Nos petites histoires autour de l'escalade

Posté en tant qu’invité par herve:

Auteur: herve (—.w80-8.abo.wanadoo.fr)
Date: 18 nov 2004 15:30

Des fois, l’équipement ça devient vraiment galère. Jugez plutôt.

Hier je me pointe au Verdon pour finir d’équiper les trois premières longueurs d’un vieux projet. Il fait grand beau et grand froid.
Accès par les tunnels du Sentier Martel puis je monte sur la Terrasse de la Castapiagne pour rejoindre par une traversée, ma statique qui attend depuis un an, cachée dans une grotte.
La paroi est au soleil, tout va bien. En descendant, j’installe les points d’assurage dans les longueurs inférieures. 3 longueurs, 3heures de boulot, ceux qui connaissent comprendront.
En remontant je nettoie les blocs et écailles instables, parmi lesquels quelques sympathiques mastodontes. Dans la troisième longueur, sous un petit toit, l’un deux me donne du fil à retordre. Je m’acharne, m’arc-boute.
Soudain, bling!! Le piton de renvoi sous le toit s’arrache et je pars en vol plané 100m au dessus du Verdon pour revenir m’éclater contre le rocher la tête en bas. Ca m’apprendra à mettre de grandes boucles de mou entre les renvois.
Un peu sonné, mais pas de mal hormis une bonne frayeur (le vol sur une vieille stat ça m’enchante pas des tonnes). Je poursuis ma remontée et mon nettoyage au galop car la nuit approche.
Enfin revoilà la grotte. Je hisse mes 20kg de stat (ceux qui connaissent comprendront), en plie une partie que j’accroche à mon baudrier et refais le sac. Très chargé, j’attaque les dix derniers mètres de jumar qui me séparent de la Terrasse, un empilement de bloc terreux et… un peu terreur!
Quelques mètres plus haut, la stat caresse une grande écaille posée sur un bloc, il va falloir jouer fin. Je m’élève avec précaution lorsque soudain, une cordelette qui pend de mon baudrier s’accroche dans une racine.
Gêné par le poids du matos, je me penche péniblement et tente de dégager la cordelette.
Il n’en faut pas plus pour déloger l’écaille qui tombe droit sur moi. Je pare le choc comme je peux avec les bras pour protéger ma tête et le bloc poursuit sa course vers le Verdon. La douleur est intense et, dans la pénombre, il me faut un moment pour m’assurer que j’ai toujours tous mes doigts et tous mes bras.
Bilan : un pouce écrasé, la main droite hors d’usage plus quelques hématomes et estafilades aux avant-bras ; le sang pisse allègrement.
Je remonte rageusement les derniers mètres, l’écheveau de stat s’accroche partout, je misère avec une main pour faire coulisser le shunt sur la corde (ceux qui connaissent…). Enfin j’arrive à mon relais. Encore quelques mètres de désescalade dans un maëlstrom vertical de blocs, de terre et de buis pour rejoindre la Terrasse.
Tout ce qui peut s’accrocher quelque part le fait : les dégaines, les cordelettes, la stat, le sac et même les lacets de chaussures. Je suis au bord de la crise de nerf, le Verdon et sa végétation sont envoyés à tous les diables. Je sais, avec un peu de recul, tout ça n’est pas bien grave, MAIS CA FAIT CHIER PUTAIN !!!
Enfin me voilà dans la forêt de buis, et si au dessus il fait nuit, dessous il fait encore plus nuit !! Séance ramping sur trois pattes dans la forêt dense pour rejoindre le chemin et enfin le Sentier Martel (ceux qui…). Reste plus qu’à retraverser les tunnels, à la nage plus qu’à pied (il a plu ces derniers temps n’est-ce pas ?), chargé comme un mulet voire deux !

Voilà, c’était une petite journée d’équipement qui tourne à la galère. Comme ça, tout ceux qui ne connaissent pas comprendront !

Posté en tant qu’invité par Pierre rouzo:

Encore une petite histoire sur Claret
(je vais essayer de ne pas faire trop long…) :
Le meilleur de mes meilleurs souvenirs !
Pas moins.

Puisque nous grimpions pratiquement tous les jours,
Hugues et moi nous échauffions souvent dans les mêmes voies.
L’échauffement, c’est pour ne pas se blesser (!) et ce qui est extraordinaire
sur cette falaise, c’est qu’elle n’offre que très peu de prises traumatisantes.
Il y a énormément de grosses prises dans des dévers prononcés. Un régal.
Du coup, avec un bon niveau et quelques habitudes, nous allions directement
dans des 7a+ / 7b… voire même 7c (!)… Nous connaissions par cœur -par exemple-
une voie comme «Abribus» (on ne se lasse jamais des voies splendides).
Un jour, pour changer, nous avons directement attaqué par «L’œil du maitre»
(7c aussi) : on s’est mis tous les deux au taquet… mais on l’a sortie (!) (fierté oblige)…
Et on a jamais recommencé !

Dans des voies de moindre difficultés, nous faisions vraiment n’importe quoi :
ne mettre qu’un point sur trois ou grimper à deux sur la même moulinette (!).
Les nouveaux arrivants nous prenaient évidemment pour des fous !
Et pour peu qu’on les ait prévenus sur le caractère engagé des voies…
je pense que certains d’entre eux ont dû avaler leur salive en se frottant les yeux.
C’était la belle époque (!) (pardon aux petits jeunes qui s’emmerdent).
Pour rigoler, j’avais écrit dans les cahiers du bistrot «grimpeurs moyens :
cessez donc de patiner NOS voies d’échauffement !» Signé : les grimpeurs forts.

Pour m’échauffer, j’avais personnellement une grosse préférence :
«la Rançon du Woodoo». Ne cherchez pas sur le topo, c’est ce que l’on appelle
aujourd’hui une connection. Au début, ça avait passablement agacé Hugues :
il était l’auteur des deux voies («la Rançon du succès» et «Woodoo»,
superbes toutes les deux) et il s’énervait de me voir emprunter «le meilleur»
des deux lignes. Pour moi, cela faisait une envolée fantastique…
et parfaite pour l’échauffement. Et toc.

Donc ce jour là, il fait beau, le ciel est tout bleu et il n’y a pas de vent.
Nous sommes montés avec Lucien et François, qui s’échauffent maintenant
un peu plus loin. Il n’y a personne d’autre.

J’attaque «la Rançon du Woodoo». Je l’ai faite à vue, grimpée une bonne
quarantaine de fois et n’y suis jamais tombé.
Ca démarre sur une grosse et franche verticale main droite, des pieds
-déjà- patinés (naturellement) / un croisé dans l’axe sur une pince / une pince
inversée / puis un bac. Le reste de la dalle se fait assez bien, sur des prises
assez petites mais franches et dans laquelle de jolis placements sont à faire.

Puis : repos (si besoin est).

Le reste de la voie est à l’image de Claret : bacs et dévers (!) (ou l’inverse).
Et si la hauteur n’est pas très impressionnante, je vous promet qu’il y a du gaz !
Bon, je démarre : des bacs et des grosses prises sur choux fleurs
sur plusieurs mètres. Les pieds ont bien décollé dans ce léger dévers.
«C’est parti».

Suit une petite colonne, ouverte à gauche et moulée à droite dans sa belle
coulée bleue, puis une superbe «boîte aux lettres».
Je traverse légèrement, sur la droite, dans un petit dièdre blanc.
Les prises sont franches, bonnes, mais assez éloignées les unes des autres.
Faut y aller quoi (!). De là, je chope LE gros baquet «sortant» très caractéristique.
Je suis déjà dans la partie de «Woodoo». C’est un tournant.
Car si le dévers est déjà présent, à partir de là, il va se prononcer (!).
Pour attaquer cette sorte de pilier très aérien, je file sur la droite, saisis main droite
une prise absolument extraordinaire (exactement la forme et le volume d’un pain
de magnésie (!), soudée par le haut et par le bas, mais très marquée.),
monte haut les pieds, développe pour prendre une vraie rampe de bacs.
Plats mais bons.
(Trop drôle : je suis sur ce grand pilier blanc
et j’ai une belle érection dans mon petit collant noir !)…

Bon, la suite est du même genre : bonnes prises mais éloignées. Faut se lancer :
montées de pieds / poussées / blocages / réceptions. Du basique mais du beau (!).
Dernier point de la voie : encore une prise extraordinaire telle que l’on en rencontre
souvent à Claret : une sorte de petit carton à chaussures, cabossé, soudé au fond
et sur les deux côtés et qui offre de multiples préhensions.
Légère décontraction. Au dessus, c’est LE CRUX.

Là, je sais qu’il y a du gaz (!).
Mais je ne regarde pas en bas : c’est pas le jour.

Le crux donc : il faut prendre cette prise que je viens de décrire, monter haut les pieds,
pousser et saisir main gauche une prise que l’on devine. Elle est pas terrible.
Une sorte de petit plat dans du gris. Main droite plus à droite, au même niveau
mais légèrement verticale. Dans cette posture, on ne voit pratiquement plus ses pieds.
Ca tombe bien : il faut les bouger (!). Ca traverse maintenant sur la gauche.
Une autre prise main gauche (pas extra non plus). Un pied très précis et très à gauche
à trouver, on ramène main droite… et la bonne prise (!) (une verticale très crochetante).
On remonte ce petit dièdre fissuré et l’on monte sur la grosse marche
où le relais est placé. Ouf. Dans cette partie de la voie, j’ai vu des dizaines
et des dizaines de personnes y tomber (!).

Bon à moi (et je ne bande plus du tout !) : ben… je fais comme on a dit
et j’arrive vivant au relais. Super.

Je suis heureux.

Je me rappelle avoir fait un énorme sourire en touchant la chaîne.
Et si c’est LE PLUS BEAU de mes meilleurs souvenirs d’escalade,
ça n’est pas pour rien : je viens de faire «la Rançon du Woodoo» en solo (!).


J’y pensais depuis un moment (il faut savoir se préparer mentalement),
mais je ne l’avais pas prévu précisément pour CE jour.
Je n’avais pas prévu -non plus- de le faire en présence de Hugues.
En fait, nous avions fait la voie, et il ne restait plus de dégaines et la corde pendait.
J’ai fait une queue de cochon à un bout et j’ai tiré la corde…

Et voici maintenant LE PLUS BEAU MOMENT du plus beau de mes meilleurs
souvenirs d’escalade (le plus beau jour de ma vie ?) : LA DESCENTE (!!!) :
j’ai passé la main dans le nœud et Hugues m’a descendu, pendu par un bras,
comme au cirque (!).

Magique.

C’est à ce moment que j’ai vu la tête de Lucien, en bas et entre deux arbres :
rayonnante (!).

Un jour de bonheur pour nous trois.

Allez !
(méfi tout de même)

Pierre

P.S. : François n’a rien vu : il était en train de grimper…
et comme je grimpe plus vite que lui…

P.S. 2 : il ne faut pas s’inquiéter sur la réaction de Hugues ce jour là :
nous nous connaissions très bien et c’était un dur (!).

P.

Posté en tant qu’invité par Bruno:

Auteur: bruno (82.231.118.—)
Date: 19 nov 2004 19:29

Dans le style de Pierre Rouzo qui raconte des histoires (assez sympa d’ailleurs) ton affaire me fait penser à l’aventure vécut il y a 4 ans à Presles…
Je suis presque en bas de la voie « Super Crack » , j’équipe par le haut, et WE après WE je dévide la statique en purgeant les blocs et en cherchant vers le bas, le meilleur chemin pour le libre. Dans ce secteur de Presles, très isolé, je suis tranquille et je ne rencontre à catte époque jamais personne!
Arrivant sur la vire qui est aujourd’hui le R4, mon descendeur me dépose en vrac sur une terrasse encombrée de buis… le piolet (pour les « innocents » c’est très pratique pour nettoyer les fissures) , la perceuse, le sac avec l’eau, les accus, les plaquettes et goujons… tout cela fait qu’avant de prendre ma scie pour me dégager, je m’affale dans les buis et là … l’histoire commence…
Le bruit de la perceuse (qui pourtant ne se trouve pas au bout de mon bras) me surprend… une douleur violente entre les jambes (plus exactement dans les burnes :-)) me fait comprendre que n’ayant pas l’habitude de bloquer le déclencheur (depuis c’est un reflexe), une branche vicieuse à déclenché le perfo… avec la mèche de 12mmm enmanchée… je viens de de me poser un spit dans le bide :-))
En plus je n’arrive pas à retirer la mèche (enroulée dans le slip et le pantalon déchiré) au moindre mouvement la perceuse redémarre… J’essaye de pas paniquer et j’arrive à enlever la mèche du mandrin… J’ai mal et rapidement je fais le bilan… je n’ai pas de portable et de toute façon si c’est grave et que j’ai touché la fémorale je suis foutu… je plonge la main dans mon pantalon et quand je la retire ça saigne mais visiblement ce n’est pas une boucherie…
Alors je pose tout ce qui pèse à ce relais et je me dis que n’ayant pas la certitude d’avoir assez de states pour arriver en bas il faut absolument remonter le plus calmement possible pour trouver du secours… 200m avec une centaine de fractios, de temps en temps je vérifie avec la technique de la main dans le futal que je saigne pas trop…
Je peux le dire j’ai la trouille de rester comme une merde pendu sur cette corde parceque j’ai plus la force de tirer ma carcasse vers le haut, vers ce plateau où dans mon sac j’ai un portable… qui permettra de faire le 18!!!
En jumardant avec ma douleur et mon angoisse, je suis arrivé en haut… ma copine par chance m’attendait…
Le cul à l’air penché en avant elle a pu vérifier que par une putain de chance la mèche était passée entre la burne gauche et la jambe… que la peau était arrachée des deux côtés et bien brulée, mais que mis à part marcher avec une couche culotte et de la biafine pendant qq jours… ce serait pas plus grave!
J’ai été vraiment chanceux… équiper c’est pénible… mais y laisser ses couilles et se vider des nos 6 litres de sang sur une state c’est pas une vie :-))

Posté en tant qu’invité par JPB:

Kamouraska , fin avril . 7:30 AM .

Le sentier et les bas des voies sont couverts de neige : on cale jusqu’à la taille .

J’arrive samedi matin avec ma belle perceuse Bosch toute neuve , le chargeur et deux batteries , juste au cas .
Je branche le chargeur et laisse une batterie dessus à la ferme près de la route puis je monte en faisant la trace . J’étais seul …
En été , c’est vingt minutes ; fin avril et en nageant vers le haut , c’est 60 minutes.
Je me dirige vers un pilier séparé , le « Cerveau » où j’ai vu une belle ligne courte sur un bombé .
Une petite descente , un solo de 3 m facile où je laisse une corde fixe et me voilà prêt pour mettre les ancrages .
Je sors la perceuse de mon sac , le marteau , la première bolt et je perce .
Le rocher , à Kamouraska , est une quartzite blanche d’une dureté exceptionnelle . En fait , je n’ai jamais vu de rocher plus dur ! Une mêche dure 8 trous au max …
Donc je perce et je termine à peine le premier trou de 10mm… la batterie n’a pas assez de puissance !! Je suis à plat après juste un trou !
Découragement . Tout cet argent dépensé sur une perceuse et elle ne peut même pas faire deux trous . Mais je me décide à terminer mon oeuvre .

Je laisse tout le matériel au sommet et je descends de la tour et prends le sentier ou je glisse , tombe , cale , me mouille et sacre mille jurons durant 30 minutes . Arrivé à la ferme, échange de batteries et on remonte … 35 minutes plus tard , je perce un autre trou avec difficulté et je place les chaines puis je lance une corde fixe . Et je redescend . Chargeur rapide que j’ai choisi et avec raison … je glisse , tombe et sacre encore à tous les saints et toutes les perversions. Je change de batterie et je remonte . Encordement et on descend puis on perce un autre trou qui ne se rend pas exactement au max du gougeon.
Descente de la corde , remontée au sentier , descente du sentier , je grelotte , je suis trempé , mais il me reste trois trous à faire .

Tous ces trous seront tous plus courts les uns que les autres tellement que le premier du bas fait peur à voir ! Le gougeon est à moitié entré dans ce maudit rocher , il est 4:30 de l’après midi et le froid commence à tomber ce qui fait que mes vêtements commencent à glacer sur mon dos.
Ca va se nommer « Le virus souriant » et , bien entendu , je vais devoir revenir pour corriger quelques imperfections. Et je vais revenir avec une autre perceuse plus puissante car Bosch va entendre parler de moi … ils m’avaient promis que ce modèle percait n’importe quoi!

J’ai roulé , glissé , tombé , envoyé aux Enfers tous les saints , les vierges et les martyrs pour finalement atteindre mon auto puis ma chambre au gite où j’ai passé la nuit à grelotter , sachant très bien que je serais sans doute malade toute la semaine avec une bonne grippe attrapé du virus qui m’attendait en haut.

Mais , malade , je ne l’étais pas déjà un peu avant de monter la première fois??

Posté en tant qu’invité par Pierre Rouzo:

Lorsque j’ai fini d’équiper «Abri-bus»,
j’étais absolument tout seul à Claret et il pleuvait.

Je ne sais plus pour qu’elles raisons Hugues n’était pas là,
mais l’ambiance était tristounette. J’étais à l’abri de la pluie mais pas
de l’humidité ambiante, car les nuages rentraient, plein Sud,
directement sous les plafonds (!).
Ca devenait sordide.

La voie était finie.
Les broches étaient scellées depuis maintenant trois jours et je venais
-à l’instant- d’en terminer le nettoyage.
Mais j’étais seul : impossible d’essayer cette nouvelle ligne.

A vue de nez (mais j’en étais sûr) ça ressemblait à une nouvelle perle (!).
Après «Makossa», «Faux plafond» et «Macao»,
encore une voie splendide en perspective !

Et je suis là, ce jour, comme un con, seul à regarder mon dernier chantier.

Toujours pas de Hugues à l’horizon.

Kessjefais ? Ben… je vais sans doute rentrer.
Je range donc les outils dans la cantine que nous avions enterrée
aux pieds d’un olivier (à part le perfo, tous les outils restaient donc à demeure).
Il y avait deux cadenas sur la cantine en fer, dont l’un à barillets, avec un code.
Et un jour où j’était arrivé en avance, ça m’avait passablement énervé d’avoir oublié
ce putain de code ! Se faire railler par un mec comme Beauzile, était au dessus
de mes forces : j’allais en entendre pendant au moins une semaine !
TOUS les jours, DIX FOIS par jour !.. Phhhh…

En rangeant, je tombe sur le petit pot de peinture.
Si je trouve le pinceau, ben… je vais en profiter pour inscrire mon petit nom
au pied de la voie : «Et moi qui t’attendais sous l’Abri-bus !». «Abri-bus» donc.
C’est fait. Je me recule pour admirer ma belle écriture, trébuche sur un caillou…
et me casse la gueule (sur le cul) !..

J’ai de la peinture partout : sur le bras, sur le baudard et le pinceau est cassé (!)…
Il n’y pas de témoins, mais je suis sûr que les oiseaux ricanent (!) : je me tire.


Quelques jours après, le soleil est bien là et je suis de nouveau au pied d’»Abri-bus».
Je suis encordé, j’ai dix dégaines au cul et Hugues est à l’assurage :
Zou, à l’attaque (!). A vue d’ouvreur.

Bon, comme d’hab’ à Claret, ça attaque dès le début : grosses prises
mais aussi gros dévers.

Deux-trois grosses patates à saisir / des montées de pieds radicales et volontaires /
un coincement de genou salutaire (qui vient tout seul) / une frêle et délicate inversée
main droite / une poussée de pieds (comme d’hab’) qui fait la différence /
une bonne prise, une pince… et l’on est de suite dans des colonnes,
où il est permis -enfin- de respirer un peu…
Facile.

Enfin… «facile», tout est relatif : disons que dans cette difficulté
(7c / 7c+, on ne sait pas encore…), ça le fait bien. Il n’y a pas de pièges.
Les prises sont franches et l’on gambade (presque) sur de grosses coulées de tuf.
Crochetage par ci, crochetage par là, on monte sur des reliefs superbes
pour s’approcher du toit.

Ben oui, y a un toit.
C’est le secteur qui veut ça : on n’est pas loin de «Biotop», sa voisine.
Donc, quand je dit «toit», avec ses cinq bons mètres d’avancée…
c’est vraiment un toit (!). Seulement voilà -et heureusement- nous sommes à Claret (!).
Et à Claret (c’est magique) : dans les toits, il y a des prises !
Et si certaines ne sont QUE bonnes, toutes les autres sont… TRES bonnes !

«Y’aK des bacs !» avais-je l’habitude de dire (de déclamer ?) à l’époque (!).
(aujourd’hui je ne moufte plus : on m’entend beaucoup moins…
Pierre Hazebine-Rouzo se fait discret !).

Bon, le toit : ça démarre bien, avec de grosses prises (comme j’ai dit),
ça enchaîne superbement (si on «avance», car on est déjà à l’envers)
sur des prises incroyables comme cette extraordinaire «boîte aux lettres»
et surtout LA boîte d’allumettes» !!

Une petite pose pour décrire ces fameuses prises (faut savoir respirer dans les toits !) :
la «boîte aux lettres» : tout le monde comprend : une fente parfaite
et tous les doigts -à plat- dedans…
Magique.

Comme j’étais abonné à Charlie Hebdo, un jour, j’en avais placé un exemplaire dedans.
Comme ça, pour rigoler :
en arrivant sur cette prise, on s’entendait souvent
dire du bas : «y’a du courrier ?»…
Le journal dépassait légèrement mais ne gênait en rien la préhension…

Trois jours après, un grimpeur arrive dans la voie (il la travaillait depuis des semaines),
découvre avec horreur la petite blague… se met à trembler, à hurler (je ne sais plus quoi),
arrache le journal avec frénésie et précipitation, tant bien que l’hebdo résiste,
et se déchire en morceaux éparses…
Et voilà notre braillard -complètement épuisé par son action- qui tombe maintenant
parmi les déchirures qui tourbillonnent comme des feuilles mortes (!)…

Tout le monde est mort de rire !!..

Ben ouais : c’était avant que l’escalade ne devienne «sport». Nous, nous ne grimpions
QUE dans la bonne humeur et nos «perfs» se faisaient souvent dans la rigolade…
Mais bon…

Donc, où en étais-je ? Oui, les boîtes. LA boîte d’allumettes (!) : pareille : ex-tra-or-di-naire !
Prenez -chez vous- une vraie grosse boîte d’allumettes DANS la main et tout est dit (!).
Sauf qu’ici, c’est une prise fixée par la nature dans le plafond d’«Abribus»(!).
Géniale.

Bon, après (?)… ben, des grosses prises (encore) pour arriver sous le «vrai» plafond :
horizontal celui-ci. Dessous y pend une stalactite, longue comme l’avant-bras plus la main,
parfaitement conique. Il y a une très bonne prise cachée derrière.
Plus loin, au bord du toit, deux autres concrétions pendouillent, plus grosses,
plus rondes. On ne s’en sert pas, on prend la première à bras le corps, on oppose
fermement avec les pieds (les plus rusés coinceront le genou), ça y est :
on est à plat dos (!), on pousse, on pousse, le bras droit se tend loin loin loin sur la droite…
une bonne prise.

Moment délicat : il faut maintenant éviter le ballant. Talon-pointe sur le bitard,
prise main gauche. On est en bord de toiture : les deux mains sont au bas d’une dalle,
haute d’un mètre cinquante environ, verticale. Puis un autre toit plus petit.
Il faut maintenant se rétablir. Tous ceux qui ont fait cette voie, connaissent cette prise (!) :
LA FAMEUSE PASTILLE NOIRE, qui brille pour le pied gauche !!
Ceci dit, elle a toujours brillée… et il n’y a pas le choix (!) : on se hisse dessus,
avec le reste de la jambe bien posée sur le caillou pour augmenter l’adhérence
(j’en vois qui prennent des notes !)… et après, plus rien.

C’est là que je suis tombé.
Merde, c’est dommage un pas de bloc (?) dans cette belle ligne qui «déroule»…

Bon, trois-quatre gamelles plus loin, je me hisse, tend la main gauche au hasard…
et trouve une prise (!) : une toute petite verticale calée sous le deuxième toit.
Parfaitement INVISIBLE ! Super : il n’y a plus qu’à se redresser en poussant fort
sur le pied gauche. En poussant fort sur cette pastille (donc), si brillante qu’on peut
se voir dedans (!?). Et ça marche.

Bien, qu’est ce qu’il reste ? Houla, on voit la chaîne mais il y a encore de la varappe !

Qu’est ce qu’on a en magasin ?
On a une bonne prise 20 cm au dessus de la bordure du deuxième toit…
Tout droit : «laisse tomber»… oui, sur la droite, loin à droite : un bac.
C’est comme ça que ça passe.
Les moins musculeux d’entre nous ont souvent les deltoïdes qui touchent les oreilles,
dans ce mouvement… «d’épaules» on va dire (!).

Bien, plus que quelques mètres dans un petit dièdre bleu et c’est fini
(attention, on peut -encore- y tomber facilement !).

(Bon, si je vous raconte -pas à pas- toutes les voies qui m’ont marqué…
c’est pire qu’avec Mr Trait : bonjour le «à vue» !)

Par contre, au dessus, il reste du caillou. Du bas, il n’a pas l’air terriblement solide…
Mais c’est sûr, si un jour «ça me pète», j’irais voir si on ne peut pas remonter la chaîne
de dix bons mètres !?


Depuis cette «première», les années ont passé et j’ai réalisé cette voie
TRES TRES souvent (je l’aimais sans compter !) et souvent pour m’échauffer.
Et je ne suis PLUS JAMAIS tombé dedans (!).

Bon… au fait… pourquoi je vous raconte tout ça ?

Ben c’est simple, je l’ai faite EN SOLO !


Enfin oui : je l’ai faite et RE-refaite en solo… dans ma tête.

Ca faisait un bon mois que j’y pensais, que je m’y concentrais.
Puisqu’il était impossible de sortir sur le plateau, j’avais demandé à Hugues si,
une nouvelle fois, il était d’accord pour me redescendre…
Et ce frapadingue avait accepté (!)… on était vraiment deux «fondus» !!!

(s’il vous plaît de m’en entendre parler, je vous raconterais peut-être, un jour,
l’équipement d’«Histoire Deux Fous» sur la roche décollée, dans la Jonte…
H.P. comme Hugues et Pierre et comme Hôpital Psychiatrique, bien sûr !).

Nous sommes à Claret tous les jours (!), nous y grimpons pratiquement
tous les jours, même quand on équipe.
Pour ce solo, il n’y’a plus qu’à attendre «le bon jour». Il viendra tout seul.
Ces choses ne se programment pas. Ou pas trop.
J’attendrai qu’on soit seuls. Ca c’est sûr (!).

Ce jour là, c’est râpé, y a les copains et ça déconne dur !
Je suis dans l’»Abri-bus» et Médé est dans «Artothèque», sa voisine de gauche.
En bas, ça balance des vannes et tout le monde se marre.
Au point que je suis maintenant dans le plafond… et je me gondole de rire
(bonjour le gainage !)… je chope la prise main droite / talon-pointe /
la prise main gauche / pied gauche sur LA pastille et…
Médé -qui est au même niveau que moi- me dit un truc
et je rigole de nouveau…

et là : Zzziiiip, à dégager !

Le plomb, l’assurage dynamique de Hugues (HAaaaa) et me voilà de nouveau
à coté de mes Converses.

Je suis liquéfié : c’est la PREMIERE fois que zippe sur la pastille !!


Et voilà.
Il est maintenant très facile de comprendre -pourquoi- je n’ai JAMAIS fait
cette voie en solo (!?)…

Au revoir,@+

Pierre Hazebine Rouzo

P.S. / houla, c’est encore long (!).
Tant pis : qui s’emmerde s’arrête.

Allez (!).

P.

Posté en tant qu’invité par Lionel:

Auteur: lionel (—.club-internet.fr)
Date: 06 déc 2004 22:36

cet aprem il m’est arrivé une couille pas triste.
alors que j’équipais du haut, je descendais au grigri en mettant des fractionnements tous les 5/6m. Arrivé en bas je suis remonté en perçant et en nettoyant.
A un certain endroit, j’étais trop à droite pour pouvoir perçer confortablement alors je me suis longé directement sur le fractio (un piton)précédent pour me décaler, je me suis alors trouvé trop bas, je suis donc monté encore sur mon grigri et ai commencé à percer.
j’étais donc longé trés raide au dessus de mon fractio, pendu sur celui du dessus.
Alors que je plantais le spit, le fractio du haut (un coinceur qui semblait correct) a cédé à cause du rocher et je me suis éclaté le dos en tombant d’un métre (la longueur de ma longe multipliée par deux).
J’avais oublié que le facteur 2 ne dépend pas seulement de la hauteur de chute.
Bilan : le piton sur lequel j’étais pendu s’est tordu d’une maniére impressionnante et pire encore, la sangle qui me servait de longe s’est fondu en glissant légérement sur le mousquetton.
Pas trop de soucis car j’étais de toute facon encore assuré par la corde mais pas trés agréable pour les lombaire.
leçon pour moi :
-heureusement que (pour une fois) j’avais du matos correct nottamment le baudrier(j’ai l’habitude d’utiliser du matos tout pourri pour équiper).

  • les fractio doivent être solides,surtout lorsqu’on est chargé et que l’on utilise des cordes de merde.
    -Le truc étrange est que la longe n’ai pas pétée au niveau de la « tête d’alouette » sur l’anneau central (en acier) du baudrier alors que c’est la grande mode dans les formations de diaboliser ce noeud…
  • ne jamais se longer plus bas que soi, ce qui n’est pourtant pas inquiétant. Et cela vaut dans toutes les situations, y comprit pour remettre ses chaussons aux relais en grandes voie.
    sinon la voie est finie…

lionel

Posté en tant qu’invité par Panoramixxx:

Auteur: panoramixxx (—.cust.tele2.fr)
Date: 07 déc 2004 20:44

J’utilise aussi des crochets goutte d’eau pour me décaler.

A propos de se décaler, j’étais en train d’équiper tranquille sur mon grigri (fixé à mon pontet central avec un mousqueton à vis) et j’ai commencé à purger un peu en me décalant beaucoup, donc je tirai à max sur la corde et le baudard.
A l’époque j’utilisais pour équiper un baudard que j’avais mis au placard pour l’escalade because le pontet du dessous etait très usé.
Un peu trop usé meme…oups…
donc je tirais comme un forcené sur ma corde, quasiment à l’horizontal, un bras tendu à max pour donner quelques coups de marteau et nettoyer les alentours de cette maudite voie, l’autre main tenant une prise.
Soudain un craquement, puis un second suivit immediatement d’un grand balan et surtout mon baudard m’est remonté au niveau de la poitrine, enfin ce qu’il restait de mon baudard, c’est à dire la ceinture.
Me coupant la respiration sous le choc, j’ai quand meme immediatement vérifié à quoi j’étais attaché.
Il s’était produit ce à quoi j’aurais du m’attendre, donc le pontet du bas s’était rompu et j’étais toujours attaché par le pontet central mais seulement par la ceinture remontée au niveau des aisselles.
J’ai donc actionné mon grigri et je suis redescendu tranquillement en bas.
Par la suite j’ai investi dans un baudard de travaux accro, je me suis fait une scellette et depuis primo j’ai plus de marques dans le bas du dos après une journée d’équipement dans des devers et secondo : les baudards s’usent la plupart du temps au niveau du pontet du bas donc ne pas trop attendre pour le changer…sinon…

Panoramixxx

Posté en tant qu’invité par ludo:

Bonjour,

Monsieur Pierre Rouzo,

apres avoir parcouru les lignes ci dessus, je n’avais qu’une seule envie: (a)voir les yeux plus gros que le ventre. je ne suis pas un grimpeur qui peut pretendre y trainer ses chaussons (du moins pas avant les quelques annees de progression qui se profillent devant mon nez) mais pourtant, j’ai envie d’aller scrutter ce morceau de cailloux qui me fait rever depuis la fin de ma troisieme lecture de votre article refusé.

comme ce reve est realisable, je le realiserai certainement au printemps prochain. en attendant, le numero actuel de grimper relate le fait que la voie aurait ete enchainee le mois dernier. vous etes au courant?

y voyez vous une concecration?

quoi qu’il en soit, merci aux ouvreurs en general pour leur travail et a vous en particulier qui en plus d’ellargir mon terrain de jeu favori, nous gratifiez d’histoires qui sont le debut de mes reves.

Ludovic

Posté en tant qu’invité par Boris:

On n’a pas dû lire le même article, je cite:

  • Et si le coeur vous en dit, le projet de PR,« les yeux plus gros que le ventre », attends toujours sa libération. p.30 du dernier grimper.

Tu veux tuer notre moustachu régional ou bien !

(ou alors c’est une ruse pour qu’il achète « grimper »)

Posté en tant qu’invité par Pierre Rouzo:

Hugues et moi sommes sur le plateau, et bientôt au bord de la falaise
du lieu dit «La Crête de Taillade» sur la commune de Claret.

Enfin, si on y arrive. Ce causse est un enfer pour le promeneur :
il n’y a pas, un seul chêne-vert qui ne soit emprisonné dans un infernal
treillis de ronces. La progression est vraiment des plus pénible.
Ca s’accroche de partout et le premier qui veut passer -en force- dans cet enfer
végétal, y laissera, à tous les coups, une partie de ses nerfs.

C’est rude mais on connaît : les garrigues nous ont calmés tous les deux,
depuis longtemps (!). En plus, c’est dangereux : le sol n’est que lapiaz
et blocs branlants. En cas de déséquilibre, c’est à coup sûr une belle entorse
avec du sang autour.

Ha, une borne. Nous sommes donc tout près du bord.

Les bornes. Nous les avions découvertes en équipant (nous sommes «à la frontière»
du Gard et de l’Hérault). Et c’est plutôt marrant : puisque la falaise est largement
surplombante, question : lorsqu’on attaque le pied d’une voie, sommes nous «encore»
en Hérault ou déjà «dans» (sous) le Gard ? Sachant que tous les relais sont, eux,
en Hérault… mystère…

Nous sommes donc sur le plateau, pour une mission bien précise :
déloger deux énormes blocs, qui ne nous «plaisent pas» quand on les regarde
du bas, de dessous, à leur aplomb (!).

Le problème, c’est de les trouver.
On a un bout de corde, des jumards, quelques paires… et surtout une barre
à mine, chacun… de 15 kilos, chacune ! Et on ne sait même pas où on est (!).
Du bas, on s’ait marqué des repères visuels dans le paysage…
mais du haut, c’est la galère : on ne s’y retrouve pas du tout.

Heureusement, il y’a François. Il est resté en bas et lorsque l’on balance la corde,
il nous indique où l’on est par rapport à l’objectif. C’est bon, nous y sommes bientôt,
c’est à une vingtaine de mètre sur la gauche. La vue est superbe. Il fait beau,
les vignes sont rousses et la mer scintille au loin. On voit nettement les Salins du Midi
avec leurs pyramides de sel. La Grosse Motte aussi. Enfin, la «Grande» Motte
et ses pyramides d’habitations estivales. C’est beau. Mais bon, on a du boulot.

On approche. Là, ça y ressemble, on doit y être. Ce sont deux gros blocs sculptés
en formes de meules à grain : rondes, d’une épaisseur de soixante centimètres
et d’un diamètre de presque deux mètres. Posées l’une sur l’autre.

Sans même se concerter, Hugues et moi se vachons à des arbres.
Pas sur les mêmes, puisque nous allons «ouvrager» de part et d’autre de ces
«gros trucs» en équilibre (?)… Le porte-à-faux est énorme, mais il n’est pas du tout dit
que ça puisse tomber rapidement. On a déjà bataillé sur moins gros.
Avec plus ou moins de réussite ou de difficultés.
Cette falaise est quand même très spéciale.
Inquiétante par moment.

Nous autres, équipeurs, débarquons toujours dans un univers «vierge»
de tout contact humain ou animal. Là où nous sommes, il n’y a pas trace de la présence
de chèvres et le couloir des sangliers se trouve plus loin. Il est très net, bien marqué.
(ça fait toujours un peu bizarre d’avancer, plié en deux, dans la trouée qu’ils ont réalisée
dans cet amas de ronces et d’épineux).

Si parfois nous avons fait tomber des «téléviseurs», rien qu’avec la poussée d’un doigt,
là, c’est plutôt mal parti : nous venons de déloger toute la partie soutènement.
Et les deux blocs n’ont pas bougé. Le porte-à-faux est encore pire.
Ca devrait «descendre» dans pas longtemps.

Avec la barre à mine, je pousse, comme un âne, sur le bloc du dessous : ça bouge (!).
Ca bouge d’une dizaine de centimètres, vers Hugues, qui dans un effort similaire,
me le renvoie aussitôt. Même en changeant de méthodes, de techniques d’approche,
rien n’y fait. Ce putain de bloc a fait une bonne vingtaine d’aller-retours,
et il est toujours là, «coincé».

Si dans ce genre de travail, Hugues est une vraie mule (bien plus jeune que moi),
je ne doute pas -à voir sa tête- qu’il est dans le même état que moi : il a maintenant
le dos complètement ruiné, et plus beaucoup de forces en magasin !

On se regarde, et comme souvent, sans un mot, on renonce en même temps.
Tant pis. Après tout, ça tient.

Et je me demande si je fais bien de raconter ce genre d’histoire…
on va me faire procès s’il y a des morts dans un accident toujours possible (!?)…
Bah, je dirais que je me suis vanter d’avoir aidé Hugues, alors qu’il a tout fait tout seul !
De toutes façon, il est mort. C’est donc facile de lui faire porter le chapeau.
Et même le bonnet rasta, tiens.

Bon, on n’est quand même pas monté pour rien, il faut que «quelque chose» tombe !
On ne peut pas rester comme ça (!). On ne va pas redescendre bredouilles quand même (?).
On veut se venger !

Dix mètres plus loin, on s’approche d’un autre bloc.
Celui là, on le connaît bien : il est E-NOR-ME (!!), et juste «posé» dans une goulotte
de terre. Une vraie rampe de lancement.

Le seul problème, c’est qu’on ne l’avait pas «programmé» pour le jour d’aujourd’hui :
devant la masse du bloc, nous avions imaginé qu’il puisse dévaler jusqu’à la route (!).
Nous attendions avec impatience, les talkie-walkies promis par Nono.
On avait prévu d’envoyer les copains s’occuper de la route et d’en interrompre
la circulation au cas où…

Mais là, comme je l’ai dit : on a soif de vengeance ! «Faut que ça saigne !».

Nous y sommes. On demande à François si tout est OK (?).
Houlaaa, non (!) : s’il y a peu de monde, il y a une cordée dans «Scalata»,
ex-ac-te-ment en dessous ! Le leader est dans le trou du plafond.
Il s’y repose comme tout un chacun. François lui demande d’y rester encore un peu
et se met à l’abris avec l’assureur(e).

Puis il nous donne son feu vert.

A nous (!).

Il n’y a pas un bruit. Pas de voiture en vue, ni à droite, dans la descente du causse,
ni à gauche, sur la route qui vient des Embruscales.

GO !

Nous ne sommes même pas attachés et le tout petit coup de barre à mine
que nous donnons chacun, fait tout basculer !

WHAAAA, je m’accroche à Hugues pour mieux voir, par dessus son épaule.
C’est un spectacle E-NOR-ME (!) : bref, interminable, silencieux et bruyant à la fois !
Deux secondes après : «BRAOUM !!» (ce bruit !)… et… et merrrrrde : le bloc
se fracasse au sol, se scinde en deux, et un véritable piano à queue dévale
maintenant la pente dans un fracas de branches !

Ces secondes là sont interminables (!).

Le bloc roule sur sa tranche, la tranchée qu’il fait dans la végétation est rectiligne,
tracée au cordeau, et rien ne pourra l’arrêter ! Pas même la route : «BRAOUM»,
CRAAAC !!»… Puis plus rien. Le silence.

Le bloc a effectivement frappé la route, y a rebondi et s’est immobilisé
dans les arbres en contre-bas, un peu avant les premières vignes.

On n’imagine même pas le trou qu’il doit y avoir dans la chaussée (!?).

On va se faire tuer par les gens du village, par le maire !
Ca faisait maintenant plusieurs mois que nous équipions, sans rien demander
à personne, sans aucune autorisation (!). Et si certains villageois ne savaient
pas encore qu’il y avait des escaladeurs sur leur commune… là…

Bon, on va descendre voir çà.

Je ne dis rien à Hugues, mais mes pensées me glacent les sangs (!) :
entourées d’arbres, de longues portions de route sont invisibles, même d’ici.
Hors, s’il y a rarement des piétons qui s’y promènent… Il y a de nombreux cyclistes
qui se tapent la côte ou la dévalent ! NOUS AVONS TOUT SIMPLEMENT
«OUBLIE» LES CYCLISTES !!! Je suis liquéfié.

Le temps de redescendre au pied de la falaise et d’y rejoindre François,
un autre copain est déjà là. Effectivement, il y a un trou dans la route.
Il s’est même arrêté pour voir le caillou et l’imposante ouverture faite dans
la végétation en contre-haut de la chaussée. Mais le trou dans le maccadam
n’est pas énorme. Ouf ! (et surtout : pas de restes ensanglantés de bicyclette !).

François se marre. On lui demande pourquoi. Oh, c’est simple, si le spectacle
lui a beaucoup plu et l’a fait «vibrer» tout autant que nous, il n’a pas été apprécié
par tout le monde : le grimpeur qui était dans son trou au moment du grand fracas…
hé bien, il est parti ! Il a taper «un but» de là où il était, et aussitôt après,
il est parti avec sa compagne !

Évidemment, nous, tous les quatre, on est morts de rire !

Bon… ben voilà, on a fini la journée en grimpant dans nos nouvelles voies.
Et comme à chaque fois, on s’est arrêté au bistrot (@#%?!)…

Hum, apparemment, personne n’était encore au courant de ce fameux trou
dans la route, et surtout, de son «pourquoi» et de son «comment» (?)…
On n’a rien dit, on n’a pas moufté… mais nous n’étions pas très fiers, ce jour là…


Epilogue :
En fait, deux jours plus tard, le trou a été rebouché par quelque cantonnier…
et nous n’en n’avons jamais entendu parler.

Jusqu’au jour où, dix ans après (!), un client du bar -un chasseur-
m’en a fait allusion avec un large sourire !..

pierre


Si d’autres cailloux ont dévalé le pente, ils ne sont jamais arrivés aussi loin.

Une histoire similaire est arrivée à «l’oncle» de Laurent T. :
mais SON caillou, à lui, s’est arrêté dans un pré…
AU MILIEU DES VACHES !!!

P.


Posté en tant qu’invité par Boris:

Auteur: boris (—.ppp.tiscali.fr)
Date: 19 déc 2004 20:35

Désolé, c’est vrai que je me suis trompé de sujet… j’m’en veux un chouillas.
Tiens, j’ai une petite histoire vécue de ce we, elle n’est pas extraordinaire alors j’ose pas la mettre dans le bon sujet, à côté des légendes…

Hier, soit samedi, j’étais avec quelques amis à St Bau, secteur Lisalou, c’est vrai qu’il y avait du monde, dont un petit groupe venu des Charentes avec un BE à sa tête et une cordée indépendante certainement « expérimentée ». « expérimentée » ? j’m’explique, l’assureur, Mr genre décontracté, assurait genre décontracté, comme son nom l’indique, assis de l’autre côté du sentier, à 3-4 bon mètres de la falaise, et tellement de mou dans la corde qu’elle serpentait en vrac sur le chemin, des pieds du gars à ceux de la falaise, c’est dire… Le grimpeur n’était pas particulièrement à l’aise dans la voie, pour ceux qui connaissent, il s’agissait de « pierre de folie », 6b plutôt délicat à lire.
Voyant ça le BE venu avec 5 ou 6 ptits jeunes tout propres tout polis, s’avise de faire remarquer à Mr genre décontracté qu’en cas de chute, son leader risquait fort de se retrouver à brouter les pissenlits par en dessous.
Scène quotidienne à St Bau … En général, l’assureur ferme sa gueule, acquiesse et assure correctement. Sauf que là, Mr genre décontracté s’appelle également Mr gros con dans le privé. Je le cite texto:
" hé toi là ,occupe toi de tes oignons, déjà que tu prends toute la place avec ton groupe"

???

Que dire devant tant de bêtise ?

Suite de l’histoire: une heure plus tard, le BE des charentes était plus que taquet dans « horreur sympathique », 6c+ voisin, assuré par une débutante qui lachait régulièrement la main droite.
Je vous cite la remarque de mon pote Richard(qui n’avait pas été témoin de la scène précédente, et ne savait pas que le BE était BE):
« Hé gars, t’as la corde qui passe derrière la jambe, ceci dit c’est pas très grave car si tu chutes, de toutes façons, ton assureuse ne te retiendra pas »

Ce qui était rigoureusement vrai, heureusement que quelqu’un de mes amies était venu entre temps contre assurer, ça sentait l’hosto à plein nez.

A qui se fier mon bon monsieur !!!

Posté en tant qu’invité par ludo:

chose promise, chose due, la derniere de mes aparition sur ce forum s’est soldee en definitive par l’annonce de la reussite des "yeux plus gros que le ventre " alors que l’information etait erronée.

Pour me faire pardonner je vous dois une histoire ; la voici.


je debutais l’escalade l’annee precedente. deja plus tres jeune pour ce faire, j’avais qd meme mordu a pleine dents dans cette nouvelle activité qui me procurait beaucoup de sensations jusqu’alors inconnues.

Apres une saison « hivernale » dans les salles je suis fort de nouvelles performances (j’ai meme quelques 7 dans mon panier) alors je me dis : « le printemps arrive, ca va etre la folies sur les murs du coin ». Marc, mon conpanion est plus experimenté et tout aussi motivé que moi pour aller tater les cailloux autour de grenoble puisqu’il est nouveau dans la region.

on prepare donc nos premieres sorties sur les sites proches de la ville. tout se passe bien meme si les sorties le soir ne nous laissent que trop peu le tps de nous echauffer. on decide alors l’organisation d’un pique nique aux vouillants (fontaine) histoire d’essayer une voie digne de notre rang. je m’'y rend en moto apres le boulot histoire de ne pas perdre trop de temps dans les bouchons de grenoble.

apres un echauffement delicat dans la premiere des « 2 longueurs » et dans « salle et mechant » (dont la premiere partie est vraiement salle et la 2ieme assez mechante) nous voila au pied de « magasin de porcelaine ».

Un 6c+! facile, on vaut 7a en salle :-).

bon, on est la pour ca alors je ne me laisse pas demonter, j’y vais! comme l’ascenssion pourrait etre delicate, je me propose de « lire » le debut histoire de commencer au mieux.

c’est chose faite et les premiers mouvements, bien que voisins de LA ligne semblent assez proche de ce qu’il fallait faire.

Oui mais voila, les choses se corsent. les prises sont petites difficiles a trouver et je n’aime pas tomber. je suis jusqu’alors tombé qu’une seule foie dans ma vie et je me souviens bien avoir lu que l’apprentissage de la chute est une etape necessaire a la progression du grimpeur, je n’ai pas pour autant envie de tomber.

Ca me donne une bonne raison de me battre un peu et me voila tout crispé sur ma main droite a chercher ou poser ma main gauche avec un pied sur une reglette et un autre dans le vide.

je ne trouve rien et sens bien qu’il va falloir agir. je ne vais pas demander a Marc de me prendre « sec », je vaux 7 en salle alors c’est pas un 6 dehors qui va m’arreter.

replacement des pieds (pas meilleurs qu’avant) les 2 mains sur la crispette de droite et je tire fort dessus. Crack, le prise de main casse et me voila parti pour mon 2 ieme vol.

rien de mechant certe, mais je n’ai pas l’abitude. Marc est surpris mais opere avec bonheur un arret en quasi douceur.

me voila quelques mettres plus bas (pas tres loin du sol en fait) avec un conpanion de cordee qui commence a me chambrer un peu.

je me remobilise, apres tout, c’est la prise qui a cassé! me voila reparti, il faudra faire sans cette prise alors je cherche du regard d’autres solutions, j’appercois a gauche une reglette verticale qui, si je place mieux mes pieds devrait me permettre d’aller plus haut.

Marc chambre toujours mais c’est ca le plaisir d’avoir un bon copain. me voila guerre plus haut qu’avant ma chute et encore dans une position delicate, sous le pied droit une reglettes assez bonne, dans la main gauche un bi-doigt agressif et rien en vue sauf une prise assez loin. je me dit alors: « va falloir pousser sur les guiboles ».

J’ajuste les pieds, replace le bassin au dessus et pousse fort pour monter, sur de mon entreprise.

Crack (j’ai deja entendu ca?!?) me voila parti pour mon 3ieme vol. le pied a cassé. ce coup ci Marc evite le caillou de peu et meme s’il etait petit, le silex de fontaine peut faire mal a la tete.

me revoila penaud pendu au bou du fil avec 2 vols a mon actif. Un mauvais jours peut etre. bha ca arrive et puis si j’en crois mes lectures, je suis en train d’apprendre. Mon premier 6c dehors a raison de resister, ca va me motiver pour la suite.

bon, j’y retourne! il faut tomber pour apprendre mais il ne faut peut etre pas rester sur une chute et puis apres tout, c’est une prise qui a cassé, c’est pas forcement de ma faute.

me revoila a hauteur de ma premiere chute, Marc chambre toujours mais reste attentif au moindre caillou volant et assure decallé par raport a mon ascension. je negocie avec difficulté le passage et ma resistance est plutot entammée. c’est pas grave, ce n’est qu’un 6 et je vaux mieux que ca…

je cherche desesperement une prise pour ma main droite. elle est ou? pourtant il y en avait une assez bonne et visible tout a l’heure. l’heure tardive a deja fait baissé la lumiere du jour mais je devrais la trouver! Marc me crie alors que celle que je cherche est en bas. effectivement elle a cassé il y a quelques minutes.

Il faut trouver une autre solution. un mettre cinquante de traversee a gauche plus loin, j’entrevois une reglette qui pourrait etre salvatrice. me voila en epaule dessus et je cherche a lacher ma main droite. mon regard ne decele pas encore la prise suivante mais un plat pourrait faire l’affaire.

je force encore un peu a gauche et c’est parti!

Crack!!!

c’est pas l’epaule qui lache pourtant je tombe encore!!!

la prise a encore cassé! Marc evite encore les cailloux et me fais atterir en douceur. il se marre et me dit: « laisse quelques prises pour les autres quand meme!!! »

Il faut savoir reconnaitre quand le cailloux est le plus fort. on recupere les degaines, on plit les gaules et on fille a l’apero.

dire que je n’ai jamais vu la couleur de la chaine!!!

bha, c’est pas grave, on vaut mieux que ca qd meme.

Ludo


juste pour information:

je n’ai jamais sorti cette foutue voie malgré 2 autres tentatives. le passage ou les prises ont cassé est devenu plutot delicat et pour cause, il n’y a plus de prises!!!

j’ai toujours cru que magasin de porcelaine ca voulait dire qu’il faudrait etre fin pour passer, a l’epoque je conduisait une cagiva elefant 750. a croire que tout le monde a vu ce soir la un elefant dans un magasin de porcelaine…

Posté en tant qu’invité par françois tournois:

Auteur: françois tournois (—.w83-193.abo.wanadoo.fr)
Date: 29 déc 2004 12:59

j’etais à roquevaire au secteur de « akirira », j’etais à vue dans une voie avec quelques sections dures coupées par des vires.
marco m’assurait en silence ce qui en « disait » long! en effet, voulant absolument reussir cette voie, je venais de sauter un point
par recherche d’economie physique et j’en avais fichtrement besoin d’economiser le peu d’energie qui me restait!
il fallait passer un réta trop dur pour que je puisse enchainer!
je resume: grosse ratasse si je rate, grosse joie si je réussis! mais quoi faire quand les muscles repondent de maniere aussi saccadée
qu’un warning sur une voiture en mauvais etat? la reponse fut immediate, comme si je l’avais deja lue dans un bouquin:
il fallait poser sur le rocher le menton,
un peu (un tout petit peu) comme une troisieme main ,la solution fut de mettre mon menton pour soulager
un bras et recuperer une prise salvatrice, et l’enchainement fut la cerise sur la gateau! j’etais mort de rire…et de douleur!
ben voila ma tite histoire, merci d’avoir lu jusqu’au bout et à plus!

Posté en tant qu’invité par pierRe Rouzo:

J’ai découvert l’escalade en même temps que Jean-Marc.
Nous étions bons amis (nos femmes aussi d’ailleurs) et nous nous connaissions
depuis cinq ou six ans. Nous habitions tous les deux à Nancy, en Lorraine
(en haut, à droite), et ni lui ni moi ne faisions de sport. Rien.
La toute première fois que l’on a «grimpé», c’était en 1980, en novembre,
lors d’une très -très- rares journées d’ensoleillement qu’offre ce pays.
Air froid et sec, donc.

Christian, un copain qui connaissait l’activité, nous en parle un jour.
Il nous propose même de nous initier à cette «chose», totalement inconnue
pour nous : La Varappe (?)…
Bon, soit, on peut toujours essayer… Zou : allez, on verra bien.

Rendez-vous est pris. Dans les proches alentours de Nancy, c’est pas compliqué :
il n’y a qu’une falaise : Maron (!).

Enfin, une falaise : une ancienne carrière désaffectée dans un joli coin de verdure.
Un endroit, finalement très bucolique, au bord de la Moselle.
Elle forme une petite barre de calcaire fracturé, d’une petite trentaine de mètres
de haut pour une centaine de large. Elle est coupée aux deux tiers par une très large
et confortable vire, dans laquelle sont ancrés toutes sortes de bouts de ferraille :
cornières, fers à bétons, fils de fer… pareil dans les voies, plus des pitons.
Des militaires s’y entraînent régulièrement en surnombre, des pompiers aussi,
et le Club Alpin y organise souvent des sorties. Le nom des voies est évocateur :
«la K2», «le dièdre jaune», «la fissure Rébuffat», etc.

Ce jour là, et malgré le soleil, il n’y a pas trop de monde.
Moi, j’aime autant : je n’apprécie guère de «tourner ridicule» devant témoins (!).
Christian a tout le matériel nécessaire et nous donne maintenant les premières
consignes de base : comment grimper sur le rocher comme à une échelle,
avec toujours trois points d’appuis (??), comment se servir du descendeur
pour assurer le premier de cordée, etc.

Et c’est parti : Christian évolue facilement et grimpe rapidement jusqu’au «sommet».
Pas le temps, pour nous, les néophytes, d’observer -vraiment- la gestuelle du connaisseur
et l’emplacement des prises… Mais bon, «ça à pas l’air trop compliqué SON truc» (!?).

Bon. c’est au tour de Jean-Marc. Christian reste en haut pour assurer.
Houlaaa, c’est pas si facile, finalement : Jean-Marc zippe des baskets et passe
un temps fou à tâter le rocher pour trouver les prises…

Mais bon, il arrive tout de même en haut.
Pareil pour moi : je ripe des galoches mais je m’en sort.
Même pas peur. Jean-Marc non plus.

Par contre, lorsque je suis arrivé sur la vire, j’ai trouvé «un peu bizarre» que Christian
m’assure de cette drôle de façon : debout, les pieds au bord du vide et la corde
par dessus l’épaule (?)…

Mais bon, c’est lui le «pro».

Après plusieurs autres voies, nous sommes vraiment enthousiasmés (!).
C’est super «çà», d’escalader ! La varappe : ça nous plaît !

Ca nous plaît tellement, que l’on songe aussitôt à s’acheter -nous aussi- notre propre
matériel. Las, les prix qui figurent sur les étiquettes sont -pour nous- particulièrement
effrayants (!). Ca nous calme.
C’est l’époque où l’on est au chômedu plus souvent qu’à notre tour.
Pas beaucoup de fric en magasin donc.

Qu’importe, Jean-Marc et moi sommes bricoleurs et je trouve des astuces : on va se
confectionner un baudrier chacun, avec des ceintures de sécurité… de bagnole (!).
Une partie a été cousue par un cordonnier et ils se bouclent autour du bassin à l’aide
d’un mousqueton à vis. Deux mousquetons, bien entendu chapardés dans LE grand
magasin de sports. Je me suis bricolé -pour ma part- deux plaques de métal (de l’inox),
qui rendent plus rigides mes piètres baskets de ville.
Un gant de toilette me sert de sac à magnésie.

Ne reste plus qu’a trouver la corde (Christian n’est pas toujours dispo).
Jean-Marc, peut être plus fortuné, mais surtout, apparemment plus motivé que moi,
saute le pas : il s’en achète une. La moins chère : toute blanche.
Une sangle, un autre mousqueton à vis et un descendeur plus tard
(tout ça chapardé, bien sûr), il n’y a plus qu’à.

Il n’y a plus qu’à… attendre un jour sans pluie !

La Lorraine, ça n’est pas franchement le pays de la varappe : quelques jours de soleil par an,
du trop froid en hiver, du trop chaud en été, de la pluie ou du brouillard le reste
du temps, et surtout, pas de cailloux à des kilomètres !
Mais «ça le fait» de temps en temps…

En observant les autres grimpeurs, Jean-Marc et moi s’assurons maintenant
«en moulinette» (le mot n’existait pas encore), du bas, avec un 8.
Christian nous a blousés de sa crânerie. Nous en sommes convaincus :
c’est nul et surtout dangereux !

C’est aussi l’époque où certains «vrais» grimpeurs, peignaient certains pitons en jaune.
Ceux dont il était possible de ne pas se servir pour la progression.
Nous, on fait comme on peut : quelques fois on s’en sert, quelques fois non.

Mais on fait des progrès (!).

Et puisque faire des progrès est encourageant, on s’entraîne maintenant chez nous.
Chacun chez soi : musculation, tractions, assouplissement…
Un peu de tout et un peu n’importe quoi : après s’être démonté le dos, Jean-Marc
a arrêté les tractions lestées d’un sac à dos… rempli de cailloux (!),
et moi, j’ai laissé tombé le grand écart facial, après m’être démoli les genoux !

Le premier magazine qui parlait de varappe et que j’ai trouvé en rayon chez
le marchand de journaux, s’appelait «l’Année Montagne». Et puisque la couverture
en était souple, je l’avais plié directement dans mon blouson sans passer par la caisse.

Haaa, que de rêves, de fantasmes et d’ambitions nouvelles : les photos sont mauvaises
mais donnent tout de même envie : Buoux, le Verdon, les calanques…
Si la montagne nous laisse plutôt froids, les falaises du Sud… le soleil…
çà, ça nous fait vraiment rêver (!).

A Maron, le «vrai» grimpeur, le cador, c’est celui qui connaît ces falaises mythiques.
Et justement, on en connaît un. De vue (un con).
Un gaillard que nous, les deux débutants, intriguions : on faisait -tout de même-
de très rapides progrès (Nous faisions même du solo sur ce caillou… limite péteux !)…

Sans s’inquiéter du matériel minable qu’on utilise, il nous conseille de grimper
«en tête». Ha bon (?), il en est sûr le monsieur, c’est mieux ?..
Bon, o.k : fini l’assurage du haut, à nous la «vraie escalade» !
Y’a pas de raisons, on a 24 ans, on est jeunes et motivés (!) :
on va s’y essayer.

Allez, GO ! C’est Jean-Marc qui s’y colle le premier.

Une voie sur un beau pilier blanc, cotée dans un 6- de l’époque (6-/6/6+…
sans doute un bon 6b+ d’aujourd’hui). Le nouveau «premier de cordée» évolue
pas à pas, et moi, l’assureur, je trouve la corde bien raide pour donner du mou
dans le descendeur.

C’est un peu le bordel…

Chute du leader !!

Houuu: je tient fermement la corde mais glisse sur plusieurs mètres
sur les graviers de la vire. Ouf, tout va bien, c’est «notre» première chute
et Jean-Marc ne s’est pas fait mal.

Un autre jour, c’est moi qui suis en tête. Je suis à la peine : j’escalade l’une des
«Demoiselles de Meuse», à St Mihiel, à une centaine de kilomètres de Nancy.
C’est une belle tour de calcaire (il y en a six), sans beaucoup de fractures, lisse,
ronde, où il n’y a que des petits trous pour servir de prises.
C’est super dur (!).

Même avec mes EB (Super Gratton) toutes neuves, j’ai bien du mal à évoluer
sur les seuls bi-doigts et monodoigts, qu’offre cette voie que l’on ne connaît pas.
Je m’arrête à chaque ancrage rencontré.

(A l’époque, le monodoigt représantait LE MUST de l’escalade (!) : quand on parlait
de monodoigts dans une conversation : les visages s’éclairaient (!)…)

Mais là, y’a vraiment un problème :
au dessus, je repère un «machin» en ferraille pour mettre le mousqueton
(pas de «dégaines» pour notre cordée : elle n’a pas le sou !), je monte,
m’en approche… quelle horreur (!) : c’est un petit collier que l’on utilise pour fixer,
au mur, les tubes de cuivre !! Deux demi ronds reliés par une petite vis
de chaque côté (!)… ça va pas le faire !
C’est pas costaud çà !!

Houuu… kesss on fait dans ces cas là ?

Bon, faut redescendre. J’ai une idée : on n’a qu’à laisser LE mousqueton en acier.
Un mousqueton que j’avait réussi à dissimuler à un militaire, avant de le lui chaparder
après son départ (de l’antimilitarisme primaire, mais bon pour NOTRE cause de
grimpeurs débutants). De toutes façons, il est trop lourd : on ne s’en sert jamais.

Le seul gros problème, c’est que je suis accroché à une douzaine de mètres,
et que Jean-Marc est obligé de me lâcher : les affaires sont plus loin (!)…
Mais bon, la cornière a l’air de bien vouloir supporter mon poids (je suis tout maigre)…
donc…

Jean-Marc trouve l’objet dans LA valise. C’est vrai : je suis un drôle de zèbre :
alors que tout le monde utilise un sac à dos, moi, je trimbale mon matériel de varappe
dans une petite valise (!?)…

Bon, après une manœuvre un peu délicate, les deux gaillards sont maintenant
tous les deux au sol / le cul dans l’herbe / sains et saufs.

Pouuuuf. C’est compliqué La Varappe.

Après ces premières expériences d’escalade en tête, ses chutes, ses échecs,
ni Jean-Marc ni moi ne se souvient sur les conseils de QUI (?), on a changé
radicalement d’attitude… et surtout de matériel !!


Si nous récapitulons, les deux zigotos que nous étions,
ont commencé à faire de l’escalade avec :

—pour toutes dégaines : des mousquetons qui restent ouverts (la barette se coinçait
sur le côté, pour on ne sait plus quelles ingénieuses raisons mais ça nous avait plu :
on en avait volé une bonne demi douzaine !) ;

—des baudriers en ceintures de sécurité, fixés sur les hanches, plus bas que le nombril,
(bonjour les risques de retournement) et fermés par un mousqueton à vis…
barette en haut (!) ;

—une corde spéléo. Une STATIQUE donc : la «blanche» était moins chère que les autres
(ni Jean-Marc, ni le vendeur, ni les quelques grimpeurs de Maron ne semblaient en connaître
LA différence avec une VRAIE corde d’escalade : DYNAMIQUE ) ;

—un encordement réalisé par une queue de vache -le seul nœud qu’on savait faire-
di-rec-te-ment attachée sur la barette du mousqueton à vis !!#@% ;

—et souvent, sur du matériel fixe… prévu pour de l’artif !!

… … …

Nous sommes aujourd’hui en 2005, Jean-Marc et moi-même sommes toujours en vie
(et nous espérons qu’à la lecture de cette petite histoire, TOUT LE MONDE peut,
doit (!) crier au miracle !) / nous habitons depuis 20 ans dans le Sud de la France /
nous faisons toujours de l’escalade / et nous avons -à nous deux- 94 ans passés !

Et si Jean-Marc, souvent et trop longtemps blessé, n’a pas pu énormément progresser,
moi, j’ai tout de même réussi à fleurter -à une époque- avec le 8c…


Faites attention à vous (!), et intervenez, TOUJOURS, quand d’autres semblent
pouvoir se mettre en péril… par leur attitude, par le matériel qu’ils emploient
ou leur façon de l’employer !

L’escalade est un jeu… qui peut très vite très mal tourner (!).

Bonne grimpe (!).

Pierre Rouzo…
et Jean-Marc Lallemand :

«On est allé voir un film sur Rebuffat et on a discuté avec lui.
Je me suis même fait virer de (mon boulot de régisseur) (à) la «Comédie de Lorraine»
à cause du film de Giani sur Patrick Berhault, je devais travailler un soir
et j’y suis pas allé. Je regrette pas.»

(Superbe)


De Martine, la femme de Jean-Marc (à pierre) :

«elle est bien vraie ton histoire mais il y a une chose que tu as oublié de mentionner :
les soirées que vous avez passées, tous les deux, à discuter sur l’escalade, les machins,
les choses, etc… alors que nous étions jeunes et belles
et en attentes d’occupation !!!»


Tout est dit… sur les débuts d’une passion (!)

P.


Atention : les commentaires sont sur :
« Nos petites histoires / commentaires » (!)… sur c2c…

Posté en tant qu’invité par hervé:

Moi mes débuts, c’est à 12/13 ans, d’abord en solo sur des petites falaises, avec quelques retours au sol dans des buissons de ronces.

Plus tard, j’ai récupéré un bout d’amarre du bateau de mon père pour me faire une corde. J’avais acheté un bouquin sur les techniques de l’alpinisme et je l’amenais au pied des parois pour apprendre.
Pour étoffer un peu mon matos, je montais dans les départs de voie pour récupérer clous et cordelettes avec le marteau du papa. Résultat : quelques marteaux cassés et de bonnes engueulades paternelles à la clé.

Et comme je n’avais pas de compagnon de cordée, je grimpais en solo assuré, ce qui fait que pour une voie en 5, il me fallait l’après-midi !

Heureusement, j’étais suffisamment trouillard pour être assez prudent. C’est à cette époque que la lecture des topos est devenue mon activité principale. Dommage que le Bac français n’en ait pas tenu compte.

Posté en tant qu’invité par jb:

J’étais gamin et on allait en famille grimper en Espagne pour Noël. Souvent il faisait froid, parfois mauvais. On errait au gré de la météo et de l’humeur. Montgrony existait à peine, Montserrat, Siurana. La météo nous poussait à descendre plus bas : autour de Valence, à Cuenca, et même jusqu’à El Chorro.
Ma mère gardait sa paire de frénésie, tige haute, rigidité garantie et couleurs flash. Nous on avait adopté les Boréal, les Ninja et les Laser venaient de sortir.
La grimpe était prétexte au voyage. A l’époque, quand il faisait trop froid on ne se réjouissait pas de la collante. Et quand il pleuvait, comme les dévers n’étaient pas légion, on passait la journée au bar avec les locaux à manger des tapas.
On n’avait pas peur de faire des km, à 4 dans la bagnole avec le matos et le couchage pour la semaine. Au bout d’un moment, on n’était plus dépaysés par les kilomètres d’orangeraies et les figues de barbarie. Par contre je me souviendrai toujours de la visite de l’Alhambra de Grenade, un joyau architectural de l’époque Musulmane, avec les montagnes en toile de fond. Je me souviendrai aussi de la passerelle vertigineuse à El Chorro, du sentier dans les tunnels du train…
Mais ce qui m’a le plus marqué, c’était le soir du 31. On faisait les courses, ensuite on se trouvait un coin tranquille dehors, comme l’Espagne en a encore beaucoup, et on allumait un grand feu pour se réchauffer. Là, tout le monde mangeait et buvait. Le grand moment, c’était quand le feu était gigantesque, et qu’on y mettait une bûche en travers par dessus. Les volontaires s’amusaient à traverser le brasier. Rien de bien dangereux, personne ne s’est jamais fait mal. Mais c’était drôle de voir la bûche parfois vaciller et déséquilibrer le téméraire, qui s’en tirait pour quelques poils grillés et une odeur de cochon.
Les voies que j’ai faites ? Je ne sais plus, j’ai oublié de les noter. Mais je suis sûr qu’elles étaient très belles.

Posté en tant qu’invité par pierre Rouzo:

En papotant au bistrot -après la grimpe- avec Richard et d’autres copains,
je leur raconte que j’ai envoyé quelques petites histoires -autour de l’escalade- sur c2c.
Et notamment celle de l’équipement de Claret et du caillou qui traverse la route (!).
(Rolling Stones)

A l’époque où nous équipions, en fait, peu de gens étaient au courant.
Le bouche à oreilles fonctionnait à sa vitesse «naturelle» (on va dire).

Richard et moi ne nous connaissions pas encore… et là, il me dit :
---- «Ouais, ouais, moi je l’ai vu le trou dans la route».
(???)
---- «Attends, Richard, comment ça se fait ? : t’es pas venu, au tout début de Claret (!..)».
---- «Non,non, je faisais du vélo. Et quand j’ai vu le trou, je me suis arrêté.
Et c’est là que j’ai vu qu’il y avait des mecs qui équipaient. Donc ça devait grimper».
(???)
---- «Du vélo ? Tu te fous de ma gueule (!) : t’as lu mon histoire !».
---- «Non, non, je t’assure : je montais la côte en vélo».
(???)
---- «Atteeeends… tu te fous VRAIMENT de ma gueule (!!) : le trou est resté DEUX jours !
Il a tout de suite été rebouché. Tu as lu mon histoire !».
---- «Mais NON, j’ai vu le trou, c’est tout !»

… … Hoooo con (!!)… j’indique l’adresse de c2c à Richard pour qu’il comprenne,
POURQUOI, je le félicite et le remercie… de n’être pas passé -la veille- sur cette route,
avec son putain de vélo !!!

Effrayant !

pierre

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par JPB:

Moi , j’ai découvert l’escalade dans une auberge du nord de Montréal . Dans les Laurentides.
La veille , j’avais chaviré en kayak en plein milieu du lac et j’ai tiré l’embarcation en nageant sur un bon kilomètre parce que je me savais pas comment le remettre à flot sur l’eau . Et je suis trop orgueilleux pour demander de l’aide .
Et puis , il y avait Louise … ah, Louise … cette nuit là , on avait fait les nuages et la pluie et ensuite elle avait le tempérament d’une cataleptique : impossible de la réveiller avant 13:00 ! En fait , je me demande si elle ne somnolait pas durant les nuages et la pluie …

Donc , comme je suis un lève-tôt … en fait je dors très peu … je me retrouve au restaurant vers sept heures pour le déjeuner , seul à lire mon journal .
La table à coté : deux gars de mon age qui discutent .
J’écoute un peu : cordes, rocher, moulinette…

Après mon café , je me retourne et je demande ce qu’ils vont faire .
De l’escalade , bien sûr !

  • " Tu veux venir avec nous? Tu assures??"
  • " Moi , j’ai jamais pris d’assurances de ma vie! C’est des voleurs , ces compagnies là!"

Les deux gars me regardent d’un drôle d’air …

-" M’a chercher mes affaires pis m’a vous retrouver devant dans quinze minutes…"

Ils sont pris avec moi … je monte dans la chambre où Louise dort - comme une momie - d’un sommeil éternel . Je ramasse mes affaires et je la laisse seule avec ses rêves ( où , bien entendu , je ne figurais pas …)

Les deux gars dont je ne sais même pas les noms me mènent à une petite paroi et placent une moulinette . Je tente quelques essais mais je suis raide comme une barre , souple comme un pilier de béton , rigide comme …
Mais la journée se passe et je commence à aimer le thrill de la chose . Et en prime , ils me montrent ce qu’est l’assurage d’un second…
En fin de compte, je reçois le numéro de téléphone d’un expert qui pourra m’aider à Québec , Louis Babin .

Je reviens au gite où Louise sort de sa douche et se prépare au souper . Le grand air ayant stimulé mon appétit , je me précipite vers la serviette qui la recouvre…

Quelques jours plus tard , je rencontre Louis Babin au Pylone , le site « in » de la ville.
Il me bande les yeux et me demande de grimper une dalle peu inclinée.
Quinze minutes plus tard , j’arrive au sommet - il faut 30 secondes à mon fils de 5 ans pour grimper cette dalle maintenant - et Louis me déclare prêt à gravir une paroi conséquente . Louis , le meilleur grimpeur que le Québec ait produit , s’est suicidé il y a quelques années mais s’il pouvait me voir maintenant !

La fin de semaine suivante , 8 heures , Parc des Grands Jardins à 90 minutes de Québec , au pied d’une voie qui se nomme " Renaissance ", je rencontre une frèle dame qui sera le premier de cordée sur ces 250m en 5a sur coinceurs.

Nous sommes arrivés au sommet vers 15 heures et durant toute l’ascension j’ai murmuré :
-" Je veux revoir Louise . Je veux revoir Louise . Je veux revoir Louise."

  • "Jamais plus je ne ferai ça … Jamais plus je ne ferai ça … Jamais plus je ne ferai ça …
  • " Je vais mourir ici … Je vais mourir ici sans Louise… Je veux embrasser Louise une dernière fois…

Bref , vous voyez le topo !
Un novice dans beaucoup trop dur et beaucoup trop haut pour son propre bien !!!

J’ai survécu et la semaine suivante je m’achetais le matériel nécessaire pour débuter .
Oui , j’avais grimpé « Renaissance » en Adidas rouge en cuir avec un encordement trois brins!
Et maudit que j’avais eu peur !!!

Mais comme la peur excite les sens …

Posté en tant qu’invité par Laurent13:

Auteur: laurent13 (—.ipsos.com)
Date: 27 jan 2005 18:21

Bon allez je me lance j’y vais de ma petite histoire…

Ca se passe au Verdon pendant l’été 2002, vers fin Juillet il me semble. .
A cette époque là j’étais assez chanceux puisque j’habitais la jolie ville D’Aix en Provence et non la capitale…
J’ai un copain qui m’appelle pour me dire qu’il descend dans le verdon.
Bon je saute sur l’occase, monte dans ma super five et une heure et demi plus tard j’arrive à la Palud. Bon on tchatche un peu au camping chez Jean Paul, à l’entrée de la Palud on achète des paluardes, et on décide de la voie… va pour luna bong. J’avais un souvenir très ému de cette voie puisque c’est là que j’avais fait mon premier rappel dans les gorges 3 ans avant…il fallait me voir pendu sur mon autobloquant en train de pédaler dans le vide, mort de trouille dans ce premier rappel en fil d’araignée…risible !
Bon maintenant que j’avais un peu plus d’expérience verdonnesque, je me disais que ça passerait mieux.
Finalement je pars avec un copain de mon pote, qui lui part faire un répérage vers les enragés.
On attaque les rappels assez tard vers 13h00. En bon sudiste (enfin adopté) je me rend compte que j’ai oublié mon tee shirt.
Bon de toute façon il fait beau (il y a juste quelques gros cumulus vers Castellane) mais il fait vraiment lourd.
Les rappels se passent sans souçi et on attaque le départ de Luna Bong. Bizarrement des gros nuages noirs bien épais (vous savez du genre cumulo nimbus …) ont d’un coup la mauvaise idée de venir se pointer.
Mon compagnon du jour sort de la première longueur, et un petit air frais me fait regretter mon tee shirt….
J’attaque la longueur en second. Au relais, on transfert le matos, et je suis de plus en plus inquiété par le temps. J’ai à peine fait 10 mètres dans la seconde longueur que l’orage éclate…
« Qu’est ce qu’on fait on redescend ? »
« Non trace il pleut pas ça va pas durer »
2 minutes après je me retrouve sous une volée de grêlons gros comme le pouce qui me fouettent le torse.
Cafouillage « descend moi…. Viiiiiiiite » je descends sur la dégaine en place.
Arrivé au relais je tremble de froid et on essaie de démêler la corde pour attaquer le premier rappel.
On se réfugie dans le jardin en contrebas
Etat des lieux :

  • pas de pull ni tee shirt
  • pas de bouffe
  • pas de topo (on a pris une page photocopiée pour pas trimballer la bible en entier…)
    Optimistes par nature, on se dit que ça va pas durer….
    …… 2 heures plus tard……l’orage s’est calmé…il pleut toujours mais plus des grêlons !!
    Bon ce coup ci on en a marre, je ne veux pas passer la nuit ici, on a froid, on décide de chercher les rappels pour aller au sentier martel (mais sans le topo cela parait assez touchy). Pour ceux qui connaissent du jardin de Luna Bong on ne redescend pas facilement au martel….
    On part en chaussons dans la boue quand tout à coup….
    Une voie faible qui vient du haut de la falaise OOooohhh OoooHHH
    On aperçoit la silhouette de notre pote Patrice, (enfin on devine que c’est lui).
    D’après ce qu’on comprend il va chercher une stat.
    Il balance une première stat de 50m (un peu court, manque encore 100).
    Mon compagnon de galère se dit que vu qu’il ne pleut plus il peut repartir. .
    Heureusement il est malin, il a embarqué des coinceurs. Donc le voila parti sur un cinq mouillé (une variante de départ de luna bong ) qui rejoint le même relais. (Je crois qu’il a mis un camalot ou deux sur trente mètre, qui tenaient sur du rocher mouillé et qui n’auraient pas vraiment retenu un choc…)
    Pendant ce temps, Patrice va chercher la seconde corde fixe. Il fixe des fractionnements et arrive à ma hauteur au moment ou je suis au taquet dans la deuxième longueur en 6a mouillé…
    Ni une ni deux je me jette tel un mort de faim sur cette stat’ et là dieu apparaît…
    Il arrive avec dans son sac de hissage, des polaires, des paluardes, des pains au chocolats et des grigris et autres basics pour remonter sur cordes…
    Oui mais comment c’est que ça marche ce truc ???…je n’ai jamais fait du big wall, ni de la spéléo….
    Après quelques explications me voila pendu au jumar en train de bourriner et de penduler pour absorber le mou (les stats c’est pas si stat que ça en fait…). On a fait 100 mètres comme ça. On est sorti de nuit, avec deux frontales pour trois. La sortie du toit de Luna Bong plein gaz avec une luciole en dessous de moi et une au dessus, pendu à 400 mètres au dessus du verdon restera gravé dans ma mémoire…
    Bon bien sûr en sortant de la voie on est parti s’enfiler des demis au bar de la Palud….
    En tout cas je n’ai jamais été aussi heureux que ce soir là de retrouver mon duvet et ma tente….

Posté en tant qu’invité par Richard Obert:

Bonjour à tous, salut Mr Rouzo, ça y est, je vais sur un forum grimpe…

J’ai commencé à grimper il y a 16 ans (et je ne progresserai plus…), la faute au grand blond chevelu avec son vilain bandeau sur la tête.
Un jour, au ciné avec un pote, un court-métrage, en avant-séance, au nom évocateur : « la vie au bout des doigts ».

  • « Mouais, pas mal, ça à l’air fastoche, je veux faire pareil (avec une corde…) »

Deux jours plus tard, on part, mon pote, ma Deuche rouge et moi, direction Bleau, ‹ paraît qu’on grimpe là-bas.
Bien sûr, on n’y va pas à poil : rappel de 90 m, 14 dégaines, on rigole pas avec la sécurité.
Deuxième jour, on a compris que des chaussons suffisaient. Le pote Jean-Christophe (JC, pour faire vite) s › attaque à notre projet du jour : un bloc de 5 ou 6 mètres, dalleux, avec pour improbable réception un tapis de…blocs ! Bref, je sais aujourd’hui qu’on dit « expo ». Bien sûr, le crash-pad était de la science-fiction.

C’est qu’il avance, ce con de JC. Et maintenant, il vaut mieux qu’il sorte, car je sais que je ne peux plus le parer : trop haut, trop lourd… Mais voilà, les affaires se corsent.
-« Putain c’est dur pour sortir, j’ai mal aux bras, j’ai les pieds qui tiennent pas! »

  • « D’accord, et alors? »
  • « Fais gaffe, je vais tomber! »
    -« J’aime autant éviter, je vois pas ce que je pourrai faire… »

Il hurle : « fais kêkchose, j’peux plus tenir, AU SECOURS ! »

Là, ça craint. Je décide alors de faire le tour du bloc, d’aller en haut par l’itinéraire de descente. Là- haut, je me mets à plat-ventre et lui tends mon bras (heureusement, JC est encore là, j’en étais pas tout à fait sûr), en espérant qu’il ne me tire pas avec lui en bas !
Trop court le bras.
J’enlève le t-shirt, le roule, et lui tend ce linge de survie, qu’il attrape…au moment où ses pieds et mains le trahissent irrémédiablement !
Un court instant, il pensait que la situation s’améliorait. Que dalle. Il est trop lourd pour moi, et je glisse à plat ventre (c’est abrasif, le grès…). J’ai hésité, je l’avoue, à lâcher, plutôt que de plonger tête la première en bas.

Miracle ! Pendant cet infime instant d’hésitation, alors que poursuivais mon avancée rampante, mon pied (le droit, je m’en souviens), agrippe un truc au passage.
Je ne bouge plus, JC, est vaché sur mon t-shirt (qui résiste, c’est pas du Décathlon), le remonte, et se rétablit.
Une fois en haut, tous les deux allongés sur le dos, il y a d’abord un silence. Un vrai silence.
Puis, on a tourné la tête, on s’est regardé, et on s’est marré, marré et encore marré.
J’ai parlé le premier, il était d’accord avec moi : c’est vraiment bien, l’escalade. Mais moins fastoche que ce que nous a montré ce con de grand blond!