Posté en tant qu’invité par emmanuelle straub:
voici le courrier adressé au directeur de la section CAS Jaman… tout est dit
Monsieur,
Je me permets de vous écrire pour vous faire part de mon mécontentement concernant le gardiennage d’une de vos cabane, la cabane de la Dent Blanche (cabane Rossier).
Nous y sommes montés à 4 le 11 Août au soir pour faire l’arête Sud de la Dent Blanche le 12 Août.
Nous avons pris la ½ pension : pendant le repas, je suis allée demander s’il était possible d’avoir 4 verres et une carafe d’eau ; la gardienne me répond sur un ton désagréable qu’elle prépare le repas et qu’elle n’a pas le temps de me servir de l’eau. Quelques minutes plus tard, une personne se présente à elle pour lui demander une bouteille de vin, qu’elle lui sert aussitôt et prend le temps d’encaisser…
Alors que nous entamons les spaghettis, je retourne à la cuisine réitérer ma demande ; même réponse ; je hausse le ton ; en effet, j’ai moi même travaillé 5 ans durant dans un refuge, le refuge de l’Envers des Aiguilles à Chamonix, où nous avions parfois jusqu’à 100 personnes, jamais nous n’avons refusé de l’eau aux clients ; cela prend 30 secondes de remplir une carafe ! je lui fais part de cette remarque, elle me répond : « écoutez, prenez de l’eau et arrêtez de m’emmerder ; si vous avez travaillé en refuge, vous n’avez qu’à vous occuper de l’organisation » !!!
A la fin du repas, nouvelle demande d’eau par l’un de mes collègues ; elle lui sert 30 ml d’eau (pour 4 !) bouillante !!! idéal donc pour se désaltérer…
Le lendemain matin, à 4h30, je vais vers l’évier de la cuisine pour remplir ma gourde d’eau ; elle se précipite vers moi en vociférant que je suis « culottée » de me servir comme ça, que c’est interdit de prendre de l’eau « déjà qu’on n’en a pas beaucoup » me dit elle !!!
J’ai travaillé en refuge ; je parcours la montagne et ses refuges depuis une bonne dizaine d’années, de France, d’Italie et de Suisse. Jamais je n’ai vu de refuge interdire l’accès à de l’eau courante ; qu’elle ne soit pas potable quand le refuge se situe sur un promontoire rocheux, soit. Mais en l’occurrence, la cabane de la Dent Blanche se situe en aval d’un gros glacier et des tuyaux de captage sont d’ailleurs bien visibles lorsque l’on se dirige vers l’arête Sud. Une énorme cuve de réserve se situe 20 m au dessus du refuge.
Cette cabane interdit non seulement l’accès à l’eau dans un but de consommation mais également dans une optique d’hygiène simple ; pas de possibilité de se laver les mains ; certes un bac offre de l’eau devant les toilettes, mais l’eau est stagnante et tout le monde trempe ses mains là dedans, ce qui n’est pas des plus ragoûtant…
Je n’imagine pas la galère pour ceux qui ne souhaite pas prendre la ½ pension : impossible d’avoir de l’eau pour faire soupe, thé et que sais je…
Ainsi, la gardienne force véritablement à la consommation : ½ pension obligatoire, achat de boissons obligatoires si vous voulez vous réhydrater et de même si vous voulez boire durant la course le lendemain. En France, la vente forcée est interdite, qu’en est il en Suisse, pays de démocratie… ?
L’eau en montagne coule en abondance et ne coûte rien ; comment laisser dire des ignominies pareilles par vos représentants ? cette gardienne prend ses clients pour des imbéciles ; quoiqu’il en soit, cela ne lui a rien rapporté : devant son attitude abjecte, nous avons mis un point d’honneur à ne rien consommer, ce que nous n’envisagions pas initialement ; nous souhaitions prendre un repas au retour de course à midi, boire une boisson fraîche, nous ne l’avons pas fait ; son attitude n’incite pas à la consommation.
L’un de mes collègues a pris l’option de se lever dans la nuit pour accéder à l’évier de la cuisine et remplir ses gourdes sans avoir un chien de garde à la porte…
Notre étonnement ne s’est pas arrêté là… elle nous a proposé un réveil à 4h sans autre choix ; soit, cet horaire nous convenait parfaitement. Mais à 3h15, branle bas de combat dans le refuge ; tout le monde se lève, les petites cuillères s’affolent dans les tasses dans la salle… impossible de dormir ; à 4h, nous nous levons comme prévu ; surprise ! nous sommes les seuls dans le dortoir ! nous allons prendre le petit déjeuner ; déception encore et encore ! l’eau chaude est sur la table, mais depuis ¾ d’heure et à 4h elle n’est plus que tiédasse…
Nous avons compris en interrogeant d’autres français que les suisses avaient droit à un lever spécial, plus tôt que les autres. Est ce normal ? j’avais entendu que des pratiques similaires se faisaient pour le Cervin ; ceci ne se voit qu’en Suisse et c’est tout à fait mesquin. Les guides ne veulent pas être « suivis » ; c’est mesquin. Je ne regrette absolument pas l’horaire du lever ; 4h est idéal : l’abord de l’arête se fait au lever du jour, la recherche d’itinéraire s’en trouve facilitée et quel spectacle que le lever du jour sur le Cervin an arrière plan de l’arête de neige précédant l’arête rocheuse ! de même nous n’avons pas « bouchonné » dans les passages clés et les chutes de pierre déclenchées par les alpinistes étaient bien plus rares… Ce qui nous a agacé dans cette attitude, c’est l’impossibilité de dormir de 3h15 à 4h, du fait du bruit dans la cabane.
Son attitude a été déjà diffusée largement auprès des alpinistes que nous avons rencontrés sur le chemin du retour et de même sur internet sur le site alpinisme.camptocamp.com.
Heureusement qu’il n’y a que la Dent Blanche à faire à partir de ce refuge ; nous n’y retournerons pas ; et les amis qui souhaiterons s’y rendre seront prévenus…
J’ose espérer que mes remarques auront des conséquences, que l’accueil dans vos cabanes est votre souci premier ; ces cabanes sont la plupart du temps magnifiques sur le plan de l’agencement, les gâcher par un accueil scandaleux est fort dommage. La montagne est un lieu de liberté et de dépaysement ; il est regrettable d’avoir à s’énerver dans des endroits pareils.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.