K2, le dernier 8000 de l’hiver

Cet hiver 2019, deux expéditions tenteront l’ascension du K2.
L’une est constitué d’alpinistes russes, kirghizes et kazakhs, emmenée par Vassiliy Pivtsov.
La seconde est composée d’espagnols, de basques, de népalais et de 2 polonais, avec Alex Txikon comme leader.

Les 2 groupes sont actuellement sur le chemin du camp de base.

Un article du journal suisse Le Temps : https://www.letemps.ch/sport/k2-dernier-8000-lhiver

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Parmi les « infos » (ou même les « rumeurs » ici et là sur le Net, allez…) pour la tentative hivernale du K2 2019, en vrac et en désordre :

  • les 2 grimpeurs « stars » qui ont participé à la tentative hivernale de l’année dernière au K2, Denis Urubko et Adam Bielecki, ne feront pas partie des 2 expés sur le K2 cet hiver 2019 (Urubko en Patagonie, et Bielecki chez lui).

  • les 2 polonais Pawel Dunaj et Marek Klonowski ont choisi de se joindre à l’expédition du grimpeur basque Alex Txikon.

  • Les 2 expéditions partagent la même compagnie pour la logistique au camp de base et souhaitent coopérer, ils prévoient par exemple de mutualiser la tente des cuisiniers, et autres, y compris au niveau des éventuels assistances ou secours.

  • Il y aura 27 personnes au camp de base cet hiver.

  • Suite à l’expérience et l’échec de l’année précédente avec l’expédition de Krzysztof Wielecki en hiver 2018 et les incidents sur la voie Cesen comme les chutes de pierres, la route la plus probable cet hiver sera l’éperon des Abruzzes, ou même éventuellement la voie américaine de 1978 (arête nord-est), selon les conditions et selon Alex Txikon.

  • Alex Txikon, grand spécialiste des expéditions de type « assaut traditionnel » en Himalaya, prévoit de poser 4000 mètres de cordes fixes (4 kilomètres !).

  • Et peut-être même une « innovation » cette année : les igloos ! Une idée d’Alex Txikon pour remplacer les tentes dans les camps d’altitudes… Moins de sensibilité au vent, plus isolante (de 0 à 2°C sous l’igloo avec une simple bougie, même à -30°C à l’extérieur), pas de démontage et remontage des tentes systématique (économie d’une heure à chaque fois)… Une idée envisagée très sérieusement cette année par l’équipe d’Alex, qui s’est entrainée pour cela. Bon évidemment, cela va dépendre notamment des conditions de neige et de glaces sur la voie.
    Ils prévoient un temps de construction de 3 à 4 heures (comparé à 1 heure pour le montage d’un camp d’altitude avec des tentes).

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Perso, je trouve cette idée d’igloos assez intéressante, et pas si stupide du tout.
Pour l’avoir expérimenté 3 ou 4 fois dans ma vie (à seulement 2500-3000m, hein ! Faut pas déconner non plus !), je me rappelle surtout que c’est un énorme boulot, assez technique selon l’endroit, mais surtout épuisant et très humide !
Il faut des gants et pantalons 100% étanches, et ne pas trop transpirer pendant le travail…
Parce que 4 heures à brasser de la neige, ben ça mouille, avec la chaleur du corps.

Ceci dit, pour dormir ensuite, c’est royal et hyper confortable !
Mais à 6000, 7000 ou 8000 mètres, cela me parait un gros « challenge », mais très intéressant…

Apparemment, Alex et ses copains se sont entrainés… notamment à Bilbao (altitude = 19 mètres !).

Vidéo :
https://www.eitb.eus/es/deportes/otrosdeportes/videos/detalle/6029638/video-como-construyo-alex-txikon-bilbao-iglu-dormiran-k2/

Avez-vous vous aussi des expériences de bivouac sous igloos en altitude à raconter ?

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Si ils ont étudié la question de l’igloo c’est que ça doit en avoir certains avantages.
Après je ne sais pas… certes, tu t’épargnes le démontage/remontage d’une tente et le fais de se la trimballer mais d’un autre coté, comme tu dis, construire un igloo, ca prend du temps et je ne sais pas si c’est faisable dans n’importe quelle conditions (vent violent, qualité de neige…)
perso, jamais expérimenté l’igloo malgré plusieurs bivouacs (improvisés ou non ) en altitude

Ce qui est sûr c’est que c’est beaucoup plus économique, vu le prix des tentes adaptées à ces conditions extrêmes. Pour la résistance au vent c’est clair ya pas photo, pour l’isolation ça doit pas être mal non plus. Oui le seul inconvénient que je vois c’est le temps et surtout l’énergie nécessaire pour les construire à ces altitudes.
En cas d’avalanche c’est pas mal non plus vu que tu es déjà sous la neige :wink:

Peut-être aussi parce que l’on n’y pense pas toujours comme une bonne option possible, en fait…
On pense d’abord aux tentes, ce petit bout de tissu sensible au vent et au froid que l’on monte dans nos sacs à dos (et qui pèse tant !)…
Et comme tu dis, à 7 ou 8000m, il faut à chaque fois le monter et les démonter, et c’est aussi du boulot…

En effet ! Je suis d’accord là-dessus, pour avoir un peu « expérimenté » les igloos à 2500-3000 mètres…
Alex Txikon parle de 3 à 4 heures de travail, mais à 7 ou 8000 mètres (et après une belle montée), c’est énorme, je pense !

Il parle de « réseau » d’igloos, c’est à dire les construire petit à petit, de camp à camp, au fur et à mesure… Ok.

C’est une idée à creuser, en tout cas, je trouve…

Peut-être qu’ils peuvent le faire en plusieurs fois. Une cordée de pointe commence et redescend au camp inférieur. Une autre finit le travail?

Oui, c’est peut-être ce qui est prévu, du côté de l’expé d’Alex…

J’imagine aussi la tête des sherpas quand il va devoir expliquer tout ça ! :smile:

On va creuser, les mecs, cette année !!!

Allez, je m’y colle donc, pour la première histoire !
Mais je suis sûr que vous aussi, vous en avez pas mal à raconter…

Une expérience parmi d’autres, et un cas « particulier » aussi, car c’était lorsque que j’étais jeune militaire chez les « Chasseurs de lapins »…

Une « rando » à peau de phoque en Haute-Maurienne, panorama magnifique mais au rythme… militaire ! (ce n’est pas vraiment une ballade sympathique vous savez, mais plutôt dans le genre « bavante » !).

Environ 900m de dénivelé positifs (avec des mecs qui n’ont quasi aucune expérience à ski !), sac à dos réglementaire à 22 kg, plus le Famas (+ 4 kg et assez gênant !), plus la radio pour les malchanceux ou les plus « aguerris » au ski (comme moi, malheureusement !)…

On arrive bien lessivé à destination, et là, les travaux ne font que commencer !
Il faut « monter le camp d’hiver », c’est à dire creuser les igloos, à la façon militaire…

Évidemment, après la montée, la poids des sacs, on est déjà un peu épuisé…
Pas le droit de boire, pas le droit de fumer, pas le droit de changer de vêtement (en + ou en -), ce n’est que sur ordre ! Oui chef ! D’accord, chef !

Alors au boulot !
Construction des igloos militaires pour la section (environ 30 personnes) !

C’est d’abord creuser une tranchée de 1 mètre de large sur environ 15 mètres de long et sur 2 mètres de profondeur (et oui, il faut d’abord trouver le coin avec au moins 2 mètres de neige, et pas que de la glace ! C’est le lieutenant qui s’en charge !).

Ensuite, de chaque côté du fond de la tranché, chaque groupe de 4 ou 5 personnel creuse son alvéole, avec sa fosse à froid.
Enfin, après bien 4 heures de boulot, le tout est quasi invisible de l’extérieur (puisque creusé et pas monté, c’est militaire !), et l’ennemi qui comme chacun sait pullule en Haute-Maurienne la nuit, ne pourra jamais nous voir, tiens !
Bien fait pour ces salops !
Allez, venez… Venez nous attaquer !
On est prêt, on vous attend, nous, là ! Bande de lâche !
(NDTR :Comme chacun sait, le Mauriennais est généralement assez lâche, faible et fourbe, alors que le Tarin, l’homme de Haute-Tarentaise, lui, est courageux, fougueux, honnête, et fier ! Cela fait partie de l’histoire de la Savoie, ça…).

Alors évidemment, pour creuser tout ça, on en a bien chier quand même !
Déjà parce qu’on était épuisé par la montée en peau de phoque avec nos sacs de 22 kg et nos fusils d’assaut, et puis aussi car ça en fait des mètres cubes à excaver…

Résultat : malgré nos gants Mappa (les gants de cuisines roses, vous savez, que nos officiers avaient pourtant prévus !), et bien ont était tous trempés à force de ramper et creuser dans la neige pendant 4 heures…
Et du coup, bien mouillés, on avait froid !
Alors enfin, on peut se confiner dans notre bel igloo, on se change, on se glisse dans sac de couchage, nos duvets… (moi j’avais même un sursac non réglementaire en Goretex, je me rappelle ! Le confort absolu !)

Et puis à 3h du matin, t’as un con qui vient te réveiller : c’est la garde ! Vas te geler les couilles dehors, en plein vent, à 2500 mètres, pour surveiller un « ennemi » surtout inexistant ! (les Mauriennais, ces lâches !).
Super !

Le problème, c’est qu’après tout ce boulot, à creuser ces igloos, ben on avait même pas d’ennemis !
Rien, que dalle, même pas un chamois ou un bouquetin à se mettre sous la dent !

Les Mauriennais, ces pleutres, ne nous on même pas attaqués, ces lâches !

La loose…

On quitte finalement notre camp/igloo après 10 jours, et moi je me dis : tout ce boulot et ces efforts pour rien, ça fait mal au cœur…

Un jour, je les aurais, ces Mauriennais, et même dans la vallée, attention… :slight_smile:

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A 8000m, l’hiver se caractérise par moins de neige… C’est très intéressant, à voir si c’est une vraie ou fausse bonne idée ! Par exemple une tente ensevelie tu creuses pour la dégager, et un igloo ?

Oui, mais tu sais aussi, la neige, sur le K2, sur l’épaule à 7900m, ça va, ça vient…
Y’a le vent, aussi…

Ben, idem, non ?
La tente, elle est peut-être plus facilement détruite qu’un igloo ?
Je ne sais pas…
Cela dépend aussi du type d’igloo construit…

A 8000 moins de neige uniquement parce que tous les 8000 sont dans un coin où l’hiver est plutôt sec. Ils seraient dans les Alpes du Nord ou en Islande ce serait autre chose…
Bon après quand même de la neige il y en a toujours là-haut. Elle risque d’être assez transformée, par le vent, par le temps… Donc peut-être pas mauvaise pour faire un igloo, par rapport à de la pure poudreuse toute fraîche. Enfin j’imagine que ces alpinistes y ont pensé quand même, à la qualité de la neige.
Pour l’ensevelissement ben je dirais pareil qu’avec les tentes, tu creuses. Faut sans doute signaler les igloos par un piquet avec fanion ou autre sinon effectivement ça risque d’être dur de retrouver l’entrée en cas de grosse tempête.

Cela doit dépendre aussi de la technique de construction de l’igloo.
(dôme externe, ou igloo creusé, par exemple).

Mais à priori, je dirais qu’un igloo bien fait est moins sensible à la casse et à l’ensevelissement qu’une simple tente en tissu et arceaux bien fragiles…

C’est bien aussi pour ça que l’idée d’Alex Txikon n’est peut-être pas si bête… !

Justement, ils prévoient quel type d’igloo? Igloo creusé ou igloo construit à la mode Esquimau ? Je penche pour la première hypothèse mais j’ai pas pu voir ton lien sur leur entraînement en Espagne…
Édit : vu la vidéo, c’est plutôt du construit que du creusé ?

Ouais, de ce que j’ai vu sur leur vidéo de « démonstration » à Bilbao, c’était une construction externe :
https://www.eitb.eus/es/deportes/otrosdeportes/videos/detalle/6029638/video-como-construyo-alex-txikon-bilbao-iglu-dormiran-k2/

Mais ils se sont peut-être entrainés sur d’autres types de constructions (espérons pour eux !), et aussi plus en altitude, et sans camionnette frigorifique à disposition…

En même temps, difficile d’aller s’entraîner sur le K2 :wink:
Bilbao c’est sûr que ça fait sourire, le pays basque n’est pas réputé pour ses conditions extrêmes :wink:

Ben en même temps, c’est le pays du chef d’expédition, Alex Txikon…

En attendant, l’équipe « Russe » progresse bien vers Skardu et plus…

En tout cas merci pour l’info, on va suivre ça avec intérêt. Ça change des sujets sur le RIC et autre…

Tu sais où ils sont là ? Au delà de Skardu?
Édit non je pense pas c’est pas goudronné au delà sauf si ça a changé. Et comme ils sont en rive gauche ils sont peut-être même pas encore à la confluence Indus Hunza.

Oui, l’équipe Russe est arrivée à Skardu.