Mal des rimayes... sans rimaye

je crois que foffer a raison, Thom; il faut parfois forcer un peu la bête pour que la peur, l’appréhension soit vaincue; ou tout au moins plus supportable … et la fois suivante, tu dormiras mieux

suffit que l’on ne te laisse pas le choix, et ça va : http://www.camptocamp.org/outings/169948/fr/aiguille-du-midi-traversee-midi-plan-descente-sur-le-requin
je suppose que la nuit avait été similaire, sauf que t’as pas eu le droit ni de dire non, ni de la ramener pendant la course. donc tu l’as fait, et t’étais content.
peut être que qqes courses du style (en plus adaptées, bien sur), t’aiderait malgré toi à comprendre qu’il n’y a pas de quoi en faire toute une nuit blanche ? je dis ça, c’est qu’une idée, peut être mauvaise !
a+, et bon courage !

Posté en tant qu’invité par scrogneugneu:

…ou sinon tu fais des trucs qu’à ton niveau technique ou physique, ou tu sais que tu vas te mettre dans le rouge ou au taquet.

Cher Thomas,

Ton message est très touchant ! J’ai l’impression que tu n’es pas le seul dans ton cas. Mais expérience faite c’est toujours pire dans la tête que sur le terrain. Le fait que tu sois un « pilier » de C2C ne t’aide peut-être pas : peut-être que tu te compares un peu trop aux autres et ça te « fout la pression ». Mais tu as l’air d’être un type sensible (dans le bon sens du terme) tu trouveras certainement un moyen de faire de la montagne en accord avec toi. Et là, tu verras, elle t’apportera beaucoup !

Courage !

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C’est cette phrase qui me gene, en fait. Comme si c’etait une fatalite, comme si toute la nuit tu avais attendu le matin pour avoir une excuse de ne pas te lever.

Comme tout le monde ici, des nuits pourries, des nuits ou on ne dors pas et des nuits ou on est pas sur si on a dormi, ca arrive. Ca m’arrive encore plus souvent de me reveiller une premiere fois au milieu de la nuit, en pensant que c’est deja le matin et d’avoir mal quelque part (muscles, tete, gorge, dents, bonnet…) en pensant que je ne vais pas pouvoir faire la course du lendemain.

La flemme aussi, ca arrive: plus la motive en couenne de faire une voie de plus ou pas la motive de faire une voie du tout.

En general, pour moi, il suffit que je me sorte les doigts du fion, que je me mette un coup de pied au cul, et ca passe. Comme dit plus haut, rien ne t’empeche d’abandonner plus loin, mais en ayant fait le maximum.

Si jamais, pour toi ca ne suffit plus, je te conseillerais de faire un break: fait du facile, ou fait d’autres activites, sportives ou culturelles (non, ne reste pas comme une larve chez toi). Eventuellement, fait de l’entrainement physique en te mettant des objectifs.

La motivation reviendra surement : la peur se teintera de nouveau d’excitation, le doute de curiosite et ta fierte depassera ta flemme.

Si c’est juste un probleme de sommeil, la musique (classique, jazz ou autre) est souvent mon alliee : meme si je ne dors pas, je me dis que je me repose et que ca suffit.

Et puis, ne plus faire de montagne, ce n’est pas un drame non plus mis a part que tu risques de vivre plus longtemps.

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salut Thomas,
si ça peut t’aider:
un compagnon de cordée a connu un peu le même soucis quelques années auparavant.
Nous commencions à aborder des GV limites dans notre niveau et là, il a commencé à gamberger, à se mettre la pression, à renoncer à grimper en tête et donc à se dévaloriser.
Nous en avons parlé.
Et nous avons décidé de repartir dans des rando alpines, traversées d’arêtes, alpi neige et glace facile.
La motivation est revenue petit à petit et nous nous faisons maintenant plaisir sans stress.
L’essentiel à mon avis est de garder contact avec la montagne, courage.

Tu peux aussi essayer la sophrologie, j’en ai fait pour le même genre de problème que toi, maintenant je relativise mieux.

La sophro est utilisé par des sportifs de haut niveau, Messner la utilisé aussi.

Thom, je suis passé par là aussi.
Et les conseils qu’on te donne sont bons - en tout cas ils marchent pour moi :

  • descendre d’un cran (au moins provisoirement) dans le niveau de tes projets pour que le plaisir reprenne le pas sur le stress ;
  • te faire motiver par tes potes.

[quote=« J.Marc, id: 1137976, post:30, topic:108265 »]Thom, je suis passé par là aussi.
Et les conseils qu’on te donne sont bons - en tout cas ils marchent pour moi :

  • descendre d’un cran (au moins provisoirement) dans le niveau de tes projets pour que le plaisir reprenne le pas sur le stress ;
  • te faire motiver par tes potes.[/quote]

Les sorties, que nous avons faites uniquement tous les 2, même si l’objectif du sommet n’a pas toujours été atteint, même si parfois nous avons fait à peine plus que le tour d’un certain parking, Thom n’a jamais fait le « coup de la nuit blanche » et je crois que nous avons globalement toujours pris du plaisir.
Il est vrai que n’ayant pas tous les 2 un gros niveau, que ce soit à ski, en alpi ou en grimpe, nous avons toujours fait des choses « à notre niveau ».
Cette fois-ci, j’ai eu l’impression que l’effet du groupe, ou de partir en effet avec des personnes plus expérimentés, lui met beaucoup la pression.
Pourtant, samedi, les copains connaissent notre niveau et s’ils nous proposent de sortir avec eux c’est en connaissance de cause. D’ailleurs, ils ont eu la patience de m’attendre tout au long de la journée.

[quote=« J.Marc, id: 1137976, post:30, topic:108265 »]Thom, je suis passé par là aussi.
Et les conseils qu’on te donne sont bons - en tout cas ils marchent pour moi :
(…)

  • te faire motiver par tes potes.[/quote]
    Je confirme que ça, ça fonctionne plutôt bien. Je reviens de quatre jours dans le Giffre, j’étais seul dans un état d’oisiveté quasi total qui m’a rendu incapable d’entreprendre des sorties à la journée, même pas trop difficiles (pour moi s’entend, c’est à dire vraiment pas grand-chose…), ni même une grosse journée de ski alpin (pas taper svp).

Si mes copains avaient été avec moi, j’aurais été un peu plus motivé, même en partant de mon côté pour des petites randos à pied et eux de leur côté sur les pistes…

Il m’est arrivé le même truc cet été au même endroit : ils étaient là, on s’est fait des belles balades, une fois partis, je restais à glander…

Thom,

Je ne sais pas trop quoi te dire et en même temps j’aimerais te dire quelque chose de réconfortant et de bienveillant.

Les choses n’ont de sens que dans la mesure où l’on peut les rattacher à quelque chose de connu. Alors chacun rattache ce que tu évoques à sa propre histoire ou à celle de compagnons. Probablement qu’aucun des témoignages ou conseils ne correspond exactement à ta situation mais ils t’aideront probablement à naviguer, à avoir des repères pour situer où tu es, où tu vas, comment et… quand. Je m’y glisse donc à mon tour, tu feras le tri…

C’était à la fin de l’été 2010. Au refuge, Chéri-chéri me glisse au petit déjeuner « c’est quand même cool de dormir tranquille la veille d’une course ». Et là, je réalise que oui. Oui, avant le sommeil était généralement difficile, pas tant que ce que tu décris, mais agité à parfois quasiment pas en dormir, oui. Et là, subitement, la petite phrase de Chéri-chéri est comme un coup d’éponge sur une fenêtre sale. Nous réalisons que nous avons passé un été serein, paisible, dans la joie. Et en montagne.
Que s’est-il passé?
Sans l’avoir consciemment décidé, nos choix de courses se sont tournés vers des itinéraires où nous avions beaucoup de marge, beaucoup plus qu’avant sans aucun doute. Et la marge… ça aide à dormir, ça aide à prendre du plaisir dans ce qu’on fait. C’était quelques mois après la mort de Sofie et de manière très inconsciente sa disparition a agit sur nous. Et agit dans le bon sens. La reprise du ski a été plus compliquée, il m’aura fallu attendre le printemps. Mais cela m’a aussi permis de faire le tri dans ce pour quoi j’étais prête à prendre des risques (la glace) et ce pour quoi je l’étais moins (le ski). Et aussi à le dire. A ne pas sortir simplement parce que mes potes me disent « allez, viens », à y aller pour leur faire plaisir ou pire, pour me persuader que je ne suis pas une grosse flemmarde. Et en même temps, ces potes, c’est aussi grâce à eux que j’ai remis les skis. Grâce à Simon sur qui je me suis, sans doute pour la première fois depuis des années, entièrement reposée pour cette sortie. Je lui ai fait totalement confiance (parce que j’estimais que je pouvais, je ne doutais pas de lui et je pense que c’est l’une des rares personnes de mon entourage qui aurait pu jouer ce rôle à ce moment là), je ne me suis souciée ni de l’itinéraire, ni de la nivo, ni de ma prestation. J’ai fermé les yeux (la veille). Et ça m’a fait un bien fou.

Alors oui, comme d’autres te l’ont dit, tu vas avoir une tranche d’auto-analyse pour ton petit-déjeuner.
Tu peux par exemple te demander de quoi tu as intrinsèquement envie ; toi Thom tout seul dans sa tête sans le regard d’autrui, un autrui réel ou imaginé, peu importe. Qu’est-ce que tu aimes en montagne, où sont tes satisfactions, à quel moment apparaissent-elles? Qu’est-ce que tu crains? Est-ce la survenance de certains dangers? Objectifs, subjectifs? Est-ce lié à l’image que tu as de toi, ou que d’autres auraient de toi? Tu peux aussi faire le tri dans ce dont tu te sens capable, capable physiquement, moralement, techniquement - tous les curseurs ne sont pas toujours au même degré d’avancement? [Etc…]

Bonne nuit Thom!

Ro

Moi c’est pareil, je ne sais pas bien quoi te dire mais j’ai envie de le dire parce que pour le peu qu’on s’est rencontrés on t’a trouvé très attachant et qu’on a envie de te dire quelque chose de gentil. On est surement nombreux à ressentir la même chose, simplement à différents degrés (et la perception du risque et de l’appréhension est évidemment différente chez chacun). Nous on a simplement constaté après plein d’années de montagne (+ la famille, sans doute) qu’on n’avait plus aucun plaisir à avoir (ne serait-ce qu’ un tout petit peu) peur, même si celle-ci est suivi de la fierté de l’avoir surmontée. « Plus grande est la peur, plus grande est le plaisir » avait écrit Messner…j’ai longtemps été comme ça, comme quoi ça passe !

On a du coup tout naturellement vu évoluer nos envies et nos choix, moins d’alpinisme et plus de vélo-rando, un copain guide devant dès que c’est un chouia dur pour nous, une grande virée à ski de fond plutôt que de sortir absolument par risque 3 avec moults interrogations existentielles devant chaque pente un tant soit peu douteuse, etc…ça n’empêche pas de se lancer de temps à autre dans des entreprises plus engagées, mais plus rarement (et dans des conditions telles qu’on dort bien la veille). Comme on aime par contre toujours se dépenser, on « compense » par de longues journées (pour nous) en recherchant des coins un peu sauvages o on bataille davantage avec le GPS qu’avec des coinceurs…et pour finir on a autant de plaisir et de passion pour la montagne qu’il y a 10 ou 20 ans.

En tous cas on pense à toi et on te dis bon courage pour trouver ta voie (sans te faire couper la tête…)

ET puis nous rejoindre au c2g de doran 18/19 juin

En petit complément de toutes les belles choses qui ont été dites précédemment,
une technique que j’utilise pour m’endormir : la respiration inversée.

Cette respiration se base sur le principe que la capacité du haut de la cage thoracique est supérieure à celle du bas (celle qu’on cherche à ouvrir avec une respiration abdominale). En respiration inversée, à l’inspir, on cherche à rentrer le ventre pour que l’air aille remplir le haut de la cage. Et je fais cet inspir en visualisant l’axe de la colonne vertébrale … histoire de se centrer. Cette super-ventilation, faite dans le calme me permet de me détendre pour rejoindre Morphée.

Bon courage et belles balades à toi !

Merci à tous, des plus encourageants aux plus « botte-toi le cul », d’avoir lu et répondu à mon message. Merci aussi à la personne anonyme (« Guest ») qui m’a envoyé un mail et que je n’ai pu identifier, et autres mails ou MP ou messages via fessebouc. J’ai pu lire beaucoup de choses intéressantes et encourageantes.

Mon stress est plutôt présent dans deux cas (qui peuvent s’additionner) : course longue ou difficile ou engagée pour mon niveau, ou compagnons que je connais mal ou pas ou que je sais d’un niveau physique ou technique supérieur au mien. J’ai donc une telle appréhension de ne pas être à la hauteur (vis-à-vis de moi et de l’autre) avec les conséquences néfastes que cela peut avoir en montagne, que j’amoindris mes chances de succès en pourrissant mes nuits.

Il faut donc que je revoie mes ambitions à la baisse, mais aussi que je prenne plus confiance en moi. A noter que j’ai aussi des interrogations professionnelles importantes en ce moment, qui sont source de « rumination » quand j’ai le malheur de me réveiller la nuit : les causes d’insomnies se cumulent ainsi.

t’es pas à la hauteur … (cras…)
(agnès kestufous ? il est tout mou !)

[quote=« ThomasR, id: 1137085, post:1, topic:108265 »][/quote]
Bonsoir Thomas.
Je n’avais pas perçu cet état que tu décris à Arolla, mais je l’ai ressenti dans une autre sortie, sauf erreur de ma part.

Perso je distinguerais le sommeil de l’appréhension.
Certains dorment bien et d’autres peu; un rien d’anxiété, d’excitation ou d’appréhension, un détail au boulot, et hop une, deux, des nuits de gâchées. D’autres ne connaissent pas ça et ronflent. C’est comme ça. Je suis fondamentalement contre la médicalisation des mauvaises nuits, je vis avec. Il faut savoir qu’une mauvaise nuit n’a jamais empêché une bonne performance le lendemain, parfois au contraire.

L’appréhension est soit basée sur des faits (le rationnel), soit basée sur des sentiments (l’irrationnel). La montagne est un environnement où le rationnel côtoie l’irrationnel.

L’irrationnel peut avoir comme source le manque de pratique comme par exemple « je ne passe jamais sous un sérac donc si demain je passe sous un sérac alors il va en profiter pour tomber à ce moment là ». Le remède consiste alors à pratiquer plus régulièrement pour que cette peur irrationnelle s’estompe.
Le rationnel est basé sur l’analyse, la constatation. « Il vient de neiger, il y avait du vent, donc le risque d’avalanche est plus élevé ». Là on est dans l’analyse du risque (gravité x probabilité)/maîtrise. La probabilité va dépendre pour les mêmes conditions de différents facteurs (inclinaison, orientation, forêt ou dégagé, etc). Le manque de maîtrise est un facteur aggravant, mais paradoxalement le trop de maîtrise l’est tout autant car la mesure du risque est toujours faible.

La lecture de ton post - et je te prie de m’excuser par avance si je me trompe - me fait penser à une réflexion sur la confiance, la confiance en soi et la confiance en autrui. Beaucoup de personnes manquent de confiance en eux, mais dans la plupart du temps ils font alors confiance à autrui. Si cette dernière disparait également alors l’appréhension prédomine. Peut-être un terrain à explorer, mais pas forcément en open ?..

Tu veux te lancer dans le gros bétail, pour changer des caniches? :stuck_out_tongue: