue complètement transcendé. Et aujourd’hui, je retourne systématiquement en pélerinage dans cette voie, bien sûr parce qu’elle est belle, mais aussi parce qu’elle fut une étape décisive dans ma petite histoire de grimpeur.