Livre mental et escalade

Bonjour à tous,

Je recherche un livre traitant de la peur en escalade, plus précisément de l’appréhension d’engager en tête au dessus du point.

Il y a bien « Guerreros de la roca » , mais c’est en Espagnol
Il y a bien « 9 out of 10 climbers make the same mistakes » , mais c’est en Anglais ^^

Déjà des avis sur ces deux là?

Je suis persuadé d’avoir entendu parlé ou lu quelque chose sur un bouquin un peu similaire en Français mais impossible de le retrouver…

En anglais aussi. Consacré exclusivement à l’approche mentale de l’activité.

(hmm, mais ca semble être l’original de la traudction en espagnol que tu cites)

9 out of 10 est un excellent bouquin bien que synthétique.

à part la peur du vol, d’autres thèmes du mental y sont traités, en particulier le rapport avec les autres grimpeurs et son influence sur nos habitudes de grimpe (souvent trop protectrices de notre égo)

il y a d’ailleurs à mon avis des liens croisés entre différentes difficultés mentales en escalade.
Traiter efficacement la peur du vol sera parfois impossible sans prendre conscience d’autres blocages (p ex on peut refuser les écoles de vol car on a honte de mettre en scène sa peur!!!)

+1

En plus, c’est un livre que l’on peut lire plusieurs fois. Ce n’est pas en une lecture que l’on finit dans les 1 grimpeur sur 10 qui ne font pas d’erreurs.

Bonjour,
Entre la vie et le vide de Christophe Lachnitt peut t’intéresser, même s’il ne porte pas précisément sur la peur de grimper en tête, mais sur la gestion de la peur décrite par divers grimpeurs et alpinistes.

Arno Ilgner a écrit 2 livres : « the rock warrior’s way » et « espresso lessons ».
Le premier est plus analytique, le second plus pratique mais les deux ne parlent que du mental en escalade.

J’ai bien aimé les deux.
Le coup du warrior c’est une analogie faite avec les combats de samurai : pour survivre il faut uniquement se concentrer sur ces gestes, la précision, etc. Combattre sans peur, sinon c’est la mort assurée.

Donc le résumé de son approche c’est :

  1. on analyse le risque lors d’une position de repos : avant de grimper, ou à un point de repos dans la voie.
  2. on décide si le risque est objectivement OK pour soi (on est pas tous prêt à se casser une jambe pour sortir un high ball)
  3. si le risque est objectivement OK, on met sa peur dans une boite et on enquille, on bouge, on envoie , bref on grimpe en ne pensant qu’à sa grimpe.

Plus facile à dire qu’à faire évidemment…

Posté en tant qu’invité par jaipeurmaisjemesoigne:

J’ai moi aussi peur de voler. Et j’ai fait des écoles de vol.
Le problème c’est que l’on croit qu’ayant fait un vol avec la dégaine en dessous des pieds nous vaccine. En fait non, ça renforce au contraire les schémas préétablis dans le cerveau qui confirme bien que :
1/ Ca n’est pas dangereux, on ne s’est pas péter la jambe, la corde a tenu, le baudar ne s’est pas ouvert (mais on le savait déjà, sinon la grimpe en tête est impossible)
2/ Bordel à c**ille, QU’EST-CE QUE CA FOUT LA TROUILLE !!!
La conséquence c’est que notre cerveau se dit « plus jamais un tel rush d’adrenaline »

La notion de zone de confort est assez intéressante. On peut faire le parallèle avec l’entraînement physique. C’est pas parce que une fois on a réussi 947m/h sur une montée sèche de 45 mn en vomissant nos tripes en décembre qu’on va avoir la caisse en avril pour les raids en haute montagne. C’est pareil pour l’engagement. On augmente sa zone de confort comme sa v02 max petit à petit. En faisant le mouv’ dyno au lieu de demander sec, en finissant une voie avec les bras qui ouvre, etc. En prenant également des petits plombs volontaires ou naturels regulièrement. Un des auteurs cités parle de plusieurs centaines de plombs pour être à l’aise. Inversement, en demandant sec, ou en tergiversant 15 sec avant de faire un mouvement « aléatoire » on réduit notre zone de confort, on trouve de plus en plus de mouvements aléatoires.

Si tu as peur lors d’une école de vol, c’est que :

  1. Il faut y aller plus progressivement
  2. Tu dois faire un plus grand nombre de vol

Normalement, il faudrait voler à chaque séance au moins une fois.

Le but est qu’ensuite ton cerveau arrête d’envoyer des signaux de panique, car il aura intégré l’effet exact que donne un vol (plutôt que de le « fantasmer » par ce que ton instinct te commande : à savoir une blessure ou la mort).

Oui je suis d’accord avec le dernier commentaire, sans doute faut-il y aller plus progressivement.
Tu parles de la zone de confort, et bien pour l’agrandir, tu dois travailler à sa limite.

Donc si tu as volé avec le point au niveau des pieds et que tu est « terreur », et bien commence avec la dégaine au niveau du visage, ou à la taille, puis les genoux, etc… L’assureur peut aussi te laisser zéro mou, puis qq cm, puis 30cm…

Le risque après c’est d’être tellement comfortable que le vol est plus facile que d’engager son mouvement avec détermination. Ca donne donc un vol sans essayer le pas, ou en essayant mollement…

Posté en tant qu’invité par luge à foin:

Il y a vol et vol.
En couenne dans une voie donnée qu’on travaille : c’est facile de s’exercer voire plaisant de voler. Grimpeur et assureur prennent leurs marques.
En couenne à vue et sans s’y attendre : ca reste pas trop méchant car en général c’est équipé proche. Au pire on n’est pas loin du sol pour se faire descendre si bobo à cause d’un retournement ou d’un assureur nul.
En GV ca peut commencer à devenir un problème (on ne se voit pas tjrs, c’est parfois équipé engagé).
En trad ca dépend du style de protection, du rocher et du métier . Ca peut être tout à fait envisageable ou bien prohibé.
Il y a aussi les voies avec « run out » sur spits (dalles notamment). C’est trompeur en terme de sécurité car, bien qu’équipé, au-delà de 5 ou 6 m de chute le grimpeur n’est plus capable de « suivre » avec les pieds et se ramasse forcément de manière plus ou moins dommageable.
Alors que 10m de vol plein gaz dans un dévers ou du très vertical peut rester juste « sensationnel » car les pieds ne touchent qu’à la fin avec amortissement de la corde, 6 ou 8m de vol en dalle avec culbuto c’est pas le même tarif…
A méditer !
C’est pas du fantasme mais de la logique.

C’est d’ailleurs ce qu’il recommande dans « 9 out of 10… ». C’est une lutte perpetuelle.

Voire même en moul avec un peu de mou.

/books/208610/en/9-out-of-10-climbers-make-the-same-mistakes
/books/314566/fr/espresso-lessons-from-the-rock-warrior-s-way
/books/347458/fr/entre-la-vie-et-le-vide

Quelque fois je ressens le besoin de me réhabituer au vol car:

  • je commence à tergiverser dans les voies difficiles à ma limite, j’hésite pour finalement ne pas faire le pas ;
  • je ressens un inconfort lorsque je suis trop haut au dessus du point.

Dans ce cas, sur plusieurs séances (une dizaine) en SAE, je ne clippe plus le relais et éventuellement je ne clippe plus la dernière dégaine. Le premier vol de la séance fait peur ; le dixième beaucoup moins…

Il faut répéter ça dans le temps et le faire de manière automatique et continu, sans excuses.

Le point positif que j’observe directement, est que je tente finalement les pas difficiles sans hésiter car je sais que le vol viendra de toute façon si j’atteins le sommet de la voie.

C’est la seule manière que j’ai trouvé pour ne pas stagner dans sa zone de confiance où l’on sait que l’on réussira le mouvement. La progression passe forcément par des phases plus ou longues d’échecs.

Ok merci à tous pour vos conseils.

Je précise que ça n’est pas directement pour moi mais quelques remarques:
Pour les écoles de vols on distingue deux type de pensée:
-ça sert à rien car le vol est prémédité, calculé on le provoque en lâchant les prises donc on ne tombe pas en faisant le mouv’, donc au final on ne sort pas vraiment de sa zone de confort…
-c’est utile pour apprivoiser le vol, pour des personnes en ayant une peur vraiment viscérale, qui ne sont pas persuadés que le chute va se terminer au mieux avec une cheville cassée et au pire en bouillie au bas de la voie

D’autre part comment expliquez vous qu’on soit si inégaux face à cette peur? Celà est t’il évolutif (il me semble que oui)?

Les bienfaits du yoga/sophrologie/travail mental?
Perso je pense plutôt avoir un bon mental, comme beaucoup (tous?) j’ai peur en tentant des pas à la limite de mon niveau, ou impliquant une grande précarité, mais je finis la plupart du temps par me mettre le coup de pied au c** pour le tenter.
Et le coup de pied, ben il est plutôt mental. Je m’explique: ma technique lorsque la tête commence a flancher est de d’abord me couper un peu de la voie (respiration, repos, concentration sur les sensations et tentative d’oubli de la précarité ou du danger objectif/subjectif). Puis retour à la réalité, analyse du risque de chute, observation du passage et de l’objectif (bac salvateur ou prochain point béni des dieux^^). Auto-persuasion que je peux y arriver (ce point est crucial je pense). Petit mot au second et GO!

Voilà, c’est pas du yoga non plus mais ça marche pas mal pour moi. Et vous quelles sont vos méthodes pour vous remotiver quand le mental se barre en sucette?
Comment aider une personne qui bloque et finit par renoncer… au prix d’une grande frustration et sentiment d’échec? (des fois on renonce sans avoir vraiment essayé, juste parce que ça parait infaisable, donc la notion d’échec dans ce cas la est relative non?)

J’ai commandé « 9 out 10 climbers make the same mistakes » et « entre la vie et le vide », je manquerais pas de les lire, on verra bien… :slight_smile:

Posté en tant qu’invité par Leonardo DV:

Le corps et l’esprit ne font qu’un. Le cerveau plonge profondément dans tous les recoins du corps par ses neurones.
L’instinct de survie est premier.
La vie en société nous montre qu’attendre fragilise. Il faut être actif et entreprenant pour survivre et se reproduire (Et oui !).
Se lancer des défis en escalade fait partie de ce besoin de sortir de sa zone de confort pour explorer de nouveaux horizons et espérer le regard bienveillant de ses pairs.
S’entraîner à chuter est sans doute préférable pour avoir le bon comportement au cas où cela arrive.
La sécurité oui mais l’hyper sécurisation (se sentir en sécurité absolue) n’a pas d’intérêt en soi. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ». Ce proverbe est dans la ligne de ce qui vient d’être dit.