L’hiver a été assez exceptionnel, nous en conviendrons tous, autant dans les Alpes du Nord que dans le Sud qui croule encore sous des mêtres de neige !
J’ai d’ailleurs consacré un Edito de Newsletter sur ce « dernier bel hiver (qui sait) de notre vie »
http://heliofun.free.fr/Gazettes%20AVATAR/2009/AVATAR%2004.2009%20P1.pdf
Et puis, dès le changement d’heure, voilà que nous marchons à nouveau sur la tête ! Là où les mois d’avril nous apportent généralement une alternance de giboulées et de soleil avec maintien voire alimentation du tapis neigeux jusqu’en moyenne montagne, avril 2009 bat tous les records de douceur et de précocité.
Nous avons beau entendre les anciens s’écrier « Oh, tu verras, on va le payer fin avril … avec le retour de l’hiver !!! » En fait, il ne se passe rien, les lilas fleurissent déjà à 700 m d’altitude, le regel est aléatoire jusqu’à 2.000 m, voire même plus haut selon les versants et nos sorties à ski en patissent.
A titre d’exemple, des amis qui pratiquent depuis 30 ans et qui étaient au Bishorn il y a 2 semaines (çàd début avril) m’ont raconté qu’ils n’ont jamais autant souffert de la chaleur que dans la montée entre le Roc de la Vache et la cabane de Tracuit ! Ils parlaient même de chaleur étouffante et continue !
Certes, il est bien loin, le temps où la saison de ski de rando commençait début avril pour s’étirer jusqu’à fin juin, mi juillet. Bizarrement, même s’il reste un paquet de neige en altitude en montagne, ce passage direct, en moins de 4 jours, des rigueurs de l’hiver aux douceurs printanières influe sur mon moral, même si je sais depuis bien longtemps que la machine climatique semble irrémédiablement détraquée !
Plus que le changement de saison, 'est peut être le fait de devoir trop vite quitter la moyenne montagne -qui nous a apporté tellement de satisfactions cet hiver- et de devoir monter bien plus haut qui me perturbe ou en tout cas me rend morose !
Le syndrome, même s’il est difficile à identifier, est bien présent au fond de moi. Ce sentiment indiscible ne m’empêchera bien entendu pas de coller les peaux aussi longtemps qu’une belle langue de neige me permettra d’aligner quelques beaux virages. Mais quelque part, au fond de moi, je sais que malgré les promesses de l’hiver, la saison de ski tournera court surtout lorsque je repense aux espoirs un peu naîfs d’une longue arrière-saison que l’abondance du manteau neigeux d’alors nous permettait de nourrir en février ou en mars !
Je suis parfaitement conscient que j’ai le grand privilège de philosopher à travers ce propos sur la vacuité ou la fragilité des choses, alors que d’aucuns et d’aucunes ont tout laissé sous de mortelles avalanches, à commencer par Stéphane dont je salue la mémoire qui avait ouvert le triste ban dès la fin novembre.
Il n’empêche que, tout comme le syndrome engendré par le recul catastrophique des glaciers alpins, les changements de saisons peuvent nous mettre mal à l’aise avec nous-même !
Christian
74470 LULLIN
Le titre du thread est emprunté à un film de Laurent HEYNEMANN (1987) !