Pour ThomasR, les insomniaques du forum et mes amis du WE…
Dans la nuit de vendredi à samedi, insomnie (cf ici : /viewtopic.php?pid=1446728), je n’ai dormi que trois heures avant de partir en WE.
Le matin, je tremble quand je me lève à cause du manque de sommeil, je suis explosée.
Toute la journée, je me sens fatiguée, blasée.
La météo n’est pas avec nous, le destin/karma/cequevousvoulez non plus.
On ne fait pas grand chose de sportif le samedi, le dimanche non plus, mais 2 jours de galère pas reposants pour autant, et suis toujours fatiguée.
Dimanche soir, il doit faire beau demain, on prévoit une grande voie en TA (ce qui n’est pas vraiment ma spécialité, j’ai une grosse tendance à stresser à chaque fois), on fait les cordées, prépare le matos… Et on se couche… sauf que je ne dors pas cette nuit non plus.
A un moment, je regarde ma montre : 1h17, je ne dors toujours pas, on se lève dans moins de 5h, ça va être rude.
Plus tard, je regarde à nouveau ma montre, 3h, je ne dors toujours pas, enfin, si j’ai du dormir un peu puisque j’ai fait 2 cauchemars coup sur coup, que je suis en sueur et limite en pleurs, autant dire que je ne pète pas la forme. Il n’y a plus que 3h à pouvoir dormir, je crois que je vais pas aller grimper…
6h, le réveil sonne, j’hésite, est-ce que je me lève ? Je demande à ma coéquipière si elle se sent pour faire toute la voie en tête, elle me répond que oui. Que faire ?
Les autres se lèvent, je suis le mouvement mais pas convaincue…
On se prépare, on mange, range le bivouac de la nuit. Tout est chargé dans la voiture, que l’on gare au point de départ de la marche d’approche.
Nous partons, enfin, les 3 autres partent à fond et moi je traine la patte, je n’ai vraiment pas la patate et j’hésite toujours à aller dans la voie. Je doute de savoir si j’aurai la force de la faire…
A un moment, pour une broutille, je prends la mouche et je craque. Je m’arrête et dis aux autres d’y aller sans moi. Qu’ils grimperont tous les 3 et que ça sera mieux comme ça. Je crains de leur pourrir la journée (c’est d’ailleurs bien ce que je suis en train de faire) et que je ne veux pas aggraver le(mon) cas…
Nous n’étions déjà pas en avance sur notre horaire, mais on discute 5 minutes. Ils essayent de me convaincre de venir. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis trop fatiguée pour savoir si j’ai envie de grimper, je ne sais plus, je suis paumée…
Ils me donnent 2 minutes de réflexion… Finalement, je ne sais pas pourquoi, sans doute simplement parce qu’ils sont là et qu’ils me supportent (dans les 2 sens : « subir » et « soutenir ») depuis 2 jours (faut bien avouer que je n’ai pas été très cool depuis 2 jours) et j’accepte de les suivre.
Pendant la marche d’approche, j’essaye tant bien que mal de positiver dans ma tête.
On se trompe de descente et c’est plutôt raide et scabreux. Puis, il n’y a plus de chemin, il faut poser 2 rappels pour descendre dans le canyon pour arriver au pied de la voie qui est un peu plus en aval. Les copines commencent à ne plus trop aimer, moi ça me réveille. Ca va mieux. On ne se refait pas, j’aime le canyon (même si on ne reste que 50m dedans). Voir, entendre et sentir l’eau vive et fraîche m’apaise et me booste (modif). Je le sens déjà beaucoup mieux.
Nos 2 cordées partent dans la voie, je laisse ma coéquipière y aller en tête. Ca va pas trop mal. A un moment, au milieu de la voie, il y a une longueur courte (environ 10m), je décide même d’y aller en 1ère. Il paraît que c’était la plus dure (je ne m’en suis pas rendue compte), mais il y avait 3 pitons + un coinceur que j’ai posé alors ça me rassure. A un moment, mon pied droit zipe, je crie, mais tient bon. J’arrive terrorisée au relais, mais quand même contente d’avoir réussi à faire un petit bout de la voie en tête. Ma coéquipière reprendra le relais et je finirai la voie en second.
Dernière longueur, l’orage arrive et il faut accélérer le mouvement, je sais que j’en suis capable et que dans ces cas là, j’oublie ma peur et suis capable d’être efficace. On sort de la voie, faut pas trainer, la pluie arrive. J’arrive à être efficace, à plier 2 brins de corde sur les 4, ranger les sacs, bien avancer sur le chemin (le bon cette fois) du retour. C’est bon pour le moral.
Finalement, je suis contente d’avoir fait cette voie et partager cette aventure avec mes amis. Je leur suis reconnaissante de leur patience, leur amitié, leur soutien.
Alors ThomasR, je comprends tes doutes, tes interrogations, tes craintes. Je fais souvent des insomnies avant les courses. Je n’ai jamais renoncé (même si j’ai bien failli ce WE !) mais je crois que je n’ai jamais regretté.
Celle(s!) de ce WE étaient la dernière en date, j’ai pensé à toi. Je ne sais pas si c’est un conseil, juste un témoignage.
Bon courage à tous pour vos prochaines courses !