Ah ! Le risque en haute montagne, surtout à 8000m…
La roulette Russe !
Y’a des cailloux qui peuvent tomber, des couloirs bien exposés, des avalanches qui peuvent même vous emporter…
Et même des chutes séracs (de la glace !)…
Ce n’est pas non plus le seul sérac « dangereux » sous lequel il faut passer pour gravir une voie de haute montagne (la cascade de glace « Icefall » de la voie normale Népalaise de l’Everest, ce n’est pas le top non plus, et il faut y passer et y repasser plusieurs fois…).
Le fameux « Bottleneck » du K2 (8200m), c’est ça par beau temps :
Alors oui, si ça tombe, si ça se casse la gueule juste au moment où on passe dessous ou que ça emporte vos cordes fixes, c’est catastrophique comme lors du Désastre du K2 en 2008…
Mais ce « bottleneck » a fait encore plus de victimes sans qu’aucun sérac ne tombent, juste des grimpeurs épuisés à la descente, après une longue course très exigeante depuis le C4, et une météo souvent peu favorable …
Je faisais simplement la comparaison avec l’Everest. 8000 aussi pourtant.
Sinon oui les séracs c’est de la glace, merci.
Et les cailloux c’est des cailloux.
La haute montagne c’est toujours risqué, certes, mais pour le côté roulette russe toutes les voies ne se valent pas (ce que j’ai appelé dangers objectifs)
Ok.
Donc pour toi, le Icefall de la voie normale Népalaise de l’Everest, à passer obligatoirement plusieurs fois pour gravir la voie, c’est plus ou moins de risque de chute de glace que les séracs du Bottleneck sur le K2 ?
(c’est juste une question, hein… )
J’ai pas les chiffres mais c’est possible oui. D’ailleurs même en 2008 beaucoup ne sont pas morts directement d’une chute de seracs, certains sont même morts au dessus du serac.
Mais au-delà du côté technique du passage, le fait d’avoir cette menace au-dessus de la tête peut inciter à vouloir aller plus vite, ou au contraire à hésiter, a prendre les mauvaises décisions.
Ok t’as raison l’Everest c’est plus dangereux que je K2.
Fin du débat pour moi.
Ah si juste un truc, le bottleneck c’est à 8000. Ça fera pas chuter plus de glaçons, mais tu crois pas que ça peut jouer sur la dangerosité du passage? Simple question
Je ne sais pas…
Il existe des statistiques (morbides) ici et là sur Internet, et plus ou moins à jour…
A une époque, et il n’y a pas si longtemps pourtant, en 2003, l’Annapurna (8091m) sans sérac mais avalancheux avait un taux de mortalité de 50% (1 chance sur 2 de mourir ! Bien pire que la roulette Russe, où tu as 1 chance sur 6, quand même !)…
Nombre d’alpinistes arrivés au sommet: 109/ Nombre de décès sur l’ensemble des tentatives d’ascension: 55/ Ratio en % entre les ascensions réussies et les décès: 50,5 .
Le K2 25,9%, l’Everest 12,7 %… (en 2003)
Heureusement, c’est mieux de nos jours, j’espère…
Mais il faudrait trouver les chiffres actualisés en 2018…
Et puis, « la dangerosité d’un passage », ça se mesure comment ? Au nombre de morts sur le lieu ?
Et si sur une route en ligne droite il y a eut 5 accidents de voiture mortels, est-ce qu’on peut dire que la route est « dangereuse » ?
Je ne sais pas…
A la base je parle de la dangerosité du K2 par rapport à L’Everest.
Je cite le Bottleneck parce que ça me semble un des points les plus critiques, mais il y en a d’autres, y compris avec des chutes de cailloux qui je le rappelle sont en rocher.
Bref oui j’affirme que le K2 est plus dangereux et plus difficile que l’Everest.
Affirmation totalement gratuite et non étayée, mais que j’assume.
Oui je sais l’Annapurna a des stats pires que le K2, en proportion.
Mais je comparais à l’Everest pas à l’Annapurna.
Pour ce dernier stats surprenantes oui. Mais moins d’ascensions donc moins de représentativité aussi. Il y a peut-être aussi eu un nombre non négligeable de morts sur des voies autres que la voie normale, en face sud notamment.
Sans rien retirer à la très grande dangerosité des ascensions à 8 000, cette statistique morbide (souvent reprise sans recul par les médias) fausse un peu l’interprétation de la dangerosité d’un sommet ou d’un itinéraire. Il faudrait mieux rapporter le nombre de décès au nombre de grimpeurs (et salariés : sherpas, porteurs) qui tentent l’ascension, voire même au nombre de « jours-homme » passés sur la montagne (et oui, c’est basique, mais on passe plus de temps en altitude pour un 8 000 que pour un 4 000).
Pas tout a fait aussi simple car il ya parmi les décès des personnes qui sont arrivées au sommet. Et effectivement comme le signale @noolrich dans ces chiffres, on ne parle pas de tous ceux qui sont restés vivants sans atteindre le sommet. Sans doute la majorité
Pour revenir au sujet, les nouvelles sont très moyennes.
Vaso est au camp 2 mais Artiem Braun est redescendu au CB. Idem pour Pawel Dunaj de l’équipe basque après une incursion jusqu’à 5600.
Apparemment la météo s’est dégradée ce qui explique cela.
On surveillera donc l’évolution de l’équipe au C2 mais ça semble compromis pour une avancée significative dans les prochains jours.
Côté météo ça semble correct demain voire encore dimanche (mais pas mal de vent quand même) puis ensuite ça se gâterait pour plusieurs jours.
Et bien pas mal d’action finalement aujourd’hui
L’équipe de pointe russe (4 membres dont Vassily Pivtsov) a atteint 7000 m selon leur tweet, juste sous la pyramide noire. En réalité plutôt 6938 selon leur tracker. C’est quand même l’altitude max atteinte pour le moment cet hiver. Le reste de l’équipe russe dont Artiom sont redescendus au CB.
Quant à Alex il s’est offert un petit footing AR au C1 depuis le CB.
Météo qui a l’air encore bonne pour demain ensuite ça se gâte un peu surtout mardi avec beaucoup de vent.
Les Russes ont atteint 7130 m aujourd’hui, où ils ont déposé du matériel (pour le C3 probablement) et sont redescendus au C2, ils redescendent demain au CB.
En espérant qu’il ne leur arrive pas la même mésaventure que Ballard et Nardi au Nanga Parbat qui n’ont jamais retrouvé leur dépôt au C3 enfoui sous la neige. Mais il neige nettement moins au K2 qu’au Nanga.
Bon oui il se passe rien mais quand même je fais remonter un peu ce fil. Toute la bande est au CB. Toute? Non. Côté russe, trois ou 4 sont en train de redescendre vers Paiju, dont Artém Braun. Ils vont à la rencontre des 3 Kazakhs qui viennent renforcer l’équipe russe et étaient à Skardu hier je crois. Il semble aussi que ce soient les plus fatigués (certains ont du prendre des antibiotiques contre je ne sais quelle maladie) à qui un petit retour vers des contrées moins extrêmes ne fera pas de mal. Ce soir ils sont à Concordia.
Créneau météo ce weekend mais il semble bien court (2 jours) et les prévisions pour la suite sont pour le moment assez dantesques. Compte tenu de l’échéance, ça peut évidemment encore changer.
De ce côté là c’est encore bien pire au Nanga Parbat où Nardi fait un stage intensif de déneigement du CB pour éviter d’être englouti. L’année prochaine il pense amener une fraiseuse En attendant il semble qu’il y croie encore car il tente de prolonger son permis qui s’achevait dans une semaine environ.
Rectification : Artem ne fait pas partie du groupe qui descend à Paiju pour se reposer. Ils sont trois : Danichkin, Muraviov et Aubakirov. ils sont actuellement à Gore.
Un troisième tracker est apparu sur cette page. https://www.iridium360.ru/public/7250eb93
A priori Artem et toujours en rouge (donc il serait en train d’aller au CBA), Vassily en vert (au CB), et en rose ce serait le groupe qui redescend à Paiju.
A propos de la météo sur le K2, je trouve le point de vue de Michal Pyka assez intéressant lorsqu’il explique que l’on a souvent tendance à se focaliser sur le vent et la température lorsqu’on recherche une fenêtre météo, et beaucoup moins sur la pression atmosphérique locale, qui est bien plus difficile à prédire.
Pourtant, elle est aussi très importante à prendre en compte aussi (si possible !), puisque c’est la différence entre l’altitude réelle et « l’altitude pression » (ou « altitude ressentie »).
Nous avons tous en tête que plus on monte en altitude, plus la pression atmosphérique baisse, donc moins l’air est comprimé, et donc il y a moins de molécules d’oxygène par volume d’air.
Mais puisque la pression atmosphérique varie aussi en fonction de la météo (comme la température, mais aussi la latitude…), cela impacte directement notre ressenti (rt notre VO2 Max !) à une même altitude physique donnée.
Un article intéressant à ce sujet présente un graphique avec l’évolution des altitudes ressenties (ou altitudes barométriques, calculées en tenant compte de la moyenne des températures mensuelles) :
Note de l’auteur (Jim Gile): « Les données de températures mensuelles moyennes sont approximées mais les calculs sont basés sur des principes mathématiques et physiques solides. Les altitudes pression calculées ne sont donc pas absolument précises mais doivent être précises les unes par rapport aux autres. »
Bon, il faut donc prendre ces valeurs avec des pincettes, et bien sûr il serait vraiment intéressant d’avoir les températures et pressions réelles mesurées sur ces sommets ! (à quand une mini station météo autonome au sommet du K2 ou de l’Everest ?).
Et c’est un peu là tout le problème, je pense, car la plupart des études se basent sur des moyennes mensuelles calculées, et non pas des données quotidiennes mesurées…
Bref, mais l’auteur fait remarquer sur son graphique que :
-> l’altitude pression sur le sommet de l’Everest n’est jamais aussi élevée que son altitude physique.
-> l’altitude pression au sommet du K2 est presque identique à celle de l’Everest en janvier et en décembre.
-> en Juillet, l’altitude pression du K2 tombe sous les 8000m (7999m !)
On note aussi que pour le K2, l’altitude pression est supérieure à son altitude physique en décembre et janvier (pas de beaucoup, mais bon !).
Du coup, la question en ce moment au camp de base du K2 est donc : Va-t-on se faire un 8.400m ou un 8.600m sur le K2 aujourd’hui ?
Alex dirait peut-être : « Attendons encore un peu, dans 5 jours on se fait le K2 à 8.300 mètres, et on va griller les Russes ! »
PS: Pour aller plus loin, cf notamment la publication de 2017 : Breathing at extreme altitudes - Scientific projects « EVEREST » de Garrido, Sibila & Viscor (2017)