L'hiver et ses déboires

Posté en tant qu’invité par greg:

bonsoir à tous
loin de moi l’idée de polémiquer mais il me semble qu’au vu de certains retour de courses (chardonnet et Bans), les petits jeunes énervés s’emballent un peu vite. Quelques idées en vrac:
-comment sans expérience pouvez vous vous lancer dans l’arête Forbes au mois de Novembre, jours les plus courts. D’autant plus qu’il a neigé un peu que l’approche est longue, que la descente est merdique, même quand on connait. Expérience qui doit se faire il est vrai, mais pas à n’importe quel prix; bref je suis surpris de la désinvolture avec laquelle vous abordez ces courses sérieuses au mois de Novembre!
Ce genre de course nécéssite de savoir s’assurer en mouvement, et de savoir renoncer si on voit qu’on arrive à la bourre (excusez moi, mais départ du refuge à 5h du mat, c un peu tard, en été c plus tôt et pas seulement pour des raisons de chaleur!)

  • Pour les jeunes des Bans si la glace est si dure, pourquoi continuer? des rappels sur lunules sont rapides et sûrs dans ces conditions… bref ca aurait pu mal finir, epérience qui rentre là aussi, mais à quel prix si ca foire?

Tout ca est dans l’ordre des choses actuels, on se lance dans n’importe quoi avec le matos moderne, on ne réfléchit pas à un éventuel pépin en route puisque l’hélico est là!
Je pense à la face Nord des droites, j’ai du y aller 4 fois, et à chaque fois des huluberlus a peine dégrossis s’engagent derrière les autres , ralent parce que de la glace tombe et ne maitrisent ni les relais, ni la corde tendue, rien, on dirait de la cascade de bord de route.
Ne me prenez pas pour un moralisateur, j’ai moi aussi appris sur le tas, des erreurs j’en ai fait et j’en fait encore, mais attention à la limite entre erreur de jugement et stupidité.
Tout ca pour vous dire qu’un tas de belles courses plus faciles peut etre vous attendent à cette saison, sans croiser personne et sans galérer jusqu’au bout de la nuit, en attendant d’avoir la caisse et l’expérience pour du plus sérieux.
Portez vous bien et je n’ai pas dit d’etre sages, simplement de tout faire pour durer…
greg

Posté en tant qu’invité par l’Urbain:

Je pense que tu fais trop vite l’amalgame. Des jeunes mal dégrossis qui vont dans des courses trop dures pour eux, il y en a toujours eu, avec ou sans matériel moderne.

Dans la course des Bans, ça ne me choque pas, et rien ne me dit qu’il s’agit de « jeunes » (le Jean, je l’imagine plutôt vieux briscard). Les conditions étaient difficiles, mais ils sont passés, c’est donc qu’ils estimaient (à raison) en être capable.

Le pépin à la descente, c’est le genre de truc qui arrive à tout le monde. Mais là encore, ils s’en sont sortis tout seuls comme des grands.

Et, oui, l’hiver complique énormément les choses (c’est même le sujet de mon prochain gribouillis). Alors bien sûr, les CR rentrés entre Novembre et Mars, ça promet bien souvent des horaires explosés et des frissons dans la moëlle épinière. Mais, une fois de plus, je ne vois pas ce que tu reproches à cette sortie.

(Peut-être suis-je très mal placé pour faire ce genre de commentaires…)

Posté en tant qu’invité par J2LH:

greg a écrit:

(excusez moi, mais départ du refuge à 5h du mat, c un peu tard,
en été c plus tôt et pas seulement pour des raisons de
chaleur!)

Une question de béotien : si ce n’est pas une question de chaleur, donc que ça reste en condition toute la journée, quel est le problème ? On risque de rentrer de nuit mais à on est équipé en conséquence vu qu’on est partit de nuit. Tu peux m’éclairer ?

Posté en tant qu’invité par nico:

Greg, je crois moi aussi que tu fais trop vite l’amalgame. Certes, ils ont fait des erreurs mais c’est toujours facile de porter un jugement du style « moi j’aurais fait comme çà »! La montagne hivernale pardonne moins, un point c’est tout. Mais l’erreur est humaine. Attention, je ne les défends pas car il me semble que pratiquer la montagne hivernale doit se faire dans une course où l’on a beaucoup de marge. Simplement je n’apprécie guère ce genre de jugement hatif car jeune ou vieux, personne n’est à l’abri d’une mésaventure…! Et puis il y a des jeunes qui ont rentré des sorties (et j’en fais parti, Aig du Midi - Carli Cjhassagne) le week-end dernier et qui n’ont pas eu de problèmes… alors pas d’amalgame s’il te plaît! La montagne est à tout le monde, pas qu’aux plus expérimentés…

Posté en tant qu’invité par Loïc:

Et bien c’est parce que la course est longue et que l’horaire peut facilement riper, donc on doit partir tôt pour avoir de la marge.
Quand j’ai tenté l’arête Forbes, en été, j’étais débutant intégral et c’est un copain qui m’y emmenait (pas terrible comme idée !). En plus les conditions n’étaient pas bonnes, au refuge on nous avait dit de ne pas y aller. Mais moi en tant que débutant je faisais entière confiance à mon pote, qui avait déjà fait cette course.
Effectivement nous en avons bavé, on est parti à 3h du mat’ et on n’a pu aller qu’au sommet de la Bosse en brassant misérablement avec une cordée d’anglais qu’on avait rejoints.
On a mis 10h en tout, sans pauses, et sans même avoir attaqué l’arête elle-même et la descente par la voie normale.

J2LH a écrit:

Une question de béotien … Tu peux m’éclairer ?

Posté en tant qu’invité par Vincent:

Sans connaitre, il faut un super éclairage pour trouver le chemin de descente de la voie normale du chardonnet

vincent

greg a écrit:

(excusez moi, mais départ du refuge à 5h du mat, c un peu
tard,
en été c plus tôt et pas seulement pour des raisons de
chaleur!)

Une question de béotien : si ce n’est pas une question de
chaleur, donc que ça reste en condition toute la journée, quel
est le problème ? On risque de rentrer de nuit mais à on est
équipé en conséquence vu qu’on est partit de nuit. Tu peux
m’éclairer ?

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Millepattes:

là où je ne comprends pas vraiment le récit de la course, c’est sur l’engagement qu’ils ont accepté dans le couloir : si quelqu’un tombe, c’est trois morts
j’ai également fait le couloir des bans et j’ai ressenti la même sensation désagréable d’avoir à monter sans beaucoup de protections (mais après tout c’est un couloir donc théoriquement on ne doit pas tirer des longueurs tout le long)
Néanmoins, malgré la glace noire du couloir, j’ai tout de même pu faire des relais sur broches et assurer ma progression en tête. Je veux bien l’admettre, les broches rentrent mal, les doigts gèlent, les seconds au relais aussi car ça prend beaucoup de temps mais il est tout à fait possible de brocher. Ce fut très fastidieux et très fatiguant d’autant plus qu’il faisait aussi très froid (moins tout de même que pour clément je pense) mais ne voulant pas engager non plus inutilement, je me suis fais chier à visser des broches réticentes.
J’avoue même que sous l’emprise de la fatigue physique, j’ai chuté à force de taper mes crampons et mes piolets avec de moins en moins de force. La broche plantée 5-10m dessous n’a pas bronché (elle fut chiante à mettre mais au moins elle était béton)
Maintenant, c’est vrai que c’était pas évident de brocher et qu’on ne pouvait pas utiliser le rocher mais il était possible à mon avis de s’assurer un minimum.
Enfin, si on maitrise la lunule, dans les cas urgents, je pense qu’il est peut être préférable de redescendre dans le couloir (relativement rapide, glace béton et pas de soucis dans le noir)
yannick

Posté en tant qu’invité par Flo:

Salut,
Je partage plutôt l’avis de Greg, c’est deux histoires qui auraient pu très mal finir et on a l’impression que dès le départ c’était pas gagné (cordée à rallonges de débutants, « mauvaises conditions »…). Perso quand ça chie dès le début sur une course qui va durer 12h, moi je redescend, mais là chacun voit midi à sa porte; faites gaffe quand même!

"Pour faire de l’alpinisme il faut deux choses: de l’enthousiasme et de la lucidité.
Accepter de porter un sac, de dormir plus ou moins bien dans un refuge, parfois à un bivouac, d’avoir faim, sans doute d’avoir soif, partir en sachant que l’on ne pourra pas arrêter le jeu, c’est à dire l’ascension, si tout à coup on en a assez, soit que l’on soit fatigué, soit que le temps devienne mauvais, être tributaire d’un compagnon qui peut-être marchera moins bien,-bref quitter un confort et des habitudes, c’est cela l’enthousiasme. C’est un beau sentiment, surtout à notre époque qui oublie de plus en plus que l’on a des muscles et une tête qui ne demandent qu’a servir, et dont leur belle fatigue nous procure une paix, et même une allégresse intérieures. Marcher, grimper, n’est pas du tout un sacrifice, mais l’accomplissement d’une action pour laquelle chacun a, à sa naissance, reçu naturellement ce qu’il faut et qui procure un sain plaisir. Et en dehors de l’action, il n’est après tout ni si dur ni si désagréable d’avoir faim ou froid à un moment. A une époque où tout est de plus en plus prévu, programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un délice et un luxe exceptionnels.

Tout autant que de l’enthousiasme, il faut de la lucidité.
Ces deux sentiments appremment contraires se complètent magnifiquement.
La lucidité c’est apprendre à bien connaitre ses limites, tout en cherchant à les reculer, et les accepter, c’est à dire avant la course ajuster des désirs d’ascension à sa compétence et à celle des membres de sa cordée; pendant la course, être capable à tout moment de faire le point, honnêtement, ce qui est difficle, car il faut alors écarter tout sentiment, toute passion, toute envie de réussir à tout prix pour faire le rapport précis entre les difficultés (éventuellement les dangers) évaluées au plus juste des passages qui restent à gravir et les forces (muscle et tête) de la cordée, afin de décider si l’on peut, si l’on doit continuer ou faire demi-tour. Extraordinaire et merveilleux examen dans le secret de son coeur où la prudence risque parfois de n’être qu’un aspect de la lâcheté, et l’entêtement à poursuivre qu’une stupide et dangereuse déformation de la volonté.
(Monsieur Gaston REBUFFAT)

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Gybsy:

Comme dirait mon compagnon de cordée: l’expérience est la somme d’erreurs commise.

Posté en tant qu’invité par Flo:

Pas tout à fait d’accord, une partie seulement de l’expérience se construit en faisant des erreurs, une sortie réussie et bien menée apporte aussi de l’expérience; et puis si les erreurs commises sont trop nombreuses et trop grosses ben le type n’aura pas le temps d’avoir de l’expérience…

Posté en tant qu’invité par millepattes:

selon moi l’important est de savoir si les erreurs seront constructives, si elles serviront vraiment a augmenter l’experience
« on apprend de ses erreurs »
oui mais pas toujours
je suis le premier a reconnaitre que certaines de mes erreurs ne m’ont rien appris, que certaines fois j’ai refait les memes
certes il ne faut pas partir de maniere insouciante en montagne mais il ne faut non plus fuire les difficultes climatiques, techniques…
il faut juste essayer et ce de maniere active de ne pas reproduire les memes erreurs

Posté en tant qu’invité par Gepi:

Gybsy a écrit:

Comme dirait mon compagnon de cordée: l’expérience est la somme
d’erreurs commise.

Petite phrase qui permet d’accepter de faire des erreurs et d’aller de l’avant, mais je crois que j’apprends plus de mes succès et des erreurs des autres.

A+

Posté en tant qu’invité par Gepi:

Gepi a écrit:

Petite phrase qui permet d’accepter de faire des erreurs et
d’aller de l’avant, mais je crois que j’apprends plus de mes
succès et des erreurs des autres.

Du succès des autres aussi.

Posté en tant qu’invité par Hydra:

Oui,

Je dirai même qu’on peut apprendre tout le temps…c’est une question détat d’esprit, mais que les gros frissons sont les plus efficaces.

Posté en tant qu’invité par Francois:

Plutôt d’accord avec Greg: assurer toutes les longueurs, cordée de 4, jours très courts, conditions hivernales… ça fait beaucoup. En général, quand on s’aperçoit que ça merde dès le début, il n’est pas raisonnable d’insister.

Posté en tant qu’invité par Michel:

Francois a écrit:

Plutôt d’accord avec Greg: assurer toutes les longueurs, cordée
de 4, jours très courts, conditions hivernales… ça fait
beaucoup. En général, quand on s’aperçoit que ça merde dès le
début, il n’est pas raisonnable d’insister.
Oui encore faut il etre équipé de « capteurs » qui vont te dire que ça merde.
Avoir des repères est nécessaire à ce niveau : un débutant ne les a pas forcément.

Posté en tant qu’invité par fred:

(excusez moi, mais départ du refuge à 5h du mat, c un peu tard,
en été c plus tôt et pas seulement pour des raisons de
chaleur!)

Je ne suis pas tout à fait daccord, car l’hivers, l’horaire n’a pas vraiment d’importance du moment ou les conditions de gel sont là. On a passer une bonne nuit, on a même la possibilitée de prendre une première benne selon la course choisie.
Le seul hic c’est que si ça traine trop on se retrouve en retard le lendemain au boulo.
De plus attaquer une voie en plein jours est bien plus commode pour l’itinérair. Il faut juste être préparé à descendre de nuit.

Posté en tant qu’invité par OlivierC:

Ces aventures parlent d’une manière obstiné à pratiquer la montagne, et à rechercher la difficulté, malgré des conditions difficiles d’un mois de novembre exigent.
Aller jusqu’au bout, atteindre le sommet malgré une action qui tends plus à ressentir les limites de sa pratique, au risque conscient ou inconsient de risquer sa vie et celle de ses compagnons.
Bêtisse de rester encordé à 3, sur de la glace noire sans mettre de protection, qui plus est à corde tendu, au risque de la moindre erreur, balancer ces copains en bas…
Enfin, bon, tout le monde fait des erreurs, et on apprends parfois en poussant ces limites au maximum.
Mais les cimetières sont pleins de gens qui ont poussé un peu trop le bouchons et ont commis des erreurs, parfois évitable…
La montagne pardonne beaucoup et certains ont beaucoup de chance.
Le renoncement est l’action, qui est la plus difficile à intégrer dans la pratique des sports de montagne.
Il s’agit de remballer son orgueil mal placé et de faire demi tour à temps.
Au risque de se faire défois traiter de couille molle, je préfère rester vivant.
Aucune montagne ne mérite que l’on y meurre.
La mort d’un compagnon à ces cotés, laissera des traces indélébiles à vie, et une certaine culpabilité persistera parce que l’on regrettera de n’avoir pas su renoncer devant un défit trop important …ce que je souhaite à personne de vivre.
Bonne chance à vous.

Posté en tant qu’invité par Tof:

Oui encore faut il etre équipé de « capteurs » qui vont te dire que ça merde.

Tu parles probablement d’une montre.
Un bon repère consiste à s’imposer un timing et de vérifier si on le tient. POur cela il suffit de se munir d’une montre carrouf à 15€. Si tu n’as pas de montre, tu peux également prendre le portable : toujours plus utile de prendre la météo et de regarder l’heure que d’appeler les secours.

Posté en tant qu’invité par Tof (Christophe):

Le seul hic c’est que si ça traine trop on se retrouve en retard le lendemain au boulo.

Fred, ajoute également quelques gélures au orteils. :slight_smile: