Allez, je m’y colle donc, pour la première histoire !
Mais je suis sûr que vous aussi, vous en avez pas mal à raconter…
Une expérience parmi d’autres, et un cas « particulier » aussi, car c’était lorsque que j’étais jeune militaire chez les « Chasseurs de lapins »…
Une « rando » à peau de phoque en Haute-Maurienne, panorama magnifique mais au rythme… militaire ! (ce n’est pas vraiment une ballade sympathique vous savez, mais plutôt dans le genre « bavante » !).
Environ 900m de dénivelé positifs (avec des mecs qui n’ont quasi aucune expérience à ski !), sac à dos réglementaire à 22 kg, plus le Famas (+ 4 kg et assez gênant !), plus la radio pour les malchanceux ou les plus « aguerris » au ski (comme moi, malheureusement !)…
On arrive bien lessivé à destination, et là, les travaux ne font que commencer !
Il faut « monter le camp d’hiver », c’est à dire creuser les igloos, à la façon militaire…
Évidemment, après la montée, la poids des sacs, on est déjà un peu épuisé…
Pas le droit de boire, pas le droit de fumer, pas le droit de changer de vêtement (en + ou en -), ce n’est que sur ordre ! Oui chef ! D’accord, chef !
Alors au boulot !
Construction des igloos militaires pour la section (environ 30 personnes) !
C’est d’abord creuser une tranchée de 1 mètre de large sur environ 15 mètres de long et sur 2 mètres de profondeur (et oui, il faut d’abord trouver le coin avec au moins 2 mètres de neige, et pas que de la glace ! C’est le lieutenant qui s’en charge !).
Ensuite, de chaque côté du fond de la tranché, chaque groupe de 4 ou 5 personnel creuse son alvéole, avec sa fosse à froid.
Enfin, après bien 4 heures de boulot, le tout est quasi invisible de l’extérieur (puisque creusé et pas monté, c’est militaire !), et l’ennemi qui comme chacun sait pullule en Haute-Maurienne la nuit, ne pourra jamais nous voir, tiens !
Bien fait pour ces salops !
Allez, venez… Venez nous attaquer !
On est prêt, on vous attend, nous, là ! Bande de lâche !
(NDTR :Comme chacun sait, le Mauriennais est généralement assez lâche, faible et fourbe, alors que le Tarin, l’homme de Haute-Tarentaise, lui, est courageux, fougueux, honnête, et fier ! Cela fait partie de l’histoire de la Savoie, ça…).
Alors évidemment, pour creuser tout ça, on en a bien chier quand même !
Déjà parce qu’on était épuisé par la montée en peau de phoque avec nos sacs de 22 kg et nos fusils d’assaut, et puis aussi car ça en fait des mètres cubes à excaver…
Résultat : malgré nos gants Mappa (les gants de cuisines roses, vous savez, que nos officiers avaient pourtant prévus !), et bien ont était tous trempés à force de ramper et creuser dans la neige pendant 4 heures…
Et du coup, bien mouillés, on avait froid !
Alors enfin, on peut se confiner dans notre bel igloo, on se change, on se glisse dans sac de couchage, nos duvets… (moi j’avais même un sursac non réglementaire en Goretex, je me rappelle ! Le confort absolu !)
Et puis à 3h du matin, t’as un con qui vient te réveiller : c’est la garde ! Vas te geler les couilles dehors, en plein vent, à 2500 mètres, pour surveiller un « ennemi » surtout inexistant ! (les Mauriennais, ces lâches !).
Super !
Le problème, c’est qu’après tout ce boulot, à creuser ces igloos, ben on avait même pas d’ennemis !
Rien, que dalle, même pas un chamois ou un bouquetin à se mettre sous la dent !
Les Mauriennais, ces pleutres, ne nous on même pas attaqués, ces lâches !
La loose…
On quitte finalement notre camp/igloo après 10 jours, et moi je me dis : tout ce boulot et ces efforts pour rien, ça fait mal au cœur…
Un jour, je les aurais, ces Mauriennais, et même dans la vallée, attention…