Posté en tant qu’invité par strider:
mon premier 3000 a du être la Pointe de l’Observatoire à 6ans mais le vrai coup de coeur fut le Rateau d’Aussois, à 7ans. Ce jour-là, j’avais reconnu le Mont Blanc et c’était une vision extraordinaire pour moi! Aussi à cette époque, toucher un glacier comme celui des Evettes, par exemple, c’était presque un acte sacré.
Mon grand coup de coeur pour la « haute montagne » fut à 10ans en allant du Couronne Impériale de Zinal, devant les grands 4000s. Une telle émotion est difficilement retrouvable de la même manière. L’année suivante, je fais ma première course de neige, la Levanna par le glacier grace à un ami guide du coin. Voilà le départ.
Les émotions que l’on a au début, je m’en souviens bien mais à la différence de certains témoignages sur le site, je les ai plus ou moins perdues.
Il y a toujours de l’émotion mais elle ne se place plus de la même manière. Au début, rien que toucher un glacier c’était extraordinaire maintenant il m’arrive d’être déçu par une course, de la trouver « moche » ou d’un intérêt moyen, de dire que c’est « une course à la con », que c’était un « projet stupide » et qu’elle est « dangereusesement à chier » etc…
Idem, au début j’aimais bien estimer les cotations, dire que ça c’est dur, ça c’est facile etc…maintenant ce n’est plus tellement ça que je recherche et puis avec le temps j’ai tellement vu les conditions varier que mes repères sont déstabilisés et j’en ai accepté le fait. Les glaciers que je trouvais sacrés au début, ont été un jour le théatre d’un accident dont j’ai été le témoin et à partir de là, sans perdre l’émotion de voir un beau glacier, on reste déstabilisé dans son sentiment à leurs égards : mais peut être qu’accepter d’être déstabilisé permet de mieux s’adapter à ce que sont les glaciers, et à mieux réagir…difficile de dire. Du coup, je n’ai plus aucune idée arrêtée sur les sommets et les voies, je n’écoute qu’à moitié les estimations des topos, j’ai plaqué d’un revers de main les vieux repères et du coup en alpinisme, j’applique sans arrêt la loi de l’incertitude, au risque de passer pour un troubleur de rêve.
Par contre, je vais adorer la diversité d’une voie, son élégance, son intérêt géologique, la qualité de ses points de vue, l’intérêt de ses accès. C’est plutôt ça que je recherche maintenant
Faut dire qu’en s’étant mis à la rando à ski, j’ai découvert certaines émotions que je cherchais en alpi et que la rando à ski répond nettement mieux!! A tel point que je me demande si l’ordre des 2 pratiques ne va pas s’inverser…enfin soyons franc ça s’est déjà inversé cette année et je crois que ça va s’accentuer.
Enfin bon bref tout ça pour dire que je garde un souvenir radieux de mes débuts en montagne mais que c’est un bonheur « spécial » qu’on ne peut vivre toute sa vie…ça ne veut pas dire que ça se dégrade, mais on finit pour voir différemment les choses. Je ne peux plus tellement retrouver le type d’émotion que j’avais au début, les temps ont changé, les émotions sont toutes autres…