Mer de glace, des chiffres et des lettres… qui font peur !
Combien de temps encore ?
De Chamonix au Montenvers et à la grotte de la Mer de glace, septembre 2017.
Le panneau qui date « 1985 » correspond au niveau maximum du glacier lors de sa dernière poussée, ce qui avait contraint à remonter quelques années auparavant la télécabine, que la glace menaçait de détruire.
Mer de glace, des chiffres et des lettres… qui font peur !
Un monde féérique qui disparait… quelle tristesse
Et quel désastre écologique la disparition de cette immense réserve d’eau et de froid…
On en est à quelle hauteur d’escalier ?
Environ 480 marches cet été.
Je me dis parfois que j’aurais bien voulu naître trente ans plus tôt, pour voir les glaciers en forme.
Là je pense que dans cinq ans on lira certaines pages de romans alpins ou autobiographies alpines comme je lis Jean Malaurie sur les Inuit du Groenland : des instantanés d’un monde perdu, heureusement documenté par des témoins et des photos ; de quoi rêver.
Il ne me reste plus qu’à travailler mon imagination. Qui elle aussi s’étiole avec les années, dommage, on en aura bien besoin.
Qui sait, au point où on en est, ça finira peut-être en réalité virtuelle, augmentée et améliorée : on aura la sensation de l’air vif, les bruits, les textures, le paysage de glace, le tout grâce à des lunettes dans un appartement bien climatisé. Ou dans un bar à rêves comme il y a des bars à chats.
Je vais finir par les mêmes mots que dans un paquet de messages ces temps-ci : nous sommes fous.
Mon souvenir de ma première vallée blanche au printemps 1969, on sortait direct du glacier sur le Montenvers, je n’ai pas le souvenir d’avoir déchaussé, juste peut être d’avoir pédalé à skis en traversée …
Ai je juste ?
Nous sommes descendu ensuite à skis jusqu’à quasiment la gare de Cham
Merci @Michel-Chx pour cette vidéo…
C’est d’une tristesse absolue.
Mais soyons positif…on a pas trop le choix.
Merci gug.
Oui soyons positif, continuons à admirer et à fréquenter ce beau glacier, en attendant des jours meilleurs, si ce n’est pour nous, ce sera pour nos enfants.
A l’époque romaine elle était encore plus en retrait. Dans la vie d’un glacier ce n’est qu’une péripétie, de petites ou grandes avancées, en petits ou grands reculs, selon les éternelles fluctuations climatiques.
Surveillons le Glacier des Bossons, c’est le premier à réagir lorsqu’un changement intervient.
30 ans, oui. Mais ni plus ni moins, hein!
Parce que moi, aller bosser tous les jours 14 heures à la mine pendant le petit âge glaciaire, par exemple, ça ne me botterait pas trop (même si j’aurais peut-être eu la chance de voir de loin de beaux nobles anglais qui partaient avec leur ombrelle pour la Mer de Glace… mais qui mouraient quelques jours plus tard d’une bête infection parce que personne n’avait eu l’idée de découvrir la pénicilline).
Sur l’histoire de l’humanité, il y a eu une micro-infinitésimale-période où les conditions climatiques et sociales ont permis à la majorité des européens de profiter (s’ils le voulaient) de beaux glaciers… on est un tout petit peu trop tard, mais n’oublions pas qu’une période ne se résume pas au seul état des glaciers. Il fallait atteindre un niveau de confort très élevé pour pouvoir les voir et en profiter.
C’était ma pensée moralisatrice.
Ceci dit, oui, c’est triste, ce que l’humanité a sacrifié sur l’autel du confort d’une partie d’entre elle (dont nous faisons partie).
Pour être optimiste, oui, tu es optimiste!!
Hem hem? Tu cites des études qui datent de quand et de quel glacier, pour faire ce genre d’affirmations?
Parce que sans vouloir être affirmatif, en tout cas pour plusieurs glaciers, on s’approche plutôt du minimum de l’Age du Bronze… le problème, c’est qu’une étude qui a deux ans est déjà dépassée. et c’est là où on ne peut pas parler de fluctuation glaciaire déjà vue, comme tu le dis : [quote=« Michel-Chx, post:7, topic:196536 »]
Dans la vie d’un glacier ce n’est qu’une péripétie, de petites ou grandes avancées, en petits ou grands reculs, selon les éternelles fluctuations climatiques.
[/quote]
Non, ce qui se passe actuellement n’est pas une fluctuation naturelle. Il s’agit d’une disparition extrêmement rapide d’un équilibre qui dure (malgré de nombreuses fluctuations certes, mais moins rapides) en tout cas depuis la fin de l’Age du Bronze, mais sans doute nettement auparavant.
Il me semble que dans les années 90, il était encore possible d’être climato-sceptique sans volontairement se voiler la face. Mais maintenant, désolé, mais il faut vraiment le vouloir pour être aussi aveugle.
Ceci dit, je suis responsable de cet état de fait et je suis attaché à mon confort, donc j’essaie de ne pas jeter la pierre à quiconque.
Mais arrêtons de parler de fluctuation normale, c’est simplement insensé.
Maintenant, il est possible qu’un élément change la donne brutalement… des éruptions volcaniques ou que sais-je, et que cette disparition de l’équilibre actuel soit annulée… mais c’est très peu probable.
On doit être loin maintenant des 4h de marche pour rejoindre le refuge du couvercle!
parce que près de 500 marches à descendre et autant de mètres à remonter de l’autre côté, il faut bien une heure de plus!
Enfin!! je me demande si les crampons sont toujours utiles?..
bah faut pas d’études scientifiques pour ca, il suffit de lire les auteurs sur l’histoire romaine… Par exemple la traversée des Alpes de Hannibal en hiver (Tite Live 21,31 ->37) ou par pompée, César et autres…
Recul période romaine, c’est selon les glaciologues Luc Moreau et Sylvain Coutterand.
Également l’historien du climat E Leroy Ladurie.
Ils ne sont ni pro réchauffistes ni climato sceptiques, mais scientifiques, donc inutile de ramener chaque fois ces éternels arguments.
Non, ce ne sont pas des écrits scientifiques, tout ce que tu cites est de la propagande (en très résumé)… donc tu peux certes te faire une idée, mais pas la confronter avec des faits avérés. Selon la science, les glaciers étaient à peu près identiques à ceux que nous rencontrions il y a quelques petites années et pas loin de ceux que nous rencontrons actuellement, mais surtout ils n’étaient pas en train de disparaître à grande vitesse comme aujourd’hui. Pas du tout.
Bien sûr que les glaciers de l’époque romaine avaient à peu près la même ampleur que ceux d’il y a quelques petites années (tout le monde est d’accord sur ce point, cela dépend de quel glacier et de quelle année, mais on n’est pas loin des glaciers actuels, certes, seulement 2017 est déjà loin des études de 2015, par exemple, c’est cela que je voulais te faire remarquer!!!)
Par contre, aux alentours du changement d’ère, on n’est pas du tout dans la même logique qu’aujourd’hui (il s’agissait de la fin d’une période assez chaude de plusieurs centaines d’années) : aujourd’hui,on n’assiste pas à un recul naturel mais à une disparition quasi-instantanée.
Oui, 2017 est une année exceptionnelle, à voir si les quelques années suivantes se poursuivront dans ce sens ou non.
Remarquez tout de même que le glacier des Bossons, très réactif, était arrivé à un point d’équilibre 3 à 4 ans avec une légère poussée, avantage détruit par cet été caniculaire.
C’est pour cela que je pense que tout est possible à moyen terme (quelques décennies).
Je connais Luc, et Sylvain est un ami, nous parlons souvent de ce sujet, et personne n’a de grandes certitudes à long terme.
A l’échelle de la terre, on est donc bien dans une période froide, personne ne l’a contesté. On est même en pleine glaciation, si on veut être provocateur, c’est une évidence.
C’est à l’échelle de ce qu’on appelle l’optimum climatique que l’on assiste à une rupture sans précédent. La rupture est presque incontestablement due à notre influence sur le climat. L’homme peut s’y adapter. L’homme aura de la peine à s’y adapter avec son confort. Et les glaciers ne s’y adaptent pas. C’est physique.
Cette rupture peut cesser pour diverses raisons, mais c’est peu probable, c’est tout.
Et le problème, c’est que si l’on assistait à une nouvelle rupture dans l’autre sens (retour du froid), elle risque d’être plus facile à gérer pour les glaciers, mais encore nettement plus difficile pour les hommes. En tout cas personnellement, je n’aimerais pas que des volcans entrent en éruption partout sur la terre ou vivre je ne sais quel autre cataclysme qui pourrait contrecarrer le réchauffement ultra-rapide que nous vivons aujourd’hui.
Ce n’est pas parce que tu les connais que ça va changer quoi que ce soit. Personne ne connaît l’avenir, mais on peut connaître plus ou moins le passé. Alors si tes potos peuvent citer une seule décennie durant laquelle les glaciers ont fondu avec une pareille rapidité que la dernière au cours de l’histoire de la terre, je ne parlerai plus de rupture « anormale ».
Je n’ai jamais dit qu’il faisait trop chaud pour la terre, j’ai dit que le réchauffement instantané (100 ans = instantané) actuel est une rupture jamais vue, en tout cas au cours de l’holocène, sauf erreur ou omission. Mais je suis ouvert, cite-moi une autre époque où cela se serait passé. Même avant l’holocène (bien sûr, c’est plus difficile), si tu veux, ça m’intéresse.
Une légère poussée en longueur, certes, mais cela correspond-il à une augmentation du volume de glace (épaisseur/longueur)??? Sauf erreur non. Il me semble que le volume est en baisse constante même aux Bossons, non?
Mais je t’accorde que je ne connais pas le cas précis des Bossons.
Non, c’était une augmentation d’épaisseur et de largeur au niveau et au dessus de la fracture.
En longueur, plus possible à cause de la fracture et des chutes de séracs.
Regarde les photos au dessus et au dessous des images de ce lien, c’est très net, et Ludo Ravanel (glaciologue géomorphologue) l’avait pronostiqué.
http://glaciers-climat.fr/Bossons_2/Glacier_des_Bossons_2.html#28_juin_2015.
Ça faisait bien plaisir !
Il y a eu une rupture brutale et même catastrophiques entre les 2 vagues du PAG. Les glaciers étaient plus importants que maintenant, mais ce réchauffement entre 2 vagues froides a eu des résultats violents au niveau des glaciers.
Oui, c’est vrai que c’est joli… mais ça ne concerne que la glace qui est juste au-dessus de la barre rocheuse… le reste du glacier peut avoir perdu du volume malgré cet effet réjouissant dans la partie terminale.
Quoi qu’il en soit, tant mieux pour le cas particulier. Je me souviens de ma jeunesse, quand le Glacier de Pré de Bard avait fait une petite poussée au début des années 2000. Comme on est au-dessus d’une barre rocheuse, il y a des irrégularités qui vont parfois dans le bon sens pendant quelques mois/années. Bien sûr que c’est réjouissant, mais ça ne s’inscrit pas dans la logique globale, désolé d’être pessimiste.
Je te rappelle ma requête : si tu peux me citer une époque au cours de l’holocène (même hors optimum climatique) ou même n’importe quand dans l’histoire de la terre (mais il est sans doute impossible d’être assez précis avant l’holocène) qui a connu un réchauffement instantané comparable à celui que nous vivons actuellement, je suis intéressé.
Or l’homme moderne a construit sa réussite avec le climat de l’optimum. Saura-t-il s’adapter à la sortie de l’optimum, je pense. Mais je ne pense pas qu’il saura adapter son confort… mais ça, c’est du domaine idéologue et c’est sûr qu’on n’en sait rien.