Excellent papier de mon collègue Jérôme Lavé, avec une petite contribution (datation 14C) de yours truly comme disent les anglophones
Comme dit bubu on peut donc facilement marcher sur un 8000 (du reste on n’est pas sûr que l’Annapurna IV faisait 8000 avant de s’écrouler).
Irvine retrouvé à l'Everest
d’habitude je ne regarde pas les réactions à mes posts / trop d’adeptes de la cancel culture sur le forum, souvent des anciens combattant accrochés à leurs claviers comme des naufragés à un bout de planche qui flotte
marrant cependant de voir que 100 ans après, on puisse encore croire que le sommet a pu être atteint par les deux anglais
bisounours not dead …
Du début de cette vidéo jusqu’à 6 min30 c’est expliqué qu’il n’était pas question de suivre une arête avec des ressauts difficiles, demandant du temps et exposée au vent :
Le zigzag est en bleu et le couloir Norton en rouge.
Excellent
Messner n’a jamais passé le second step : versant népalais en 1978, versant tibétain en 1980 mais par le couloir Norton.
Et seul Anker semble avoir théorisé sur la possibilité pour Mallory de franchir le passage. Lui faire confiance ? Pour son honnêteté oui, mais était-il lui-même assez lucide lors de ses 2 franchissements ? On sait l’effet de l’altitude, même sur les meilleurs.
Non, mais on ne parle pas de sauter du 5c au 7a : la plupart des rochassiers du début du XXème siècle auraient pu grimper dans le VI s’ils y avaient cru… il y avait à l’époque le spectre de l’impossibilité. Tu parlais de Messner ? Il n’a pas inventé le 7ème degré, mais il a permis aux grimpeurs de croire que c’était possible - et pas si difficile. Il y a longtemps eu une autocensure - ne serait-ce que se raccrocher à la règle des 3 points d’appui, qui n’était en fait qu’une règle de sécurité quand en tête la chute était interdite.
Justement, ce n’était pas sa spécialité, donc il n’a jamais testé ses limites, et donc nous ne les connaissons pas.
C’est très différent : d’abord il y a l’incohérence des récits de Maestri, qui vont se contredire au fil du temps, et puis surtout la preuve ultime c’est l’absence de traces de pitonnage au delà de 300m d’ascension ; le niveau insuffisant pour gravir cette paroi était un argument de poids certes, et quasi une preuve, mais parce que là l’écart entre le niveau de Maestri et le niveau requis (ce qu’on pu confirmer en 2005) était énorme.
Perso je ne fantasme pas. J’ai d’ailleurs l’intime conviction qu’ils ne sont pas montés au sommet.
Mais je n’accepte pas qu’on érige en preuve des spéculations sur les capacités d’un homme dans des conditions qu’on ne pourra jamais reproduire (aussi bien l’état du passage - que l’érosion a dû modifier -, les réelles possibilités rochassières de Mallory, et sa motivation).
Aujourd’hui ça passe grâce aux échelles. Et on sait que sans, c’est franchement dur.
Mallory et Irvine ne savaient pas que c’était si dur… et ça peut être un avantage psychologique non négligeable.
Mais pourquoi vous insistez à vouloir les faire passer là où ils ne sont pas passés ?
Vous discutez de la voie actuelle,moderne, équipée d’échelle qui suit l’ arête NE.
En 1924 ils ont suivi une voie différente en contrebas sur des vires et du terrain ne présentant pas de vraies difficultés selon Mallory lui même.
Ses prédécesseurs (Somervel, Norton) ont fait demi tour sur cette voie assez haut car ils étaient sans oxygène et l’un d’eux toussait trop fort.
Irvine était le spécialiste pour les bouteilles d’ oxygène. Il n’était pas spécialement un bon alpiniste et Mallory l’a choisi lui malgré tout car il a compris que la clé était l’ oxygène et non pas les difficultés.
Pas besoin de discuter s’ils étaient capables d’ ouvrir le second step sans échelle.
En est-on sûr ? Mallory aurait pu abandonner cette option après l’échec de Norton.
Tu te bases sur ta vidéo, donc la théorie d’une seule personne, Michael Tracy, mais je n’ai vu nulle part ailleurs la même théorie. Quel est son degré de fiabilité ?
Quant à la difficulté de ces 2 autres voies (zig zag et couloir), Mallory n’a pu l’estimer que de loin à la lunette. Qu’en est-il en réalité ?
Ceci étant si cette théorie est la bonne, ça ne fait que confirmer ce que je dis : la difficulté du second step sans les échelles ne peut pas être une preuve de leur échec.
…ou bien être encouragé à y aller car Norton avait renoncé dans un essai sans oxygène.
D’où le choix de prendre Irvine avec lui plutôt qu’un partenaire plus fort.
Deux itinéraires semblent peu plausibles : l’ arête intégrale et le zigzag car Messner lui même dans son solo de 1980 a dit que ça ne passait pas par là ( pile d’ assiettes ) et a suivi lui aussi le couloir Norton.
Mallory n’était pas à son premier essai dans ces lieux. 1921 et 1922 il me semble. Ils avaient les retours de Somervel et Norton.
On ne peut rien conclure pour autant sur sommet ou pas sommet.
La photo de sa femme qui devait être laissée au sommet n’a pas été retrouvées
sur lui. C’est pas une preuve non plus.
Citation
d’habitude je ne regarde pas les réactions à mes posts / trop d’adeptes de la cancel culture sur le forum, souvent des anciens combattant accrochés à leurs claviers comme des naufragés à un bout de planche qui flotte
marrant cependant de voir que 100 ans après, on puisse encore croire que le sommet a pu être atteint par les deux anglais
Et affirmer plein de certitude qu’ils n’ont pas atteint le sommet, n’est-ce pas de la cancel culture ?
Sans preuve de réussite ou d’échec, on a encore le droit d’utiliser le conditionnel et d’y croire ou pas, non ?
La seule preuve, maintenant que la parole ou/et l’écrit ne suffisent plus, ce serait d’avoir une vidéo de Mallory ou de Irvine au sommet, ou une photo mais une photo peut se trafiquer, remarquez, une vidéo aussi. Mais comme, sauf erreur, ces techniques n’étaient pas au point alors, on a peu de chance d’avoir des preuves.
Donc, finalement, c’est comme les religions, une question de croyance. D’ailleurs ne dit-on pas « ma religion est faite » pour exprimer une conviction ?
Surtout que retrouver le fameux appareil ne garantit rien; encore faut-il qu’il ait été utilisé, et éventuellement au sommet, et éventuellement avec suffisamment de lumière pour prendre une photo dans les conditions techniques de l’époque.
J’ajoute que rien ne prouve la théorie de Co73000 selon laquelle Mallory et Irvine seraient passés par la longue vire longeant l’arête nord pour aboutir au couloir Norton.
Le seul élément concret étant la déclaration d’Odell sur sa dernière vision des deux hommes sur l’arête entre deux passages nuageux, selon lui (mais sans certitude de sa part) au-dessus du 2ème ressaut et « marchant fort ».
Il me semble que dans la vidéo mise en lien il s’agit de citations de Mallory lorsqu’il parle de cet itinéraire qui de plus est parcouru juste avant par Somervel et Norton.
L’ itinéraire des vires est donc connu et déjà emprunté.
Oui, les anglais ont emprunté cet itinéraire en 1924 où Norton établit ce fabuleux record à 8570 m. sans oxygène.
Il est possible que Mallory et Irvine l’aient aussi suivi, mais personne ne le sait, le seul témoignage est celui d’Odell -qui a par suite beaucoup varié- sur leur présence au-dessus du 2ème ressaut, mais qui devant certaines incohérences est fortement mis en doute, y compris par Odell lui-même.
L’emplacement du corps d’Irvine pourrait être utile par rapport à celui où a été découvert le corps de Mallory.
Un autre élément peu évoqué: surmonter techniquement le 2ème ressaut est une chose, arriver à le redescendre, sans corde, peut-être encore plus difficile.
Quand tu passes par l’itinéraire Norton tu n’as pas le 2eme ressaut à franchir car tu n’es pas sur l’arête. Tu arrives direct au troisième avant la pyramide sommitale. Donc pas besoin de le descendre non plus.
Odell parle du last step but one.
Qui se traduit par avant dernier et qui pourrait correspondre au troisième step car ils avaient aussi la « citadelle » en haut de la pyramide finale neigeuse comme « dernier » obstacle rocheux, citadelle qui était apparemment un peu redoutée par Mallory.
Sauf que la vire passant sous l’arête reste à niveau.
Norton et Somervell l’ont poursuivie jusqu’à l’entonnoir du couloir Norton (d’où le nom qui lui a été donné). Lequel couloir se rétrécit ensuite vers la droite pour donner accès non pas à l’arête mais au côté nord de la pyramide sommitale (c’est l’itinéraire final de Messner en 1980 et des australiens en 1984).
Se retrouver au-dessus du second (ou du 3ème ressaut) veut donc dire remonter sur l’arête avant le couloir Norton.
Pas vraiment « direct », donc.
(et de toute façon, si c’était si direct et techniquement facile, pourquoi diable s’emm…der à franchir ces fameux ressauts et à y avoir installé cette échelle de ferraille ?)
Car plus simple à suivre en mode voie normale moderne équipée de cordes fixes. Une arête est moins paumatoire qu’un itinéraire sur vires en contrebas avec un chemin complexe pour regagner le final.
MAIS SURTOUT : en mode pionniers qui veulent faire la première du sommet on cherche à fuir toute difficulté trop technique quitte à prendre un chemin plus détourné et plus expo .
Perso ça me paraît limpide comme situation.
Même aujourd’hui, par ex en solo sur la normale de la Dent Blanche on va plutôt passer par tous les contournements existants plutôt que par tous les ressauts plus directs et plus intéressants.
Au delà de toute polémique, il faut reconnaître qu’ils étaient forts, ces Anglais de 1924. Norton, seul et sans oxygène à 8570 m, cad dire à 300 m du sommet, avec l’équipement et le matériel de l’époque… Ça n’a été dépassé que 56 ans plus tard par Messner.
Tu as parfaitement raison sur ces points.
Seulement voilà, on ne sait même pas quelle voie a été prise par Mallory et Irvine, seulement qu’ils ont choisi de prendre de l’oxygène contrairement à Norton et Somervell (et sûrement pour mettre toutes les chances de leur côté, malgré le poids du machin).
Il n’y a que le témoignage d’Odell, qui parle de points sur l’arête au-dessus du 2ème ressaut (mais sans en être absolument sûr, et avec un temps invraisemblablement court -5 mn- pour un des 2 points à remonter ledit 2ème ressaut ) et les diverses découvertes faites ensuite (le piolet d’Irvine en 1933, le corps de Mallory en 1999, celui d’Irvine cette année).
A partir de là, tout est possible à imaginer.
Il y a aussi un point sur l’accès par le haut du couloir Norton: je suis tombé sur internet sur un échange avec Tim Macartney-Snape au sujet du petit couloir en haut du couloir Norton qui permet de rejoindre le bas de la pyramide finale côté nord. Il confirmait que sa difficulté technique n’était pas très élevée.
Nonobstant le fait que les alpinistes de 1924 n’avaient pas de crampons, remonter ce couloir n’apparaît donc pas insurmontable. Ce qui reste très théorique, mais bon, avec ces anglais, tout est possible…
(ce qui me fait mettre sérieusement en doute la réussite au sommet, c’est l’endroit où on a trouvé les corps de Mallory et Irvine, soit très loin du sommet; l’aller, c’est déjà très long dans l’hypothèse d’une réussite, mais le retour tout autant. Réussir à revenir comme ça, éventuellement de nuit -et en ayant retrouvé depuis le piolet d’Irvine assez haut sur l’arête-, pour moi ce n’est pas possible dans les conditions de l’époque).
Au contraire ça peut aller très très vite! Si on finit dans leur état.
Ok je sors