Posté en tant qu’invité par Philippe:
Il y a quelques jours, suite à la lecture d’un message d’insultes gratuites que j’avais reçu j’ai contacté un des modérateurs de C2C pour que soit retiré du forum la discussion autour de ma mettre à Patrick Gabarrou. Par correction, j’avais même averti par email certains d’entre vous, ceux qui laissent une adresse où les contacter.
Le modérateur m’a expliqué que ce n’était pas dans la politique de C2C de retirer une discussion du forum. S’en suit une très intéressante et très enrichissante discussion qui pourraient en intéresser plus d’un, qui m’a fait comprendre que finalement la liberté d’expression et d’opinion que je recherchais, passait par certains messages violants. Les modérateurs de C2C ont entièrement raison et leur politique qui est juste, dans le sens noble du terme, montrent leur attachement a cette liberté d’expression. Merci à eux tous.
Une liberté d’expression qui dérange et que certains remettent en cause à lire leurs réactions. Je répondrais à ceux-ci que le temps des privilèges, celui où certaines personnes se croyaient intouchables de part leur statut et/ou notoriété est révolu et que personnellement, je ne juge pas les gens à leurs palmarès (sportifs ou autre) et/ou a leur dévouement à une cause noble, je sais ô combien, qu’être et paraître sont deux aspects biens différents d’un individu. Il existe des marchands de canons qui financent des missions de déminage. Et de conclure que ni son extraordinaire palmarès, ni son engagement louable auprès de l’association Mountain Wilderness, ne donnerait le droit à Patrick Gabarrou de me traiter de tricheur si je réussissais l’ascension d’un 8000 avec de l’oxygène artificiel.
Maintenant je m’aperçois que retirer la discussion du forum aurait donné raison à toutes ces personnes que ma lettre offusque.
Cela étant dit je vais faire quelques petites mises au point, en parlant à la première personne du singulier et en précisant que mes propos n’engagent que moi. Cela fera déjà taire les esprits chagrins qui préfèrent s’arrêter à des petits détails plutôt que de dire franchement ce qu’ils pensent.
Aussi j’enverrai cette lettre à Philippe Descamps rédacteur en chef de Montagnes Magazine et Manu Rivaud qui est l’auteur de l’éditorial du numéro dans lequel Patrick Gabarrou signe sa tribune et qui a participé à la discussion sur C2C.
"Patrick Gabarrou a souhaité… faire une petite mise au point claire sur cette utilisation " (de l’oxygène artificiel à l’Everest), ce sont les derniers mots d’introduction de la tribune de Patrick Gabarrou par la rédaction de Montagnes Magazine.
N’en déplaise aux supporters de Patrick Gabarrou sa démonstration est si claire qu’elle est trompeuse et en devient simpliste.
Pour étayer ses arguments et « pour être clair », écrit-il, il mentionne un pourcentage: 70% .
L’oxygène artificiel va augmenter de 70% les performances de celui qui l’utilise. Pour donner du poids a ce chiffre, il le compare aux 10 ou 15% d’augmentation des performances obtenus grâce à l’EPO dont on parle beaucoup aujourd’hui.
Ce pourcentage de 70% est peut-être parfaitement juste, mais lance tel quel il est trompeur et impressionne surtout s’il est comparé à ces 10 et 15 %.
Sous les yeux j’ai la courbe des performances physiques en altitude de la brochure “Santé et Altitude” de l’Association pour la Recherche en Physiologie de l’Environnement. (A.R.P.E).
Le commentaire dit qu’un sujet ne dispose plus au sommet de l’Everest que de 20% de ses capacités physiques du niveau de la mer.
Si l’on ajoute les 70% dont Patrick Gabarrou fait référence gagnés grâce à un apport d’oxygène artificiel (de 1l, 2l, 3l, 4l par minute cela Patrick Gabarrou omet malheureusement de le préciser, il mentionne simplement que le débit maximum est de 4 l/mn) on arrive non pas à 90% (seuls des politiciens arriveraient à ce chiffre) mais à 34%.
Donc, seul des spécialistes pourront me dire si j’ai tort ou raison, un être humain utilisant de l’oxygène artificiel dispose de 34% de ses capacités physiques au sommet de l’Everest contre 20% à un autre n’en utilisant pas.
Certes, 34 % est toujours mieux que 20%, mais cela ne permet certainement pas d’avancer comme une fusée ou tout simplement de courir. A moins de rajouter quelques petites pilules miracles, mais c’est un autre débat.
A mes yeux, grimper avec 34% de ses capacités physiques restera, surtout pour un amateur une grande performance sportive, autant physique que mental, certainement pas à la portée de tous les pratiquants que nous sommes. Personnellement je ne sais pas si j’en serais capable.
Il est donc injuste sans en dire plus de traiter de tricheur, de touriste sportif ou de summiter artificiel cet amateur qui aura utilisé de l’oxygène artificiel.
D’ailleurs tous ses grimpeurs qui utilisent de l’oxygène artificiel, se cachent ils pour le faire (comme le font les sportifs qui prennent de l’EPO) , ont-ils affirmé qu’ils n’avaient pas utilisé d’oxygène? On serait en droit de les traiter de tricheurs si tel était le cas.
Maintenant je réalise que « l’utilisation de l’oxygène en altitude » est un sujet si complexe, si important, si polémique qu’il ne se traite pas en quelques lignes et sous la plume d’une seule personne, mais dans un dossier complet avec différents intervenants, médecins et scientifiques spécialistes de la haute altitude, alpinistes célébres et autres illustres inconnus ayant tenté un 8000, etc. Alors si Patrick Gabarrou a « dérapé » en traitant trop facilement des alpinistes de tricheurs, Montagnes Magazine a fait la grave erreur de lui accorder cette tribune.
Aujourd’hui il serait souhaitable que Patrick Gabarrou et la rédaction de Montagnes Magazine s’expliquent, non pas dans un prochain numéro du magazine, ce serait beaucoup trop facile, mais ici même dans le forum. Qu’ils s’exposent réellement aux opinions et aux critiques bonnes ou mauvaises des internautes de C2C. Que s’ouvre un vrai débat, en attendant un dossier complet et objectif dans un prochain numéro du magazine.
Quelques soient leurs propos, Patrick Gabarrou et Montagnes Magazine ne ressortiraient que grandis d’un tel face à face. Cela nous montrerait que Patrick Gabarrou a su rester humble malgré sa notoriété et que les rédacteurs du magazine ne cultivent pas le principe de la pensée unique. Se dérober serait malsain, j’aurais le droit de penser que les uns comme les autres se croient au dessus de tout le monde.
Pour terminer et pour ceux que cela intéresse « l’affaire des sherpas non payés » va être réglé devant les tribunaux. Espérons que les sherpas obtiendront rapidement gain de cause et qu’ils seront vite payés. Aussi j’espère que la presse spécialisée nous tiendra informés objectivement de l’évolution de toute cette histoire.
Tous mes propos n’engagent que moi.
Philippe Perret