Bingo Catherine, une fois de plus 
J’ai beaucoup aimé ce livre. François Carrel, avec une belle écriture et une sacré enquête manifestement, a réussi à faire de cette biographie un ouvrage dans lequel on a envie d’avancer, et encore et encore, même si l’on connaît déjà la fin…
Quelques mots de Pierre Béghin himself pour conclure (chacun de ses mots ayant un poids incroyable!)!
[i]"Après des heures et des heures d’escalade à plus de 8000 mètres, le manque d’oxygène m’a anesthésié le corps et l’esprit. J’ai la sensation de vivre au ralenti, prostré, étourdi. Cet univers de l’altitude me rentre dans la peau sans que je parvienne à l’analyser, comme si inexorablement je me noyais dans son immensité. En même temps, il y a cette sensibilité presque exacerbée aux objets, aux formes, aux légers bruits tout proches.
La pente qui fuit sous nos pieds, la rupture avec le monde d’en bas, notre solitude, l’épaisseur du silence : tout cela ramène au sentiment de notre fragilité.
Brusquement, devant mes yeux, à quelques mètres, ce point où toutes les lignes de la montagne convergent. Les derniers pas. J’avance dans l’oubli de moi-même à travers une réalité coupée de tout, une parenthèse de vie où se mêlent l’exaltation et la peur. Jamais je ne me suis perdu aussi haut.
Je contemple l’Himalaya, la courbure de la Terre, la brume du crépuscule, nos traces imprimées dans la neige. Ce décor à l’échelle de la planète dépasse ma compréhension. J’ai sous les yeux une autre dimension du monde, une dimension invisible ailleurs et qui ne se révélerait qu’au terme d’un long et dangereux parcours initiatique.
En ce lieu battu par le vent, je vis un moment rare de mon existence. »[/i]
Pierre Beghin, in «Himalaya, voyage dans l’oxygène rare »