Posté en tant qu’invité par cazorla sébastien:
Bonjour à tous
On aurait d’abord imaginé une question qui serait « faut il des crampons pour cette course dans le post ».
Puis son auteur réagit en fait sur la possibilité de faire demi tour depuis le refuge (si j’ai bien suivi), puisqu’il n’a pas de crampons.
Mais quand le post a été mis en ligne, alors son auteur a voulu répondre à la question qu’il sous-entendait, qui était : ne serait ce pas un peu jobard de partir quand même sans crampons?
Arrêtez moi si je me trompe.
Pour moi, parler d’un cas, d’une sortie, avec un problème identifié, et en plus qui se passe bien, doit nous faire réfléchir, discuter. Sans cela, c’est l’omerta, la gêne, les non-dits… moi je préfère exploiter positivement les incidents ou les accidents, avec décence et compassion, pour savoir si l’on peut faire progresser quelques choses quelque part pour quelqu’un.
Plusieurs choses :
Points de vue Dangers objectifs sur la question :
Si un accident survient, que dira le juge, au procès d’une éventuelle plainte de quelqu’un qui serait blessé par le dévissage de l’alpiniste sans crampon (c’est un exemple, un angle d’attaque que j’aime bien me poser ; la société avance, bien ou mal, on y peut rien, c’est comme ça, mais avançons nous aussi, anticipons, essayons). Alors que dira ce bon juge, pas alpiniste, père de famille… huummmm pas bon
Secours : à cause des crampons oubliés, et malgré le passage rive droite des échelles sous le refuge, il dévisse (encore, décidément!) sur de la glace noire (pas si raide, mais quaaaaaand même!). Chbling paff badaboum aïe! Hélico, gendarme, pas de crampons ok, c’est un choix, mais si les Gendarmes mènent l’enquête (de plus en plus systématique), et qu’il n’y avait pas dans le sac des moyens (crampons) que l’on pouvait mettre en place… Cela associé à d’autres éventuels dommages, et bien tout cela se passerait mal -je crois-. Je ne suis pas juriste!(hélassss)
Recrudescente par le col des Dômes de Miages, traversée descendante tout droit puis à droite rive droite = crevasses. Va arrêter ton pote qui s’en colle une là où il faut pas, alors qu’il passe dans le trou, sans crampons! Je pense que tu plonges avec ton compagnon de cordée. Et si tu t’en sors, bling pafff le juge. (obligation de moyen, mise en danger de la vie d’autrui, pour peu que celui qui n’a pas ses crampons soit le plus expérimenté de la cordée.
C’est celui qui a pas de crampons qui tombe dans la crevasse!; il est stoppé 12 mètres dedans. La remontée sans crampons peut être…‹ délicate ›. Certes, il existe des cas de figure variés dans cette config, et des solutions. Mais un bon piolet et de bons vieux crampons, ça détend du string quand même. tu sais que tu peux passer partout, à peu près, quoi qu’il arrive, dans toutes les directions, sur tous les terrains. ‹ On sight › quoi! (j’y peux rien je ressemble de plus en plus à Van Damme bl !!)
Points de vue Dangers Subjectifs :
*Le vent se lève, Nord Est, bise noir, s’engouffre par le col des Dômes de Miages, la neige crêpée humide se bétonne en 2-2. Y va falloir tailler des marches (si on sait faire et qu’on a le piolet qui va bien). Mais ça va prendre du temps dans les passages ‹ à la con ›. Le temps va passer, c’est l’après-midi. Plus bas sur le glacier, les ponts de neige sont mous, et là, c’est pire sans crampons. Parce que du coup, sans crampons, va essayer de faire la traversée des Dômes! ouch! Faut vraiment du 'cul pour pas se tuer.
*De même, aller à l’aiguille de la Bérengère sans crabes, s’avère plus que couillus. Dans le cas d’un changement de plan, ou bien d’une traversée intégrale N-S. Car sous l’aig. de la Bérengère, il y a du mix verglacé facile certes mais bon, on sait où Bérault s’est tué, pas la peine que ce soit M11 pour se la coller. Et puis sous le mixte de la pointe, il y a une belle pente de neige à 45° par endroit je crois, donc pareil, à la descente, sans crabes, chauds les marrons. Descente à reculons, taillage de marche, technique de la sorcière… bref, perte de temps; donc conditions hypothétiquement pourries plus tard.
Ce qui nous porte à parler de la deuxième partie des posts : l’engagement, la prise de risque intrinsèque.
Deux possibilités d’abord :
1 On est conscient du risque que cela engendre, et de ce que cela peut vouloir dire de trainer entre 3500 et 2500 sans crabes dans ce coin.
2 Soit on en est pas conscient, et là, c’est différent.
1 Dans le cas d’un alpiniste qui connait bien le coin, qui a beaucoup de sortie dans ces types de terrain, et qui veut tenter l’Aventure, car il risque d’y en avoir. Ça peut le faire. Il doit être en phase avec l’Élément qui l’entoure, et il devrait avoir dans l’idéal assez d’humilité pour faire demi-tour si une difficulté dont les crampons auraient garantit 90% de réussite dans le passage. Mais si, au cours du périple, tout se passe bien, alors ma foi? Certes il y aura eu une sorte d’engagement, on peut monter de deux crans le niveau de celui-ci. Et il restera les risques évoqués plus haut, certains étant les composantes de ce style d’engagement dû à l’oubli des crampons.
MAIS SI ON PARLE D’UN ALPINISTE QUI DÉCIDE DE PARTIR SCIEMMENT SANS CRAMPONS, moi j’ai jamais vu ça. C’est vraiment différent dans le cas d’un gars qui systématiserait, par exemple (je ne vise rien ni personne) l’emport de sac sur-light, sans crampons, avec une corde de rando en 7, statique mais sur-light, une veste pas étanche mais sur-light, un piolet en alu 350g, qui plante que les bouzes (fraîches), un collant quechua-tech light-qué-mata-su-madré et ainsi de suite…
J’en ai vu des trucs en 20ans de job, (je suis moniteur de ski et ghm), mais zapper les crampons pour une course comme ça sciemment, connait pas. Cela sera une nouvelle tradition, tradition ShaOlin, bientôt pieds nus (déjà vu!) mais en cascade, là, ça va être technique -je plaisante-. Je veux dire que j’ai vu plein de trucs, des oublis de matos, du bricolage, du matos trafiqué ou mal enclenché qui pète, des gens qui partent avec le mauvais matos (exemple pour moi : crampons alu grivel (chers en plus, mais 61OG les deux!, qui perdent leurs ‹ dents › quand ils touchent la glace, même un peu sorbet ou pire, une molécule de granit!!!
Là, c’est différent, tu y vas avec tout ce qui faut, ou tu crois avoir tout ce qui faut, mais y a un truc qui merde. Demi-tour? Pourquoi pas. Mais pouvons nous faire demi tour? A voir. Peut on pallier ou réparer le problème?
Les QUESTIONS QUI SE POSENT au moment où tu peux faire demi tour parce que tu as une merde objective :
« le jeu en vaut il la chandelle? »
« jusqu’où je suis prêt à y aller? »
" pourquoi j’y vais?"
" pour faire plaisir à qui?"
Si tout ça c’est clair, calme comme de l’eau paisible dans le fond du lit d’une rivière… la décision sera surement bonne. Inch Allah’!
'tain, les gars, je crois que j’ai pas trop fait de fautes! j’y ai passé deux heures, un dico des synonymes, le petit Robert, le correcteur d’aurtokraf… et encore je suis sur qu’il en reste! Ne peut mieux faire!
Good night amigos.