J’ai débuté en janvier 2006, avec un moins bon bagage que toi en ski de piste (mais une bonne expérience en alpinisme).
J’ai écrit à l’époque, pour des potes grimpeurs, un petit texte sur ma première fois, je te le livre.
[quote][b]Premiers pas…
… en ski de rando ![/b]
Ca faisait 10 ans que mes potes du CAF me tannaient pour m’initier à cette activité… à force de prétexter que mon niveau à skis était nul, j’ai fini par progresser malgré moi, aussi quand le responsable du club - par ailleurs voisin et compagnon de coinceurs - m’a proposé de m’inscrire à son stage, je n’ai pu qu’accepter. Et ce week-end était le premier d’une série de quatre.
Samedi, petite journée (en principe). 3 heures de route dans le brouillard, et une ascension en téléphérique, pour déboucher au soleil dans le charmant petit village de Niederrickenbach, à 1160m d’altitude, un vrai havre de paix, je veux dire un monde… qui n’a jamais vu la moindre voiture !
Une première heure de montée toute en douceur, pour découvrir peu à peu notre nouveau matériel… Quand je pense combien j’en ai bavé avec mes skis de fond alors qu’avec les peaux, c’est si simple… Premier exercice : les conversions en montée. Pause casse-croûte et nouvel exercice de recherche d’Arva, et nouvelle heure de montée jusqu’au refuge de la Brisenhaus (1753m)… C’est là que je réalise que le sac est lourd, mais bon, comment dirais-je… pas que le sac : le bonhomme aussi… et n’ayant pas l’entraînement estival, je tire un peu la langue à l’approche de la cabane. Mais bon, c’est l’heure de la bière bien méritée, puis de la sieste et… Et non ! car on est là pour apprendre : encore un exercice ! On doit monter au dessus du refuge, pour une première descente en poudreuse ; bon, ça fait envie, sauf quand on croyait en avoir fini ; sauf quand on nous dit qu’on monte jusqu’au petit chalet, mais qu’en fait on triple le dénivelé… C’est finalement sur les rotules que je m’élance : miracle, les paraboliques, ça tourne tout seul ! dire que je me fais suer depuis des lustres sur les pistes avec mes skis droits… Bon, une seule chute, je m’en tire bien… Et le demi-litre de bière est au rendez-vous. Mais les « pentes » raides annoncées pour le lendemain ne me rassurent guère…
Dimanche, lever 7h (c’est tard !), car la course est courte. J’ai dormi 9h : ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps ! Ben oui, pas d’internet au refuge…
La première partie, jusqu’au col (Jochli), est théoriquement facile. Sauf que… ça monte, continuellement en traversée, sur des traces étroites, gelées et très légèrement en dévers. Pour tenir il faut glisser les skis à plats, mais mes réflexes de skieur de piste n’arrêtent pas de me jouer des tours : je me mets sur les carres, et immanquablement, tombe… je dois me fatiguer deux fois plus que ceux qui ont la technique… et c’est un cercle vicieux : peu de technique, je m’épuise ; épuisé, je n’arrive pas à appliquer la technique ! Enfin, bombardé de conseils, j’améliore le style peu à peu, et le repos au col est le bienvenu.
La suite… ben comme c’est court, mon pote nous a réservé un final technique - normal, on est là pour apprendre. Ce sera donc une montée dans un couloir à 35/40° en neige bien gelée, avec moultes conversions : je souffle comme un boeuf, mais comme on a sorti les couteaux, mon habitude du cramponnage me rassure un peu. Et puis c’est le collu, sur l’arête terminale rocheuse : on déchausse, midi, sommet du Brisen (2404m)… La haute montagne accessible l’hiver, une autre dimension pour moi…
Mais… on descend par où ? Une fois récupéré nos skis… par le couloir de montée ? c’est ce que font la plupart des Suisses ; les meilleurs à skis, les autres… à pied… (car fréquentation oblige, la neige y est maintenant bien pourrie) ; mais une descente à pieds, ce n’est pas très pédagogique… Aussi mon pote a repéré un autre couloir, un peu plus raide (40°), ensoleillé ; la neige y est excellente, il ne nous laisse pas le choix… et c’est parti ! dans ma technique favorite : le dérapage en feuille morte, ce qui me dispense même des conversions ! Même pas tombé, le gros J.Marc… mais j’ai bien niqué la neige… oups pardon !
Pas tombé ? je ne peux pas en dire autant de la descente du Jochli ! après un couloir où j’essaye cette fois - et encore avec succès - des traversées-conversions, la pente s’adoucit, et il est temps de montrer mon superbe style en virage… Mais voilà, la fatigue est déjà bien prenante, et j’oublie une fois sur deux que mes skis tournent tout seul… aussi l’impulsion que je leur donne provoque un 3/4 de tour qui immanquablement m’amène les skis en haut et le cul en bas… peu gracieux, et pas commode ensuite pour se relever, surtout avec le sac ! Et c’est la spirale infernale : plus je suis fatigué, plus je tombe ; plus je tombe, plus je me fatigue… heureusement, 1300m, c’est finalement vite descendu, et pour le final sur chemin damé, j’ai pu enfin montrer tout mon art… faut dire que la bière nous attendait au village.
Dur après tout ça de replonger avec la benne dans le brouillard de la vallée !
Cette semaine, vous ne me verrez pas beaucoup : j’ai des courses à faire, je dois m’acheter des skis de rando…[/quote]
Voilà, depuis j’ai fait une petite dizaine de sorties, je suis accro, je souffle moins à la montée, je maîtrise mieux à la descente… il y a encore pas mal de progrès à faire, mais je me demande surtout… pourquoi je ne m’y suis pas mis plus tôt !
[i]NB1 : pour le froid… tant qu’on ne reste pas immobile, pas de problème, et pourtant, mon sang corse m’a rendu très frileux ! on a bien moins froid qu’en alpinisme où on reste parfois 30 mn sans bouger à un relais…
NB2 : pour la sécurité, c’est comme dans tout autre activité de montagne, il faut suivre une formation, et partir au début avec des personnes très expérimentées.[/i]