Posté en tant qu’invité par Flo:
La montagne, j’ ai commencé avec mes parents, sans doute avant même de savoir marcher.
Mais le vrai appel, c’ est probablement fait pendant mes années d’ étude, quand j’ ai fait connaissance d’ une bande de montagnards passionnés.
C’ était il y a plus de 20 ans. Nous avions un ami qui bossait dans un magasin de sport, il nous sortait parfois un peu de matos, en fait il récupérait ce qui allait partir à la déchetterie.
Cet ami nous a d’ abord initié au ski de rando, il m’ avait fourni de vieilles planches de piste, que j’ avais fait monté en rando.
Ensuite, il m’ a initié à l’ escalade, il m’ avait donné ses vieux EB, tout déformés. Pour le baudar, pas de problème, je m’ en suis passée la première fois, j’ ai assuré à l’ épaule et grimpé encordé autour de la taille
Et voilà qu’ un jour, il eut la lumineuse idée d’ essayer la cascade de glace. Nous étions 4, aucun de nous n’ en avait jamais fait. Nous n’ étions même pas encore vraiment grimpeur, à part un peu Eric, celui qui nous emmenait.
Et comme il avait un petit pied à terre, en fait la caravane de ses parents, pas très loin de la cascade de la Muzelle. Notre objectif était tout trouvé : Nous allions faire la Muzelle.
Nous étions néophytes, mais quand même pas tout à fait inconscients, nous avions prévu de poser une moulinette en haut de la cascade.
Et donc, nous voilà la veille de cette grande expédition au caravaneige de Bourg d’ Arud à faire le compte de notre matos. Assez maigre, il faut l’ avouer.
Déjà, moi, je n’ avais pas de chaussures rigides, à part celles que j’ utilisais pour le ski, mais c’ était des chaussures de piste. J’ allais devoir cramponner avec mes légères chaussures de randonnée pédestre.
Nous avions quelques piolets de glacier, mais seulement un piolet de cascade, et bien sûr, pas aussi performant que ce qui se fait maintenant. Tant pis, nous allions grimper à tour de rôle, nous aurions chacun un bon piolet et un deuxième un peu moins efficace.
Donc le jour J, nous démarrons skis aux pieds pour monter en haut de cette fameuse cascade, poser notre moulinette sur un gros arbre qui avait eu l’ heureuse idée de se trouver au bon endroit.
Et, ensuite après une petite descente à skis, nous rejoignons le bas de la cascade pour nous équiper. Bien sûr, nous sommes à l’ ombre, il fait un froid glacial et avec notre équipement de fortune, nous sommes congelés.
Quand, enfin, vient mon tour de démarrer, l’ impatience de l ‘ action, fait vite place à un certain regret. Dire que je pourrais être bien au chaud sous ma couette et que je suis en train de me peler les miches, pourquoi finalement ? Pour rien.
A chaque coup de piolet je me tape sur les doigts, j’ ai les mains gelés, les pieds encore plus, j’ ai mal partout et je parle même d’ abandonner avant d’ avoir fait les 40 mètres.
Mais, non, mon assureur ne veut pas, je dois aller jusqu’ au bout.
Enfin le relais, j’ ai tellement froid aux extrémités que j’ en pleurerai presque.
Me voilà enfin en bas, je mets pas mal de temps à me réchauffer, d’ autant plus qu’ on est quatre à passer sur la moulinette, il faut encore attendre avant de nous retrouver bien au chaud dans la caravane.
Finalement, c’ est une sortie qui m’ a comblée, toute la semaine, j’ ai attendu cette escapade avec joie et pendant tout le temps de la grimpe, j’ ai pensé au bonheur qui m’ attendait après : la fin de mes horribles souffrances.
Paradoxalement, cette journée est un de mes meilleurs souvenirs des ces années là, mais je préfère quand même le chaud rocher aux froides cascades.