Nombreux ont ri de Nirmal Purja quand, en début d’année, il a révélé son Project Possible : grimper les 14 Huit-mille de la planète en seulement 7 mois. Puis, quand il a commencé à enchaîner les ascensions en respectant le programme prévu, ils en ont critiqué le style. C’est vrai : le sien n’a rien à voir avec celui de Jerzy Kukuczka, mais « Nims » n’a jamais dit vouloir faire mieux que le grand Polonais, dont on commémorait il y a quelques jours les 30 ans de la disparition. Ni jamais caché utiliser les bonbonnes au dessus de 7500m. Ou les hélicoptères pour accélérer les déplacements. Nirmal Purja a lancé un défi différent, pour démontrer, aussi, que les Népalais sont désormais capables de prendre le leadership des ascensions himalayennes (exactement comme cela s’était passé pour les guides locaux dans les Alpes à partir de 1880). Les Népalais et pas simplement les Sherpas : car Nirmal Purja ne fait pas partie de cette ethnie et il n’est pas né et n’a pas vécu en altitude. De plus, il a commencé les ascensions il y a seulement quelques années, bien qu’ayant grandi pas loin de l’Annapurna et du Dhaulagiri avant de décider d’entrer dans les Gurkha. Je l’ai connu au cmap de base du Nanga Parbat. C’est un homme sympathique et déterminé. Qui a aussi étudié l’histoire de l’alpinisme : il savait que d’autres avaient déjà eu le rêve d’escalader les Huit-mille en une année, sans toutefois jamais tenter de le réaliser. Lui, au contraire, s’est complètement impliqué, renonçant à la riche retraire de soldat des forces spéciales britanniques et commençant sans même avoir les financements nécessaires. Il a démontré de grandes capacités de gestion économique, de leadership, d’organisation logistique. Et, évidemment, une exceptionnelle résistance physique. Et de vrais talents diplomatiques : pour monter sur le dernier Huit-mille, le Shisha Pangma, il a arraché aux Chinois un permis spéciale.