L'alpinisme est-il en déclin ? En vue d'un article pour la Revue Suisse

hola,
Pourtant en parallèle a ce « déclin » les topos guides ont évolués,sans parler des multiples supports(récits et photos associées) consultables sur internet, ainsi que le matos, tout ceci donnant des outils supplémentaires a la disposition des alpinistes!
Une joli photo avec tracé,cela associé avec des icônes(orientation,matériel en place,type d’escalade,…),et des cotations comprenant plus d’indications(niveau d’ensemble,engagement,niveau technique obligatoire) a remplacé les textes « évasifs »: 1 paragraphe pour décrire les 20m d"un « dièdre évident » :wink: et 3/4 lignes pour décrire les 300m restants (par exemple topo caroux CAF ou guide ledormeur) :lol: :lol: :lol: .

Posté en tant qu’invité par gédéon3:

La problématique posée est celle du déclin de l’alpinisme, pas de la fréquentation de la montagne en général qui revêt de nouvelles formes plus soft ou plus extrêmes et suit l’évolution de la société davantage attirée par des modes de consommation immédiate, des centres d’intérêt multiples, marquées par l’individualisme (notion aux antipodes des valeurs traditionnelles de la cordée admises dans le milieu montagnard), l’aseptisation des pratiques très encadrées (coaching, déresponsabilisation de l’individu mais judiciarisation de l’encadrement, normes et règles qui n’épargnent plus un prétendu « dernier espace de liberté ».

c’est peut être une des causes du « déclin »:
à force d’avoir des itinéraires tout mâchés et théoriquement aseptisés, les débutants se fient exclusivement à cela et ne prennent plus la peine d’apprendre à décrypter le terrain, voir à tenter des choses un peu moins bien décrites
d’où une surpopulation dans les itinéraires bien décris et à la mode et un désert ailleurs
et le risque de l’échec est de moins en moins bien accepté

en régression dans les Alpes et en progression globalement dans le monde ?

Et pourtant il y a un paquet d’itinéraires bien décrits sur c2c qui sont peu fréquentés !
Une bonne description est un facteur augmentant la fréquentation, mais ça ne suffit pas. (*)
Il faut aussi que l’itinéraire soit intéressant : joli, pas trop de risques objectifs, et une hauteur au moins proportionnelle ä la marche d’approche (on accepte facilement de faire une voie de 100m avec 30mn d’approche ou une voie de 500m avec 3h d’approche, mais on est moins motivé par une voie de 100m avec 3h d’approche).
En gros, plus il y a d’approche, plus on est exigeant sur la qualité de la voie.
Mais ceci n’est pas nouveau.
Il y a un paquet de bouses ouvertes en Chartreuse/Vercors dans les années 60/70, mais c’est juste parce que l’approche est courte (et aussi parce que la ligne se voit de la vallée).

(*) Il y a aussi que c2c est encore considéré par certains comme non fiable. Des itinéraires décrits depuis plusieurs années sur c2c voient leur fréquentation augmenter lorsque ils sont décrits dans un topo papier, alors que parfois c’est le même auteur.

Posté en tant qu’invité par matt7:

[quote=« Zian, id: 1762384, post:54, topic:156679 »]

Ce n’est pas un problème …[/quote]

Je dirais même plus : c’est plutôt le développement de l’alpinisme qui serait un problème que l’inverse : à voir la surfréquentation de certaines zones comme Cham-Argentière…
Je pense qu’en Alpi, plus on est de fou, moins on rit :rolleyes: : on n’a pas forcément envie de partager les voies (et ses chutes de pierre) et ses sommets.

Si pour milles raisons beaucoup d’autres secteurs sont délaissés tant mieux pour ceux qui continuent à y pratiquer l’alpinisme non ?

(il peut y avoir d’éventuels « laissés pour compte », comme les gardiens de refuge et les guides mais comme il est dit plus haut, il y a beaucoup d’autres pratiques qui viennent plus que compenser l’éventuelle baisse de l’alpinisme)

Est-ce que c’est vraiment une question de fiabilité ? C’est plutôt qu’un topo présenté dans un livre de sélection de ~30 itinéraires a plus de visibilité que dans un topo en ligne de plusieurs centaines/milliers d’itinéraires, non ?

Oui, mais quand des contributeurs réguliers, qui ont donc vu passer les sorties de l’auteur sur c2c ou ont bien dû voir les itinéraires en parcourant le topoguide, semblent découvrir ces itinéraires quand le topo papier sort (tout d’un coup il y a plein de sorties sur ces itinéraires), je me pose des questions…
Mais ce n’est pas un problème, c’est juste un constat.

hola,

Hola :lol:

[quote=« vref, id: 1762432, post:63, topic:156679 »]

c’est peut être une des causes du « déclin »:
à force d’avoir des itinéraires tout mâchés et théoriquement aseptisés, les débutants se fient exclusivement à cela et ne prennent plus la peine d’apprendre à décrypter le terrain, voir à tenter des choses un peu moins bien décrites
d’où une surpopulation dans les itinéraires bien décris et à la mode et un désert ailleurs
et le risque de l’échec est de moins en moins bien accepté

en régression dans les Alpes et en progression globalement dans le monde ?[/quote]

+100

Posté en tant qu’invité par maitre bonsens:

Oui et non . Nous sommes dans une société de consommation à tout va , ou la passion se casse la gueule…
Comme l’escalade en résine on « fait comme » .Une société perverse se dessine , qui veut tout filmer , même le pire …

Cela a toujours été le cas dans ce type d’itinéraire. Il y a des coins à la mode et surpeuplés mais la grande majorité de la montagne est quasiment vide.
Je ne sais pas si l’alpinisme est en régression, mais ce que je constate (et qui n’a évidemment pas valeur de norme) c’est que les approches sont de plus en plus chiantes (si je puis me permettre cette vulgarité prolétarienne) vu le recul glaciaire et la fonte des névés. Cette transformation des approches peinardes et neigeuses en pensum sur des km de caillasses peut en décourager plus d’un. A titre d’exemple, de mon temps (ha-ha!) pour les Agneaux, on trouvait la neige à 10 mn du refuge et on arrivait de plain-pied au col Tuckett, alors que maintenant…

Posté en tant qu’invité par bof:

[quote=« Francois, id: 1762534, post:72, topic:156679 »]

Cela a toujours été le cas dans ce type d’itinéraire. Il y a des coins à la mode et surpeuplés mais la grande majorité de la montagne est quasiment vide.
Je ne sais pas si l’alpinisme est en régression, mais ce que je constate (et qui n’a évidemment pas valeur de norme) c’est que les approches sont de plus en plus chiantes (si je puis me permettre cette vulgarité prolétarienne) vu le recul glaciaire et la fonte des névés. Cette transformation des approches peinardes et neigeuses en pensum sur des km de caillasses peut en décourager plus d’un. A titre d’exemple, de mon temps (ha-ha!) pour les Agneaux, on trouvait la neige à 10 mn du refuge et on arrivait de plain pied au col Tuckett, alors que maintenant…[/quote]

Si tu y vas au printemps a ski, tu trouveras la neige beaucoup plus tôt. C’est certains qu’en 2015, il ne faut pas aller faire les Agneaux au mois d’août comme dans les années 70, sauf si on veut se faire chier. Ca tombe bien, on a plus de congé que dans les années 70. :stuck_out_tongue:

Il ya quelques années il ya eu des "assises de l’alpinisme " organisées par la FFMe je crois et un « Observatoire des Pratiques de Montagne et d’Alpinisme ».
Je me souviens qu’il y avait eu la publication d’un rapport (issu des ces assises ? je ne me souviens plus) avec pas mal de chiffres et statistiques de fréquentation et part d’activité. Il y avait aussi des reflexions intéressantes de divers intervenants ou anciens grands alpinistes.

Peut-être qu’il est encore possible de retrouver tout ça sur internet ?
Ce serait peut-être plus généraliste que la somme des avis personnels de chacun.

pas d’une manière aussi nette
je suis allé sur la Dibonna en 1974, début septembre
ce jour là, il n’y avait que nous sur l’aiguille (deux groupes UCPA, soit 12 personnes)
d’autres groupes en même temps étaient sur le Plaret ou le pic Gény
je suis retourné au Soreiller deux fois il y a quatre et six ans: les deux fois, l’aiguille était un véritable rocher aux singes, avec probablement une trentaine de cordées passées par le sommet par journée
et strictement personne ni au Plaret, ni au pic Gény, ni aux aiguilles du Soreiller
juste deux cordées sur les arêtes de Burlan la première fois

et on est là dans un secteur théoriquement fréquenté, assez facile d’accès avec un refuge …

Posté en tant qu’invité par névé rosé:

L’alpinisme est en déclin ? Plus assez de névroses peut être ?

Posté en tant qu’invité par Motorhead:

Les difficultés dans les Alpes sont trop faibles pour attiser la convoitise des jeunes. Les grands alpinistes qui ont ouvert les voies de références s’entraînaient 2 fois par semaine quand ils étaient parisien et 1 mois l’été au maximum. Les montagnards faisaient du ski l’hiver et travaillaient comme aspi puis comme guide très tôt. Les méthodes d’entraînement des sports olympiques exacerbées par les rivalités des nations ont contaminé le monde des grimpeurs dont le niveau a explosé. Il n’ y a plus de terrain de jeu à leur niveau dans les Alpes.
L’alpinisme n’est plus une source de rêve et de ce fait ne mérite pas les risques énormes encourus comme les chutes de pierres ou les chutes de sérac qui explosent avec le changement climatique.

Pourriez-vous éventuellement me donner votre mail?

[quote=« Motorhead, id: 1762670, post:77, topic:156679 »]Les difficultés dans les Alpes sont trop faibles pour attiser la convoitise des jeunes. Les grands alpinistes qui ont ouvert les voies de références s’entraînaient 2 fois par semaine quand ils étaient parisien et 1 mois l’été au maximum. Les montagnards faisaient du ski l’hiver et travaillaient comme aspi puis comme guide très tôt. Les méthodes d’entraînement des sports olympiques exacerbées par les rivalités des nations ont contaminé le monde des grimpeurs dont le niveau a explosé. Il n’ y a plus de terrain de jeu à leur niveau dans les Alpes.
L’alpinisme n’est plus une source de rêve et de ce fait ne mérite pas les risques énormes encourus comme les chutes de pierres ou les chutes de sérac qui explosent avec le changement climatique.[/quote]

Pourriez-vous me donner votre mail? Merci du feed-back

[quote=« gédéon3, id: 1762132, post:26, topic:156679 »]Quelques réflexions sur la désaffection pour l’alpinisme:

  • la mode des « hyper traileurs » qui pratiquent seuls en mode minimaliste dévalorise l’alpiniste amateur qui ne voit plus dans son sport une discipline élitiste mais l’expression d’une mise en oeuvre d’un matériel lourd et encombrant pour parvenir au même résultat. Cette tendance extrême génère de nouvelles manières de pratiquer la montagne mais tire l’alpinisme vers le bas.
    -la métamorphose d’ un environnement qui se modifie à vue d’oeil : glaciers en recul, parois qui s’assombrissent, éboulements, chutes de pierres. …tout cela en l’espace d’une génération, c’est spectaculaire et peut déstabiliser les pratiquants.
  • une modification dans les comportements: prendre des vacances de courte durée mais plus souvent ne favorise pas l’apprentissage et l’expérience nécessaires pour progresser en alpinisme.
    -la promotion de courses en montagne prêtes à consommer où certains sommets (M-B) sont vendus comme des trophées abordables sans background montagne, la condition physique étant le seul prérequis.
  • La « montagne pour tous » a atteint un pic au delà duquel la pratique n’est plus concevable: surfréquentation, pollution, etc.[/quote]

Posté en tant qu’invité par Motorhead:

[quote=« lelivredejob, id: 1763303, post:78, topic:156679 »]Pourriez-vous éventuellement me donner votre mail?

[quote=« Motorhead, id: 1762670, post:77, topic:156679 »]Les difficultés dans les Alpes sont trop faibles pour attiser la convoitise des jeunes. Les grands alpinistes qui ont ouvert les voies de références s’entraînaient 2 fois par semaine quand ils étaient parisien et 1 mois l’été au maximum. Les montagnards faisaient du ski l’hiver et travaillaient comme aspi puis comme guide très tôt. Les méthodes d’entraînement des sports olympiques exacerbées par les rivalités des nations ont contaminé le monde des grimpeurs dont le niveau a explosé. Il n’ y a plus de terrain de jeu à leur niveau dans les Alpes.
L’alpinisme n’est plus une source de rêve et de ce fait ne mérite pas les risques énormes encourus comme les chutes de pierres ou les chutes de sérac qui explosent avec le changement climatique.[/quote]
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Bah j’ai tout dit !
Quand le niveau passe du 5c au 9b (la fameuse fissure en s de la face sud de l’aiguille du midi ne se passe plus avec force de pédales,comme vu sur certaine photo de l’époque) on peut s’imaginer que ceux ou celles qui passent des heures à s’entraîner pour trouver plaisir et reconnaissance - ou réciproquement - auront du mal à s’investir dans un projet bien éculé devenu de plus en plus dangereux non par la difficulté et l’engagement mais par la qualité du rocher ou de la glace. Faire la première de la Walker était un exploit, la répèter à 70 ans aussi. Mais qu’aurait pensé le premier si le deuxième - qui est la même personne - le lui avait prédit.
Les temps changent, nos vieux rêves ne font rêver que nous.