Mal des rimayes... sans rimaye

[quote=« ThomasR, id: 1138987, post:37, topic:108265 »]Merci à tous, des plus encourageants aux plus « botte-toi le cul », d’avoir lu et répondu à mon message. Merci aussi à la personne anonyme (« Guest ») qui m’a envoyé un mail et que je n’ai pu identifier, et autres mails ou MP ou messages via fessebouc. J’ai pu lire beaucoup de choses intéressantes et encourageantes.

Mon stress est plutôt présent dans deux cas (qui peuvent s’additionner) : course longue ou difficile ou engagée pour mon niveau, ou compagnons que je connais mal ou pas ou que je sais d’un niveau physique ou technique supérieur au mien. J’ai donc une telle appréhension de ne pas être à la hauteur (vis-à-vis de moi et de l’autre) avec les conséquences néfastes que cela peut avoir en montagne, que j’amoindris mes chances de succès en pourrissant mes nuits.

Il faut donc que je revoie mes ambitions à la baisse, mais aussi que je prenne plus confiance en moi. A noter que j’ai aussi des interrogations professionnelles importantes en ce moment, qui sont source de « rumination » quand j’ai le malheur de me réveiller la nuit : les causes d’insomnies se cumulent ainsi.[/quote]

Bonsoir Thomas,
Si j’ai un conseil, en période d’interrogation professionnelle, mets la pédale douce sur tout ce qui touche au sport, et la montagne en fait partie. Sorties cool, plaisir avant tout !
L’objectif c’est de se changer les idées.
Tu peux aussi passer à autre chose (par ex, je n’ai pas encore sorti les peaux de l’hiver pour raison d’interrogation professionnelle, mais j’ai fait beaucoup de musique, et du ski de piste avec les enfants (quand même)).
Bon courage.

Posté en tant qu’invité par Pascal F:

Bonjour Thomas,

J’ai lu tes interrogations et les réponses et je voudrais juste te faire part de ce que j’ai souvent ressenti.
Quand est-ce que j’ai eu le mal des rimayes : toujours sur des courses correspondant à mon « niveau max » pour faire simple. Dans ces cas-là quand s’est-il estompé et quand suis-je resté « au lit » ? Il s’est estompé quand je grimpais avec quelqu’un de plus fort que moi et en qui j’avais toute confiance. Un « guide » en quelque sorte. Et dans ce cas, je préférais faire la course tout en second plutôt que de rester au lit. Si une fois parti, je me sentais d’aller devant, j’y allais mais sinon je restais bien sagement derrière et je n’en ai jamais ressenti de frustration par rapport au plaisir d’avoir fait la course. Il ne s’est jamais estompé quand je devais partir avec quelqu’un que je ne connaissais pas trop bien et/ou qui avait à peu près le même niveau que moi.

Quand est-ce que je n’ai jamais eu du tout le mal des rimayes : toujours sur des courses plus faciles ET (que je mets en majuscule car c’est vraiment les 2 réunis) que je partais avec quelqu’un que je devais « encadrer ». Je devais prendre la responsabilité de la cordée. Et j’ai toujours pris un très grand plaisir à faire ces courses dans ces conditions.

Enfin, si je n’étais pas dans un de ces deux cas, j’y allais seulement si je savais que le risque était faible : par exemple, une GV spitée et pas abo avec descente en rappel j’y allais alors que le Migot au Chardonnet, je n’y serais pas allé.

Et une dernière petite chose : j’ai fait une assez grosse chute sur glace il y a bien longtemps maintenant. J’ai toujours eu la trouille ensuite et en redescendant du Mont blanc, pour traverser sur la jonction, nous devions passer entre des crevasses sur de la glace recouverte de petits cailloux. A priori, assez anodin. Et bien, mon pote est revenu me chercher et m’a tenu le bras pour passer. J’étais incapable d’avancer. Juste pour dire que dans une cordée bien constituée humainement, la honte, le déshonneur ou tout ce que tu voudras, n’ont aucune raisons d’être.

Bonne montagne.

Posté en tant qu’invité par XXXX:

Thomas,

Un grand merci pour ce partage d’un vécu assez intime. Je trouve ça très courageux. Venant d’un homme, notamment.
Oui, je comprends les deux types de peur que tu décris. Il semble d’ailleurs que je ne sois pas la seule à qui tes peurs parlent.

J’ai découvert la montagne en arrivant en Suisse. Avant, je croyais que la montagne, c’étaient les pâturages, et qu’au-dessus, c’était inaccessible. Avant, j’avais pourtant pris des risques dans ma vie. Des gros. Des sacrément cons. Avant, je me croyais courageuse. Et montagnarde.

Et puis il y a eu les Alpes. Et moi qui ose leur faire face (mais de quel droit???), en n’y connaissant rien. Avec les Alpes, j’ai fait connaissance avec la peur. D’un coup, comme ça. La peur de la mort. Diffuse. La peur de dangers que cette fois, on ne peut ni choisir ni encore moins contrôler.

Surtout, la peur de me casser les genoux et de ne plus jamais pouvoir courir. Je ne sais pas pourquoi, il y a cette image qui me hante. Qui continue de hanter certaines de mes nuits.

Pourtant, j’ai continué d’y revenir, de l’aimer et de la maudire. Elle. La montagne. Ses chemins, leurs rides puissantes, l’austérité de ses visages aux humeurs violentes et magnifiques. Son souffle froid qui ordonne. Et ce moi qui plie enfin, obéissant.

Et je ne pouvais pas, vois-tu, dire non. Car elle attire et elle broie, c’est comme si j’attendais mon tour…
Mais je suis une fille, rusée à mes heures. Alors je me suis dit qu’il suffisait de trouver un guide…c’est tellement facile. Histoire de laisser passer quelques tours.

Alors pendant un an, j’ai bouffé de la falaise, de la corniche et du glacier. Il croyait que je l’aimais, c’était elle que je courtisais. Il voulait faire de moi son second de cordée, j’ai fait de son amour du hachis parmentier. Un an de ventre qui se tort de peur le WE après s’être tordu d’angoisse la semaine, un an d’insomnies, oui.

Et puis voilà, aujourd’hui je suis de nouveau seule face à elle. Et je n’ai plus peur. Elle est le projet que j’ai choisi, et cette fois, je connais mieux ses maléfices et j’ai accepté mes limites.

Alors quand tu as mal au ventre comme ça, un matin, lève-toi, et cherche un projet de course qui t’appartient, à toi. Invite quelques amis, parles-en à Agnès. Et tu verras comme le chemin sera paisible.

Posté en tant qu’invité par XXXX:

(Oups, je crois que mon message est un peu trop empreint de souvenirs et d’emportement au détriment de la démonstration: ce que je voulais juste dire, c’est qu’un guide n’est pas forcément (toujours) une bonne solution pour pallier à tes angoisses (même si je suis aussi d’accord avec ce que dit Pascal F) car à la peur de la montagne tu peux effectivement rajouter celle de ne pas être à la hauteur. Je crois qu’on n’a plus peur le jour où on est à sa place, et ça demande du temps, de la patience, et un peu beaucoup d’humilité (où je suis très mal placée pour en parler)).

Je trouve ce post hyper intéressant. Je viens de terminer le Paragot-Bérardini "20 ans de cordée " et ce dernier définit le mal des rimayes par une crise « d’alibite » (le repas qui passe pas, mal au foie, on pense à sa mère) etc.
C’est marrant parce que ça m’arrivait souvent de stresser la veille au soir, de penser à mes gamins etc. Et pour être tout à fait honnête, j’ai l’impression que le plus dur en montagne… c’est la veille au soir. De sacrées angoisses des fois.
Au final, j’ai dû accepter ma peur de l’escalade sur rocher, je ne le pratique plus, ça me stresse trop, pendant avant après. Et je note que j’ai beaucoup moins d’angoisses pour les sorties que j’organise moi, pour lesquelles je me laisse toujours de la marge. A écrire ceci, j’ai l’impression qu’il s’agit peut-être d’une peur de l’engagement ce mal des rimayes. En tout cas, les dernières fois que ça m’est arrivé, je me suis forcé à y aller, et évidemment qu’il fallait y aller. Mais bon, je fais les choses à mon humble niveau. De toute manière, je ne veux plus me retrouver dans une situation où pris d’angoisses je ne cessais de me dire « faut que tu te casses de là »…

Même si ça ne règle pas tout, dormir quelques heures, c’est important.

On ne peut pas à chaque veille de course s’épuiser à stresser dans son lit au lieu de dormir.

Donc +1 Freenours: un demi lexomil pris avant de se coucher!

Thomas,
Si tu rencontres des difficultés dans ta vie professionnelle,tu vas vivre un « bruit de fond » de stress dans ta vie de tous les jours, et dès que tu vas devoir t’engager dans une voie ou une rando difficile , ce bruit de fond va s’ajouter au stress normal de la pratique de la montagne. Vas dans du moins dur où tu auras la satisfaction de dominer largement la situation, concentres toi sur le plaisir du geste qui "coule " tout seul, la danse du beau virage à skis ou l’enchainement de pas bien cool dans une longueur esthétique mais facile ( pour ton niveau) en un mot, prends du plaisir à faire fonctionner ton corps au soleil. Tu n’auras pas l’angoisse de décevoir des partenaires, ou de te retrouver dans des situations limites . On n’a jamais rien à prouver pendant les loisirs , seulement du plaisir à en retirer. Bon courage, et dis toi que le sport est là pour nous aider à supporter les contraintes de la vie, pas à se prendre la tête. Relis Rebuffat qui parlait si bien du grain du granit et de l’esthétisme d’une belle arête de neige, et tu repasseras de bonnes nuits sans rimayes béantes, ni plaques sournoises :slight_smile:

En même temps, c’est pas facile de prendre de la hauteur en étant couché.

Bon, Thomas, pour cette histoire de partenaire avec un niveau technique/physique supérieur, ça va vite être réglé vu que je ne vais pas tarder à débarquer dans ton coin. Au pire on finira tous les 2 à EV, j’ai un super pédigré comme hamster. Aprés on ira se torcher à l’apéro et je pipoterai le compte rendu de la sortie comme d’hab.

Vas-y, dis lui carrément qu’elle n’est pas bandante, je suis sûr que ça va lui faire super plaisir …

je ne vois pas bien l’intérêt d’aller à EV avant

Salut,

Je viens de lire ce sujet, et je pense qu’il y a beaucoup à dire sur le stress et la peur en montagne. Aussi je vais essayer d’apporter ma petite pierre à l’édifice: à propos du sommeil, il y a des techniques de relaxations assez simples à mettre en oeuvre pour s’endormir, par exemple, le truc de la « rivière passante ». Il faut imaginer une rivière qui coule devant soi, et essayer de la rendre le plus calme et le plus fluide possible en se concentrant dessus, tout en maîtrisant sa respiration: inspiration et expiration lentes, ni trop profondes, ni trop superficielles, mais surtout régulières.
Au début, le stress et la nervosité font qu’on a l’impression de voir des gros bouillons, des rapides, des tourbillons etc, puis petit à petit en se focalisant dessus, la rivière se calme jusqu’à arriver à une étendue presque lisse avec juste quelques clapotis relaxants. A ce moment, normalement on est détendu et on s’endort. Cette technique n’est pas très compliquée, mais demande un peu d’habitude, à essayer d’abord à un moment « stressant mais pas trop » pour en jauger l’effet.
Une autre technique est d’essayer de détendre tous ses muscles les uns après les autres. Là ça peut prendre un peu de temps, et surtout ça demande une bonne conscience de soi: allongé sur le dos, jambes légèrement écartées, les bras le long du corps, en, partant des pieds, on se concentre sur les muscles que l’on veut détendre: jambe, cuisses, d’abord à gauche, puis à droite, ensuite le bassin, l’abdomen, la cage thoracique, le dos, les épaules, les bras et avant bras, la nuque, le visage, sans oublier la bouche et les yeux, la langue… Le truc c’est de vraiment bien essayer de sentir chaque muscle presque indépendamment les uns des autres. On peut faire des petites contractions pour les isoler avant et les relâcher ensuite. A la fin de cet exercice, on sent normalement « le poids de son corps » qui nous paraît étonnament lourd! L’idéal pour « apprendre », c’est de se faire guider par quelqu’un qui va manipuler doucement tes membres les uns après les autres, en faisant des petits pouvements, tu devras alors te laisser faire, et n’opposer aucune résistance: pas évident au début, mais diablement efficace!
N’hésite pas à essayer ces techniques en pleine journée, si tu as entre une demi-heure et une heure de libre, et un tapis de sol ou un matelas sous la main.
Outre le fait de détendre ton corps, ces techniques ont la particularité de te faire te concentrer sur autre chose, ce qui va aussi libérer ton esprit du stress lié à l’environnement et à l’approche d’une « difficulté ».
Même si ça ne résoudra pas tous les problèmes de stress et/ ou de peur d’avant la course, au moins ça pourra peut-être te permettre de passer une meilleure nuit, et donc de te lever dans de bonnes (ou au moins meilleures) conditions.

Bon courage!

ça donne bonne conscience quand on reprend des cacahuètes en se disant qu’on a brulé un paquet de calories …

… à regarder les autres grimper.

Salut Thom, tu es bien courageux pour oser parler de tout ça. Je t’emboîte le pas un peu et je te raconte comment j’ai vécu ces deux dernières années. J’ai d’abord commençé par l’api et je ne me posais pas trop de questions car j’ai confiance dans mon partenaire et je n’avais pas assez conscience des dangers. Et puis j’ai voulu apprendre l’escalade comme je le dis ailleurs mais en me comparant à des grimpeurs de voies sportives. Normal, c’est ce qui m’entoure principalement. Mais… bof ! C’était démoralisant parce que comparé aux autres, j’étais mauvaise. Par contre, je prenais mon pied dans la vn au lac blanc au froid de l’automne (Vosges) pendant que j’entendais ronchoner ces grimpeurs sportifs à propos de cette face. En Alpi, pas de souci, du moment que les sourires de Nico me disaient que c’est bon. Puis, il y a eu le décès de Sofie. Gros coup dur dans ma tête. J’ai mis un visage sur la mort en montagne. J’ai commençé à cogiter. Je n’avais que ça à faire puisque j’ai eu mes soucis de santé et ce que ça impliquait. Et puis…Victoire, je peux y retourner ! Oui sauf que les couloirs de neige, les goulottes, les rimayes, ça ne passe plus. J’ai peur et je cogite trop. Je pouvais faire le chevalier techniquement et c’est moi qui ai refusé. En rocher, tout est à refaire ou presque. Alors, je décide d’aller au mur. Bof ! Et c’est là que j’ai eu le flair de suivre les bons conseils de mes deux compagnons. Laisse tomber le mur, viens grimper modestement sur du rocher, fais-toi juste plaisir et surtout n’écoute que tes plaisirs.
Alors on a repris doucement. Et puis il m’ont fait grimper en grosses le plus possible jusqu’au 5a. Dans l’Eulengrat, j’ai choisi de sortir non pas par la longueur en 6a mais sur le fil de l’arête (3 ? 4 ?) parce que j’aime. Moins glorieux certes mais tellement plus beau comme sortie pour moi. Et tout doucement, je regagne du terrain sur mes craintes. J’angoisse toujours avant d’y aller mais j’ai trouvé ma voie et les arguments pour me rassurer. j’ai deux projets qui me tiennent à cœur pour cette année. J’y travaille à mon rythme. Donc relativement doucement. Et je ne me compare plus. Je suis lente, avec une santé fragile, une forme généralement moyenne par rapport aux autres filles mais je le fais sans souffrir et sans contrainte. Je gagne en autonomie et en confiance.
Voilà, je ne sais pas si ça va t’aider mais c’était pour te dire que il faut juste trouver ta façon de faire et que c’est vraiment épanouissant.
Bises Thomas.

Mais par contre, côté clavier, je reste mauvaise. J’ai un trou dans mon post… Avec l’iPod, je n’arrive pas à l’enlever.

:slight_smile: Peu importe le trou dans le post, c’est un beau témoignage et qui en rejoint beaucoup d’autres sur l’essence-même de notre présence en montagne: se faire plaisir, à son niveau, en se laissant de la marge. c’est ainsi qu’on progresse, qu’on gagne de l’expérience et qu’on échappe au stress qui lui ne nous laissera jamais tranquille pour peu qu’on flirte trop avec ses propres limites. Il est vrai que des soucis personnels, professionnels ou la perte d’un ami proche en montagne ne doit rien arranger, bien au contraire…

oui et ça vaut bien dans tous les domaines, ce travail de gestion du stress, de soi-même en faite
je te souhaite du courage et de trouver vite une bonne solution pour trouver le repos dont tu as besoin! :slight_smile:

Si c’est comme l’iPhone, c’est parfois pénible, notamment pour placer le curseur au bon endroit :rolleyes:
PB typique de la filiation Mac de l’Iphone et sans doute de liPod, pas de touche pour effacer à droite du curseur, il faut placer le curseur en bas à droite de ce qu’on veut effacer, et ensuite effacer ce qu’il y a à gauche.
Si tu as un trou, c’est que tu as réussi à actionner la commande qui envoie à la ligne [retour] en bas à droite
La commande contraire est, juste au dessus, la flèche à gauche avec une croix à l’intérieur. Lorsque tu as réussi à placer le curseur au bon endroit, yapuka … en faisant attention car au bout d’un petit moment on n’efface plus lettre par lettre mais mots par mots, ou pire.

Maintenant l’iPhone, c’est super au refuge pour se mettre sa musique et/ou jouer avec pendant les insomnies sans déranger ses voisins :wink:

Posté en tant qu’invité par Nico74:

Une solution peut etre aussi de faire des sorties en solo (a ton niveau evidemment)… je ne suis jamais autant prudent, concentré et serein que lorsque je sors seul…

Vraiment intéressant comme post.

Pour ma part, je crois que je n’ai jamais fait une course en haute-montagne en dormant normalement. L’escalade, passe encore, surtout que généralement tu dors dans ton lit, mais dès que je suis en refuge, c’est parti pour une pseudo nuit d’un sommeil très léger, à ressasser le topo que tu as deja lu 15 fois, à penser à comment va être l’attaque, à si tu va t’en sortir dans la longueur clef, à comment va être la sortie sur l’arête, etc etc…

Et malgré tout ca, un bon café au réveil, une première demi heure un peu difficile, et ca repart une fois que tu vois la montagne s’éveiller devant toi.

C’est fou ce que le corps te permet, sans beaucoup de sommeil : beaucoup plus qu’on ne le croit.

Je n’ai jamais essayé les somnifères ou autre, mais j’y pense, même si pour l’instant je me satisfais bien de la sieste d’après course, à défaut de la nuit d’avant départ !

Tout à fait

Tiens bon. Toute contrariété, tout stress, peut devenir sinon le motif pour la prise d’anxiolytique, ce serait dommage.
Savez vous quel est le dopant de base des rallymen ? Le double Ricard. Pour des raisons similaires.

Pour ThomasR, les insomniaques du forum et mes amis du WE…

Dans la nuit de vendredi à samedi, insomnie (cf ici : /viewtopic.php?pid=1446728), je n’ai dormi que trois heures avant de partir en WE.
Le matin, je tremble quand je me lève à cause du manque de sommeil, je suis explosée.
Toute la journée, je me sens fatiguée, blasée.
La météo n’est pas avec nous, le destin/karma/cequevousvoulez non plus.
On ne fait pas grand chose de sportif le samedi, le dimanche non plus, mais 2 jours de galère pas reposants pour autant, et suis toujours fatiguée.

Dimanche soir, il doit faire beau demain, on prévoit une grande voie en TA (ce qui n’est pas vraiment ma spécialité, j’ai une grosse tendance à stresser à chaque fois), on fait les cordées, prépare le matos… Et on se couche… sauf que je ne dors pas cette nuit non plus.
A un moment, je regarde ma montre : 1h17, je ne dors toujours pas, on se lève dans moins de 5h, ça va être rude.
Plus tard, je regarde à nouveau ma montre, 3h, je ne dors toujours pas, enfin, si j’ai du dormir un peu puisque j’ai fait 2 cauchemars coup sur coup, que je suis en sueur et limite en pleurs, autant dire que je ne pète pas la forme. Il n’y a plus que 3h à pouvoir dormir, je crois que je vais pas aller grimper…

6h, le réveil sonne, j’hésite, est-ce que je me lève ? Je demande à ma coéquipière si elle se sent pour faire toute la voie en tête, elle me répond que oui. Que faire ?
Les autres se lèvent, je suis le mouvement mais pas convaincue…
On se prépare, on mange, range le bivouac de la nuit. Tout est chargé dans la voiture, que l’on gare au point de départ de la marche d’approche.
Nous partons, enfin, les 3 autres partent à fond et moi je traine la patte, je n’ai vraiment pas la patate et j’hésite toujours à aller dans la voie. Je doute de savoir si j’aurai la force de la faire…
A un moment, pour une broutille, je prends la mouche et je craque. Je m’arrête et dis aux autres d’y aller sans moi. Qu’ils grimperont tous les 3 et que ça sera mieux comme ça. Je crains de leur pourrir la journée (c’est d’ailleurs bien ce que je suis en train de faire) et que je ne veux pas aggraver le(mon) cas…
Nous n’étions déjà pas en avance sur notre horaire, mais on discute 5 minutes. Ils essayent de me convaincre de venir. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis trop fatiguée pour savoir si j’ai envie de grimper, je ne sais plus, je suis paumée…
Ils me donnent 2 minutes de réflexion… Finalement, je ne sais pas pourquoi, sans doute simplement parce qu’ils sont là et qu’ils me supportent (dans les 2 sens : « subir » et « soutenir ») depuis 2 jours (faut bien avouer que je n’ai pas été très cool depuis 2 jours) et j’accepte de les suivre.

Pendant la marche d’approche, j’essaye tant bien que mal de positiver dans ma tête.
On se trompe de descente et c’est plutôt raide et scabreux. Puis, il n’y a plus de chemin, il faut poser 2 rappels pour descendre dans le canyon pour arriver au pied de la voie qui est un peu plus en aval. Les copines commencent à ne plus trop aimer, moi ça me réveille. Ca va mieux. On ne se refait pas, j’aime le canyon (même si on ne reste que 50m dedans). Voir, entendre et sentir l’eau vive et fraîche m’apaise et me booste (modif). Je le sens déjà beaucoup mieux.

Nos 2 cordées partent dans la voie, je laisse ma coéquipière y aller en tête. Ca va pas trop mal. A un moment, au milieu de la voie, il y a une longueur courte (environ 10m), je décide même d’y aller en 1ère. Il paraît que c’était la plus dure (je ne m’en suis pas rendue compte), mais il y avait 3 pitons + un coinceur que j’ai posé alors ça me rassure. A un moment, mon pied droit zipe, je crie, mais tient bon. J’arrive terrorisée au relais, mais quand même contente d’avoir réussi à faire un petit bout de la voie en tête. Ma coéquipière reprendra le relais et je finirai la voie en second.
Dernière longueur, l’orage arrive et il faut accélérer le mouvement, je sais que j’en suis capable et que dans ces cas là, j’oublie ma peur et suis capable d’être efficace. On sort de la voie, faut pas trainer, la pluie arrive. J’arrive à être efficace, à plier 2 brins de corde sur les 4, ranger les sacs, bien avancer sur le chemin (le bon cette fois) du retour. C’est bon pour le moral.

Finalement, je suis contente d’avoir fait cette voie et partager cette aventure avec mes amis. Je leur suis reconnaissante de leur patience, leur amitié, leur soutien.
Alors ThomasR, je comprends tes doutes, tes interrogations, tes craintes. Je fais souvent des insomnies avant les courses. Je n’ai jamais renoncé (même si j’ai bien failli ce WE !) mais je crois que je n’ai jamais regretté.
Celle(s!) de ce WE étaient la dernière en date, j’ai pensé à toi. Je ne sais pas si c’est un conseil, juste un témoignage.
Bon courage à tous pour vos prochaines courses !