L'appel

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Tout petit, contraint et forcé pour suivre papa maman autour de Grenoble. Pourquoi y faut marcher alors qui a un téléphérique ? Pourquoi on porterait les skis alors qui a des téléskis ? Pourquoi y faut monter alors qu’on pourrait rester à la maison, et y a qq chose très bien à la télé ?..

Puis vers 17 ans, autour de la Chapelle en Vercors avec un pote, pour éviter les sorties avec papa maman. Sur le plateau, dans les gouffres, un peu partout. Beauoup dans des grottes sombres, boueuses, froides et humides. Très froides et très humides, parfois.

Vers 23-24 ans pendant mes années de fac, j’ai commencé à réaliser qu’en surface, loin des gouffres, il y avait du soleil qui chauffait les rochers, et que c’était vachement plus confortable de grimper au soleil que de ramper dans l’eau froide.

Vers 28 ans, après une année au service de la nation dans un pays désertique, chaud et sableux, j’ai eu une envie terrible de bouffer de la neige. A peine descendu de l’avion j’ai mis ma solde dans une paire de ski de rando, et j’ai ré-appris à skier, loin, bien loin des téléskis.

Vers 38 ans, j’ai découvert qu’on pouvait avoir en même temps l’eau et le soleil, et qu’avec un bon équipement l’eau froide ne l’était plus. Je me suis mis au canyon.

J’en ai 42. Mon problème, c’est que qd je n’ai jamais complètement arrêté les activités précédentes qd j’en commencai de nouvelles. Le temps libre se fait rare.
Si qq un connait un truc pour devenir rentier, je suis prêt à étudier la question avec lui.

Posté en tant qu’invité par l’Urbain:

Paul G a écrit:

Si qq un connait un truc pour devenir rentier

Pour gagner un million, c’est simple : place un milliard.

Posté en tant qu’invité par Phil:

l’Urbain a écrit:

Paul G a écrit:

Si qq un connait un truc pour devenir rentier

Pour gagner un million, c’est simple : place un milliard.

Quoi, t’as pas un milliard? Écoutes, Paul G, nous avec l’Urbain on veut bien t’aider, mais faut y mettre un peu du tien, sinon on n’arrivera à rien… :frowning:

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Très joli souvenir.
Un grand merci l’Urbain.
Marcel.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

L’appel de la montagne
Garçon ou fille, on peut naître de parents dépourvus de tout idéal, dans un lieu sans âme. Vivre dans un immeuble à la laideur repoussante, entouré d’autres hideurs, de murs gris se fondant sur un paysage morne, décor monotone de vies sans soleil. Et, un jour, par hasard, discerner au loin la cime étincelante d’un sommet mystérieux. Soudain, sentir son coeur battre plus vite, pour une raison dont on ignore la nature. Avoir envie de comprendre les raisons de cet émoi. Ressentir la curiosité d’en savoir plus. Chercher à s’informer. Peut-être voir le très émouvant film ‘Les étoiles de midi’, ou lire ‘Les carnets du vertige’. Vouloir, soudain, donner un sens nouveau à sa vie : devenir alpiniste.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jo:

:slight_smile: elle est irresistible .

Posté en tant qu’invité par Flo:

La montagne, j’ ai commencé avec mes parents, sans doute avant même de savoir marcher.

Mais le vrai appel, c’ est probablement fait pendant mes années d’ étude, quand j’ ai fait connaissance d’ une bande de montagnards passionnés.

C’ était il y a plus de 20 ans. Nous avions un ami qui bossait dans un magasin de sport, il nous sortait parfois un peu de matos, en fait il récupérait ce qui allait partir à la déchetterie.

Cet ami nous a d’ abord initié au ski de rando, il m’ avait fourni de vieilles planches de piste, que j’ avais fait monté en rando.

Ensuite, il m’ a initié à l’ escalade, il m’ avait donné ses vieux EB, tout déformés. Pour le baudar, pas de problème, je m’ en suis passée la première fois, j’ ai assuré à l’ épaule et grimpé encordé autour de la taille

Et voilà qu’ un jour, il eut la lumineuse idée d’ essayer la cascade de glace. Nous étions 4, aucun de nous n’ en avait jamais fait. Nous n’ étions même pas encore vraiment grimpeur, à part un peu Eric, celui qui nous emmenait.

Et comme il avait un petit pied à terre, en fait la caravane de ses parents, pas très loin de la cascade de la Muzelle. Notre objectif était tout trouvé : Nous allions faire la Muzelle.
Nous étions néophytes, mais quand même pas tout à fait inconscients, nous avions prévu de poser une moulinette en haut de la cascade.

Et donc, nous voilà la veille de cette grande expédition au caravaneige de Bourg d’ Arud à faire le compte de notre matos. Assez maigre, il faut l’ avouer.

Déjà, moi, je n’ avais pas de chaussures rigides, à part celles que j’ utilisais pour le ski, mais c’ était des chaussures de piste. J’ allais devoir cramponner avec mes légères chaussures de randonnée pédestre.

Nous avions quelques piolets de glacier, mais seulement un piolet de cascade, et bien sûr, pas aussi performant que ce qui se fait maintenant. Tant pis, nous allions grimper à tour de rôle, nous aurions chacun un bon piolet et un deuxième un peu moins efficace.

Donc le jour J, nous démarrons skis aux pieds pour monter en haut de cette fameuse cascade, poser notre moulinette sur un gros arbre qui avait eu l’ heureuse idée de se trouver au bon endroit.

Et, ensuite après une petite descente à skis, nous rejoignons le bas de la cascade pour nous équiper. Bien sûr, nous sommes à l’ ombre, il fait un froid glacial et avec notre équipement de fortune, nous sommes congelés.

Quand, enfin, vient mon tour de démarrer, l’ impatience de l ‘ action, fait vite place à un certain regret. Dire que je pourrais être bien au chaud sous ma couette et que je suis en train de me peler les miches, pourquoi finalement ? Pour rien.

A chaque coup de piolet je me tape sur les doigts, j’ ai les mains gelés, les pieds encore plus, j’ ai mal partout et je parle même d’ abandonner avant d’ avoir fait les 40 mètres.

Mais, non, mon assureur ne veut pas, je dois aller jusqu’ au bout.

Enfin le relais, j’ ai tellement froid aux extrémités que j’ en pleurerai presque.

Me voilà enfin en bas, je mets pas mal de temps à me réchauffer, d’ autant plus qu’ on est quatre à passer sur la moulinette, il faut encore attendre avant de nous retrouver bien au chaud dans la caravane.

Finalement, c’ est une sortie qui m’ a comblée, toute la semaine, j’ ai attendu cette escapade avec joie et pendant tout le temps de la grimpe, j’ ai pensé au bonheur qui m’ attendait après : la fin de mes horribles souffrances.

Paradoxalement, cette journée est un de mes meilleurs souvenirs des ces années là, mais je préfère quand même le chaud rocher aux froides cascades.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

C’est beau, dans sa simplicité et sa sincérité.
Merci Flo.
Marcel.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

On est tous un peu maso-schistes, n’est-ce pas?

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Flo,
cascade pour cascade,
un petit souvenir:

14 et 15.12.19…
Cours de perfectionnement des guides vaudois à l’Alpe d’Huez. Cascade de glace. Une quinzaine de guides vaudois.

Pour offrir aux guides vaudois la possibilité d’affiner leur technique en cascade de glace, notre comité n’avait pas lésiné, et avait engagé un des trois meilleurs spécialistes du moment, F…
Aller jusqu’au pied de la cascade convoitée avait déjà été l’occasion d’une mémorable suée, messieurs les guides en profitant pour se tirer la bourre. La dernière portion du parcours, un très raide couloir empli d’une épaisse couche de neige pourrie, avait été le théâtre (guignol) au sommet duquel s’était achevé le premier acte, phase laissant les acteurs dégoulinants, skis sur l’épaule ou sous le bras, après que leurs peaux auto collantes se soient… auto décollées.
Au-dessus de nos têtes s’élevait une mince colonne de glace verticale haute d’une cinquantaine de mètres, complètement détachée de la montagne, à laquelle elle n’adhérait que par son faîte et par sa base. Après nous avoir encouragés à mettre cuissard (le harnais du grimpeur) et crampons, et à extraire de nos sacs vis à glace, dégaines, piolets ‘ancreurs’, casques et tout le tremblement, F… prononça les mots que tous préférèrent ne pas entendre :
« Qui veut y aller ? »
A ce moment précis, les guides vaudois découvrirent le charme extraordinaire du paysage. Tournant le dos à la menace, ils s’extasièrent en chœur :
« C’est bien la Meije, là-bas, ou est-ce les Agneaux ? »
« Je me demande si ce n’est pas plutôt ?…»
F… en fut quitte pour attaquer lui-même le morceau, assuré par L… de Leysin.
Il est absolument hors de question de mettre en doute les qualités exceptionnelles de F… (classe mondiale) mais toujours est-il qu’il n’alla pas bien loin. Trois mètres, quatre peut-être ? Dans un grand craquement, le cigare glacé se lézarda au-dessus de lui. Accroché au glaçon par ses deux piolets et les pointes de ses crampons, F… soudain verdâtre, se tint coi. Pas pour longtemps ! Sa portion de glace se désolidarisa du reste de la stalactite, s’affaissa, s’avachit dans le couloir, qu’elle entreprit de dévaler à tombeau ouvert, direction l’Alpe d’Huez et ses terrasses encombrées de touristes. Avec stupéfaction, nous vîmes l’étrange attelage disparaître dans le lointain, F… à califourchon sur l’énorme sucette, relié par une double corde à L… lequel entraîné par le poids, se cramponnait aux cordages alors que ses infortunées fesses râpaient le fond du couloir.
Alors que nous mettions les lattes, dans le but de rejoindre nos duettistes, pour la première fois de ma vie, j’ai vu un guide professionnel essayer de chausser ses skis sans y parvenir. Troublé par l’accident, il avait omis d’enlever ses crampons !

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Oui!

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

Pas plus tard que ce matin, je réfléchissais avec mon fiston de la « dangerosité » des cascades de glace de ce type. Ton récit vient à point nommé pour alimenter les arguments « contre » ( sécurité/ respect de la vie ). Le fiston vient de lire ton récit avec moi. Merci pour ce témoignage édifiant. Comme il dit, « ça calme bien »…

Posté en tant qu’invité par Flo:

extra! Le coup des crampons sur les skis, c’ est pas banal.
J’ espère que ça s’ est bien terminé pour F. et L. quand même.

Bon, j’ ai bien fait de mettre mon histoire, ça nous a valu un joli petit récit en retour, très bien écrit et toujours plein d’ humour.

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Merci jc.
Partager nos expériences nous enrichit.
Bien à toi et au fiston.
Marcel.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Après s’être ramassé, fort heureusement sans dégâts notables, profondément mortifié, F… n’avait plus desserré les dents de la journée.
Nous avions tenté de le réconforter :
« Ne t’en fais pas, on s’est tous déjà étalés devant des clients. Ça fait partie du métier. »
Rien n’y avait fait.
Jusqu’au moment du souper (le dîner, en France, non ?)
Tout à coup, alors que nous passions commande d’une énième bouteille de rouge de pays, nous avions vu son visage s’éclaircir.
Après avoir reconstitué la suite des changements de temps des derniers jours, il avait trouvé une explication à l’accident, explication qu’il se proposait de transformer en élément pédagogique pour son prochain cours. Ayant ainsi, avec brio, transformé la déconfiture en lendemains qui chantent, il nous avait rejoints dans notre célébration des excellents crus locaux.
Le jour suivant s’était passé le mieux du monde.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

Marcel Demont a écrit:

il nous avait rejoints dans notre célébration des excellents crus locaux.
^
Pourrait-on connaître l’étiquette ? Merci Marcel !

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

jc a écrit:

Marcel Demont a écrit:

il nous avait rejoints dans notre célébration des excellents
crus locaux.
^
Pourrait-on connaître l’étiquette ? Merci Marcel !

La cuvée du patron.
Et, quand le patron de la cuvée en question fait quelque chose comme 130 kg, qu’il affiche le pif plat d’un ancien boxeur poids lourd , laquelle patate avariée va d’une oreille à l’autre, un guide de 72 kg déclare que les crus locaux sont excellents.
Amicalement.
Marcel.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

Merci. Je comprends mieux ton goût subit pour les grands crus de l’Alpe d’Huez…

Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:

Aujourd’hui à l’abri d’un gnon
Qu’aurait pu me coller le patron
D’un crochet du gauche au menton
D’un fulgurant marron
D’une châtaigne
D’une beigne
D’une mandale
Qui me fasse avaler mes amygdales
J’avoue que le pinard
De ce malabar
C’était du pipeau
Un nectar zéro niveau
Du piccolo
De la pisse de chameau

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par jc:

Ca sera tout dit au patron, na!