Cette circulaire (qui date un peu) fait référence à un accident survenu dans l’académie de Lyon où une élève avait été blessée à la suite d’une chute par rupture de l’encordement réalisé sur une sanglette située au niveau du pontet du baudrier. Dans la foulée, le fabricant (Béal) a réagi en préconisant de couper cette sanglette et les fabricants « sérieux » ont tenu compte de ce problème et amélioré leurs modèles destinés aux collectivités (Cilao en particulier).
En 2006, le recteur de l’académie de Lyon avait même envisagé d’interdire carrément l’escalade, jusqu’à ce qu’il accepte un texte restrictif à la fois sur la forme et le fond, avec en particulier cette phrase lourde de conséquences : « Seuls les volontaires doivent participer aux exercices ». Le recteur avait également missionné 3 enseignants spécialistes en C.O., Kayak et Escalade (détachés à mi-temps) pendant 3 ans pour sillonner l’académie pour former leurs collègues à la sécurité dans ces APPN (j’étais chargé de l’Escalade).
Concernant l’enseignement de l’escalade dans le cadre de l’EPS, il est bon de prendre conscience de divers aspects :
1° Contrairement à ce qui se pratique en club ou avec un encadrement de type guide ou B.E., si l’activité escalade est inscrite au programme d’une classe, en référence avec les impératifs ministériels qui nous imposent l’enseignement d’une activité du groupe CC2 : « Adapter ses déplacements à des environnements multiples, variés, nouveaux » dans lequel on ne trouve pas un choix immense (Escalade, Course d’Orientation, Natation de Sauvetage), cette activité sera OBLIGATOIRE pour tous les élèves concernés (au moins un cycle de 8 à 12 séances entre la seconde et la terminale). En EPS on n’a donc pas un public de gens volontaires (et qui payent) pour une pratique donnée, sur une durée fixée et qui débouche éventuellement sur une évaluation au Bac.
2° Avec une classe de 30 et plus souvent 35 élèves (qui pour certains préfèreraient faire autre chose !), il faut être sacrément costaud, inventif et motivé pour gérer tout ce petit monde avec un comportement sécuritaire de « bon père de famille » comme on dit. Même avec la meilleur volonté du monde, même avec les meilleures installations et des équipements parfaits, nous avons à faire à une population pas toujours très facile. Comme je le dit toujours lorsque j’anime des formations auprès des enseignants : « ils peuvent TOUT nous inventer, à chaque instant » ! Pour ça et pour le reste, on serait mieux avec des classes à 24, mais manifestement, ça ne perturbe ni la société ni les parents qui ont accepté depuis longtemps qu’on « dégraisse le mammouth » de tous ces fainéants de fonctionnaires !
3° Avec des crédits d’enseignement toujours minimalistes, c’est un vrai casse-tête que de s’équiper avec un matériel de qualité. 10€ de plus sur un baudrier, c’est un ballon de moins pour d’autres activités. Alors oui, les équipements ne sont souvent pas très pratiques, peu fiables bien que certifiés CE, avec les conséquences en terme de sécurité.
4° Concernant la formation, c’est la même chose : réduction budgétaires, refus des chefs d’établissements de voir leurs enseignants partir (les parents exigent que leurs enfants soient « gardés » !), de moins en moins de formateurs motivés pour traverser l’académie pratiquement à leurs frais (le prix du carburant augmente, pas le taux de remboursement !) pour aller délivrer la bonne parole.
Alors oui, il y se fait certainement des choses inadmissibles en EPS (en Escalade ou ailleurs), mais il faut quand même relativiser : 2,6 accidents par million d’heures d’utilisation sur les murs d’escalade contre 9,6 accidents par million d’heures d’utilisation pour les autres activités d’éducation physique régulières (étude sur 15 ans de pratique). Les profs de gym ne sont pas des assassins ! Ils sont bien formés, y compris en escalade, ils sont consciencieux et préparent leurs cours (sans doute plus dans les activités où ils ne sont pas spécialistes) et sont soucieux de la sécurité de leurs élèves. Bien sûr, il y aura toujours des incompétents notoires dans toutes les professions, mêmes dans les centrales nucléaires !
B.A.