Montagne et individualisme

Posté en tant qu’invité par ju:

Dimanche dernier, on a renoncé au pied des goulottes du Chardonnet : trop de monde. Ça fait râler mais bon… on s’en remettra.
Ce qui nous a choqué, c’est :

— les cordées qui se lèvent à 2h du mat au mois d’octobre pour être sûr d’être les premiers dans la face (et du coup qui font toute la goulotte de nuit : superbe ambiance que ces 3 mètres d’horizon illuminés par la frontale, il est où le plaisir ?)
— les cordées qui courent sur l’approche et refusent de te dire bonjour (faut dire c’est dur de parler en courant !)
— les cordées de 3 qui laissent l’une des leurs qui est malade retraverser seule le glacier pour finir leurs courses.
— les cordées qui doublent à corde tendue dans la goulotte en bucherronant (parpaings…) alors qu’il y a à priori des trous à crocheter vu la fréquentation.
— les cordées qui ne comprennent pas pourquoi on fait demi tour (ah bon ça parpine ? ah bon ça bouchonne ? ) : la promiscuité est probablement rassurante au premier abord (untel me jettera un brin de corde si je passe pas ou appellera le PGHM si j’ai un problème)…
— les cordées qui te regardent ramasser d’anciens déchets sur la moraine et les mettre dans ton sac pour les redescendre sans que ça leur vienne à l’idée de faire pareil (« bravo, bonne idée ! » et … je m’en vais sans rien ramasser !).

Si votre pratique de la montagne consiste à tout faire pour « cocher » votre voie dans une simple recherche de difficulté pure, allez plutôt en salle pour grimper, vous aurez plus de public.
Nous sommes peut être en décalage avec la pratique, mais il nous paraît dommage que la performance prenne le pas sur des règles de citoyenneté, de sécurité et de convivialité.

Ju & Ju & Cec & Rmi

Posté en tant qu’invité par bernie:

Bravo. Je partage totalement ton approche.

Quand nous allons en montagne avec les amis (et j’ai pas dit copains) c’est avant tout pour réaliser un projet commun que l’on a pris plaisir à élaborer et à laisser mûrir.
La seule solution serait-elle d’aller uniquement sur des objectifs peu courus, avec grosse bavante en approche et en rocher un peu pourrave?

Ce serait dommage car moi aussi j’aimerais aller un jour aux goulottes du Chardonnet. Mais si l’ambiance est celle que tu as rencontrée, je préférerai aussi faire demi-tour.

La gestion de la frustration sera t-elle une nouvelle technique à intégrer chez tout alpiniste?

Posté en tant qu’invité par jc:

… estime-toi heureux, t’avais pas une horde de militaires devant ou derrière, y’avait pas d’hélicos qui déposaient des skieurs sur les sommets alentour, de touristes égarés sur le glacier sans crampons avec un noeud coulant en guise d’encordement, … je continue?
Mais t’as raison, même dans le « milieu », on a de tout… c’est triste mais faut faire avec… et pour faire « sans », faut y aller quand y’a personne. Pas facile.

Posté en tant qu’invité par p’tetbenquoui:

d’un autre coté, pour faire plus « chargé » en fréquentation que le chardonnet en ce moment, c’est pas évident de trouver ds les alpes…

il y a 15jours, on s’est lévé à deux heures pour l’escarra, et beh avec la trace pas faite, on est arrivé au pied au levé de la goulotte sans les frontales ;o)

ceci dit, je partage ton point de vue et « esprit de pensée » devant l’esprit citadin de plus en plus fréquent, trois fois hélas, en montagne !

pas : tu voulais aller où ? parceque corde tendue ds l’escarra, c’est loin d’être une perf… par contre bettembourg, c’est une autre paire de manches ;o))

Posté en tant qu’invité par p’tetbenquoui:

ss tout lémanger : on est arrivé au pied de la goulotte au levé du soleil…

et pas se lit (ou aurait du s’écrire…) « ps »

Posté en tant qu’invité par Tof:

Connais tu l’origine des gens qui n’ont pas renoncés.
Quand tu viens de loin, c’est nettement plus diffcile de renoncer que quand tu peux revenir le WE prochain.
L’hivers dernier, nous étions 16 personnes pour faire Naia. La plupart venait de loin (Italien, Suisse, Quebec, etc…). N’étant pas suffisament affuté pour nous battre pour être devant et n’ayant pas la volonté de nous battre, nous sommes redescendu le soir même. Mais nous ne venions pas de loin : nous avons uniquement fait un AR Grenoble-Charpoua dans la journée. Il est fort probable que ma décision aurait été différente si j’avais à traverser l’Atlantique.

Posté en tant qu’invité par rmi:

pour info, on a fait demi tour en venant de Paris (via train de nuit)

Dans les cordées qui n’ont pas fait demi tour et qui venaient de loin, il n’y avait qu’une cordée d’Europe de l’est (?). Je comprends que dans ce cas là on essaye de rentabiliser sa sortie.
Mais les comportements décrits plus haut ont plutôt été observés chez des cordées venant à priori de pas trop loin

Posté en tant qu’invité par Ubu sur la butte:

Tu fais comme moi, tu grimpes dans des coins où t’es sûr d’être peinard et tu le gueules pas sur les toits pour que ces coins le restent.

Posté en tant qu’invité par ouhlala:

J’etais egalement au Chardonnet Dimanche et c’est vrai que le monde dans les goulottes etait hallucinant, certains etaient deja au pied des difficultes vers 6h du mat, ca devait etre sympa de grimper sous la pleine lune!
Perso je comprends tout a fait ceux qui partent hyper tot pour etre les premiers, a mon avis dans ce genre de course ou bien tu es le premier, ou bien tu n’y vas pas.
En discutant au refuge la veille ca se sentait que ca allait etre gave de monde et c’est la qu’il faut faire un choix:

  1. tu pars avant tout le monde pour faire tranquillement la voie en tete
  2. tu changes d’objectif la veille (ya plein de trucs a faire dans le coin, pourquoi se focaliser sur ces goulottes
  3. tu aimes le monde en montagne et tu y vas quand meme, c’est l’occasion de discuter avec d’autres alpinistes
  4. tu n’aimes pas le monde en montagne mais tu y vas quand meme car tu viens de loin, la course va etre un enfer et tu finiras tout ennerve

A ta place j’aurais fait demi tour ou change d’objectif bien plus tot vu l’agglutination de frontales en direction des goulottes, dommage…
Perso on a fait l’eperon Migot qui etait curieusement totalement desert (seulement 2 cordees), un vrai bonheur…

Posté en tant qu’invité par Malo:

ouaip ben vu que déjà le we précédent il y avait déjà gavé de monde (d’apres les sorties rentrées) et que les courses ont encore été rentrée sur le site (le monde atire le monde), c’était bien prévisible… Même si j’ai bien envi d’y monter je n’aurai sincèrement pas tenté ce we, je ne supporte justement pas cet esprit individualiste. C’est d’ailleurs plutôt le contraire que je recherche en montagne: la solidarité, le respect, le partage et c’était sur et certain que ce we allait être comme ça!

Posté en tant qu’invité par eude:

Malo a écrit:

le monde atire le monde,
c’était bien prévisible… Même si j’ai bien envi d’y monter je
n’aurai sincèrement pas tenté ce we, je ne supporte justement
pas cet esprit individualiste.

Tu n’aime pas l’individualisme, donc tu va grimper comme un ours dans des coins reculés ?
logique ?

Posté en tant qu’invité par ju:

En fait on a bivouaqué à sur le glacier histoire d’être peinards au moins pour la soirée… C’est sûr que si on avait eu vent de la déferlante qui allait sortir du refuge on aurait changé d’objectif !
D’habitude on fréquente plutôt des coins paumés et discrets… Là c’est vrai qu’on a été tenté par de belles goulottes réputées en conditions, et fallait effectivement s’attendre à trouver du monde. Mais plus que le monde rencontré, c’est plutôt les comportements qui on été durs a digérés…

Posté en tant qu’invité par Hydra:

Je n’ai jamais été confronté à ce type de comportement, mais pour prendre un peu de recul, je pense que l’individualisme est présent depuis très longtemps dans le milieu montagnard (par exemple, le dégoût de Rebuffat au retour de l’Annapurna, la guéguerre entre les premiers grands alpinistes ouvreurs de voies…), et qu’il y a peu de solution pour y faire face.

Posté en tant qu’invité par ju:

Oups… Désolé pour l’orthographe des dernières lignes…

Posté en tant qu’invité par Malo:

eude a écrit:

Tu n’aime pas l’individualisme, donc tu va grimper comme un
ours dans des coins reculés ?
logique ?

oui logique

Je ne dit pas que j’aime pas la solitude, en montagne c’est un peu ça qu’on recherche, le coté sauvage quoi, le calme, la sérenité. Qui ne cherche pas ça d’ailleurs?

D’un autre coté, dans mes coins reculés, lorsque je rencontre une cordée ou 2 (ou 3 mais pas 15!!!), les gens ne sont pas stréssés (ou beaucoup moins) pour vite vite passer avant les autres… et sont souvent beaucoup plus ouverts et agréables. Finalement quand il y a beaucoup de monde, au final tu ne rencontre « vraiment » personne, alors que quand il y a peu de monde, ben finalement tu partage beaucoup plus avec le peu de monde rencontré…Tu me suis ou je m’exprime mal?

Posté en tant qu’invité par Malo:

eude a écrit:

Tu n’aime pas l’individualisme, donc tu va grimper comme un
ours dans des coins reculés ?
logique ?

Puis au passage ne pas monter au Chardonnet quand il y a dejà eu 60 personnes le we d’avant et qu’il risque d’y en avoir encore plus, je sais pas si c’est vraiment de l’individualisme!

Posté en tant qu’invité par ouhlala:

ju a écrit:

En fait on a bivouaqué à sur le glacier histoire d’être
peinards au moins pour la soirée… C’est sûr que si on avait
eu vent de la déferlante qui allait sortir du refuge on aurait
changé d’objectif !
Dans ce cas effectivement c’est moins cool, nous on s’est leve a 4h et un bon nombre d’alpinistes etaient deja partis, il m’a meme semble que les premiers se sont leves vers 1h… Y’avait quand meme moyen de passer une nuit tranquille au refuge en arrivant avant 16h car il y a quelques dortoirs de 2 ou 3 places t’assurant la tranquilite malgre les presses du matin qui decorent leur baudrier de toute leur quincaillerie dans le dortoir!
C’etait a vous la tente sur le glacier alors. En partant le matin on a du passer a cote sans meme la voir tellement on etait eblouis par les frontales en provenance des goulottes! :=)))

Posté en tant qu’invité par ju:

En fait on avait une tente et un coin bivouac sans tente de l’autre côté de la trace… On a eu tout le temps de plier bagages vu qu’on est revenu tôt ! La tente que tu as dû voir appartenait à 3 jeunes très sympas qui sont partis tôt dans l’Escarra.

Posté en tant qu’invité par eude:

j’ai écris:

Tu n’aime pas l’individualisme, donc tu va grimper comme un
ours dans des coins reculés ?
logique ?

Moi si j’ai dit ça, c’est uniquement parce qu’il me semble que l’alpinisme est un sport plutôt individualiste. Le plaisir vient de la recherche de l’autonomie, j’ai rarement vu des alpinistes, contrairement aux cyclistes, contents de participer à une sortie collective de 100 personnes.
Personnelement, je garde un meilleur souvenir de courses hivernales avec un bivouac atteind après une bonne journnée de ski (la grande solitude) que de certaines grandes courses pourtant magnifiques au départ du refuge d’argentière certain week end trop fréquenté. Et je ne pense pas être le seul.

Posté en tant qu’invité par Ludo:

Salut,

Je pense que le probleme evoqué ici n’est pas l’individualisme au sens plaisir solitaire ou de petit groupe. C’est plus l’individualisme vis à vis des autre gens susceptibles de croiser notre route ou de parcourir le même itineraire plus tard. En fait il s’agit de respect pour les autres, de civisme et encore de savoir vivre mais aussi de respect pour un environnement privilégié qui permet justement de s’isoler du monde de ses travers et de ses ordures…

Ludo