La montagne sauvage, version Chamonix

La Petite Aiguille Verte, ce matin.

Je vis à Chamonix et j’adore, mais parfois, les foules sont vraiment du grand délire…

C’est la mode du bleu à Cham.

C’est pas une grosse surprise & c’est du à la facilité des remontées mécaniques, plus on s’éloigne moins il y a de monde, et sur des courses faciles & pendant les vacances c’est forcément plus fréquenté qu’au grand pilier d’angle en Novembre…
Samedi, on a voulu prendre la première benne à l’aiguille pour aller au peigne, pareil une queue de 50 m de long, on a attendu et pris la 3ème, c’est pas grave on partait faire du rocher & on pas loupé le retour :slight_smile:
Après étant dispo que les week ends c’est normal qu’il y ai plus de monde je pense qu’il faut l’accepter ou aller ailleurs. De toute façon à Cham certains itinéraires concentrent la foule alors que plein d’autres restent sauvages.

énorme cette photo! on dirait un décomposé et quand on regarde de plus près on se rend compte que c’est des personnes différents.

:slight_smile:

On aurait du aller aux Drus y’aurait eut moins de monde :wink:

ben c’est normal.

Beau rocher + belle voie + peu de marche d’approche + voie facile = beaucoup de monde.
C’est pareil en Oisans, à grenoble en hiver en ski de rando, à presles un beau WE, …

Pourquoi se plaindre qu’il y a du monde… alors qu’on y est aussi !!

C’est pas pareil, le monde ce sont les autres

C’est moins une plainte qu’une constatation… Et notre excuse pour y être, c’est qu’on voulait skier la pente de neige.

il n’y a pas à s’excuser, chacun fait ce qu’il veut. Moi aussi je vais souvent dans des coins hyper fréquentés. Mais je sais à quoi m’attendre…

C’est un peu dans le style de Coluche à propos des bouchons sur l’autoroute: « on se demande où ils vont tous ces cons le dimanche? Nous on les voit bien, on va chez la belle-mère » (citation approximative)

Il ne manque plus qu’une petite buvette en haut de la Petite Verte, ça donne soif la montagne.

Encore, la première fois, on peut être surpris de ne pas se retrouver seul pendant l’ouverture du téléphérique et se dire que même si la prochaine fois, on a pas trop le temps, on peut peut-être trouver autre chose de moins parcouru. Ce fut mon cas une fois.
J’ai eut l’impréssion de faire la queue dès le parking, jusqu’au sommet, l’horreur totale.
Et pour les croisements, faut rester zen.
Eviter le café ou le Guronsan avant …

Un « petit » texte écrit en 2009 et conservé dans mon ordi…
Je l’avais écrit pour le transmettre aux organisateurs du colloques « Coup de Jeunes sur les Sommets ». Je n’ai jamais eu de réponse de leur part. Il était intitulé « Partage sans but » et ta photo m’y a fait pensé.
Je ne l’avais pas mis à l’époque, alors je partage… sans but !


Un peu plus d’une semaine dans les alpes, principalement dans les écrins. Arête Sud du Pic du Glacier Blanc, Barre des Ecrins. Des courses de faible ampleur, bien peu extraordinaires.
Alors pourquoi en parler ? Pourquoi partager cette aventure ? Pourquoi aller plus loin que le segment formé par ces deux points que sont Yannis et moi ?
L’argent ! L’aventure humaine de deux alpinistes de 20 et 23 ans devraient bien intéresser les médias. Au moins les spécialisés. Eh puis on ne sera pas les seuls à avoir écrit pour ne rien dire. Il suffit de parcourir les rayons librairies pour découvrir quelques ovnis complètements inintéressants.
D’autres parlent, font des colloques sur le sujet des jeunes et de la montagne. Nous on est jeune et on fait de l’alpinisme. A notre niveau certes. Mais avec une volonté première celle de prendre du plaisir.
Notre petit voyage estival donne ainsi quelques réponses à la question : Pourquoi les jeunes ne sont plus attirés par l’alpinisme ?
Un levé à 4h00 du matin ; trois heures de marche d’approche, avec un sac lourd d’une quincaillerie inconnue de bon nombre de grimpeur sur résine. Le plaisir facile, instantané, n’est pas là.
Tout ça pour une petite voie cotée AD ; qui n’a d’ailleurs de AD que sa première longueur en 4. Ici pas de 6, encore moins de 7. Mais tout de même 300 m de dénivelé positif à escalader, quelques passages verticaux et le reste plus ou moins horizontal. Une petite course d’arête.
Le rocher typique Oisans. Une prise ? Ah non ! Juste un caillou posé. Parfois ça parpine, d’autres fois ça lâche sous notre poids. Peu de protection, il faut aller vite. Deux « friends » ou une sangle sur un becquet rocheux comme relais. Assurance aléatoire. Bien loin de la sécurité paroxysmique de notre civilisation.
Le sommet. Congratulations ! (Comme dans les jeux vidéos). Penser à la descente. Pierrier instable, les chevilles partent, se font lacérer par les cailloux. Retrouver un bon sentier, enfin, mais sous la pluie.
Presque treize heures après notre départ de la vallée, le calvaire s’arrête.
Calvaire ! Pas pour nous ! Une magnifique aventure que de gagner ces horizons verticaux. Une aventure faite de partage. Partage entre les 2 membres de la cordée. Partage aussi entre la cordée et la montagne.
Partage jusque dans l’attente. La montagne ne pourrait pas mieux faire pour repousser les jeunes. Attendre que la pluie cesse. Nous lui montrons que nous sommes motivés en préparant la prochaine ascension : La voie normale de la barre des Ecrins.
Elle passe par un bivouac. Pourquoi pas le refuge ? Trop cher et pour ne rien cacher, celui par lequel passe la course ne nous plait guère.
Un bivouac, c’est lourd à porter. L’approche est plus longue que prévu. Ereintante. Et même bien fatigué, il est difficile de dormir. Le vent, le froid mais aussi les pierres dans le dos nous empêchent de rejoindre Morphée pour de longs moments. Le stress joue aussi dans ces moments là. La nature n’est pas seule responsable.
Le réveil sonne à 2h00. Une heure plus tard, la cordée est sur le qui-vive mais le ventre vide. Un petit déjeuner à cette heure là c’est difficile à avaler. Qui pis est quand il est composé d’une tranche de quatre quarts et d’une barre de céréales ; tout ça avec une mini tasse de thé.
Au programme : slalom entre les crevasses, plus d’une heure de marche sur la partie plate du glacier blanc. La pente se redresse. Rien de bien difficile jusque là. Mais des efforts, de la souffrance physique.
Arrivés à la brèche Lory, ce n’est aucunement terminé. La seule indication de la direction à prendre c’est le rocher qui la donne. L’arête est au-dessus. Enfin le rocher. Mais en crampon. Sur cette arête facile ça passe aisément. Sauf quand on se fourvoie dans une variante directe sur environ 20 m. Une belle dalle en 4. Involontaire. Les bacs sont là, le froid aussi. L’onglée approche à grand pas, arrache quelques larmes de douleurs. La difficulté et le froid nous font renoncer à la corde tendue pour cette longueur. Improviser un relais sur un unique coinceur. Le matériel manque. Il tiendra.
Après la bataille, l’arête se déroule. Mais les forces se sont bien dissipées. On approche des 4000 m, le souffle court. L’eau est trop froide pour être bue. Gros coup de barre au sommet.
Tout ça pour un plaisir personnel, découvrir un panorama grandiose. Être au point culminant de tout un massif, celui de l’Oisans. Profiter du moment présent, se rapprocher de l’infini.
Pas de boucle, la descente passe exactement par le chemin de la montée. Pas très original. 2230m de dénivelé à avaler. Sur les 1000 premiers, les pieds chauffent, les ampoules apparaissent.
Ampoules, onglée, fourvoiement… Cela fait partie de l’aventure ! Une aventure humaine avant tout. Se découvrir soi-même, et découvrir son compagnon de cordée. Une synergie apparaît entre nous deux.
Une aventure dans laquelle nous prenons un plaisir fou à parcourir ces montagnes sauvages, à s’éloigner du monde. Ne plus vivre les affres de notre société le temps de nos ascensions et même un peu plus. Mais vivre avec ce que la nature nous offre de meilleur. Se laisser guider par la glace, la neige ou le rocher. Quel pied !
Alors quand on est arrivé à Chamonix, en tête de gravir le Mont Blanc par les trois monts, c’est la catastrophe. Coup de blues monstrueux. Démotivation complète.
Vallée surpeuplée, même en ce début du mois de septembre. Ville d’argent, le berceau de l’alpinisme à bien changé depuis que Tartarin y est passé. Mais l’argent lui n’est pas parti. Il vient en masse toute l’année. Il a fait fuir l’âme émanant des montagnes ; sûrement les plus belles en Europe pourtant.
Le moteur de notre cordée n’est plus là. La vallée est omniprésente. Le Mont Blanc trône fièrement. Il ne nous motive plus. Nous sommes dégoûtés par l’ambiance pesante, une ambiance qui pousse à la consommation. Alors on retourne chez nous. Vers la mecque du bloc.
Tant pis, on entendra encore quelques temps nos amis nous dire :
− T’es alpiniste ?
− Oui
− Et tu as fait le Mont Blanc ?
− Non !
− Ben t’es pas alpiniste alors !
Eh non ! Pour nous le Mont Blanc ce n’est pas automatique.
Gravir le Mont Blanc par une des voies normales ne nous intéresse pas. Suivre une trace dans la neige en file indienne ne nous apportera rien. Arrivé au sommet, ne pas voir à 5 m, la vue bouchée par une horde de touriste. Alors autant attendre. Perfectionner notre technique pour gravir ce sommet emblématique par une voie qui lui fait honneur.
Nous considérons l’alpinisme aussi comme un respect de la montagne, de la nature. Nous n’en avons pas vu à Chamonix. Cham ne rentre plus dans son berceau. Malgré de grandes premières (même réalisées très récemment), malgré la richesse des voies dans ce massif cette ville, cette vallée sera, pour nous, désormais, le cimetière de l’alpinisme.
Pour nous cela ne s’arrête pas là. La cordée est pleine de projets dans les Ecrins, la Vanoise… Des massifs qui donnent envie de s’élever. Des massifs qui permettent l’évasion. Les terrains de jeu de notre alpinisme.


Vous voulez attirer les jeunes en montagne. Ne faites pas d’autres « Cham ». Vous voulez nous voir dans les refuges ! Mettez des gardiens qui aiment leur métier, qui aiment leurs clients, et qui leurs offrent autre chose qu’un pauvre fruit en dessert ou qui vous accueillent à peine quand vous êtes en hors-sacs.
L’alpinisme est une activité exigeante, physiquement, mentalement, parfois même financièrement. A l’instar du cyclisme, l’alpinisme n’attire plus vraiment. Paradoxalement, on fait de plus en plus de cas des accidents en montagne. « Faites vous encadrer par des professionnels ! » Entendons-nous à chaque information macabre. Bien trop cher pour un jeune même motivé.
Restent les clubs. Pour avoir pratiqué un « gros CAF » ils semblent encore un peu fermés aux jeunes. La remise en question est là. BRAVO. Mais il est bien difficile, voire impossible, pour un mineur de faire une sortie alpine d’un week-end. Question de responsabilité ou de déresponsabilisation des encadrants ?
C’est aux clubs d’aller vers les jeunes, leur montrer qu’ils apprendront énormément sur eux, sur la montagne. C’est aux clubs et si possibles aux jeunes des clubs de présenter les valeurs de l’alpinisme, de la montagne estivale, bien loin du tout consommation et de la montagne « kleenex » hivernale.

[quote=« Le Mateur d’Abîmes, id: 1400078, post:12, topic:124173 »]T’es alpiniste ?
− Oui
− Et tu as fait le Mont Blanc ?
− Non !
− Ben t’es pas alpiniste alors ![/quote]
Alors je ne suis pas alpiniste… Pourtant après être allé au sommet de l’Aiguille Verte (et d’une trentaine d’autres « 4000 ») je pensais rentrer dans la catégorie des montagnards ! Pour le Mont-Blanc j’attends de pouvoir y aller par le grand pilier d’Angle seulement à ce moment je serais alpiniste donc !

[quote=« Le Mateur d’Abîmes, id: 1400078, post:12, topic:124173 »][/quote]
Joli texte, Mateur, mais n’attire pas trop de monde en Oisans s’il te plait ! :stuck_out_tongue:

Il y a quelques (nombreuses en fait) années, on bivouaquait régulièrement sur le glacier Blanc pour aller aux Ecrins, Roche Faurio, …
Ce sont des souvenirs extraordinaires. Tu parles peu du ressenti de la beauté des lieux, sauf au sommet, mais j’imagine que comme nous tu en étais imprégné dès le départ, malgré le poids du sac, le souffle court, …
Il me semble que cela fait aussi partie de l’attrait, même pour les jeunes : cet environnement sublime qui fait supporter l’effort, les souffrances…

Pour Chamonix, on bivouaquait aussi beaucoup en montagne, on campait « sauvage » même en bas vers argentières, et à l’époque il y avait déjà pas mal de monde, mais c’était supportable, ce n’était vraiment pas l’envahissement actuel, même sur des classiques faciles.
Et je ressentais aussi la beauté sublime de cet univers de roches, glaciers, neige, lichens, mousses, fleurs (oui, des fleurs même en altitude comme au Jardin de Talèfre).

Maintenant, du côté des montagnes de Chamonix, la magie doit bien s’évaporer par endroits à cause de l’hyper sur-fréquentation, du survol des hélicos, avions, …

En Oisans aussi sur les grandes classiques il y a du monde, mais beaucoup moins, il n’y a pas toutes ces remontées et tous ces avions .
Vive le parc des Ecrins !
En tous cas, côté Glacier Blanc, si on y va au mois d’Août, on ne voit plus grand monde pour la Barre ou même le Dôme !
Il faut dire que le glacier a bien fondu, hélas… il y a beaucoup de moraine à remonter, et plus haut de belles crevasses : je ne me risquerais plus à bivouaquer au pied du refuge Caron !

Eh, vous me faite peur là !

Les vacances sont dans une semaine :smiley: : 15 jours à Cham où je ne suis quasiment jamais allée (version montagne, des vacances entre 8 et 10 ans ça compte pas là).

J’en ai très envie depuis pas mal d’étés, alors rassurez-moi, il y a des côté positifs aussi ?

Je crois qu’il y a Nana, Damien et Rupi la semaine prochaine.

Elle est jolie la photo, il manque plus que le logo « TNF, never stop exploring ». C’est fou ces couleurs, tout le monde a acheté une veste neuve ce jour-là ou quoi? :smiley:

Ne t’en fait pas il y en a plein, c’est à toi de choisir la Cham que tu voudras bien voir :wink:
Et ne te laisse pas avoir par une éventuelle mauvaise première impression qui pourrait bien rester par la suite et te dissuader de revenir. Il y a encore de belles choses à Cham et pas seulement les montagnes, il suffit de les chercher un peu.
Et pourtant c’est quelqu’un de l’Oisans qui parle …

[quote=« etoile, id: 1400221, post:15, topic:124173 »]Eh, vous me faite peur là !

Les vacances sont dans une semaine :smiley: : 15 jours à Cham où je ne suis quasiment jamais allée (version montagne, des vacances entre 8 et 10 ans ça compte pas là).

J’en ai très envie depuis pas mal d’étés, alors rassurez-moi, il y a des côté positifs aussi ?[/quote]
Chamonix l’été est tout de même bien plus sympa que l’hiver… L’hiver c’est vraiment une clientèle chic, bling-bling et fêtarde qui vient skier alors que l’été on voit encore tout plein de jeunes et moins jeunes, moins riches aussi qui sont venus pour « bouffer » de la montagne. Il y a encore cette catégorie que l’on pourrait appeler « populaire » qui vient en famille à Cham l’été pour randonner.
Et puis malgré les remontées mécaniques, les avions, les hélicos et le monde, on peut se retrouver dans des endroits moins fréquentés de la vallée même là où il pourrait y avoir du monde…
J’ai déjà grimper aux gaillands en juillet par beau temps avec quasi-personne autour de ma cordée. C’est sûr que si tu vas aux Chésérys à 11h du matin un jour de beau temps il y aura du monde mais si tu vas faire l’arête sud de l’aiguille de la persévérance, tu trouveras nettement moins de monde…

Bref, 15 jours dans la vallée j’en rêvais quand j’étais loin des montagnes, maintenant j’en suis à 20 min mais j’aime toujours autant…

[quote=« Le Mateur d’Abîmes, id: 1400078, post:12, topic:124173 »][/quote]
Joli récit.

Ah, la mecque du bloc… Là-bas, c’est plutôt le parking qui est sauvage…