Montagne et consommation : Fermer C2C et Skitour ? Un pavé dans la mare

Tu oublies qu’il faudrait aussi fermer les magasins de sports.

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Cela dit si les locaux sont encore là c’est aussi parce que les stations de skis leur apporte des revenus substantiels !

Bon ça me fait penser qu’il faudrait que je finisse Le fou d’Edenberg moi

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Ce texte a très mal vieilli … la ligne éditoriale de montagne mag est néanmoins toujours la même, désuète et franchement à côté de la plaque sur la question des refuges et de leur gestion. Ce serait très long à détailler …
Effectivement Gros à raison : brulons montagne mag !

Je pense que le soucis principal dans tout ce qui est évoqué ici est une vision un peu trop manichéenne…

Oui, avec toute l’ironie, l’amertume parfois et le second degré que comporte mon message …

Il faudra que je prenne le temps de le relire alors.

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Quelle tartine, ça a du être un sacré boulot de rédiger tout ce texte ! Cela dit, je l’ai lu jusqu’au bout, ce qui montre bien l’intérêt que j’y ai trouvé.
Sans utiliser autant temps et de talent littéraire, quelques réflexions « brutes de fonderie » :

  • Les photos noires et blanc jaunies mon toujours gonflé, surtout dans les refuges. Je ne suis pourtant pas particulièrement jeune, mais je crois qu’il faut vivre son temps, et que plein de choses formidables sont réalisées à notre époque en couleur. D’accord pour ne pas oublier les anciens, mais cette vision passéiste de l’alpinisme me file des boutons.
  • La « montagne » est mythifiée à outrance. On a parfois l’impression qu’il faut avoir suivi le prépa de guide pour simplement mettre un pied devant l’autre.
  • Le territoire montagnard, c’est pour 90% des alpages, des pierriers et du terrain à chamois. Finalement, les chasseurs sont probablement davantage « montagnards » que les touristes qui ne fréquentent que les itinéraires à la mode hyper courus. Se balader hors sentiers sans voir quiconque de la journée approche plus, à mon sens, de l’idée d’être « montagnard » que d’avoir « fait » tous les 4000 par les voies normales.
  • Si les activités de montagne phagocytent 5% du territoire alpin en apportant une rémunération à la population locale, c’est pour moi plutôt une bonne chose. Ça permet à la population locale de vivre tout en préservant des espaces de liberté.

Mais ces « locaux » qui sont implantés depuis de générations sur les lieux des stations de ski actuelles ne peuvent plus rester dans leur station ou vallée car la vie est devenue tellement chère qu’ils sont obligés de s’expatrier plus bas pour arriver à se loger et vivre.
Certes, beaucoup travaillent dans ces stations mais n’ont pas des salaires proportionnels au cout de la vie dans ces stations.

Oh! L’chantier!!!

Le but de mon commentaire était de nuancer un peu le propos volontairement caricatural de Gros, mais qu’on entend assez souvent.

Oui il y a une volonté d’élargissement à outrance des stations de skis et une pression foncière qui se fait sentir depuis quelques décennies et qui ne semble pas des plus raisonnable et justifiable et qu’il faut absolument limiter. Oui il y a le tout ski duquel il faut essayer de sortir en diversifiant, mais ça va prendre beaucoup de temps…

Mais brûler les stations de skis qui sont, il faut pas se leurrer la base de la vie économique en montagne, semble être tout sauf une bonne idée dans le sens où enlever l’une des rares choses qui permet de faire vivre bien plus de monde que des remontées mécaniques et des shop de matos c’est aussi faire en sorte de dépeupler ces zones !

On le voit bien cet hiver où la fréquentation de la montagne n’étaient pas catastrophique… mais il n’y pas eu de retombées économiques, aucune valeur ajoutée.

On peut partir dans des délires extrémistes au possible comme nous l’avons vécu et nous continuons à le vivre où nous ne sommes bon qu’à bosser et consommer en masse dans des centres commerciaux à 10 km des centres villes et ne plus connaître le tourisme parce que le tourisme c’est le mal absolu … que ce soit en terme de bilan carbone comme en terme de pression foncière. Mais si on veut continuer à aller se ressourcer en montagne et ne pas faire en sorte que ces espaces soient uniquement réservés aux habitants des montagnes, alors il faut forcément qu’on leur apporte de quoi payer des accès, de quoi entretenir des lieux d’accueil, etc… et cela passe par des activités a forte valeur ajoutée et pas à juste 3 monchus qui payent un guide pour faire un sommet.

Et tout cela va bien évidemment plus loin, notamment sur le matos (tant sur la technicité que sur les niveaux de prix) et l’évolution de nos pratiques et techniques.

Supprimer les stations parce que ça marche sans et qu’on peut faire des activités de montagne sans station de ski… ce n’est pas juste et je ne suis pas sur que même ceux qui ne vont plus en station soient prêt à accepter ce que tout cela implique sur leur vie.

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C’est tout l’énorme problème. Mais le propriétaire foncier qui vend hors de prix, quelque peu appaté par le gain est un local … Toute la problématique d’une situation extrêmement complexe aujourd’hui … Un voisin, un local de chez local, est pile là-dedans avec ses enfants qui sont dans la vallée … Si c’était simple, ça se saurait.

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La Montagne n’existe pas.

Les « touristes » ont la foi. Les montagnards sont athées.

Parfois cela est exact mais pas toujours.
Bien souvent l’obligation de vente par le local est dans le cas de succession. Exemple : 3 enfants héritent d’une modeste habitation et de foncier. Subitement ces enfants deviennent « riches » mais aucun n’a les moyens de racheter la part des autres. Seule solution vendre au prix du marché.
Après cette vente ces « nouveaux riches » n’ont toujours pas les moyens d’acheter un logement dans la stations de leurs ancêtres. Seule solution, aller voir ailleurs où c’est moins bien, moins chère.

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Ah bon ? J’ignorais que Whymper et Ruskin avaient déjà plaidé pour la fermeture de CamptoCamp :wink:
Plus sérieusement, c’est intéressant que tu cites ces deux noms. Niveau « sacralisation » de la montagne, je suis un petit joueur à côté de Ruskin. Il me semble qu’il considérait toute forme d’alpinisme comme sacrilège. J’ai encore de la marge avant de lui arriver à la cheville.
Pour Whymper, c’est vrai qu’il racontait ces aventures dans « scrambles amongst the alps » (et peut être d’autres bouquins que je ne connais pas) comme aujourd’hui on raconte nos aventures sur C2C ou Skitour. Mais avec internet on est passé d’un nombrilisme artisanal à une ère industrielle. Je force volontairement le trait, j’adore les livres d’alpinistes. Mais je préfère de loin celui de Stéphanie Bodet à ceux d’Ueli Steck.

Merci, c’est corrigé.

Un « montagnard » c’est quelqu’un qui vit en montagne et vit de la montagne toute l’année (btp d’altitude, onf/eaux par exemple pour sortir du cliché paysan), ou maîtrise ces terrains en tout temps toute saison (sports, loisirs, comme la chasse ou la « randonnée » par exemple pour sortir des clichés « sports extrêmes » mis en avant par les médias/réseaux sociaux). Et qui aime ça, et pour qui c’est une vie normale, sans exploit à y chercher.
Un peu comme un « campagnard », mais en plus pentu.
Tout le reste n’est qu’idéalisations ou caricatures.
Et pourtant, j’adore Samivel.

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En résumé, ma pratique de la montagne est la seule conforme à l’orthodoxie.
Mais, me dira-t-on, quelle est l’orthodoxie ? A quoi je répondrai: l’orthodoxie est la façon dont je pratique la montagne.

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Merci à tous pour vos retours, je les ai tous lus mais il y en a un peu trop pour faire une réponse point par point à chacun.

Je veux juste revenir sur un point important qui n’était probablement pas assez clair. Il ne s’agit pas du tout pour moi de séparer les pratiquants en deux catégories : ceux qui seraient légitimes à aller en montagne et ceux qui ne le seraient pas. Ce serait vraiment présomptueux de ma part. De même, je ne considère pas du tout que les gens qui habitent en montagne sont plus légitimes que les autres à y aller. On peut très bien vivre en montagne à l’année et avoir une pratique de « consommateur » de la montagne. Je dis d’ailleurs dans mon texte que, de nos jours, à part peut-être pour certains villages très haut perchés ou très reculés style Saint Christophe en Oisans, la vie en montagne n’a pas grand chose à envier à la vie citadine : les routes sont bien déneigées, la maison est bien chauffée, l’eau coule au robinet, le wifi fonctionne bien, on ne risque pas de manquer de vivres et, le cas échéant, on peut toujours faire une demi-heure de bagnole pour descendre à la ville. Si tel n’était pas le cas, verrions-nous les résidences secondaires à plusieurs millions d’euros (pour une occupation effective de quelques jours par an le plus souvent) pousser dans les villages haut-savoyards comme des champignons après la pluie ?
A la ville comme en montagne, la vie est devenue confortable. Trop peut-être. Et c’est sans doute une certaine nostalgie pour une forme de rusticité, d’authenticité qui pousse mes coreligionnaires vers les sommets. Et puis aussi le besoin d’un peu de solitude, de grands espaces vierges, d’un univers sauvage. Et ceci, qu’on vive dans un village de montagne ou dans une ville de plaine le reste du temps. Et bien, il me semble que quand on va en montagne pour ces choses, ça fait un peu mal au coeur de se retrouver dans un Disneyland ou dans un stade à ciel ouvert. Et ce que je reproche à C2C ou Skitour (et, certains sur ce fil l’ont dit à juste titre, c’est encore pire avec Youtube, Instagram
, Facebook, j’en passe et des meilleurs. J’ai même vu passer des tutos alpinisme sur Youtube !), c’est d’être une chambre de résonance qui amplifie ce phénomène.
En fait, ce ne sont pas tellement les personnes qui doivent être classées comme légitimes ou illégitimes mais plutôt les motivations: est-ce que je vais en montagne parce que j’aime être en montagne ou est-ce que j’y vais parce que c’est la mode et que je peux valoriser ce que j’y fais socialement ?
Et encore une fois, qui pour faire ce tri entre bonnes et mauvaises motivations? Dieu ? Un juge suprême des pratiques de montagne ? Un Comité Alpin de Salut Public ? Bien sûr que non, rien de tout ça !

En réalité, je ne demande rien (le « Faut-il fermer C2C ? » c’est surtout de la provoc’pour initier la réflexion). Je constate. Je cherche simplement à m’expliquer (et je vous fait profiter de mes trouvailles) ce sentiment de malaise que j’éprouve devant les casques à gopros, les drones, les CR de sorties dégoulinants d’auto-satisfaction. Qu’on fasse des photos pour soi ou pour ses amis/sa famille, c’est très bien, j’en fais aussi. Mais pour partager une passion, pas pour mettre en scène une épopée héroïque. Et j’établis un parallèle entre ce sentiment de malaise et celui que doit ressentir un bon chrétien qui voit débarquer, tongs au pied, appareils photos en bandoulière et guide touristique à la main, une troupe de non-croyants dans une église. Passe encore s’ils respectent les règles minimales de bienséance, mais s’ils se mettent à danser sur l’autel, ça peut donner des envies de bûcher.

Il y a eu aussi beaucoup d’intervention sur la question du tourisme en montagne, avec des variations sur le thème : les habitants des montagnes gagnent t-ils en écus sonnants et trébuchants ce qu’ils perdent en tranquillité ? Je laisse cette question de côté, elle ne m’intéresse pas vraiment.
Simplement, je voulais revenir sur une idée que je pourrais résumer trivialement comme suit: « tu idéalises les montagnards d’antan, ils ont tous été bien contents de lâcher leurs fermes, de vendre leurs terrains et de se faire moniteur de ski pour profiter de la manne touristique nouvelle ». Premièrement, bien sûr que j’idéalise. Quoi faire d’autre ? Ensuite, si le virage de la modernité a sans doute été pris avec enthousiasme par beaucoup, un bon nombre d’autres ont suivi parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, mais franchement à contre-coeur. Ceux-là sont « entrés dans l’avenir à reculons » (Paul Valery). Il suffit d’écouter la chanson « Ne m’oublie pas Vieux Chalet » pour s’en convaincre (ou « La Montagne » de Ferrat en plus mainstream et plus nuancé). Je pense sincèrement que si mes grands-parents, et à plus forte raison, mes arrières grands-parents voyaient ce que sont devenus leurs villages, ils retourneraient au cimetière aussi sec.

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Tu soulèves un autre point intéressant dans ton discours. Le confort.
Il y a matière à bien digresser là-dessus, vit-on trop confortablement (par rapport à « avant », à « d’autres ») ? Est-ce nuisible (rapport bénéfices/risques en tout genre) ?
Tout ça indépendamment de la montagne. D’ailleurs ton discours s’applique à n’importe quelle région anciennement rurale et devenue citadine ou touristique.

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Si je puis me permettre de parler pour tes ancêtres, je suis prêt à parier (je ne risque pas grand chose !) qu’ils diraient plutôt « quand même, on vit mieux maintenant «
En tout cas, c’est ce que disait ma grand-mère qui est née en 1885 et qui a vécu jusqu’à 95 ans.

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Personne ne t’oblige à aller dans ces « Disneylands » !
Pour ma part, j’ai cessé d’aller en station, et je cherche à présent autre chose en montagne. Mais pour rien au monde je ne renierais les semaines de ski et de fête passées en station lorsque j’étais plus jeune.
Rien ne t’empêche d’aller dormir en cabane, en bivouac, voir même en igloo. Ou même dans de petits villages en altitude. Toute la montagne n’est pas composée que de stations! Il reste heureusement encore bien des espaces naturels.
Ce « confort » que tu critiques, est-ce que tu le subis ou est-ce que tu le choisis ?

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Je n’ai pas de réponse aux questions que pose jub74 (à part que les dérives qu’il pointe sont inhérentes à notre moderne société, et que revenir en arrière n’est pas possible: nous sommes condamnés à nous en accommoder), mais je veux juste dire qu’elles sont à la fois très pertinentes, claires et argumentées, et que c’est un plaisir de les lire.

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Y en a marre, des lanceurs de pavés dans les mares !…

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