"Je publie, donc je suis"

Texte reçu ce jour, même si je ne partage pas l’essentiel des propos, certains éléments me semblent cohérents en lisant des fois des compte-rendus (dont surement des miens) ou en voyant plusieurs sorties identiques le même jour ou des jours très proches alors que les conditions n’ont pas changées… sachant qu’à mon avis un des principaux but (je n’ai pas dit le seul) de C2C est l’information sur les conditions nivo
Alors pensons, ensemble en évitant toute attaque personnelle.
@ vous lire

[quote]Si du temps de René Descartes la preuve de l’existence était la pensée, en voyant les publications toujours plus nombreuses on pourrait croire que maintenant il suffit de publier pour exister. Quand ces publications se limitaient aux starlettes, aux présentateurs télé, aux joueurs de foot cela ne me gênait pas mais maintenant que cette frénésie touche des domaines qui devraient être préservés comme la montagne j’aimerai que la pensée revienne un peu. De plus avec l’arrivée de nouveaux médias comme internet l’accélération des publications rend une réflexion sur l’intérêt et les conséquences de ces nouvelles habitudes grandement nécessaire.

Pourquoi vouloir disséquer tous les itinéraires d’un massif ? Pourquoi vouloir absolument tout dévoiler ?
Le ski de randonnée, le parapente, le VTT, la marche sont des activités d’imagination et de liberté, pourquoi baliser, codifier, quantifier tous les itinéraires ? Ne faudrait-il pas laisser les randonneurs imaginer leur course en fonction de leur niveau et de leur expérience ? A la différence de l’escalade où on reste souvent sur une voie dans ces activités on peut laisser aller son imagination. Les livres avec les classiques existent déjà et sont largement suffisants, ils donnent au novice un petit aperçu des plaisirs possibles et si certains ont envie d’aller plus loin il leur suffit d’ouvrir les cartes.

Il faudrait quand même se demander pourquoi les anciens, qui connaissaient parfaitement Belledonne, n’avaient pas fait de topo exhaustif sur certaines zones comme les Aiguilles de l’Argentière. Peut-être y avait-il une règle tacite entre les randonneurs ? Tout le monde convenait peut-être que ce massif devait être appris plus que donné et personne ne publiait. Les débutants sortaient sur les classiques et petit à petit, avec le temps, et s’ils avaient eux-mêmes l’imagination, ils arrivaient dans des endroits plus sauvages. Tout n’était pas mâché et déversé avec des balisages et des cotations pour consommateurs pressés. Pour avoir vu des gens sortir par eux-mêmes des sentiers battus je peux affirmer que le plaisir est décuplé.

Les auteurs de topos n’ont visiblement pas l’air de se poser la question essentielle des conséquences de leurs publications. Les premiers ouvrages parus dans les années 30 à 70 décrivaient les classiques, mais maintenant, devant le marché représenté les nouveaux randonneurs, des courses plus discrètes sont publiées, pour aboutir dernièrement à des dissections complètes de massifs. Publier tout et n’importe quoi mais surtout le plus possible représente un vrai danger pour la pratique de la randonnée ou du parapente. L’auteur du livre ou le contributeur internet ne connaissent pas les gens qui vont lire. Les informations sont lancées sans nuance à tous les interlocuteurs, ce qui draine un public grisé par les nombres tels que l’altitude du sommet ou le degré de la pente : bref des consommateurs.

J’ai toujours été surpris par le paradoxe de ces livres de courses où les préfaces sont des modèles de sagesse vantant les valeurs de la montagne, la protection de la nature etc, alors que quelques pages après, photos de cinéma à l’appui, ils appellent au tourisme de masse. C’est pourtant très simple de ne pas participer à cette course à la publication, il suffit de savoir se taire. Les publicateurs se présentent souvent comme des amoureux de la nature, en réalité ils cherchent une célébrité et éventuellement une part de marché.

On peut dire que des communautés d’ « amis » virtuels existent et que ces gens partagent, que les anciens apportent aux jeunes. Très bien, les forums sont un excellent moyen pour se rencontrer mais pas besoin de topos sur tout, les classiques suffisent. On peut aussi dire que je n’ai qu’à ne pas lire les revues, les livres et que rien ne m’oblige à aller consulter les sites internet. Evidemment, mais le problème est que tout cela existe et que ça représente une véritable pollution.
Lors de l’annonce de la sortie d’un ouvrage disséquant un petit massif que j’aime beaucoup j’avais approché deux contributeurs, pour leur demander de ne pas publier. Leur réponse a été révélatrice de leur état d’esprit : fermement convaincus d’être les héritiers des Trainard, Terray ou Boëll… voire des précurseurs. En gros t’es qui toi ? Moi je suis le roi de la montagne et je publie ce que je veux. Quand j’ai parlé à ma famille de ma démarche ils m’ont dit que ça ne servait à rien, un jour ou l’autre quelqu’un publierait. Je pense que cette évolution n’est pas bonne et qu’il faut amener ces gens à réfléchir aux conséquences de leurs publications. Pour la plupart cela part d’un bon sentiment, mais au final ils participent aux sports de masse. Déballer crûment tout ce que l’on sait n’est probablement pas la meilleure façon de protéger la montagne. Et puis ne faut-il pas laisser encore un soupçon d’inconnu aux générations futures ? De leur coté les nouveaux arrivants doivent apprendre à avancer lentement. Le plaisir procuré par une course issue d’une recherche sur la carte ou le conseil d’un ami non virtuel est mille fois supérieur à celui d’une recherche google. Pourquoi vouloir s’approprier les rêves des autres ? Pourquoi faire la course à la mode avec topo, altimètre, GPS, ARVA, téléphone en main ? La montagne est encore un espace de liberté, ne vaut-il pas mieux exprimer sa personnalité ?

Signé : un non publicateur qui n’a surtout pas envie de s’empailler pendant des plombes avec les « rois » de la montagne qui peuplent les forums.[/quote]

Ca paraît évident: peu de pratiquants, pas de demande donc pas de marché.

Réflexion d’un élitiste (du moins le pense t’il) convaincu lui, d’être ‹ autorisé › à aller en montagne.

Posté en tant qu’invité par Carduelis carduelis:

t’aurais pu au moins changer ça après ton copier-coller sur c2c :smiley:

La multiplicité des topos ne concourt pas à la massification des activités de montagne. Je pense que c’en est une conséquence. Je pense qu’exploreront ceux qui voudront explorer, qu’il y ait ou non des topos exhaustifs. Je me cantonne au facile et au classique, non sans rêver sur un proche ailleurs, mais je le laisse à ceux qui « savent » ou qui osent.
La montagne, sport de masse : plutôt une conséquence de l’augmentation du temps libre, qu’il soit voulu ou non, et d’une tendance actuelle à un développement des activités qui tourneraient autour de la nature.

Ce texte est néanmoins intéressant. Il faudrait toutefois le mettre entre balises ‹ quote › s’il n’est pas de toi.

c’est fait

Posté en tant qu’invité par tête chercheuse:

pfff, j’ai cru que c’était une complainte du chercheur perdu au bistrot.

ah mais non chez nous c’est publish or perish - nuance…

ok je sors, je repasserai glandouiller lire une autre fois

Ben comment être sûr que les conditions n’ont pas changé si personne ne le dit ? On se plaint après coup que la sortie est inutile vu que les conditions n’ont pas changé, mais c’est bien les infos de la sortie qui permettent d’en être sûr…
Bien sûr que des fois, la météo stable et favorable suffit à être quasi sûr que les conditions n’ont pas changé. Mais pour d’autres météo, certains sauront prévoir si les conditions ont changé ou non, et d’autres non. Dans ce cas, qui décide si les sorties sont utiles ou non ? A partir de combien de % de personnes trouvant la sortie utile autoriserait-on à la saisir ? Où mettre le curseur ? Et comment connaitre ce % ?
Pas facile tout ça… Une solution simple est de tout autoriser, et à chacun de faire le tri, au lieu que ce soit qqun d’autre qui décide arbitrairement quelle info est utile ou non.

Le problème est que des fois l’auteur du topo avait décidé que tel itinéraire serait une classique et pas un autre (en le mettant en évidence dans le topo), alors qu’aucun élément objectif ne permet de privilégier à coup sûr tel itinéraire. Du coup c’est l’auteur qui décide quel sentier sera battu et d’où on aura plaisir de sortir, et quel sentier restera en friche… L’impression de liberté qu’on peut avoir en sortant de ce sentier battu en prend un coup quand même ! Cette liberté est bien artificielle ! Elle est bien un peu là, mais la vrai liberté est à chercher ailleurs ou dans d’autres aspects de ce qu’on fait en montagne.
Par ailleurs, la liberté d’expression ne permet pas d’interdire la diffusion d’un récit de sortie, auparavant dans des revues de club ou dans des livres d’or de refuge/bar/hôtel.
Et comme aujourd’hui la publication « perso » se fait beaucoup par blog, et que google permet de trouver facilement ces récits… on arrive au fait que les infos existent et sont facilement accessible depuis chez soi. Du coup, les rassembler dans un topo ou sur un site spécialisé permet surtout de gagner en ergonomie, mais ce n’est pas en interdisant des topos papier ou des sites spécialisés comme c2c que l’on arrêtera la diffusion de l’info.

Dès lors, il ne s’agit plus de limiter l’info, mais de l’organiser pour la rendre la plus pratique et objective possible. Cette standardisation a un double avantage :

  • Ca permet d’avoir une description plus dense, il faut moins de mots pour donner les mêmes infos.
  • Un bon topo n’est pas trop précis mais donne les infos clefs permettant de lever toute ambiguïté sur l’itinéraire décrit. Combiner aux règles permettant d’améliorer la densité de la description, ça donne un texte chiant à lire si on en lit plein d’affilé.
    Du coup on se rend bien compte que le topo ne donne que l’info que l’itinéraire existe, de la même façon que les cartes permettent de savoir que tel sommet existe, mais il n’apparait pas comme un objectif majeur à faire à tout prix. De la même façon, un schéma d’une voie d’escalade ne fait pas rêver en soi, ce sont les photos et récits subjectifs associés qui peuvent faire rêver.
    Ainsi, un topo pur ne doit pas faire rêver mais doit être seulement un support sur lequel construire des rêves. On se rend vite compte que c’est juste une aide pour décrypter le support réel qui est la montagne, et petit à petit on se passe des topos.
    Le fait que tout soit décrit ne change pas le terrain : un terrain chiant à ski restera chiant à ski même s’il est décrit dans 15 sites ou livres différents. Mais pour qui saura trouver les conditions et la technique, ça devient un terrain plaisant…
    Par contre, la multiplicité des itinéraires permet de mieux répartir les pratiquants, évitant de s’entasser à 15 dans le même couloir ou cascade.

[quote=« Bubu, id: 968514, post:7, topic:94622 »][/quote]

ouais !

Merci baghi

Chuis une buse ou bouse (les spécialistes apprécieront)
corrigé

il y a aussi le coté « commercial » de la chose.

il faut du contenu pour faire une topo, donc un maximum de chose à y inscrire.

une topo sert aussi à rembourser du matos, à équiper/entretenir et/ou…faire de l’argent.

on édite rarement un livre uniquement pour rendre service.

(edit: en espérant que les mots « argent » et « commercial » ne vont pas déclencher la foudre, ce serait dommage ! )

Hélas, c’est le problème des topos pour une activité qui s’est énormément développée et sur un territoire qui s’est bien rétréci.
(je parle surtout pour la rando à pied ou à skis, dans les Alpes).
Je suis d’accord avec neigerome, il faut laisser des coins non connus vierges de descriptions, il faut laisser des espaces encore très peu fréquentés.
ça me fait râler quand je vois des revues comme Montagne Magazine décrire des « coins secrets »…

Mettre ces « petits coins de paradis » étalés prêts à consommer , c’est les vouer à destruction.
C’est ainsi par exemple que l’on tait des zones de nichage d’oiseaux rares ou des coins à morilles : en y allant sans précautions, ou trop nombreux, le trésor disparait.

c’est un peu le principe de ce qu’on appelle la liberté d’expression

le raisonnement de ce non-publicateur adapté à d’autres domaines, on appellerait ça de la censure

Oui, mais d’un autre côté, parmi les itinéraires dans des coins peu fréquentés que j’ai décrit sur c2c, très peu ont une autre sortie que la mienne, et sur le terrain il n’y a pas l’air d’y avoir plus de monde que ça. Je ne dis pas que la publication d’un itinéraire ne change pas la fréquentation, mais ce n’est pas systématique. Et pour les itinéraires tordus, ce seront les amoureux du coins qui le fréquenteront : ils y seraient allés de toute façon un jour ou l’autre.

Perso, pour les topos dans les Alpes, mon 1er principe est un des principes qu’Emmanuel Cabau énonce dans son topo de ski de rando en Savoie (Olizane) :

[quote]Pourquoi un guide de ski de randonnée sur la Savoie ?
(…)
Parce que c’est aussi le secteur le plus mécanisé de France: pour éviter d’autres « télétrucs », les skieurs de randonnée doivent occuper le terrain.[/quote]
Ou comment transformer chaque sortie de ski de rando en acte civique :smiley:
Une des utilisations des topos est de faire connaitre le maximum de coins au maximum de skieurs de rando et autres, pour que lorsqu’une station convoite une nouvelle combe, le maximum de monde se sente concerné et réagisse en opposant.

Oui, c’est pour ça qu’on avait noté certaines de nos sorties du côté de Vallouise, mais tout en craignant le côté pervers d’y amener trop de monde.

Posté en tant qu’invité par Carduelis carduelis:

j’aimerais être encore candide comme ça.

Et croire au père Noël aussi.

Oui, ça ne marche pas trop :frowning:
Mais on aura essayé. Et puis ça fait une excuse pour sortir :smiley:

Ouaip, puis faut quand même avoir une idée de coin où aller derrière la tête, avant de se lancer dans l’exploration de cette montagne de topos.

[quote=« tête chercheuse, id: 968506, post:6, topic:94622 »]pfff, j’ai cru que c’était une complainte du chercheur perdu au bistrot.

ah mais non chez nous c’est publish or perish - nuance…[/quote]

Pareil…
A garder comme devise, en riant jaune.

et bien sûr tu ne lis jamais les topos c2c ?