Les bâtiments du CAF sont-ils encore des refuges de montagne ?

A cette époque, ça devait râler lors du passage de la paillasse au matelas :wink:

Je n’imagine même pas avec l’arrivée des poëles.

Dans le reste de l’article, on voit qu’un des sujets de plainte des partisans du modernisme, c’est le fait que la paille moisie n’était pas changée assez souvent.

« Il serait désirable que la paille souillée et piétinée de nos cabanes fût remplacée, dans les couchettes dont je viens de parler, par un solide matelas, reposant, non sur des planches, mais sur un fort treillis de fils de fer, formant sommier ; ce progrès peu coûteux, augmenterait considérablement le bien-être du dormeur. »

Op. cit., p. 33

P.S. La position des virgules est laissée au seul choix de l’auteur qui les aimait bien, les virgules, donc.

Le partisan du modernisme aimait aussi l’imparfait du subjonctif…

ça, je ne me permets pas de le lui reprocher, quelle perte est en train de faire le français en abandonnant ce merveilleux temps. Pense seulement à la deuxième personne du singulier du verbe péter, par exemple!

Attention, je ne t’adresse pas cette forme du verbe péter, je ne me permettrais pas!

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Il y a énormément de choses très intéressantes dans cette discussion qui me concerne de près ou de loin. C’est un peu celle qui a fait que je me suis réinscrit.

Tout d’abord j’aimerai rappeler la définition du refuge :
Les refuges n’ont un cadre juridique que depuis 2007 et ce fameux décret :
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2007/3/23/INTR0700059D/jo/texte

Décret qui modifie donc le code du tourisme pour apporter une définition aux refuges.

Un refuge est un établissement d’hébergement recevant du public gardé ou non, situé en altitude dans un site isolé.
« Son isolement est caractérisé par l’absence d’accès tant par voie carrossable que par remontée mécanique de type téléporté ouvertes au public et par l’inaccessibilité pendant au moins une partie de l’année aux véhicules et engins de secours.

Il faut aussi et surtout mettre en avant ce passage :

Au titre de sa fonction d**'intérêt général d’abri**, le refuge dispose en permanence, à l’intérieur, d’un espace ouvert au public.
« Lorsque le refuge est gardé, cet espace comprend au moins une salle permettant de consommer ses propres provisions.
« Lorsque le refuge n’est pas gardé, cet espace offre également un hébergement sommaire. »

Ensuite, comme le précise Krystof, il y a des règlements de sécurité a appliquer avant tout. Par contre il y a un règlement de sécurité spécifique aux refuges : le type REF en 44 articles :
http://www.sitesecurite.com/contenu/portail/ad_erp/erp_05.php?id=top

Vous pourrez par exemple voir que la question de l’ouverture des sorties de secours vers l’intérieur est bien évidemment traité ! Comme quoi le législateur n’est pas si étourdi. (REF11 paragraphe 2).

L’accueil des mineurs est régie par le REF7 issu d’un arrêté de 2014.
Le ministère de l’intérieur à édité un guide sur l’accueil des mineurs en refuge :

Que fait le CAF ou plutôt la fédération ? Eh bien elle s’était opposé à ce fameux texte sur l’accueil des mineurs en refuge qui bloquait beaucoup de choses. Par exemple, vous pouvez voir ça ici :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?oldAction=rechJuriAdmin&idTexte=CETATEXT000034330306

La question de l’accueil des mineurs avec ce texte est complexe et même un peu contre productive comme le précise ricovert avec des contraintes stupides pour les encadrants voire l’impossibilité de réaliser des choses simples. Rien n’empêche chacun d’aider les associations dans ce genre de démarche. Rien n’empêche chacun d’envoyer un courrier à son député pour faire en sorte que les lignes bougent pour faciliter les activités des jeunes voire d’autre choses.

Vous pourrez par ailleurs voir que le règlement de sécurité met à part les refuges construit avant 1994. Ouf ! Ça évite beaucoup de choses, mais ça ne dispense pas d’avoir des escaliers encloisonné et désenfumé … qui pour beaucoup de vieux refuge à étage est tout bonnement impossible à réaliser.

Concernant un petit point sur le « volume recueil » refuge en cas d’incendie. Il peut être intégré au bâtiment principal comme détaché. Il peut être totalement utilisé pour accueillir des personnes. Ce n’est pas un volume inutilisé en temps normal. Donc c’est possible. Après l’espace sera forcément sous responsabilité du gardien. Le problème n’est pas dû au bâtiment mais à la relation humaine que peut avoir le gardien avec les personnes qui ne consomment pas.

Concernant l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, eh bien, on va faire simple, il n’y a pas vraiment de contrainte dans les refuges… pour le moment. En effet il n’y a pas eu de décret permettant l’application de cette législation dans les ERP de type refuge.

Enfin une petite réflexion : qu’est ce que l’esprit « refuge à l’ancienne » voire qu’est ce qui fait qu’un bâtiment fasse refuge ? Quels équipement / confort doit proposer le refuge ? Il y a tellement de diversité, tellement de nécessaire adaptations en fonction du site, de son environnement, des utilisateurs qu’il n’y a pas vraiment de réponse j’en ai bien peur.
Ces questions sont posées lors de discussions par les différents partenaires qui tournent autour des projets de refuges, car le CAF ne décide pas tout seul de ce qu’il doit y avoir dans ses refuges. Chaque projet de refuge tente de répondre à des problématiques et les financeurs (globalement publics pour le moment) ainsi que les utilisateurs comme les gardiens, les guides et accompagnateurs, les associations, ont leur mot à dire … C’est un travail de concertation qui est mené pour chaque projet et des réponses différentes pourront être apportées en fonction du lieu, des activités autour du refuge, etc…

La politique générale de rénovation des refuges est surtout là pour faire en sorte d’accueillir les gens dans des conditions acceptables de sécurité et de permettre aux gardiens de travailler et de vivre sereinement. Il y a la dimension réglementaire qui est effectivement prégnante et qui impose des refuges bien plus grands désormais. Il y a aussi comme tu le dis la loi du marché. S’il y a beaucoup de monde qui apprécient les « refuges à l’ancienne » ici avec bas-flanc et 4 murs ça reste quand même très minoritaire dans la clientèle actuelle des refuges de montagne. Encore une fois ça dépend des refuges qu’on fréquente et la question va se poser pour chaque refuge. Mais un refuge qui va plutôt accueillir des familles ou des randonneurs forcément se doit de proposer un peu plus que 4 planches et un toit. Est-ce que ça va trop loin ? Je ne pense pas car tout est fait pour au contraire limiter l’impact de l’homme avec les refuges. Les installations techniques sont de plus en plus efficaces et propres, bien dimensionnées, etc… Mieux vaut un refuge qui en propose un peu plus, qui est un peu plus grand mais qui a un impact bien moindre sur son environnement. On peut parler de l’assainissement des eaux, des toilettes sèches mais aussi de la production d’électricité pour limiter l’utilisation de groupe électrogène. Autant te dire que la différence de coût entre un dortoir avec bas-flanc et une chambre de quelques lit superposés ne représente pas grand chose dans le budget global d’une rénovation.

A ce sujet, petit aparté sur les règles… un dortoir doit respecter des règles très complexes de renouvellement d’air, pour lesquels les refuges réussissent pour le moment à obtenir des dérogations. En espérant que ça continue, car sinon, on ne va plus mettre grand monde dans les dortoirs et on sera obligé de les chauffer contrairement à aujourd’hui où on est plutôt obligé d’ouvrir la fenêtre pour ne pas avoir trop chaud.

Paul G a tout à fait raison en disant que les refuges sont géré par des bénévoles. Chacun ici peut prendre une licence dans un club gestionnaire de refuge pour aider à la gestion. C’est comme il dit un boulot monstre et les salariés de la fédérations sont là pour aider les bénévoles car il y a tout de même beaucoup de tâches administratives nécessitant un minimum de contrôle professionnel. Et la fédération n’a pas embauché 2 ETP (c’est un peu plus en fait) pour remplacer les bénévoles car ce n’est absolument pas possible ! Ils sont là pour gérer les gros travaux de rénovations et apporter du soutien aux bénévoles. Les bénévoles sont la clé de voûte de la gestion des refuges et chaque club gestionnaire a plus que besoin d’aide. Il y a énormément de choses à faire comme de la gestion administrative, de l’entretien de relations locales (politique locales, économique avec le réseaux d’artisans voulant bien monter en refuge pour faire 3 bricoles, etc…) mais aussi donner de son temps et de sa force pour aller réparer un bas-flanc défoncé par des abrutis, aider le gardien à ranger ses provisions lors des héliportages, mettre un coup de peinture sur des murs usés, installer une réserve d’eau en urgence, etc… Il y en a pour tous les goûts et toutes les compétences. Si ça vous intéresse, comme dans tout groupe, c’est difficile de faire son trou, mais vous trouverez des gens passionnés par la montagne et qui partagent de bons moments ensemble !

Bon j’en ai assez dit pour le moment, mais ça me semblait important de faire cette petite mise au point.

De mon expérience des tractage avec Nat’n co, le vrai problème d’accessibilité dans les refuges, c’est les WC. Des chiottes à la turc ou un trou au dessus du vide, c’est pas très pratique pour un tétraplégique ! Pour le reste, on est habitué à se débrouiller.

Merci Miko de ce retour.
La tendance est aujourd’hui aux toilettes sèches, qui sont plutôt désormais des grosses cabines avec des vraies cuvettes. Fini les trous. Alors oui il en reste… et ce pourrait être une demande faite par l’association auprès des clubs gestionnaires de refuges qui ont encore des toilettes de ce type. Surtout s’il y avait un refuge dans lequel vous allez souvent et qui a encore ce genre de toilette.

Dans les rénovations du CAF, pas d’inquiétude, il n’y aura plus de « trou » sans cuvette.

Après il peut y avoir aussi des problèmes pour accéder aux étages en fonction de l’exiguïté des escaliers. S’imposer au moins un dortoir au RDC peut être une bonne idée aussi.

Je répondais juste aux remarques sur l’accessibilités et les quelques boutades qui allaient avec. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de décret d’application que ce public est oublié, encore plus dans les nouvelles constructions. Dans les Pyrénées sur les 3 prochains refuges CAF ou non, le refuge des Sarradets / Brèche de Roland prévoit une toilette gabarit PMR, le Wallon Marcadau et Aygues Cluses irait même a priori plus loin avec un dortoir PMR.
Dans tous les cas, quand vous réservez et que vous accompagnez un handicapé en refuge ou dans un chalet il faut surtout ne pas hésiter à le mentionner lors de la réservation, même si vous n’êtes pas nombreux. Les gardiens préparent les chambres avant votre arrivée, ça lui évite un travail de modification d’assignation des chambres au dernier moment.

Honnêtement, je ne suis pas sûr qu’il faille sur-contraindre les spécifications et donc augmenter les coûts. Il est normal qu’un refuge en pleine montagne n’ai pas tous les équipements accessibles. On est habitué à porter Nat pour se déplacer dans le refuge et ça ne pose aucun problème.

Ce n’est pas une énorme contrainte non plus… et dans l’idée c’était un choix délibéré plus qu’une contrainte administrative. Et parfois ça peut répondre aussi à d’autres besoins.

Enfin, l’asso Nat’n Co n’est pas la seule et d’autres pourraient, tout en étant dans l’ensemble sur la même volonté de ne pas sur-contraindre, avoir des demandes différentes.