Posté en tant qu’invité par Nico:
merci à Elsa e à Macel pour ce post très interessant!
Nico
Posté en tant qu’invité par Nico:
merci à Elsa e à Macel pour ce post très interessant!
Nico
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Nico a écrit:
merci à Elsa et à Marcel pour ce post très interessant!
Nico
Merci à toi Nico, pour l’intérêt que tu lui portes, et pour ta participation active et positive.
Marcel
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par thx24:
Allez, embrassez-vous sur la bouche!
Posté en tant qu’invité par plouf:
Je veux pas lancer un pavé dans la marre, mais il y a un point qui n’a pas été abordé dans la vie d’un guide: sa vie perso (si jamais il en a une), sa femme, ses enfants…
Comment concilier tout cela? Papa-guide est-il le grand absent de la famille?
Posté en tant qu’invité par slach:
Bravo les guides et merci de nous faire partager votre passion et de nous remplir les yeux de bonheur vivement l été prochain pour de nouvel aventure
bye !!
bonne grimpe a vous
Yannis
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Les anciens
Témoignage de Jean-Pierre Marlettaz, né en 1922, guide de haute montagne, Les Plans-sur-Bex, Alpes Vaudoises
Je parle du début des années 1900.
Vivait alors, dans le petit village des Plans-sur-Bex, Alpes Vaudoises, un guide réputé, un grimpeur exceptionnel par son audace et son habileté.
En saison, il n’était point de jour qui ne le vît parcourant la montagne, en tête de sa cordée, gravissant les pics, les éperons, et ceci quelle que fût l’humeur du temps.
Grimpeur, toi qui à l’occasion escalades la grande dalle argentée qui d’un seul jet s’élève au-delà des verts pâturages de Solalex qu’elle domine, impressionnante, aie une petite pensée pour Armand Moreillon qui, le premier, en 1926, équipé de souliers à clous et d’une corde de chanvre, maîtrisa la difficile voie de l’Y (le Miroir d’Argentine, que d’aucuns sur ce forum, il y quelques jours, disaient être ‘mal équipé’).
Aux Plans toujours, et à la même époque, vivait le guide Adrien Veillon. Sa réputation n’avait rien à envier à celle d’Armand: en 1930, Adrien réussit la difficile première ascension du Petit Miroir (TD), dans le Massif de l’Argentine.
Bien qu’étant leur cadet d’un bon nombre d’années, je suis de ce temps-là moi aussi.
Il me souvient d’une grange des Plans, dont les parois intérieures étaient aménagées, garnies d’une sorte de corniche faite de poutres de bois. Lorsque le labeur nous en laissait le loisir, nous nous y retrouvions. Suspendus par le bout des doigts, nous nous lancions alors dans de longues traversées que seules interrompaient les chutes provoquées par l’épuisement des forces.
Je fus témoin de la naissance des premières semelles de caoutchouc profilées pour l’usage en montagne.
Ces semelles étaient faites d’une gomme si molle qu’elles ne résistaient guère à plus d’une ascension. De retour au village nous nous précipitions chez le cordonnier afin de les faire remplacer.
Pour certaines escalades rocheuses difficiles, il arrivait que nous troquions nos lourds brodequins ferrés contre de légères espadrilles aux semelles de raphia.
L’essentiel de ma pratique du métier consistait à guider les clients lors de l’ascension sans cesse répétée des quatre mille des Alpes.
Bivouac au Schalijoch, gravir le Schaligrat, descendre la Young: “Au revoir, Monsieur, mes respects!”.
“Je vous fais mon bonjour, Monsieur!”: escalader à nouveau le Weisshorn, par l’arête nord cette fois, descente sur Randa par l’arête est: “Mon au revoir, Monsieur!”
Filer sur Zermatt, monter au refuge: “Bien le bonjour, Monsieur, je suis Jean-Pierre Marlettaz, votre guide!”. Au coeur de la nuit, se mettre en route pour la traversée du Cervin, montée par l’arête nord-est, descente par l’arête sud-ouest. C’est au cours de cette descente, à l’altitude de quatre mille mètres environ, que mon client, soudainement frappé par une pierre, s’affaisse. Nous sommes à ce moment-là à quelques longueurs de corde du Rifugi Savoia e Carrel. L’affaire est sérieuse.
A cette époque, il n’y a ni radio-téléphone, ni sauvetage héliporté bien sûr. On donne l’alarme en se rendant à pied, et le plus vite possible, au prochain village.
C’est donc ce que je fais, après avoir mis mon client en sécurité du mieux que je peux.
Je file sur Breuil où j’arrive dans l’après-midi, alors que la fête des guides bat son plein.
A la fête des guides, les guides… font la fête! Les verres s’entrechoquent. On fait le plein d’amitié et de bon vin. On goûte des spécialités. Il arrive même qu’on goûte beaucoup! Il peut s’ensuivre des moments de légère fatigue…
Quoi qu’il en soit, la corporation ne perd jamais le sens du devoir. La colonne de secours est formée et se met rapidement en route. Nous avons l’assistance d’un jeune médecin alpiniste.
Mon client sera sauvé. A dos d’homme.
Ce jour-là, sur les flancs décharnés du Cervin, j’ai parcouru trois mille deux cents mètres de dénivellation en montée, et quatre mille cinq cents en descente.
Le jour suivant, j’étais en chemin pour un autre quatre mille: “Mon bonjour, Monsieur, je suis Jean-Pierre Marlettaz…”
Ainsi était notre vie de guide.
(Extrait de ‘Guides Vaudois’, Marcel Demont, 1998)
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par elsa:
merci mille fois!! c’est passionnant! on sent des guides dans les hauteurs des montagnes et des réflexions, et puis tout d’un coup on réalise qu’ils ont aussi des petits tracas quotidiens…mais leur esprit reste-t-il toujours malgré tout en montagne?
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
elsa a écrit:
merci mille fois!! c’est passionnant! on sent des guides dans
les hauteurs des montagnes et des réflexions, et puis tout d’un
coup on réalise qu’ils ont aussi des petits tracas
quotidiens…mais leur esprit reste-t-il toujours malgré tout en
montagne?
Merci Elsa.
Oui! 24 heures sur 24, et pour toute la durée de leur vie, dont la montagne constitue l’épine dorsale.
A bientôt, pour d’autres témoignages d’anciens… et de frais émoulus aussi.
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par AlbanK:
Admirable,admirable, pas d’autres mots, et tant pis si ça en ennerve certains, rien à foutre, continue Marcel, et s’il n’en reste qu’un…
De toutes façons, il n’en restera jamais qu’un, mais des centaines à te lire…
Posté en tant qu’invité par Hélène:
C’est fascinant. Merci à vous pour ce témoignage.
Vos récits, mais aussi ceux de certains alpinistes et de pyrénéistes (je suis en train de lire des écrits d’Henri Russel) sont admirables tant ils font preuve d’humilité et de simplicité.
Merci
… d’autres?!?
Hélène
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
AlbanK a écrit:
Admirable,admirable, pas d’autres mots, et tant pis si ça en
ennerve certains, rien à foutre, continue Marcel, et s’il n’en
reste qu’un…De toutes façons, il n’en restera jamais qu’un, mais des
centaines à te lire…
Merci AlbanK.
C’est sympa.
(Pour les éventuels ‹ énervés ›, la solution est connue: qu’ils innovent, qu’ils créent du positif; mais bien sûr, c’est plus difficile que de critiquer piteusement planqué derrière un pseudo, ça demande du travail, de l’énergie, un peu de talent aussi, et le courage de s’exposer à la diatribe, à l’éreintement, au dénigrement).
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Hélène a écrit:
C’est fascinant. Merci à vous pour ce témoignage.
Vos récits, mais aussi ceux de certains alpinistes et de
pyrénéistes (je suis en train de lire des écrits d’Henri
Russel) sont admirables tant ils font preuve d’humilité et de
simplicité.
Merci
… d’autres?!?Hélène
Merci Hélène,
Oui! D’autres, bientôt.
Marcel
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par AlbanK:
CQFD !!!
Posté en tant qu’invité par elsa:
oui! encore! merci d’avance!
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
elsa a écrit:
oui! encore! merci d’avance!
CADEAU
Témoignage d’un ancien : Ami Wisler, 1918, guide de haute montagne, Alpes Vaudoises
« Adolescent, je voulais être mécanicien.
Lorsque je me présentai aux Ateliers CFF à Yverdon, en 1933, il y avait près de deux cents candidats, pour… deux places d’apprentissage.
Le candidat mécanicien devint boulanger pâtissier confiseur, mais aussi guide de haute montagne et moniteur de ski.
Je travaillais à la Boulangerie du Nord, à Leysin, lorsque, le commis étant frappé d’une soudaine fatigue due à la dégustation abondante de boissons réputées saines, j’eus à le remplacer au service des livraisons.
A skis, j’avais à ravitailler plusieurs établissements retirés (des hôtels).
Alors que je dévalais un abrupt talus à vive allure, hotte au dos, je manquai mon affaire.
Au terme de mon plongeon, miches dorées, michettes dodues, ballons croustillants, petits pains au lait, pains au chocolat, croissants au beurre, flûtes au sel… après avoir roulé et rebondi, jonchaient la pente neigeuse en témoignage irréfutable de mon habileté.
Ce premier essai de vol, cette chute mal amortie, ce capotage malencontreux, furent-ils les catalyseurs de mon évolution?
Toujours est-il que je devins pilote (pilote des glaciers), et parachutiste aussi.
En parallèle, j’accrus ma connaissance de la neige, et m’investis dans la formation de chiens d’avalanche.
Mon attirance pour la mécanique n’avait pas faibli: lors d’un atterrissage aléatoire sur un glacier malcommode, je fis passablement de tôle pliée et de petit bois. Etant toutefois parvenu à rejoindre ma base, je passai la nuit discrètement, en bricoleur, à réparer les dégâts.
Le matin venu, le Piper pouvait reprendre l’air.
J’eus l’occasion d’employer mes connaissances variées en les mettant au service de la Garde Aérienne Suisse de Sauvetage (devenue depuis la REGA), dont il me fut donné d’être un des membres fondateurs.
A l’époque dont je parle, les interventions de secours en montagne se faisaient exclusivement à pied, les victimes étant transportées à dos (à bras) d’homme. Il est aisé d’imaginer combien cela était pénible et lent.
Il nous vint l’idée d’utiliser, en premier échelon de secours, un avion larguant des sauveteurs parachutistes, accompagnés, si nécessaire, de chiens d’avalanche, lesquels étaient suspendus à environ cinq mètres sous le parachutiste au moyen d’une longe (afin d’éviter que le para écrase son chien à l’arrivée au sol).
Il est un tout autre terrain où j’eus l’occasion de faire de riches expériences: celui du monde des lois et règlements.
Alors que Claude Gollut participait à son cours de guide, il apparut que ce formidable grimpeur, skis aux pieds, avait une nette préférence pour la ligne droite: la directe avant la lettre, en quelque sorte (Claude Gollut, 1ère ascension de la Voie Directe du Grand Miroir d’Argentine).
Les experts exigeant que les candidats soient en mesure de dessiner avec sûreté d’innombrables courbes élégantes, Claude glissait à vive allure vers un échec regrettable.
Je fis remarquer à la direction du cours que, si effectivement la profession se composait de deux volets, celui de guide de haute montagne et celui de guide skieur, rien, dans la ‘Loi Cantonale Vaudoise des Guides de Haute Montagne’, ne précisait que l’on devait obligatoirement être les deux.
C’est ainsi que Claude devint le seul guide de haute montagne professionnel à ne pas être guide skieur.
Lors des vingt-six années durant lesquelles je fus membre de la Commission Cantonale des Guides, mais aussi en tant que membre du comité de l’Association Vaudoise des Guides de Haute Montagne, je me suis toujours efforcé de mettre les silences des lois et des règlements au service de ceux à qui cela pouvait être utile, sans, pour autant, jamais tomber dans l’illégalité.
En décembre 1996, alors âgé de septante-huit ans, je conclus ce que je considère comme ayant été mon ultime engagement de guide.
Une semaine durant, et ce par tranches de deux heures s’enchaînant, j’eus l’honneur, et l’immense joie, de transmettre aux étudiants de l’Ecole des Métiers les connaissances de la neige et des avalanches acquises tout au long de ma carrière de sauveteur et de guide. J’y retrouvai le petit-fils d’une victime d’accident d’avalanche que j’avais eu le grand privilège de sauver quarante-cinq années auparavant.
Aurais-je pu rêver d’une plus belle conclusion à mon parcours professionnel? »
(Les exceptionnelles compétences d’Ami Wisler furent reconnues sur le plan international. Il fut appelé à intervenir comme sauveteur dans le Grand Canyon du Colorado,USA, lors d’un accident d’aviation dans cet endroit considéré comme inacessible.)
Extrait de Guides Vaudois, Marcel Demont, 1998
Posté en tant qu’invité par Dani:
Excellent !
Merci, Marcel.
Dis-moi… ou est-ce qu’on peut trouver tes livres ?
Le sais-tu ?
Par hasard dans Bauer a Renens ?
Posté en tant qu’invité par Hélène:
Beau témoignage à nouveau.
Est-ce possible de se procurer les livres dans le Sud Ouest? ou par vente par correspondance?
Ceci dit, la lecture d’une citation par ci par là n’est pas déagréable …quand on est bloqué derrière un ordinateur au boulot!
Merci
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Salut Dani.
Merci.
Quelques librairies les ont en stock.
Ils peuvent être commandés directement chez l’éditeur: www.edcarte.ch
Pour avoir un idée du contenu:
sur camptocamp alpinisme, clique sur répertoire, puis sur médiathèque.
Bien à toi.
Amicalement.
Marcel
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par Marcel Demont:
Hélène a écrit:
Beau témoignage à nouveau.
Est-ce possible de se procurer les livres dans le Sud Ouest? ou
par vente par correspondance?
Ceci dit, la lecture d’une citation par ci par là n’est pas
déagréable …quand on est bloqué derrière un ordinateur au
boulot!
Merci
Merci Hélène,
C’est sympa.
Par correspondance: www.edcarte.ch
(pour quelques extraits, sur camptocamp alpinisme, clique sur répertoire, puis sur médiathèque).
Salut amical.
Marcel
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par Charles:
Hélène a écrit:
…quand on est bloqué derrière un ordinateur au
boulot!
Au boulot Hélène!! De toute façon, il ne fait pas beau en ce moment sur la côte Basque
[%sig%]