Mallory et Irvine, confrontés à des chutes soudaines de PO2

Selon une équipe de chercheurs canadiens la concentration d’oxygène a chuté dramatiquement lors de la tempête que les deux alpinistes ont enduré a proximité du sommet. Selon cette équipe cette chute soudaine de la concentration d’oxygène à cette altitude, serait en partie responsable de la mort des deux alpinistes.

Ce jour là, la pression barométrique est descendue de 18mbar au camp base de l’Everest. Pour comparaison, la pression barométrique est descendue de 8mbar au CB lors de la tempête qui a tué 8 alpinistes en un seul jour lors de la catastrophe de 1996.

Source: http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/nepal/7925594/Mallory-and-Irvines-Everest-death-explained.html

Question perso: Jusqu’à quel point les variations d’oxygène sont importantes quand on progresse avec de l’oxygène en bouteille comme c’était sans doute le cas de Mallory et Irvine?

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Posté en tant qu’invité par @lpinist:

Merci Bacchus pour cette veille journalistique anglo-saxonne !! :slight_smile:
Interesting

Intéressant, en effet.
Il me semble que même avec des bouteilles d’oxygène, la pression atmosphérique joue un rôle important dans l’absorption au niveau des alvéoles pulmonaires. Cette chute de pression a donc probablement du rendre plus difficile l’oxygénation des alpinistes.

c’est sûr, la pression a son importance, ils n’étaient pas dans un scaphandre étanche.

Tu peux être dans un scaphandre étanche et à pression ambiante. :slight_smile:

Il faut avoir une pression partielle d’oxygène au minimum de 0.18 bar (0.21 au bords de la mer).

A 8 846 m d’altitude on a une pression de 31 382 Pa soit 0.31 bar il faut donc respirer de l’air à au moins 60% pour en théorie être « vivant ».

Je doute fortement que l’on respire de l’O2 pure avec le système respiratoire. Il se pourrait que l’appareil doive se régler à la main et du coup ils ont pas pu prendre en compte la chute de pression du a la météo.
Après je suppose j’en sais rien.

oui, désolé, je voulais dire dans un scaphandre pressurisé… à l’époque les appareils respiratoires n’étaient probablement ni très efficaces, ni très fiables. on raconte que mallory est monté avec irvine non parce que celui-ci était le meilleur alpiniste mais parce qu’il était le meilleur bricoleur et savait bidouiller efficacement les appareils.

Ce que je trouve intéressant est que pour les alpinistes qui essaient aujourd’hui sans l’air en bouteille et qui vont à son limite, il faut qu’ils fassent vachement attention aux changements de pression atmosphérique dus aux changements soudains de temps.
Je n’y avais jamais pensé.

En plus j’imagine qu’ils sont de toute manière hors des conditions normalement vitales.

Un peu comme les apnéistes qui vont se balader à -150m …

je suis peut etre naif, mais une tempete, à 8000m, quand t’es au bout de tes forces, indépendamment des questions de pression, peut facilement t’achever à cause du froid, de la difficulté à progresser , de la perte de l’itinéraire, etc etc

Certes, certes. Deux commentaires néanmoins:

  • j’imagine que l’on arrive avant « au bout de tes forces », si soudain il y a moins d’oxygène que « prévu ».

  • la chute de pression précède l’arrivée de la tempête, non?

Donc, en définitive ça peut être un facteur supplémentaire dans un éventuel erreur de calcul (timing, forces… etc). Avec le surplus de la tempête qui ne saura pas tarder… Mauvais plan.

L’article dit surtout que la baisse de pression de 18mb est caractéristique d’une tempète extrêmement violente.

Ils ne disent pas que les alpinistes seraient mort à cause d’un manque d’oxygène, bien qu’une défaillance matérielle due au froid n’est pas à exclure.

La pression commence à chuter avant que la tempête soit là, mais ensuite le pic de mauvait temps arrive soit en même temps que le le minimum de pression, soit avant dans le cas où on traverse l’oeuil du cyclone. En fait les vents les plus forts sont à attendre là ou la variation spatiale de pression est la plus forte.

L’ambiguité vient peut-être d’un paragraphe rapellant ensuite les dangers de la faible concentration d’oxygène au sommet. Mais en général, les masques pour alpinistes délivrent de l’oxygène à flux constant (comme une bouteille de gaz domestique, mais avec débit reglable). Si le système ne comporte pas trop de fuites, la variation de la pression extérieure ne devrait pas modifier la pression partielle d’O2 dans le masque.
Par contre, la baisse de la température fait que la bouteille apparaitra vide plus tôt (baisse de la pression interne).

Je pense que seule la pression partielle d’oxygène importe. Les astronautes en scaphandre respirent de l’oxygène pure, le scaphandre étant pressurisé à 0,2 bar (pressuriser à 1bar rendrait les mouvement extrêmement difficiles par effet « ballon de baudruche »).

Tu es sur? Respirer de l’O2 a 1 bar de Pression partielle 24h/24 me semble pas très conseillé. Ils ont pas plutôt des recycleurs qui captent le CO2 avec de la chaux?

J’apporte ma petite pierre à la discussion. Je préfère prévenir, je suis un peu long….

Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, je rappelle que la composition de l’air ne change absolument pas avec l’altitude, à 8000 mètres on a toujours 21% d’oxygène et 79% d’azote.

La pression diminue avec l’altitude. Au niveau de la mer on a une pression de 1 atm = 1,013 bar. La pression partielle d’oxygène est donc de 0,21 bar (à peu près). Là on vit très bien.

A l’Everest on a une pression totale de 0,31 bar, c’est à dire 3 fois moins qu’au niveau de la mer. La pression partielle d’oxygène est donc de 0,0651 bar, soit 65 mbar.

Si on voulait avoir la même pression partielle d’oxygène à l’Everest qu’au niveau de la mer, histoire de gravir ce sommet sans effort, il faudrait respirer un air enrichi artificiellement à 65% d’oxygène. Sur les grands sommets himalayens (Everest, Kanchenjunga, Lhotse, Makalu et pas les autres !!) il est donc intéressant d’ajouter de l’ox à l’air ambiant que l’on respire, sans changer la pression.

En pratique, enrichir à 65% demanderait trop d’oxygène pur en bouteille. Comme on inspire en moyenne 8 L d’air par minute au niveau de la mer, soit environ 25 L/min là haut, il faudrait rajouter 31 L/min d’oxygène pur détendu à la pression de là haut. C’est énorme !
On se contente donc d’ajouter un peu d’oxygène pur (3L/min il me semble) pour descendre artificiellement de 1000 mètres. Du coup faire l’Everest avec Oxygène revient à gravir un sommet de 7800 mètres.

Petite remarque, si des Sherpas sont là pour porter les bouteilles (et le reste), gravir l’Everest semble donc plus facile que de faire les autres 8000 sans ox !!! (Je dis semble, car ayant fait un 8000 sans ox mais pas l’Everest je ne peux pas en témoigner). Ceux qui me comprendront iront faire des 8000 moins fréquentés et sans oxygène au lieu d’entasser d’autres bouteilles au col sud de l’Everest….

Voilà pour les pressions. Maintenant passons à ce qui nous intéresse, la vie !

On peut lire qu’il faut un minimum de 18% d’oxygène dans l’air pour pouvoir vivre. Cela sous entend au niveau de la mer, pour un individu non acclimaté, à 1 atm. Cela fait donc une pression partielle minimale de 0,18 bar = 180 mbar. Or je rappelle que la pression partielle d’oxygène au sommet de l’Everest est seulement de 65 mbar, donc trop peu pour vivre…. Si vous plantez une personne non acclimatée tout d’un coup là haut, elle meurt d’asphyxie, pas la peine d’essayer !!!

Heureusement l’acclimatation permet de repousser les limites de tolérance du corps humain. Sans acclimatation, le mini de pression partielle pour vivre est de 180 mbar, or Messner et autres vainqueurs de l’Everest sans ox ont permis de constater que l’on peut « vivre » à 65 mbar d’ox. Conclusion l’acclimatation permet de supporter une perte allant jusqu’à 120 mbar de pression partielle d’ox. Magnifique !!!

J’en reviens à la perte de pression barométrique lors de grosses dépressions. Si on perd 13 mbar de pression totale et si on suppose qu’il en est de même au sommet (j’en doute car ce n’et pas linéaire), on se retrouve à une pression partielle d’oxygène au sommet de 61 mbar au lieu de 65 mbar, soit une perte de 4 mbar d’oxygène. A comparer avec la perte de 120 mbar que le corps peut encaisser.

J’en arrive à ma conclusion… (si vous n’avez pas zappé ma réponse car trop longue, bravo !). Une grosse baisse de pression barométrique lors d’une tempête diminue la pression partielle d’ox, c’est sûr.

Par contre, cette perte de pression est si faible (en comparaison avec le reste) que je suis assez peu convaincu qu’une tempête puisse aggraver les effets de l’hypoxie rien que par la baisse de pression supplémentaire qu’elle provoque. Soit on est sur un « petit » 8000 et on en est pas encore aux limites extrêmes de l’asphyxie (on peut pousser le bouchon un peu plus loin), soit on est sur un des 4 « gros » 8000 et dans ce cas on tourne le bouton du détendeur d’un poil pour rajouter un mini d’ox en plus .

Le vrai débat sur les victimes en très haute altitude, c’est que la connerie ne pardonne pas là haut. Au Mont Blanc il y a les secours, la bas il n’y a rien. J’ai vu assez de morts en Himalaya pour dire que ce n’est pas la baisse de pression due à une tempête qui tue, c’est la vanité et la bêtise.

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la baisse de pression supplémentaire due à la tempête est faible, certes, mais brutale. ceci explique peut-être cela ?

(18, c’est 18 et pas 13)

une perte de 4 mbar est un 6% moins d’oxygène, soit l’équivalent à monter 500m de plus à cette altitude et se retrouver soudainement à 9400m.
Je pense que ça peut faire une différence, non?

ouaip, j’aime bien cette idée de chute brutale.

Quelqu’un sait comment fonctionne les appareils respiratoirs? Juste une injection d’O2 ou un recyclage des gaz expiré avec de la chaux?

Posté en tant qu’invité par Hugues725:

Je suis d’accord.
Le fait que la pression atmosphérique baisse avec le mauvais temps est très loin d’être un scoop. Au niveau de la mer, on sait bien qu’un beau temps anticyclonique (1020 à 1030mbar voire plus) peut très bien laisser rapidement la place à une dépression bien creuse à 990mbar voire moins, soit une chute de 30 à 40mbar. Et ce n’est pas ça qui est difficile à supporter mais bien le vent, les précipitations voire la baisse de température qui accompagne la dépression.
Sur l’Everest, c’est pareil, c’est pas la baisse de pression qui pose le plus de problèmes même si elle est effectivement déjà très faible par rapport aux besoins physiologiques. Si tu es pris par le mauvais temps là haut, la première chose à faire est de redescendre ou de se mettre à l’abri et alors tes besoins en oxygène sont beaucoup plus faibles que ceux nécessaires pour fournir l’effort que demande l’ascension.

J’ai par contre une remarque sur ton message. Tu indiques que l’air est composé de 21% d’oxygène et de 79% d’azote. Tu as oublié le gaz carbonique ! Le fameux C02 dont la teneur augmente de manière exponentielle, qui est parti pour rester des siècles et qui va causer une hausse des températures dramatiques, faire fondre les glaciers et faire monter de plusieurs mètres le niveau des mers !! Si un membre du giec lis cette discussion, tu vas te faire incendier ! :wink:

Le CO2 représente actuellement 0,035% de l’atmosphère, ce qui ne l’empêche pas d’avoir de grands effets sur le bilan thermique terrestre. Mais pour la discussion qui nous occupe, on peut effectivement le négliger.

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Bon, quand on parle de chute brutalle de pression en météorologie, c’est sur quelques heures, une heure dans les cas extrêmes, pas en 5 minutes !
Ca laisse en tous cas le temps d’adapter le débit d’oxygène.

Posté en tant qu’invité par la baltringue:

je cromprends pas trop pourquoi c’est, selon l’article « le plus grand mystère de l’histoire de l’alpinisme »

des mecs partis pour un sommet et pas revenus sans qu’on sache ce qu’il leur est arrivé, c’est pas ce qui manque, notamment en himalaya…

Mummery au nanga
Duplat et Vignes à la Nanda Devi
ou plus récemment, marco siffredi ou Lafaille

pourquoi vouloir à tout prix chercher une raison ? quand on voit leur equipement, on comprend qu’ils n’avaient aucune chance de réussir, de toute façon.