Bonjour,
Évidemment, la Mecque de la fissure, c’est (du moins en France) le Verdon. Le problème, c’est que ça devient vite non seulement difficile, mais assez intimidant, voire franchement terrifiant. Et pas seulement vu du pied, « en vrai ». Pour peu qu’avant d’arriver à pied d’œuvre on ait un peu entendu ou lu les témoignages de prédécesseurs, on arrive avec un stock de cauchemars totalement dissuasifs. Souvent, il vaudrait mieux ne connaître rien d’autre que l’accès, le tracé du topo et le matériel nécessaire, point final. Je n’aurais jamais osé me lancer dans L’extemporanée après avoir lu ce qu’en dit Patrick Cordier dans Les cent plus belles des Préalpes du sud , si des copains connaissant ce que j’avais déjà fait ailleurs ne m’avaient dit : « Si, si ! vas-y, tu peux, et de toute façon, tu verras bien » (je suis venu, j’ai vu, et finalement, non sans quelque effort physique et mental, j’ai vaincu). Mais toutes les fissures verdonesques ne sont pas affreuses. Juste, ne pas commencer par Les Barjots , mais plutôt La Demande , la partie supérieure du Pilier des Écureuils , Luna-Bong , ou Le Dièdre des rappels (dont les cotations les plus élevées ne correspondent d’ailleurs pas aux passages en fissure) ; la Chan-té (Malines) ; E Pericoloso sporgersi (Imbut), une voie qui ne ressemble à aucune autre et qu’il faut avoir parcourue pour en comprendre le nom ! Monier à l’Eycharme. Ensuite, on peut tâter de la Ula , mais ça franchit nettement un cran.
Le petit bouquin de David Belden, autrefois publié chez Denoël, est très détaillé : il permet de se faire une idée précise de la personnalité des itinéraires.
Sinon, en moins exigeant et moins intimidant, il y a les gorges de la Jonte, où l’on trouve de très belles fissures, de tailles et de difficultés diverses. C’est plus équipé, avec des approches et des retours moins complexes qu’au Verdon. Kebra chope les boules au Révérend ; mieux encore : Sale coup pour la fanfare (exceptionnel). Pervers pépère au cirque des Vases (court). Aquò es quicon (la Fusée), nettement plus facile. La Sans nom est une merveille ; en passant par tous les calibres, c’est une des plus belles fissures des falaises de France ; et sans être une via ferrata, celle-ci aussi est plus équipée qu’au Verdon.
Le Caroux est un site majeur, mais il n’y a pas beaucoup de grandes voies où les fissures soient dominantes (je n’en vois même aucune), même si, sur certaines sections, il y en de très belles (le Grand dièdre à la Tour carrée d’aval).
À Fontainebleau (Apremont), un Circuit bleu ciel a été tracé par Robert Mizrahi, un grimpeur que j’ai connu plutôt comme pyrénéiste, circuit spécialement dédié aux fissures. L’ayant (partiellement) parcouru quand j’étais jeune, fort et beau, j’en ai le souvenir de quelque chose de pas du tout facile !
Après, je connais pas mal de sites dans les Pyrénées et en Espagne. Vous pouvez camper à Montserrat pendant deux mois et ne grimper tous les jours que des fissures ! On peut me contacter au 05 62 39 13 57.
Bons coincements, verrous, ramonages et renfougnes.
Patrick Dupouey