Limite d'inclinaison de pente pour enrayer une chute au piolet?

Posté en tant qu’invité par Daniel_:

Bonjour,

Voilà, tout est dit dans le sujet ! Je me demandais si on avait un ordre d’idée de la limite maximum d’inclinaison d’une pente en neige pour laquelle un alpiniste ne peut plus enrayer sa chute ? Est-ce plutôt 35° ? 45°? 50° ? Avec évidemment des hypothèses simplistes en prenant un sujet d’environ 80 Kg avec un bon piolet (ex: Jorasses) et connaissant les techniques de freinage sur une pente en neige (entre poudreuse & glace disons !) sans éperon rocheux sur la pente.

Il faudrait aussi rajouter le fait que le second peut aussi chuter du fait de la chute du 1er, etc…

Des avis ? Des études là-dessus ? Le sujet a peut-être déjà été évoqué quelque part, auquel cas je m’excuse à l’avance pour le doublon de post !

Bonne journée !

seul (non encordé) avec des crampons, de l’expérience, une bonne technique je pense qu’une chute s’arrête EN NEIGE EXCELLENTE jusqu’à 60° plus peut être…à voir

Posté en tant qu’invité par pierrez:

en neige dure, a mon avis au dessus de 35°, plus raisonnablement possible.

Super difficile de te répondre, ça dépend de tellement de facteurs. La qualité de la neige d’une part, mais aussi de la vitesse de réaction de celui qui tombe, dans quel sens il tombe (ce qui détermine le temps avant de pouvoir commencer à enrayer la chute) et de la façon de tomber (tout seul, entrainé par son second, entrainé par le leader (qui a déjà pris de la vitesse)).

60° ça me parait totalement illusoire. On est jamais dans une neige meuble à une telle inclinaison et sur une très bonne neige (type « sorbet ») on prendrait vite beaucoup trop de vitesse. A mon avis au delà de ~45-50° c’est impossible, une fois tombé, d’enrayer quoi que ce soit. Même à partir de 40° il faut avoir des réflexes d’enfer (et du bol).

En glace vive je me demande aussi, mais je pense qu’à partir de 35° il ne faut mieux pas tomber.

La chute en avant lors d’une descente face à la pente sera surement la pire (mais ça doit rarement se produire dans du >45°)

Mouarf, en ayant essayé le cas en école de neige on se retourne encore assez facilement dès qu’on commence à freiner avec le piolet.

La galère, c’est de tomber en arrière en montant. C’est vraiment pas évident de se mettre sur le ventre, puis de commencer à freiner.

Voila un petit passage de la description des cotations d’exposition en ski sur volopress (certe ce n’est pas de l’alpinisme avec un piolet mais ca donne toujours une idée) :

[i]D’une façon générale il faut considérer que :

  • dès 35°, il est impossible d’arrêter une chute sur neige glacée.
  • à 45°, on n’enraye plus une chute par neige transformée.
  • à partir de 50°, une chute non stoppée immédiatement est en général impossible à arrêter même en neige profonde. Outre le danger lié à la raideur de la pente, la cotation d’exposition rend compte de la présence d’un obstacle risquant de causer des blessures au skieur embarqué dans une glissade non contrôlée.[/i]

[quote=« Daniel_, id: 1445492, post:1, topic:127908 »][/quote]

C’était au début Février dernier alors que les Pyrénées avait des conditions de versants nord, ouest, est et parfois sud complètements vitrifiés (beaucoup d’accidents mortels en 15 jours).
A la redescente d’une goulotte assez dure, je me suis pris un gadin tous seul comme un grand. J’étais fatigué après une longue marche d’approche, c’était la première goulotte de l’année, manque de condition physique,…
Bref pas mal de conditions réuni pour un accident.
La descente se fait par un couloir à 30/35°, normalement en neige mais là c’était en glace vive. Mon binôme, plus en cannes était parti devant.

Je me suis marché sur les lacets et je suis parti la tête la première. Pour ne rien arranger les choses, j’avais les 2 piolets de sortis, un dans chaque main !
Le temps que je me demande quel piolet je devais lâcher pour me servir de l’autre afin d’enrayer ma chute (j’ai du mal à estimer mais je dirais entre 0,5 et 1,5 seconde), j’ai dû prendre 10 bons mètres (Je fais 85kg en tenue d’Adam et appareillé en hiver avec tout le bardât, je dirais que je devais faire dans les 95kg)
Dès que j’en ai lâché un, j’ai pu m’arrêter en moins de 2 mètres.

Ouf, bravo, Cairn-oc, d’en avoir réchappé. Effectivement à cette période, ça été un vrai massacre dans les Pyrénées même pour des gens aguerris et sur faibles pentes.

Concernant la question posée par Daniel_, voilà ma contribution :
-qu’entend-on par « enrayer une chute au piolet » ?
Quand on manque d’expérience, on imagine que c’est s’arrêter instantanément. Ce n’est possible que rarement et c’est rarement utile.
On aimerait s’arrêter le plus vite possible mais ce qui compte c’est de reprendre le contrôle, de stabiliser la position et freiner autant que possible.
Dans bien des cas, une glissade contrôlée pourra se faire sans dégât sur une grande distance (sauf évidement en cas de barre rocheuse, de crevasse ou d’obstacle rocheux…).

Le fait de garder le contrôle, de freiner un peu peut changer l’issue de l’aventure.

J’ai donc bien du mal à définir une limite de pente, il n’y en a pas. En outre ce qui compte le plus c’est l’état de la neige (comme ce mois de Février Pyrénéen nous l’a montré.
On peut se tuer avant d’avoir pu s’arrêter sur une pente de rien du tout (même sur du plat s’il est bien gelé)
On peut réchapper d’une glissade sur une pente très raide.

(Pour prendre une comparaison roulante : à partir de quelle vitesse en voiture, ça ne sert à rien de freiner ? :rolleyes: )

Connaitre la technique, et réagir, toujours : voilà tout.

A ce propos, qu’est-ce qui est recommandé comme technique de contrôle et de freinage?

Qqn a -t-il un lien?

Faudrait que je cherche pour voir si je trouve qqch en ligne. J’ai des supports en papier, mais scanné ça va être dégeu.

En gros, et avec mes excuses si je n’arrive pas à être très clair :

  1. Se mettre sur le ventre. Si on a la tête en bas le corps va pivoter tout seul par la suite.
  2. Replier les jambes ! Surtout ne pas essayer de freiner avec les jambes tant qu’on a pas freiné la chute à une vitesse raisonnable, surtout si on porte des crampons. C’est le meilleur moyen de se casser une cheville, de faire un superbe salto arrière et de perdre toute chance d’enrayer la chute.
  3. Si on est droitier*, saisir avec la main gauche le dessus du piolet et avec la main droite le bas du manche. Ramener le piolet en diagonale en travers du torse, la pointe plus ou moins au niveau des épaules.
  4. Planter la pointe (certains freinent avec la panne plutôt que la pointe. J’ai pas vraiment de religion à ce sujet.) et faire levier en soulevant le piolet avec le bras droit.
  5. Une fois que la vitesse est suffisamment réduite, on peut tenter de se stopper avec les pieds.
  • Bon, suivant comment on tient le piolet il ne faut pas s’emmerder à le changer de main.

Posté en tant qu’invité par Lame:

Attention, que l’on s’entende bien sur les termes … Ce n’est en aucun cas la pointe (ou le pic) d’un piolet que l’on plante pour enrayer une chute, mais bien la lame.

Ta phrase laisse entendre que l’on peut hésiter entre la lame et la panne. Il faut toujours planter la lame, même si sa forme laisse penser que le freinage est moins efficace qu’avec la panne. Il y a au moins 4 raisons fondamentales à cela :

  1. En générale la neige est très souvent plus pourrie ou moins consistance en surface qu’un peu plus en profondeur. La lame va donc chercher de la neige généralement plus compacte qui freinera mieux
  2. La lame permettra de bien mieux absorber les irrégularité de densité de la neige et de limiter le risque d’arrachement si par exemple on rencontre plus brutalement de la neige plus gelée.
  3. Lors de l’appui du piolet vers le bas par la main qui tiens la tête de piolet la lame s’enfonce bien plus facilement en profondeur sans donner de coups que la panne, le tout en étant bien plus progressif (important pour ne pas se faire arracher le piolet des mains)
  4. Sur les piolets techniques sensiblement galbés le manche à toute les chances d’empêcher la panne de travailler correctement pour le freinage dans la neige, ou alors cela oblige à une tenue du piolet très moyenne. Petite remarque en passant, avec ces piolets, lorsque l’on plante la lame (comme on doit le faire) penser à bien relever la pointe du piolet (plus encore qu’avec les piolets droits) pour être certain qu’elle n’aille pas se planter dans la neige (et de risquer de se le faire arracher)

Le mieux encore de faire des exercices … Le mieux c’est lorsqu’il y a des névés un peu raides en neige dur qui se terminent par une zone plate bien encore en neige (et non une barre rocheuse ou un champs d’éboulis … ^^)

Posté en tant qu’invité par Ouaip:

fruit d’exercie nombreux et de quelques situations réelles :
en neige très molle, la pointe ne freine plus, y’a plus que la panne. Ou, à l’ancienne, le piolet ramasse (appuyer de toute sa force la pique lateralement avec une main sur le milieu du piolet, l’autre tirant sur la tête), ça marche aussi avec un ski si on n’a pas de piolet.
tant qu’on est encore debout et avec les crampons, on peut tenter de courir un peu vers le bas pour reprendre son équilibre , puis, au prix d’un gros effort sur les cuisses, de tourner et remonter peu à peu dans la pente pour se freiner. C’est surtout utile sur la neige dure pas trop inclinée.
Avec un groupe, il est utile de s’entraîner sur un terrain favorable à courir, balle au chasseur ou slalom entre les piolets face à la pente.
Si on à plus rien, rassembler les deux mains en un gros poing et s’appuyer dessus en se repoussant de toutes ses forces évite les blessures aux doigts
Et, bien sur, si on est par terre avec les crampons aux pieds, on s’appuie sur les genoux !

Posté en tant qu’invité par thierryh:

Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte:

  • niveau technique du bonhomme
  • inclinaison
    -et surtout le type de neige

En poudreuse, à 45°/ 50 maxi tu peux t’arrêter
Neige dure mais pas gelée, 35° max car il faut tout de même réussir à enfoncer ton piolet
Neige gelée, ne pas tomber car tu ne pourras en aucun cas enrayer une chute même avec un piolet car tu ne peux pas enfoncer celui ci dans la neige gelée

En cas de chute dans une forte pente (à partir de 35°) en neige dure, la personne va prendre une vitesse considérable en quelques seconde et il est impossible d’enrayer une chute.
Seule une chute dans une pente modérée avec une neige poudreuse ou molle peut être enrayée avec un piolet, au delà mieux vaux faire une bonne prière

Oui, merci beaucoup pour la correction ! C’est bien de la lame que je voulais parler.

Pour les exercices, en tout cas avec des débutants, je conseille sans crampons (du coup il faut de faire ch… à tailleur une petite plateforme en haut). Ça évite des accidents malheureux.

[quote=« oli974, id: 1445833, post:10, topic:127908 »]

A ce propos, qu’est-ce qui est recommandé comme technique de contrôle et de freinage?
Qqn a -t-il un lien?[/quote]

Au hasard :wink: , il y a ceci :
http://alpinismes.free.fr/
chapitre « Neige & terrains glissants »

Bonne lecture…

[quote=« oli974, id: 1445833, post:10, topic:127908 »]A ce propos, qu’est-ce qui est recommandé comme technique de contrôle et de freinage?

Qqn a -t-il un lien?[/quote]

http://www.youtube.com/watch?v=YyRF6AjAI94&feature=relmfu

Bon, les commentaires sont en anglais mais les images sont suffisamment explicites.

[quote=« yves31, id: 1445968, post:16, topic:127908 »][/quote]

[quote=« fred alpiski, id: 1446091, post:17, topic:127908 »][/quote]

Merci pour les liens. J’ai appris des trucs sur l’usage du piolet .

Par contre celui qui a écrit ca est un peu de la vielle époque et un peu a la ramasse niveau nouvelles pratiques :

[quote]Exemple de piolet cascade (spécialisé traction)
Performant en traction mais guère utilisable pour la position d’arrêt (pas de panne ni de tête de frappe suffisamment large pour caler la tenue en ancre, dessus de lame agressif (dont on peut se demander à quoi il sert même en traction pure?), tête un peu trop grosse )[/quote]

Absolument pas. Pour les raisons citées, la plupart des piolets cascades ne sont pas utilisables pour freiner une glissade de façon efficace.

Ils ne permettent pas non plus de faire autre chose que du piolet traction et ça gène en alpi classique.
Ca m’arrive assez souvent de voir des gens équipés avec ça dans des couloirs AD ou D en train de galérer parce que la neige ne tient pas assez pour faire du piolet traction de façon sure, tout en étant trop dure pour pouvoir enfoncer aisément un manche avec ergot inamovible ou pire une poignée.
Ils ne peuvent pas non plus l’utiliser en piolet panne ou piolet appui car il n’y a pas de zone d’appui et le manche est souvent trop galbé ce qui nuit à la stabilité.

C’est une aberration. Mais la plupart des gens s’imagine qu’un piolet classique en couloir ça le fait pas. Et puis ça fait tellement plus classe une paire de piolet cascade sur le sac.