Posté en tant qu’invité par alain:
De mémoire, années 1970 et un peu plus.
Dans la revue « La Montagne », JCD établit en deux articles chocs ce qui est bien et ce qui est mal en terme de manière de procéder en escalade. En gros, tout se dégrade, les médiocres suréquipent, il faut faire comme les English et grimper propre…
Un peu plus tard, il propose (impose) le mots coinceur pour désigner les morceaux de ferraille que l’on coince dans le rocher pour se protéger (nuts en Anglais). C’est un choix idiot (le suffixe « eur » associé à un verbe désignant généralement la personne qui pratique l’action), mais ça restera dans le vocabulaire courant.
C’est dans une interview d’Alpi-Rando, bien avant qu’il ne tienne sa chronique, qu’il déclare qu’il aimerait que dans le futur on le nomme « maestro » (bel exemple de modestie).
Sans aucune concertation préalable, certain de son bon droit, il déséquipe certaines voies en s’attaquant pour commencer aux classiques très fréquentées du Mont Blanc. Je lui dois un bivouac dans la pointe Lachenal qu’il avait massacrée (oeil de pitons cassés, cordelettes de coins de bois coupées…) sans en informer la communauté grimpante. Certains parlaient de “lui faire la peau”, d’autres de lui “faire bouffer 20 kg de pitons” aux Cosmiques le lendemain.
Un joli petit dessin d’un lecteur d’Alpi Rando l’affuble alors du sobriquet de Joli Coucou Dépitonneur.
30 années plus tard : j’ignorais qu’il travaillait encore pour un magasin spécialisé à Paris (et qu’il y prodigue toujours de judicieux conseils!!). Par delà ses provocations et sa méthode plus que contestable, reste une question : a-t-il ou non contribué à faire avancer de manière notoire l’escalade libre en France?
Pour ma part, je pense que les choses étaient inéluctables, tout au plus a-t-il un peu contribué à accélérer les évènements. Il a par contre indéniablement réussi à crisper la situation alors que ça ne s’imposait pas, c’est un fait.
La grande histoire de l’escalade retiendra d’autres noms que le sien. Ni sa solitaire dans la directe au Dru (refaite depuis en solo intégral), ni ses libéralisations aux Tre Cime n’auront la même valeur que la face Est du Campanile Basso par Paul Preuss où que l’immense carrière de Reinhold Messner pour ne citer que deux exemples.
Cela doit probablement le désoler.
[%sig%]