Un paju qui parle du touffing, comme quoi ça se démocratise
Le plaisir de la motte
Du dry ou du mixte au rabais ? Allons encore dégrader les terrains si fragiles et déranger la fragile biodiversité de ces pentes escarpées
Salut,
Je me pose la question de l’impact de telles pratiques sur l’environnement.
Autant quelques griffures sur du « rocher montagne » me laissent de marbre, autant risquer d’abîmer les mottes de rare terre et plantes fragiles mettant des années à coloniser les fissures, je trouve ça très limite.
Les amateurs de le touffe rétorqueront peut-être que si c’est bien gelé, on n’arrache ni n’abîme rien ? Je me permets de douter, d’autant que si ça se démocratise, tous les pratiquants n’auront peut-être pas l’éthique de grimper seulement lors de forts gels (il doit falloir que ça gèle bien fort et longtemps pour que des mottes soient dures en profondeur…).
Sylvain.
La question peut se poser effectivement mais elle est à mettre en regard avec le reste de nos pratiques « verticales » : en « touffing » généralement le nettoyage des voies est minimal (en ce qui me concerne, je nettoie à la main les blocs dangereux). En escalade sportive notamment, toutes les voies ouvertes en moyenne montagne ou plus bas s’accompagnent d’un gros boulot de purge et nettoyage : retrait des blocs à la baramine, végétation et terre nettoyée, lichens brossés, création d’une sente approche et retour,…
Difficile d’être vertueux dès qu’on pratique nos activités
Pour l’escalade en « touffing », le plus inquiétant en cas de mauvais usages comme la grimpe sans regel me semble donc pour la pérennité du grimpeur (car c’est pire que précaire comme ancrage si non gelé !!) et éventuellement de l’itinéraire.
Concernant les conditions, il suffit généralement de 2 journées de températures négatives pour que ça soit tout bon, c’est donc une pratique intéressante avec les hivers actuels qui alternent rapidement le chaud et froid…
C’est le cas depuis longtemps au Ben Nevis et je n’ai pas connaissance de gros soucis là bas, où le « turfing » est souvent pratiqué !
Heu… quand une falaise de grimpe est « équipée », les mottes de terre et leur plantes fragiles dans les fissures, c’est ce que tu vires et nettoies à grand coup de grattoir et soufflette.
Pour moi un itinéraire de mixte, c’est laissé dans un état beaucoup plus naturel que n’importe quelle falaise de couenne.
Quand je pense aux dizaines de mètre carré ( en basse altitude là où la vie foisonne ) que j’ai « nettoyé » ( sans compter les arbres en pieds de falaise) pour pouvoir y grimper « à main nues » et toute bonne conscience sans me préoccuper de toutes la vie qui l’occupaient avant que je ne dévaste tout ( écureuils oiseaux insecte )…
Et sans compter sur le fréquentions qui en a découlé. Fréquentation du à l’utilisation de transport individuel . Transport individuel qui induit l’artificialisation des sols . Artificialisation qui augmenté de 72% entre 1982 et 2018 en France métropolitaine alors que la population n’a crû que de 19%.
C’est pour moi de l’écologie de bout de chandelle que de se focaliser sur des pratiques qui n’ont pas plus de conséquence que d’autres sur le terrain de jeu qui est le nôtre.
PS Dès que l’on voit pioches et crampons dans le thème d’un fil de discussion ne pas oublier éventuellement de mentionner « pas de hors sujet notamment sur le dry ou l’éthique dans ce sujet »
A plus forte raison, on en a peut-être déjà assez fait comme ça (comme vous le confessez) ?
Et puis nul besoin d’aller en Suisse, ça devient trendy et pourrait même créer de la croissance (chercher « dry touffing » ) :
https://sebdescimes.weebly.com/blog/terre-gelee-au-vent
https://www.manu-ibarra-alpineguide.com/2020/12/grimper-sur-l-herbe-mixte-escalade-vercors-touffing.html
https://www.chvd.org/2018/11/22/dry-touffing-au-grand-colon/
Je ne confesse rien .
L’ouverture de voie c’est la modification d’un environnement.
Et puis il faut relativiser : sur les dernier 30 mètres de lineaire de falaise que j’avais équipé il en reste des centaines de mètre qui n’ont jamais toujours pas vu la main de l’humain.
C’est du même ordre de grandeur pour la voie du glacier d’Aletsch qui est le sujet de ce fil de discussion
Superbe ces ambiances ! Vive le trad !
Si j’avais 30 ans de moins ça me donnerai des idées !
En tout cas pas pire ( ni plus « scandaleux » ) que la (sur)fréquentation de (« pure ») voie d’escalade ( à portée de remontée mécanique ) et de site d’escalade « Park & Play » à la mode.
Et le déterrage de falaise d’escalade comme le désert de l’écureuil (un exemple récent parmi de nombreux, puisqu’il me semble que tu es sur Grenoble) on en fait quoi ?
Car là on ne parle pas d’escalade sur des touffes d’herbes gelées, mais d’un travail de nettoyage énorme de toute trace de végétation, sur de très grosses surfaces…
L’un n’exonère pas l’autre… (ou ne justifie pas l’autre)
Sur le sujet, j’ai relevé dans le reportage l’argument « sécurisant » ; c’est sans doute un des paradoxes de notre époque que de minimiser, voire de renoncer à l’engagement qui procure la mesure de soi-même et de rechercher symétriquement une sorte d’adrénaline* « sécurisée ».
Comme en toute chose, passion n’est pas raison et de fait, c’est le nombre de nouveaux adeptes qui risquerait de créer le problème faute à ne pas prendre en considération ce « terrain de jeu ».
Au demeurant, pas question pour moi de jouer au prosélyte ; un forum est là pour donner son avis, rien de plus.
(*) existe d’ailleurs en seringue pré-dosée
Je pratique l’ancrage dans la motte gelée mais c’est vrai que je ne m’étais jamais posé la question de l’impact, question pourtant pertinente.
Je n’ai pas encore trop d’avis sur la question, mais je trouve que pointer les mauvais impacts d’autres pratiques n’est pas une solution. D’une part ce n’est pas parce que d’autres font pire que ça justifie tout. D’autre part on peut aussi penser que trop c’est trop, autrement dit il est temps de ne pas rajouter une énième pratique à impact négatif (quoi qu’il ait été fait par le passé ou qu’il se fasse dans d’autres pratiques).
Parce que sinon on pourra toujours imaginer de nouvelles pratiques à impact, chacune étant légitimée par les autres.
Je propose simplement de replacer le débat sur nos impacts dans le contexte français, où la pratique qui prend le plus d’espace est de loin l’escalade sportive
Et je pense qu’il est intéressant de remettre en perspective l’impact d’un parcours d’une paroi sans modification volontaire du support, et celui d’un parcours qui a nécessité au préalable l’éradication totale de toute végétation…
La réflexion sur l’impact des parcours hivernaux ne manque pas d’intérêt, faut juste pas que ça tourne à la farce comique…
Me concernant je suis le premier à communiquer sur l’importance de pratiquer au bon moment, déjà pour assurer sa propre sécurité mais aussi par respect du terrain de jeu et de sa pérennité…
La discussion semble bien trollesque. Si un coup de piolet dans une motte vous préoccupe, j’espère que vous ne donnez jamais un coup de pioche dans votre jardin ou vous retenez de marcher sur de l’herbe… ou pire dans une forêt, vous pourriez casser une branche !!
Si on s’en réfère au reportage, il est même question de la création de topos, des activités encadrées sont aussi proposées par des pros, donc on va clairement vers une nouvelle pratique, tout du moins une nouvelle offre codifiée et répertoriée que l’industrie des sports de montagne ne tardera pas à exploiter.
Seul inquiétude : quel impact pourra avoir cette pratique compte-tenu du nombre de pratiquants potentiels y compris de manière spontanée en tous lieus ?
Ce n’est ni compliqué, ni trollesque ; c’est juste une vraie question.
A l’exemple des certains pins mutilés dans les goulottes de Chamrousse pour en faire des ancrage ou faciliter le passage… il y a de quoi se poser la question.
Consolation : on pourra s’équiper pour pas cher en jardinerie
Ca n’a rien de nouveau. C’est juste du mixte hivernal. C’est juste que les amateurs de premières sont plus ou moins obligés de se replier dans des terrains oubliées des préalpes car toutes les cascades et goulottes évidentes ont été ouvertes. Ca engage en général pas mal, donc peu de monde, et réchauffement climatique oblige, c’est une activité qui va disparaitre, ne t’inquiète pas pour les touffes.
En tous cas, je te remercie pour les liens que tu as mis. Ca m’a rappellé une sortie avec Seb, en 2016, au Ferrouillet. « Sorbet à la touffe », on avait fait la première répétition. Il était déçu car justement, il y a avait pas trop de touffes. Je pense à sa carrure, sa force tranquille, sa passion. Une belle personne.
https://www.camptocamp.org/outings/834100/fr/pointe-centrale-n-du-ferrouillet-sorbet-a-la-touffe
Merci pour le lien!
Beau sujet!
Un ptit coup de scarificateur dans le le gazon n’a jamais fait de mal .
(Perso je mets en perspective l’impact de son pauvre coup de pioche dans l’herbe avec le gros téléphérique en arrière plan,… bon, ça va,…)
Machines les 2 compères en tout cas !!
Surtout l’ouvreur dans sa session en solo auto assurée, avec le perfo entre les couilles, en train de se longer provisoirement sur sa pioche pour poser un tampon.
A mon sens, la comparaison des impactes avec d’autres activités ne sert pas à déresponsabiliser ou déculpabiliser, mais juste de se donner une idée de ce qu’on considère globalement acceptable. De ce point de vu, l’escalade mixte en moyenne montagne (y compris le touffing) n’est pas pire que l’escalade sportive.
Mais, ceci dit, en ce qui concerne l’escalade sportive il existe déjà un pléthore des sites purgés et nettoyés où les dégâts sont déjà faits, et le nombre des personnes qui profitent de ces dégâts (car ils leur permettent de grimper) est plus grand. Ouvrir (et donc nettoyer et purger) un nouveau site d’escalade sportive n’est pas la même chose que conserver en état (« dégradé » du point de vu écologique) un site qui existe depuis des décennies.
Des nouveaux sites d’escalade qui « ouvrent », y’en a souvent. Il me semble pas avoir lu des commentaires négatifs, de par la dégradation du milieu naturel.
J’imagine que lorsque ça correspond à sa propre pratique, on a moins tendance à critiquer.
Oui tu as sûrement raison. Autour de Grenoble j’ai l’impression que ça n’ouvre pas tant que ça. Mais c’est à la limite nécessaire, au moins sur du calcaire, en vue de la patine qui apparaît assez vite.
mouais, la nécessité de pouvoir grimper du pas patiné, c’est quand même pas tout en bas de la pyramide de maslow