Kang Yatse 1 (Ladakh) été 2019

Bonjour à tous,

fraichement inscrit sur le forum (c’est mon premier post), je viens chercher auprès de vous quelques conseils et infos. J’envisage de partir en Inde pour grimper le Kang Yatse 1 cet été. J’aimerai avoir l’avis de ceux qui l’ont déjà fait sur quelques points :

  • J’ai déjà fait quelques courses faciles dans les Alpes à plus de 4000 (Grand Paradis et le Mont-Blanc par la voie normale entre autres) et quelques courses plus techniques (Arête des Cosmiques et couloir sud de Roche paillon par exemple) sans aucune difficulté physique (j’ai 28 ans et je cours entre 30 et 40 km par semaine pour me maintenir en forme.) J’ai un niveau de grimpe 5C/5C+ en falaise (6A/6A+ en salle) et je fais également de la cascade ou je suis dans le 4+. Est ce que vous pensez que le Kang Yatse 1 est à ma portée ?

  • Avez-vous des conseils au niveau de l’agence avec laquelle je devrais partir. Pour le moment je n’ai trouvé que l’agence Himalayan High qui propose le sommet (lien du site Himalayan High). Je vais partir seul donc il me faut un guide avec qui grimper. Si vous l’avez fait ou si vous connaissez des agences fiables dans le secteur je prends vos recos !

Voilà n’hésitez pas si vous avez des questions et merci d’avoir pris le temps de lire mon post et d’y répondre pour ceux qui le feront.

à bientôt.
Phil

Bonjour @pippodrz, et bienvenu !

Tu as surement vu que le Kang Yatse 1 est dans le topoguide, avec plusieurs compte-rendus de sortie:
https://www.camptocamp.org/routes/56361/fr/kang-yatse-i-voie-normale
(pas beaucoup d’info, mais de bonnes photos)

Classiquement, les ascensionistes se contentent du Kang Yatse 2 : la longue arête jusqu’au sommet 1 est bien engagée. Je n’ai pas moi-même fait le sommet, je ne peux pas donner d’infos précises: lorsque je suis passé en dessous j’ai du battre en retraite pour cause de MAM … A priori, le soucis au Ladakh est que c’est un désert d’altitude: le glacier (pente jusqu’au sommet 2) est très vite mou (début de matinée), et il arrive souvent que les gens s’enfoncent jusqu’à la taille à la descente. Infos glanées en amont sur le net, puis sur place en discutant avec des guides: difficile de discerner la proportion de vérité et d’incitation à prendre un guide sans y être aller.

Beau projet en tout cas, le Ladakh c’est superbe et j’espère y retourner !

Salut

Je suis allé au KY II
Le sommet à 6400 était décrit de difficulté comparable à l’Arête Forbes au Chardonnet (mais avec le fonte du glacier il se corse il parait), mais avec un rocher plus pourrave.
Les conditions de neige sont assez décisives aussi, si c’est en mixte et qu’il fait chaud… car au dessus de 6000m la neige peut etre molle vu comme le soleil cogne là-bas.
En outre la difficulté de l’altitude change toute la donne, tu peux te retrouver psychologiquement vite saoulé dès qu’il y a des difficultés techniques.
Rien que d’avancer simplement est parfois bien prenant à cette altitude.

Le camp est sur le bord du glacier vers 5300, pas d’eau et très spartiate.

Gaffe à deux choses: mega acclimatation car 6400 ca commence à faire vraiment haut, donc plusieurs nuits entres 4500 et 5000m.
Et le guidos: en Inde les standards ne sont pas les mêmes, ce n’est pas impossible que tu lui apprenent toi-même des techniques…

Difficile à dire…
J’y suis allé en 2015 et je confirme ce que disent Antoine et Lovenia : les conditions sont assez particulières et la neige qui ramollit vite est une vraie difficulté. On était parti pour faire le Kang Yatze I, mais on a bien brassé (pas de trace) pour arriver au Kang Yatze II. On a perdu beaucoup de temps et d’énergie. Et quand on a vu la longueur de l’arête, on est juste allé voir le début, mais ça ne nous semblait pas raisonnable de nous y engager. Ca doit dépendre des conditions, mais en plus de la longueur, elle nous a semblé assez effilée (style Bionnassay). Pour moi c’est comparable aux courses AD d’envergure (style arête de Bionnassay justement), avec l’altitude en plus à gérer. L’arête des Cosmiques et le couloir S de Roche Paillon, c’est un bon cran en-dessous.
Mais bon dans tous les cas le Kang Yatze II c’est déjà chouette.
Et en sommet d’acclimatation, tu peux faire le Camptocamp.org (très facile).

Je m’aperçois que j’ai oublié de rentrer la sortie… Ca me motive pour essayer de faire ça dans les prochains jours/semaines.

Honnêtement il faut plus d’expérience et de marge (ou d’habitude de griller les étapes…) pour se lancer dans du AD un peu engagé à 6400m, même avec guide. Sachant que très peu de guides là-bas accepteront d’aller jusqu’au KY1… De ce que j’ai vu, la plupart ne sont même jamais allés au point culminant (alors qu’ils ont fait le KY2 7 ou 8 fois). Ils sont assez timorés quand il s’agit de vrai alpi, et décrivent cette arête comme dure et très dangereuse… Même si c’est sans doute exagéré, ça veut dire qu’il vaut mieux ne pas devoir dépendre de guides comme ça.

Hey. Déjà merci à vous trois d’avoir répondu à mon post. @Loic_P je crois que nous ne parlons pas de la même voie ! En effet je ne passerai pas par le Kang Yatse II pour monter au Kang Yatse I. L’arête entre les deux sommets n’est pas de mon calibre je ne me fait pas trop d’idées la dessus. La voie normale du KY1 passe par le NE (Photo des deux voies: KY1). D’après ce que j’ai pu trouver comme infos cette voie un peu plus technique que le KYII (passages raides en neige/glace) mais reste réalisable par quelqu’un qui se débrouille bien en couloir et cascade. Physiquement je ne me fait pas trop de mouron (même si on ne sait jamais, et c’est la seule chose qu’on sait vraiment) c’est vraiment le côté technique qui me fait demander ce que vous pensez.

J’aurais aimé l’avis de quelqu’un qui est allé poser les pieds sur cette voie NE pour confirmer cela mais apparemment cet itinéraire n’est pas très connu.

En tout cas encore merci pour vos avis qui m’aideront bien à prendre ma décision.

Phil.

Ah ouais!
Alors la bonne chance pour avoir de bonnes conditions de neiges et un vrai guide!
Et pour une première expérience à cette altitude tu es super motivé!

1 Like

Il y a des vrais guides en Inde. Peut-être pas selon ta vision occidentale mais le Kang Yatse est en Inde, pas dans le massif du Mont Blanc. Du coup ils ont pas tous fait l’ENSA.
Sinon oui pour une première expérience de la haute altitude ça me paraît osé. Mais on ne répond pas à sa question qui est purement sur la difficulté technique.

Si j’ai bien compris tu n’as pas l’expérience de ces altitudes donc comment peux tu dire ça ? Après il y a aussi les conditions de neige, l’isolement, la météo, l’engagement en bref. Le niveau technique c’est important mais dans ces conditions il faut avoir un niveau technique très très au dessus du niveau de la voie

Effectivement pour moi la VN est l’arête W : Camptocamp.org (cet iti demande à être amélioré).
J’ai vu une cotation D+ pour l’arête NE. C’est peut-être un poil surcôté, mais ça vaut au moins du AD+ quand même, d’après ce que j’ai vu d’en face : c’est raide, et ça passe entre/sur des séracs. On avait éventuellement envisagé de monter par cette arête NE, mais ça nous a semblé plus (trop) technique que l’arête W. L’engagement est par contre peut-être un peu moindre (c’est pas l’arête des Cosmiques non plus hein ;-)).

@pasinvite je n’ai pas en effet d’expérience de la montagne au dessus de 5000m (4809m pour être précis). Cependant je fais au moins 6h de sport par semaine depuis que j’ai 10 ans suivi par un coach et un médecin du sport (je faisais du sabre à haut niveau pour ceux que ca intéresse). Le guide avec qui j’ai fait le Mont-Blanc m’a confirmé que pour lui j’étais en très bonne forme physique et que mon corps s’acclimatait vite au manque d’oxygène (Tête Rousse -> sommet en 5h12 et sommet -> refuge du gouter en 2h et j’étais large niveau physique + aucun symptômes du MAM). Je compte faire des tests plus poussés pour confirmer ce dernier point (j’ai lu sur internet qu’il y avait un test médical qui pouvait déterminer la capacité du sang à s’oxygéner en situation d’hypoxie). Donc j’ai tout de même quelques indicateurs qui me font penser que ca ira. Mais tu as raison je n’ai pas de certitudes et 6400 ce n’est pas 4800. J’ai quand même prévu un trek de 5 jours avant pour m’acclimater. Je me connais physiquement et mentalement et l’effort extrême ne me fait pas peur.

@detroit @Loic_P @pasinvite Je suis bien conscient du fait qu’il y a une différence entre l’Arête des Cosmiques et le KY1. J’ai prévu de faire la traversée Midi-Plan et la petite traversée de la Barre des Ecrins par le couloir de Barre Noire avant un éventuel KY1. Ce n’est toujours pas ca mais c’est de l’expérience en plus. J’essaie de prendre la chose avec sérieux et me préparer au mieux pour mes sorties (entrainement physique et mental spécifique, sorties en montagne etc.).

En tout cas je ne suis pas déçu d’avoir posté sur le forum. Je retrouve bien l’esprit entraide et conseil que j’apprécie tant en montagne. Je vais continuer à prendre des infos, parler à l’agence indienne pour lui demander son avis et peut-être me calmer et reporter ce voyage.

Oui mais alors là, le blem’, c’est que c’est en occident que l’on trouve les meilleurs guides, avec les japonais je crois (et en partant du principe que l’Amérique du sud c’est aussi un extreme occident, selon les pays, ou partie de la population dont on cause)

Et donc, pour avoir quand même baroudé presque 6 mois en Himalaya indien, parler avec des gens ayant eu recours à des guides, alors j’affirme que si l’on va avec un guidos qui a à peine son niveau et que l’on s’engage sur un truc chaud, alors ça peu être fatal.

Après il y a surement de bons guides indiens, j’espère.
Il y en a aussi beaucoup qui doivent juste avoir mon niveau en alpi!
Car pour moi ‹ à l’arrache › est une des expressions qui résume le mieux ce pays…

Donc ma vision occidentale n’est peut etre pas si vaine, surtout lorsque l’on parle de se mettre en danger.
Ah moi que ‹ vision occidental › aille forcément de pair avec mauvais…!

En fait il faudrait que tu te fasses un 6000 et que tu vois si tu te sens saoulé, ou pas.
Des gens bien sportif peuvent avoir du mal à s’acclimater, et d’autres qui ne sont pas spécialement au tacquet de sport n’ont pas plus de blem que ça.

Faudra aussi savoir écouter son corps qui se met à ressentir des trucs qui lui sont généralement inconnus!

Tu n’as pas parlé de bon ou mauvais guide tu as parlé de « vrai guide » sous entendu que les guides indiens ne sont pas de vrais guides.
Ben si c’est des vrais guides. Peut-être pas selon tes normes à toi, français. Mais si on voyage c’est aussi pour confirmer (si besoin était) que la France n’est pas le seul pays au monde, et que ce qui est vrai ici ne l’est pas forcément là-bas.

OK en fait j’avais zappé que tu avais fait le Mont Blanc, ce qui n’est certes pas une assurance de monter à 6400 sans pb mais si effectivement tu n’as eu aucun pb d’acclimatation, c’est quand même déjà bon signe.
Après sur le Kang Yatse, au delà de l’altitude, reste que l’engagement n’est pas comparable et ça peut changer beaucoup de choses.
Mais tu me parais plutôt raisonnable dans ton approche en fait. C’est juste que ta question uniquement sur le niveau technique, ça nous a interpellé, car ce n’est évidemment pas le seul paramètre à prendre en compte.
Mais si tu fais quelques sommets faciles vers 6000 au préalable sur place, ça t’apportera sans doute bien plus de réponses que tout ce qu’on peut dire sur ce forum ( pas sur l’aspect technique mais sur le reste)

Tu vois vite le mal toi!

Lorsque je parle de vrai guide je parle de guides qui sont autre chose que des gens connaissant le chemin et étant capable de cramponner.
Et j’ai du mal à croire que tous ces guides qui ne font que le Stok kangri ou le Kang yatse II aient forcément une formation de guide digne de ce nom selon mes critères.
Voilà tout.

La France n’est pas le seul pays au monde, ah bon?
Tu me prends un peu pour un gogol, c’est ça?

Et oui ce qui est vrai ici ne l’est pas forcément là-bas! C’est bien, j’en apprend des choses avec toi!

Sauf que là on ne parle pas d’une sortie de golf mais bien d’une activité dangereuse il me semble.

Donc oui les standards/les compétences, pour ce genre de chose, me paraissent bien plus importante que de savoir si j’ai une vision d’occidental qui n’est pas capable de s’adapter.

Et pippodrz ne semblant pas connaitre l’Himalaya en mode ascension je lui file un tuyau sur un des aspects du pays: ‹ à l’arrache ›.
Je vois donc pas trop où est le blem’ car oui, des guides guignols, en Himalaya, il y en a!

Ah ben pour le coup, je confirme : j’ai vécu un an en Inde et tous les guides que j’ai fréquenté étaient assez indigents…

Ca va du truc gentillet (les guides qui n’ont aucune idée du nom des sommets de la région ou de leurs altitudes) au truc un peu plus flippant (le guide qui se perd si il sort du chemin classique) au truc bien plus craignos (des « guides » du Stock Kangri qui oublient leurs frontales, qui ne savent pas faire de nœud en 8, qui galèrent pour enfiler des crampons…). Il y en avait même un qui avait ces chaussures pour monter au sommet ! (True story)

.Je n’ai donc pas l’impression que les guides indiens brillent par leur qualité, mais, en même temps, il faut les comprendre :

  • Il n’y a quasiment aucune « culture » de l’alpinisme là bas. Il suffit de faire un tour à l’association d’himalayisme à Delhi… J’ai eu l’occasion de croiser l’équipe nationale d’alpinisme, vers Manali, et ça ne m’a pas du tout impressionné.

  • Les « guides », ce sont bien souvent des pauvres bougres du coin, qui voient juste l’ooccasion de gratter quelques billets à des touristes qui ont un niveau de vie 290 fois supérieur au leur, en faisant du « promène couillons »…

Du coup le con c’est qui? Les pauvres bougres? Ou le touriste, dont visiblement tu as fait partie puisque tu dis en avoir l’expérience.
Sinon moi aussi j’ai voyagé et pris des guides. Le terme pauvre bougre ne m’est jamais venu à l’esprit. Respect, amitié, admiration, … C’est tout ce qui m’est venu. Malgré qu’ils ne savaient pas non plus faire un noeud de 8, je doute même qu’ils en aient jamais entendu parler.
J’espère que la photo de baskets, tu l’as envoyée à ton guide, avec comme légende : « Pauvre bougre »

‹ respect,amitié, admiration › c’est gentil!
Mais lorsque tu mets ta vie entre les mains d’une personne ouvertement inconpétante alors est-ce vraiment les termes appropriés?
Lorsque l’on paye pour un service il est normal qu’il soit à la hauteur, non?

Après je n’irais pas, perso, jeter la pierre aux guides indiens vu le pays dans lequel ils vivent.
Mais je prévenais, quand même, qu’il fallait faire attention à ce niveau-là.

Mais par contre la mansuétude qui t’anime envers eux peut bien être problématique lorsque l’on parle de faire autre chose de plus dangereux que le Stok kangri.

Et face à cette problématique tu te places comment?

Enfin le mot bougre n’a pas forcément une connotation insultante, car il désigne aussi une personne quelconque.
Donc une chose sans doute vrai dans une société comme l’Inde.

Donc je le redis: tu vois vite le mal de façon excessive.

Là tu as tout dit. Perso j’ai rencontré des personnes exceptionnelles, non seulement parmi les guides mais aussi les cooks et les porteurs.
Et même s’ils ne savaient pas faire un noeud de huit j’ai l’impression d’avoir beaucoup plus appris d’eux qu’ils n’ont appris de moi.
Et je n’ai vu aucun bougre.