Meije paumatoire ? + matériel pour la traversée

Salut à tous,

Ce week-end je pars faire la traversée de la Meije.

Première question :
En ouvrant le topo c2c j’ai failli faire un syncope tant le topo est détaillé au cailloux prêt (du moins c’est l’impression que j’en ai). Est-ce que l’itinéraire est si pomatoire que ça (nécessitant alors d’apprendre le topo par coeur) ou alors est ce que globalement le cheminement est assez évident ?
Je précise qu’on est une cordée habituée aux courses d’arête, notamment en Belledonne où les topo c’est plutôt du genre : « un peu à droite puis après au mieux jusqu’au sommet ».

Deuxième question :
Sur le topo il est écrit : « Suivre les câbles : descente, traversée horizontale (60 m) puis remontée d’un couloir–goulotte raide (70°, sortie en cheminée mixte) jusqu’à la brèche entre la Dent Zsigmondy et la 2e dent. »
Quand je lis goulotte mixte à 70° je m’attends à avoir 2 pioches. Or il ne semble pas que ça soit le choix usuel. Est-ce qu’on tire bêtement sur les câbles dans ce cas ?

Merci d’avance pour vos réponses.

1 - Mon parcours remonte à avant l’effondrement, donc ça a pu changer mais j’ai souvenir d’un passage pas évident à trouver pour contourner la muraille Castelnau. Le reste est plutôt logique dans mon souvenir.

2 - Si le câble est dégagé tu peux t’en servir, en complément d’un seul piolet ça passe bien. Même si comme toujours, les conditions du moment peuvent rendre ce passage plus ou moins facile. Attention cependant à ne pas faire l’erreur de se longer dessus en mode via ferrata.

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Bonjour laurentz03,

Ecoute, je l’ai faite en 2003 avec un guide et quand on est arrivé au pied de la dalle des Autrichiens ou de la dalle Castelnau (je ne sais plus laquelle), on avait aperçu une cordée qui, avant notre arrivée, était partie errer très à droite de l’endroit où nous étions et qui, ayant vu du monde de notre côté, revenait.

Le problème est que les erreurs d’itinéraire même minimes, dans cette course, font perdre du temps. Nous, du Promontoire à l’Aigle, on avait mis 9 heures. Mais les cordées sans guide sont arrivées bien après nous. Il se dit que certains arrivent même à l’Aigle à la nuit… J’ai toujours entendu dire que la traversée de la Meije, c’est assez paumatoire, comme les Enfetchores (en patois local, « s’enfetcher » veut dire « se perdre »). Il faut dire que le père Gaspard et Boileau de Castelnau avaient eu le génie de l’itinéraire pour contourner les difficultés !

Pour le couloir Zsigmondy, en 2003, les câbles étaient assez hauts dans la 1ère partie et je les avais à bout de bras, m’aidant de mon piolet (un modèle classique) de l’autre. Je ne dis pas que la remontée a été facile (c’était physique), mais c’est passé. Un ou deux ans plus tard, les câbles avaient été repositionnés pour faciliter leur utilisation. Deux piolets ou pas, ça dépendra, je pense, du positionnement des câbles et de l’état du couloir (neige dure, glace et de quel type ?). Nous, avec un seul piolet, ça passait. La gardienne du Promontoire devrait pouvoir vous donner des infos.

Merci pour vos réponses.
Si vous le dites je vous fais confiance sans problème. C’est qu’à force j’ai compris que certains topo c2c sur les classiques sont un peu trop détaillés et donnent l’impression qu’une course est en TD alors que c’est du PD+.
Evidemment c’est la Meije alors vu toutes les histoires autour il ne vaut mieux pas la sous-sestimer ! On va donc potasser un peu le topo quand même et peut-être prendre une trois pioches pour deux…

Le record est à plus de 48h d’après la gardienne…

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Avec les photos je trouve que ça aide vraiment

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En ouvrant le topo c2c j’ai failli faire un syncope tant le topo est détaillé au cailloux prêt (du moins c’est l’impression que j’en ai). Est-ce que l’itinéraire est si pomatoire que ça (nécessitant alors d’apprendre le topo par coeur) ou alors est ce que globalement le cheminement est assez évident ?

C’est pas évident, surtout le début de nuit jusqu’au glacier carré
Je me suis paaumé plusieurs fois, et j’ai complété le topo pour que d’autres ne fassent pas les mêmes erreurs

Je précise qu’on est une cordée habituée aux courses d’arête, notamment en Belledonne où les topo c’est plutôt du genre : « un peu à droite puis après au mieux jusqu’au sommet ».
[/quote]

Mais c’est pas une course d’arête jusqu’au Grand Pic, c’est bien paumatoire.
Après le Grand Pic, l’itinéraire est plus simple, mais les rappels du doigt de Dieu sont pas faciles à trouver…

Quand je lis goulotte mixte à 70° je m’attends à avoir 2 pioches. Or il ne semble pas que ça soit le choix usuel. Est-ce qu’on tire bêtement sur les câbles dans ce cas ?

Fin juillet 2023 le cable était quasi partout dégagé et il y avait de bonnes marches, c’était facile. Mais en juin?

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+1, et même si on est plus lents et que le jour arrive vers la dalle Castelnau.

Attention quand même, la Meije ce n’est pas les Grandes Jo’ mais ça reste une course longue et sérieuse.

Le topo en question : Camptocamp.org

Ouais, mais par exemple la traversée du Grand Pic de Belledonne, c’est 300 m de déniv d’arête/face pour atteindre le sommet + 340 m d’arête à vol d’oiseau pour atteindre la Croix de Belledonne.
Alors que la traversée de la Meije, c’est 900 m de déniv pour atteindre le sommet + 550 m d’arête à vol d’oiseau (et à presque 4000 m) pour atteindre le glacier.

Ce qu’il manque dans le topo c2c, ce sont des indications d’altitude et déniv. et on s’apercevra que 3 lignes de description concerne plutôt 200 m de déniv que 20 m, c’est raisonnable.

A savoir qu’il n’y a pas de problème à monter au Grand Pic sans topo, c’est jusqu’il y a beaucoup de variantes juste un peu plus difficiles, ou plus difficiles, certaines avec des goujons car on rejoint une voie équipée. Il y a des pitons un peu partout, car il y a des voies ou des variantes de voies, les pitons ne sont pas forcément issus de fourvoyages.

Regarde le topo… Ah non, cette info n’est pas dans le topo c2c.
Ben voilà, le topo n’est pas assez précis.
Faudrait savoir : il est trop précis ou pas assez précis ? :slight_smile:

C’est une goulotte, donc il y a du rocher autour en plus du câble, on peut se contenter d’un piolet + l’autre main sur le rocher.
Si on craint que le rocher soit verglacé et le câble inaccessible ou enfouis sur une portion (ça arrive), le leader peut prendre 2 piolets.
Mais généralement, piolet d’une main et câble ou rocher de l’autre suffit. C’est sûr qu’on randonne moins que dans le rocher pur, en plus faut poser des protections sur le rocher ou le câble (faut parfois se décaler pour les poser), mais on rejoint l’arête quand même.

Si ya du monde ya qu’à suivre. Mais moi j’étais trop lent. Arrivé en bas du couloir Duhamel on était seuls et sans être à proprement parler paumés (on savait qu’on était au couloir Duhamel) on n’a pas trouvé le passage …
On était trop justes techniquement et en manœuvres de corde de toute façon. Si tu as de la marge moins de souci et tu devrais pouvoir suivre les autres.

Dans la montée au Grand Pic, je trouve qu’il y a beaucoup de passages « obligés » (surtout avant le glacier carré). C’est pour ça que le topo est détaillé avec plein de petits noms sympas. Donc bien connaitre le topo et l’avoir compris permet d’aller assez vite sans se poser trop de questions. C’est un peu plus complexe qu’un itinéraire du type « monter en restant toujours au plus facile ».

D’ailleurs la montée au Grand Pic c’est plus une face qu’une arête. Donc pas toujours de signe directrice évidente.

Et si le câble est encore (ne serait-ce que sur 5m) enfoui, alors 2 piolets pour le leader seront confort. Mais câble enfoui ou non, c’est une info que peut donner le refuge je pense.

Le reste des arêtes est plus facile et évident.

Et s’il y a un risque d’orage dimanche (et même si pas de risque d’orage), une stratégie très sympa est :

J1 : montée au refuge du Promontoire
J2 : montée au Grand Pic et bivouac au sommet. Il y a un bon emplacement pour 2 personnes. Quel bivouac ! Penser à recharger de l’eau au glacier Carré.
J3 : fin de la traversée et retour à la voiture. En partant à 6h du Grand Pic quand il fait jour, on passe sans trop courir à 12h à l’Aigle.

Inconvénients : on ne dort pas à l’Aigle qui est sympa et il faut porter le matériel de bivouac.

Mais en avantages : on fait tout de jour et on n’est jamais pressé par l’horaire. On est en décalé donc toujours tout seul tranquille (sauf au sommet du Grand Pic où ça passe à toute heure, les gens sortant de différentes voies…).

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Sérieux?
C’est sûr que le spectacle doit être magnifique…
Bon j’imagine que ton j2 était le samedi en supposant qu’il y ait pas trop de risques d’orage ce jour-là mais ca m’a fait rire.

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lol oui, J2 est le samedi… :smiley:

Pour le WE prochain, ça collerait bien… Avec un samedi beau, chaud et sans vent. Idéal pour un bivouac perché. Et un dimanche plus suspect où il faut potentiellement avoir fini tôt…

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Quelques petites nouvelles postées il y a deux heures par la gardienne du Promontoire sur Facebook.
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Nous avions légèrement surcoté le topo de la Traversé de la Meije. Grosso-modo, c’est AD pour monter au Grand Pic, puis AD pour la 2ieme partie => on avait donc mis D- pour l’ensemble au lieu d’AD+.

La montée au Grand Pic n’est pas plus paumatoire que la plupart des itinéraires similaires dans les Ecrins. Voir beaucoup moins compte tenu des nombreuses « marques » permettant de « repérer » l’itinéraire. On peut repérer l’itinéraire la veille après être monté au refuge, au lieu de boire des bières sur la terrasse. :slight_smile:

On ne prend généralement qu’un seul piolet, comme c’est indiqué sur c2c (cf Camptocamp.org)
S’il faut 2 piolets par personne, 10 broches/camalots/pitons … :slight_smile: c’est qu’on n’est pas au bon endroit ou que les conditions ne sont pas bonnes et qu’on explosera donc l’horaire avec tous les risques induits sur cette arête prenant bien l’orage.

Si on souhaite bivouaquer au sommet, on peut monter par l’Arête W bien plus intéressante, sauvage et soutenue, que l’autoroute de la voie normale. Camptocamp.org

Certes… mais Belledonne ne se résume pas au Grand Pic et il y’a des chevauchées bien plus longues que la traversée de la Meije. Pourtant pas de topo aussi détaillé.
Néanmoins tout le monde à l’air de s’accorder pour dire que ça ressemble plus à une face qu’à une arête sur la première partie : justifiant donc la longueur du topo.

Une description d’itinéraire n’a aucun rapport avec le matériel à embarquer ?
Mais bon chacun son avis sur la question…

En tout cas merci à tous pour vos réponses. Ce qui est sûr c’est que cette course semble concentrer un paquet d’histoire.

Le problème avec la traversée de la Meije est que le rocher est excellent en général, et jamais mauvais. On ne peut pas compter sur un rocher nettoyé et meilleur sur le bon itinéraire qu’à côté de l’itinéraire. Tout au plus on peut regarder l’usure des prises, mais parfois elles sont sales et ne brillent pas (il n’y a pas de vraie patine, mais le grain est émoussé par rapport à l’origine). Pas toujours facile quand on a la tête dans le guidon (c’est souvent du 2/3, on randonne).
Si on a un peu de marge (savoir grimper en grosse une dalle à réglette en 5b/c, et une dalle en adhérence en 5a/b), on peut se contenter de connaitre les passages obligés, et entre 2 passages obligés, viser « au mieux là-bas là d’dans ». Si on ne prend pas au plus facile, pas grave, on fera du 5b au pire.

Pour sûr : c’est une grande page de l’histoire de l’alpinisme. Je peux te conseiller, si tu le trouves d’occase, l’excellent ouvrage d’Isselin qui conte fort bien le « paquet d’histoire » en question.