Posté en tant qu’invité par Etienne:
Ca tient à peu de choses, qu’une course devienne la plus nulle ou pas.
C’était ma première course. C’est un heureux souvenir.
Nous étions partis de Bessans la veille au soir. Nous avions bivouaqué dans un pré constellé de lys orangés, au pied d’un emplilement de barre rocheuses.
Partis de nuit, nous arrivons au lever du soleil sur le glacier. Ce sont déjà deux premières: mon premier glacé foulé aux crampons, et ma première arrivée à 3000m. Ce que je ressens vite, la migraine s’installe…
Le glacier monte doucement, heureusement, j’ai le souffle court et la nausée au ras de la luette. Petit à petit, nous gagnons une impressionnante arête effilée ( pas plus de dix mètres de large…). Je me découvre d’insoupçonnables talents techniques pour escalader la pente d’éboulis qui la compose. Je suis vraiment malade. Il y a quelques semaines, des Français ont pour la première fois atteint le sommet de l’Everest. Enfin, je compatis. Je connais leurs souffrances.
Au prix d’un effort intense, je surmonte le ressaut Il-a-ri - quelques mètres encore plus glissants que le reste, pas de I inf., non équipé.
La pente redescend soudain. Le ciel est là, immense. Pas un coin de terre qui soit plus élevé que moi à un kilomètre à la ronde! Victoire!
Une vision me glace soudain. De l’autre côté du sommet, quelques familles se prélassent au soleil. Certains ont monté chaises pliantes, radio et même parasol! J’apprendrai plus tard que le versant italien possède une route (piste?) qui permet de monter très haut, et que le reste est à vaches…
C’était ma première course. C’est un heureux souvenir. Aurait-ce été seulement la deuxième, vous aviez le récit de ma course la plus nulle.
Ca tient à peu de choses, qu’une course devienne la plus nulle ou pas.