Manifeste du
COMITE REVOLUTIONNAIRE ANTI-ENTRAINEMENT
L’escalade est née libre et partout elle est dans les fers. Les grimpeurs, esclaves modernes, s’enchaînent à leur pan, à leur poutre, à leurs prises. Ils se terrent dans leur garage, adonnés aux tractions, s’entassent dans des salles bondées et respectent religieusement les codes couleurs de la résine. Ils sacrifient la nature à des « structures artificielles » et la culture au culte narcissique du moi. Pour la première fois peut-être dans l’histoire, il devient admis que la pratique d’une activité nuit à cette activité –Adam Ondra a déclaré que quand il grimpe exclusivement en extérieur il régresse en niveau. Par un étrange renversement, l’entraînement, qui était le moyen, devient la fin. Le mérite lui-même menace d’y périr puisque dans ce système absurde l’on nous propose d’admirer davantage le forçat qui aura investi un temps et un effort démesuré que l’homme mesuré qui aura accompli beaucoup avec peu de moyens. Les héros deviennent pathétiques, qui n’ont plus à mettre en avant, pour justifier de véritables sièges dans certaines voies, que la seule ténacité morale. Comme si l’acharnement à crisper des prises de plus en plus petites pouvait donner un sens à une vie. Quant aux grimpeurs moyens qui croient trouver dans l’entraînement une source de plaisir et de bien-être physique, ils ne réalisent pas à quel point ils sont victimes d’une véritable addiction qui atrophie leurs autres facultés humaines.
Il est temps de le proclamer haut et fort :
S’ENTRAINER C’EST TRICHER
Les grimpeurs membres du CRAE, s’engagent en conséquence
- A ne jamais grimper en salle pour progresser en niveau (si c’est pour y faire des rencontres, ou même simplement s’y rincer l’œil c’est autre chose)
- A vivre dans des lofts dénués de portes (on sait trop la tentation des chambranles)
- A ne jamais faire dormir les enfants dans des lits superposés
- A cliquer exclusivement sur les vidéos de chatons sur Youtube afin de contrecarrer la propagande pro-entraînement
- A ne pas posséder de garage ou à consentir des inspections inopinées de celui-ci